Neuilly-sur-Seine, le 25 octobre
2012 – A l’occasion du 7ème
Forum National des Associations et Fondations, Deloitte présente les résultats
d’une enquête menée en collaboration avec le CNRS-Centre d’Economie Sociale
auprès du secteur associatif. L’étude dresse un nouvel état des difficultés du
secteur associatif, leur impact selon les types d’associations et apporte
quelques préconisations, six ans après l’enquête « Trajectoires associatives
» menée par le cabinet et le laboratoire Matisse du CNRS.
Un contexte de crise marqué par
de fortes mutations
Le secteur associatif n’a pas été épargné par la crise économique,
l’un des effets majeurs étant la raréfaction des ressources au moment où les
besoins de solidarité explosent. Néanmoins, contrairement aux idées reçues, les
ressources du secteur qu’elles soient privées ou publiques se sont accrues à un
rythme supérieur à celui du produit intérieur brut, entraînant une augmentation
régulière de son poids économique et de l’emploi salarié.
Les ressources privées - dons, mécénat et surtout ventes
aux usagers – représentent le plus grand soutien des associations avec une
croissance deux fois plus rapide que les ressources publiques. Ce sont
les collectivités locales et principalement les départements qui ont pallié au
désengagement de l’Etat.
« Pour une grande part, les résultats
de l’enquête confirment à la fois les enseignements déjà observés en 2006 dans
notre précédente étude et ce que nous constatons sur le terrain : problèmes de
trésorerie ou de fonds de roulement, augmentation des états de cessation
de paiement malgré la volonté et l’énergie de quelques hommes et femmes engagés.
La situation financière des associations traduit aujourd’hui bien plus qu’il y
a 6 ans, la diminution de l’aide publique, les collectivités locales et
principalement les départements palliant au désengagement de l’Etat » explique Jean-Pierre Vercamer,
Associé Services financiers et responsable secteur associatif chez Deloitte.
« Les appels au secours d’associations dépassées par le formalisme imposé
par les réglementations toujours plus nombreuses sont aujourd’hui courants. »
ajoute-t-il.
La raréfaction des ressources :
problématique majeure des associations
Le nombre de créations d’associations s’est considérablement
accéléré ces dernières années générant notamment une diminution des ressources,
difficulté relevée par 80% des associations répondantes. 46% déclarent souffrir
de la baisse des financements publics de type subventions et 39% de toutes les
formes de financements publics.
Pour 16% des associations, la recherche de financements
alternatifs qui s’appuierait sur une augmentation de la part des usagers n’est
pas la solution, leur solvabilité étant de plus en plus fragile. Elles sont d’ailleurs
20% à témoigner des difficultés croissantes à tarifer au juste prix les
prestations délivrées.
Maîtrise de la gestion et
gouvernance en souffrance
Une trésorerie ou un fonds de roulement insuffisants pour
faire face à d’éventuelles difficultés sont pointés par près d’un tiers des
associations (31%). Le retard dans le paiement des subventions publiques est l’une
des explications pour 23% des associations. L’insuffisance des outils de
gestion à disposition, signalée par 9% des associations, aggrave les difficultés
de maitrise de la gestion et au final, près d’un quart des associations
employeurs déclarent manquer de visibilité sur les perspectives à moyen ou long
terme. En revanche seulement 3% des associations ont signalé dans ce contexte
des difficultés pour emprunter auprès des banques.
Par ailleurs, 67% des associations employeurs reconnaissent
rencontrer des difficultés de gouvernance. Par exemple, trouver des dirigeants
bénévoles pour renouveler les structures dirigeantes est une préoccupation pour
53% des associations. Cette problématique est particulièrement forte au sein
des petites associations et des associations sportives.
L’environnement institutionnel
force à la professionnalisation du secteur associatif
Les associations mentionnent en premier lieu dans ce
domaine le poids des contrôles et les contraintes croissantes imposées par les
pouvoirs publics, source de difficultés pour 29% d’entre elles.
Les modifications législatives ou réglementaires des
conditions d'exercice de l'activité sont difficiles à gérer pour 16% des
associations soit deux fois moins qu’en 2007.
15% des associations répondantes indiquent être fragilisées
dans leurs décisions par les phénomènes de « judiciarisation » croissante de la
société et d’évolution des règlementations.
« Le renforcement des
contraintes juridiques condamne le secteur associatif à rejeter tout
amateurisme et à maintenir un professionnalisme total dans tous les domaines » commente Jean-Pierre Vercamer.
Dans ce contexte, les contraintes fiscales imposées par les
pouvoirs publics ne représentent de difficultés réelles que pour 6% des
associations, et principalement pour les grandes associations, laissant
entendre que la réforme de la doctrine fiscale engagée en 2000, est complètement
digérée.
L’accès à l’emploi salarié et
aux compétences, un défi de plus en plus prégnant
Le contexte de forte professionnalisation associé à une
concurrence de plus en plus vive conduit le secteur associatif à rechercher des
acteurs qualifiés, aussi bien en matière de bénévolat que d’emplois salariés.
Or trouver ou conserver des salariés qualifiés constitue
pour 29% des associations employeurs une réelle difficulté. Pour 22% d’entre
elles, celle-ci tient à l’impossibilité d’assurer un niveau de rémunération
correct.
« Les associations sont
incontestablement fragilisées aujourd’hui par un double contexte de mutations
et de crise économique. Elles se heurtent en particulier à d’importantes
difficultés liées à la raréfaction et la transformation des financements
publics. Elles ont également d’importantes difficultés à trouver et conserver
les salariés et les bénévoles qui ont les compétences nécessaires, dans le
contexte d’encadrement croissant de l’activité
et de forte professionnalisation que connaît le secteur pour survivre et
lutter contre la concurrence. » déclare Viviane Tchernonog, chercheur au CNRS, au Centre
d’Economie de la Sorbonne.
L’étude complète est disponible
sur notre site Internet : cliquez ici
Méthodologie
L’enquête nationale « Les
associations entre mutations et crise économique – Etat des difficultés » a été
réalisée par Deloitte et le CNRS-Centre d’Economie Sociale auprès d’un échantillon
de 2 400 associations employeurs. Parmi ces associations, seules les réponses
des 869 associations ayant recours à l’emploi de professionnels salariés ont
été exploitées.
Les associations ont répondu au choix, par retour de
courrier ou directement en ligne.