Responsable associatif sur Paris17ème, les qualificatifs d'organisateur, synergique, humaniste, libéral-social, en reconversion professionnelle... définissent bien Patrick Rollot
Bonjour Patrick Rollot, vous êtes président de l’association "Histoire & Patrimoine Paris 17e", des "Anciens élèves de l’Ecole Saint François de Sales" et du "Collectif Epinettes-Batignolles", mais aussi responsable local du "Groupe National de Surveillance des Arbres" pour Paris 17. Vous êtes aujourd'hui un citoyen engagé. Vous souvenez-vous à quand remonte votre 1er engagement et pour quelle cause ?
J’ai débuté assez tôt dans l’associatif en créant à 16 ans l’association des anciens élèves… de mon école primaire, une petite école du 17e très familiale à laquelle j’étais très attaché (qui a fermé en 1997) et dont nous tenons toujours à préserver la mémoire avec d’autres anciens. Mais mon premier vrai engagement citoyen remonte à 1995 avec la création de « Coup de Pouce aux Sans-Abri », une association qui organisait des distributions et des maraudes et dont je me suis occupé pendant 15 ans. D’autres engagements ont suivi au gré de rencontres et de causes qui me semblaient motivantes et justes, comme désormais celle du patrimoine, qu’il soit du reste bâti ou végétal.
Depuis combien de temps habitez-vous le 17ème ?
Né dans une clinique de Neuilly, mes parents vivaient déjà dans le 17ème boulevard Berthier et j’ai donc du y arriver vers l’âge de 3 jours, il y a déjà 54 ans maintenant ! Si cela fait du 17e un peu mon « village » pour avoir parcouru en long et en large ses rues et ses quartiers tout au long de ma vie, avoir vu évoluer ses commerces, ses constructions ou ses habitants, j’ai plus largement une vraie passion pour Paris.
Toujours passionné d’histoire et de mémoire, c’est une idée qui me trottait dans la tête depuis longtemps sans trouver le temps de la réaliser. Le confinement a finalement été l’occasion d’en discuter (en visio) avec d’autres amis du 17e et de créer enfin cette association. Notre objectif est de sauvegarder l’histoire et le patrimoine du 17e mais aussi de les promouvoir auprès d’un public le plus large possible comme nous commençons à le faire avec des collégiens de l’arrondissement par exemple.
Vous êtes très présent sur les réseaux sociaux, cette activité n'est-elle pas trop chronophage ?
Très chronophage oui (rires) mais les réseaux sociaux sont justement un moyen précieux de partager très largement de l’information sur l’histoire et le patrimoine de l’arrondissement, sur ses constructions, ses anciens commerces, les personnalités qui y ont vécu ou ont donné leur nom à nos rues… Portraits, quizz, avant/après, l’idée est de distiller chaque semaine de nombreuses petites informations afin d’apprendre chaque jour des choses à nos lecteurs mais aussi d’attiser leur curiosité.
Vous publiez des photos hier/aujourd'hui de rues, d'immeubles du 17ème arrondissement. L'homme de réseaux sociaux que vous êtes connaît sûrement le hashtag #saccageparis... qu'en est-il concernant le 17ème ?
Les photos avant/après ont un vrai succès et sont très instructives quant à l’évolution de la ville. Dans le 17e, si le 20e siècle a assez peu touché certaines parties de notre arrondissement comme le Plaine Monceau, en revanche sa périphérie a vu disparaître ses fortifications au profit des fameux HBM en brique puis du périphérique entouré de grands immeubles, quant au nord de l’arrondissement il a perdu petit à petit toute sa vie industrielle puis ferroviaire au profit de constructions assez hétéroclites jusqu’au tout récent quartier du parc Martin Luther King.
Aujourd’hui, une vraie inquiétude pour nous tient dans la surélévation d’hôtels particuliers comme la démolition de maisons faubouriennes au profit d’immeubles, dégradant ou supprimant non seulement du patrimoine mais également de précieux espaces de respiration (les fameuses « dents creuses ») dans des quartiers déjà très denses. Nous avons participé à la création du "Collectif Epinettes-Batignolles" pour faire face à cela et nous espérons aujourd’hui que le futur nouveau PLU (Plan local d’urbanisme) en cours de révision et annoncé « bioclimatique » ira bien dans notre sens.
L’enjeu pour une ville comme Paris est d’arriver à préserver son patrimoine, l’âme de la ville, tout en sachant évoluer, s’adapter aux temps qui changent (avec le dérèglement climatique ou les nouveaux modes de travail par exemple) grâce à un urbanisme concerté. Ces univers du patrimoine et de l’urbanisme ayant souvent du mal à communiquer, nous avons initié des « Rencontres de l’Architecture, de l’Urbanisme et du Patrimoine parisiens » qui seront officiellement lancées en mai prochain avec l’espoir qu’un meilleur dialogue entre ces disciplines soit profitable à la ville et à ses habitants.
Arrivez-vous à avoir une activité professionnelle en parallèle de toutes ces activités ?
Après l'édition ou le mécénat, j'ai travaillé près de 15 ans dans l'événementiel en dirigeant un espace de réception mais tout cela s'est terminé en 2022 après deux ans de crise du Covid qui ne nous permettaient plus de poursuivre avec un redémarrage bien trop timide. A bientôt 54 ans, cela m'a amené à devoir réfléchir à un nouveau projet professionnel et je vais prochainement mettre à profit mes compétences pour commencer une nouvelle carrière de consultant à la fois dans l'aide à l'organisation d'événements, l'animation de réunions et la communication sur les réseaux sociaux. C'est pour bientôt !
Si vous aviez la possibilité de faire vous-même les questions/réponses laquelle vous seriez-vous posée et quelle réponse y auriez-vous apportée ?
Peut-être me demanderais-je alors pourquoi être aussi actif dans de nombreuses associations depuis toutes ces années ?
C’est très honnêtement une question que je me pose forcément parfois car tout cela prend beaucoup de temps, que tout n’avance jamais aussi vite et bien qu’on le voudrait et qu’il y a forcément des moments de lassitude ou de doute, mais je dois dire que l’associatif offre tout de même de très nombreuses satisfactions, des résultats concrets, le plaisir du travail d’équipe et permet de nombreuses et belles rencontres, finalement l’une des grandes richesses de l’existence !
Propos recueillis par Nora Ansell-Salles auprès de Patrick Rollot, président de l’association "Histoire & Patrimoine Paris 17e"
