Pr Frank Pilleul,
radiologue digestif et oncologie interventionnelle
Centre
Anti-Cancéreux Léon Bérard – Lyon
Comment se
déroule une coloscopie virtuelle ?
La coloscopie virtuelle est un scanner dédié à l’exploration du colon réalisé
en consultation externe précédé d’une préparation digestive variable selon les
centres mais qui comporte habituellement un régime sans résidu sur 24H, un
marquage des selles par absorption d’un produit de contraste et une évacuation
colique. Ce scanner est pratiqué avec une faible dose de rayons X et par une
équipe formée et entraînée. Le colon est lentement distendu par l’insufflation
de CO² via une petite sonde rectale. L’utilisation d’un insufflateur
automatique qui contrôle la pression rend l’examen plus confortable et le
risque de perforation est ainsi pratiquement nul. La reconstruction 3D de la
lumière colique permet une navigation virtuelle interactive dans le colon
distendu. Des outils de détection assistée facilitent la recherche des petits
polypes. La sensibilité de la coloscopie virtuelle est de 98 % pour la
détection des cancers et de plus de 90% pour celle des polypes de 10 mm ou plus.
Quelles
sont les principales différences avec la coloscopie
« classique » ?
En comparaison, la coloscopie, nécessite le plus souvent une
anesthésie générale. Elle permet dans le même temps la détection et la
résection des lésions significatives mais elle est incomplète dans 3% des cas
et peut manquer des lésions en raison de leur situation derrière un angle ou un
pli. Ses complications sont essentiellement les risques de perforation évalués
à 1 cas pour 1000.
Quelles
sont les indications précises de la coloscopie virtuelle ?
L’HAS, en lien avec les différentes sociétés savantes a
clairement précisé en 2010 la place de la coloscopie virtuelle.
Indications de la coloscopie
virtuelle recommandées par l’HAS
·
En complément d’une coloscopie
de dépistage incomplète.
·
En remplacement de la coloscopie
chez un patient fragile, à risque anesthésique ou hémorragique.
·
Pour tout patient à risque élevé
ou avec un test Hemoccult® positif et qui refuse la coloscopie.
Enfin, à côté de ces indications, en cas de dépistage individuel, il est important
de considérer que la meilleure performance pour un risque minimal est obtenue
par le scanner avec coloscopie virtuelle.
Le lavement baryté
n’est plus indiqué dans ce contexte.
Le cancer colorectal est la cause d’environ 17 500 décès par an
alors qu’il survient le plus souvent à la suite d’une lente dégénérescence, sur
plusieurs années, d’adénomes coliques dépassant le centimètre, facilement
repérables par les techniques morphologiques et alors opérables.
Le dépistage des lésions
cancéreuses ou précancéreuses dépend du niveau de risque :
En cas de risque élevé, en particulier génétique lorsque
qu’il existe un antécédent familial de cancer colorectal avant 65 ans, le
dépistage est basé sur la réalisation d’une coloscopie régulière avec résection
des polypes.
En cas de risque moyen, le dépistage dans la population est
basé sur la recherche de saignement occulte dans les selles par l’Hemoccult®.
Cette technique doit être répétée tous les 2 ans entre 50 et 74 ans. Dans le
cadre des campagnes européennes de dépistage en population, la sensibilité des
programmes de dépistage par Hemoccult® tous les 2 ans pour le diagnostic de
cancer colorectal est estimée autour de 50 %. Le taux de participation à ces
campagnes est de 50 à 60 %. On peut donc estimer la sensibilité de ces
programmes de dépistage pour le diagnostic de cancer colorectal en population
entre 22 et 33 %.Tout Hemoccult® positif doit conduire à la réalisation d’une
coloscopie.
Références
Pickhardt PJ, Hassan C, Halligan S,
Marmo R. Colorectal Cancer: CT Colonography and Colonoscopy for
Detection—Systematic Review and Meta-Analysis. Radiology May 2011 259:393-405.
Ridereau-Zins C, Pilleul F, Gandon Y, Laurent V; la Société
d’imagerie abdominale et digestive (SIAD) : CT colonography :
Why ? When ? How ? Diagn Interv Imaging. 2012 Jan;93(1):2-9.
Epub 2011 Nov 30.
Haute Autorité de Santé ; Janvier 2010. Coloscopie virtuelle.
Méta-analyse des performances diagnostiques, indications et conditions de
réalisation.
Le Guide du bon usage des examens d’imagerie : http://www.sfrnet.org/sfr/societe/2-publications/publications-sfr/01-Guides2009/index.phtml ;
il sera mis à jour à l’automne.