MINE D'INFOS/ Actualités en libre partage. Ce blog vous offre outre des Infos: protection sociale, culture etc. des interviews esclusives [libre de droits sous réserve de sourcer le blog]. La créatrice du blog [ex. Chef de service MGEFI] passionnée d'Afrique & RS est journaliste membre du réseau mutualiste MutElles; SEE; & ADOM. ✍️Pour proposer un sujet à la rédaction merci d'écrire à sa rédactrice en chef Nora ANSELL-SALLES pressentinelle2@gmail.com /
vendredi 26 mai 2023
Invitation Conférence Prévention/Homéopathie - Mardi 13 Juin 2023
mardi 2 novembre 2021
Tribune libre : Jacky Lesueur
Une réforme qui suscite de plus en plus d'interrogations et d'inquiétudes !
Après tant d’années de politiques d’austérité́, tant en matière salariale et sur les déroulements de carrière que sur les emplois et les moyens , avec les inévitables conséquences sur leurs conditions de vie au travail , le gouvernement paraissait vouloir se préoccuper -enfin - de la protection sociale complémentaire des agents publics prévue par l'article 22bis du Statut Général de la Fonction Publique depuis la loi du 2 février 2007, que l'ordonnance du 17 février 2021, article 1, vient de modifier.!
En effet depuis quelques mois, chacun a pu acter avec intérêt les annonces de la Ministre de la Fonction Publique, sur sa volonté d'améliorer la participation financière des employeurs publics (actuellement dérisoire comme l'a rappelé régulièrement la Mutualité Fonction Publique) à la couverture sociale complémentaire des fonctionnaires.
Mais comme souvent, au-delà des déclarations de principes et des généralités, le diable se cache souvent dans les détails...et depuis la publication de l'ordonnance en février dernier sur le sujet et les premières rencontres avec les organisations syndicales pour sa mise en œuvre, les interrogations et les inquiétudes s'expriment de plus en plus, tant dans le monde syndical que mutualiste sur les orientations gouvernementales qui se précisent.
La présentation de la "feuille de route" aux fédérations syndicales et la finalisation de accord de méthode préalable à un accord cadre sur la PSC des agents publics, confirme bien la complexité du dossier sans lever les sérieux doutes que l'on peut légitimement avoir en l'état actuel des choses !
Les réactions se multiplient sur de nombreux aspects de la réforme
Effectivement, nombreux sont ceux qui se sont exprimés sur le sujet , que ce soit la Mutualité Fonction Publique, le CRAPS (Cercle de recherche et d'analyse sur la protection sociale) avec sa dernière publication sur "Les mutuelles, les syndicats et l’État dans la protection sociale complémentaire des agents de l’État", ... entre autres....
En fait, au fil des semaines, les plus vives critiques s'expriment sur les orientations de la réforme de l’aide à la complémentaire santé dans les trois Fonctions Publiques et particulièrement dans la Fonction Publique d'État, et notamment sur la possibilité d’imposer un contrat collectif à adhésion obligatoire allant à l'encontre:
- de la liberté des agents, qui ont toujours eu la possibilité de choisir l’organisme complémentaire santé et prévoyance qui leur convient,
- des libertés mutualistes, par lesquelles les agents de l’État en très grand nombre ont créé et continuent de faire vivre leurs Mutuelles, qu’ils gèrent à égalité de pouvoir, et dans un esprit de fraternité favorable à la prise en compte des situations individuelles et des difficultés exceptionnelles, avec le risque majeur de conduire à une couverture sociale moins solidaire, moins protectrice, voire plus chère surtout pour les retraités laissés à l’extérieur du dispositif...à l'image de ce qui s'est passé dans le secteur privé avec la "généralisation de la complémentaire santé " en 2016, ouvrant de fait la porte aux comportements prédateurs des assurances du secteur concurrentiel et des courtiers.
La Mutualité Fonction Publique (MFP) et les fédérations syndicales de fonctionnaires posent leurs conditions pour une véritable protection sociale complémentaire.
La MFP ( l'union de 20 mutuelles de la fonction publique) et l'ensemble des organisations syndicales de la fonction publique (FO, FSU, UNSA, CFDT,CGT, Solidaires, CGC, CFTC, FA-FP) ) ont tenu à rappeler depuis des mois leurs exigences pour une politique ambitieuse en matière de protection sociale complémentaire des agents publics ... rappelant leur attachement à un système social plus juste et plus solidaire.
Si elles défendent avant tout, elles aussi, un régime d’assurance maladie obligatoire de haut niveau qu'elles considèrent incontournable pour une véritable solidarité nationale, elles souhaitent vivement que la réforme projetée se traduise par:
- Une couverture mutualisant toutes les catégories d’agents actifs et retraités ( la préservation des solidarités intergénérationnelles mises en place depuis 75 ans , indiciaire et familiale, protections indispensables contre les situations de précarité, étant essentielle)
- Une adhésion libre permettant à chacun de pouvoir choisir la couverture complémentaire convenant le mieux à leurs besoins.
- Une couverture globale complète intégrant la prise en charge des risques courts et des risques longs, en complément des garanties statutaires : frais de santé, incapacité temporaire de travail, invalidité, décès et perte d’autonomie. Pour tenir compte des spécificités existantes, cette couverture devra être négociée dans les conditions propres à chaque versant.
- Une participation financière des employeurs publics significative et suffisamment incitative.
- Un renforcement du poids des critères solidaires dans l’appréciation et le choix des opérateurs complémentaires retenus pour couvrir les agents actifs et retraités.
C’est, à l'évidence, un point qu’il ne sera pas possible d’occulter au regard de ce qui se passe actuellement dans le secteur privé où , seuls, les retraités sont contraints de payer des cotisations souvent élevées pour pouvoir accéder à des garanties complémentaires suffisamment protectrices.
Une nécessité: se faire entendre et peser sur la teneur de cette réforme!
Sur la base de ces propositions partagées , les organisations syndicales et la MFP entendent bien poursuivre leur action dans la période de discussions qui est désormais engagée pour la mise en œuvre de la réforme, car pour elles, bon nombre de points restent à éclaircir, parmi lesquels, et non des moindres , celui concernant l’incitation vers la mise en œuvre de contrats collectifs obligatoires réservés aux seuls actifs qui peut constituer une grave atteinte au modèle de protection sociale dont les agents bénéficient actuellement, modèle élaboré sur la mutualisation des risques et des individus (actifs et retraités).
En alertant sur les conséquences de la mise en œuvre de tels contrats pour les plus âgés, c'est bien l’accès à la santé et à la prévoyance de millions de retraités qui est aussi en jeu dans cette réforme.
Les retraités font face à des coûts parfois très conséquents résultant d'une tarification majoritairement liée à l'âge. La situation est particulièrement difficile pour les personnes dont les revenus dépassent de peu le plafond de la CSG.
Ainsi la contribution financière des retraités aux complémentaires santé est particulièrement élevée à proportion de leurs revenus et sont plus exposés que les autres classes d'âge aux restes à charge élevés " relève la Cour des Comptes dans son rapport de juin 2021.
De fait , après intervention de leur complémentaire santé, celui ci est une à trois fois plus élevé que celui des plus jeunes. Les dépenses santé pèsent lourdement dans le budget des retraités d'autant que la pension moyenne, en France s'élevait en 2019 à 1 393 Euros (**) et que les revalorisations ridicules des pensions sont inférieures à l'inflation qui repart actuellement fortement.
Si la mise en œuvre de mécanismes de solidarité qui est une volonté mutualiste forte, ne se met pas en oeuvre le montant des cotisations risquerait vite de devenir inaccessible à nombre de retraités.
Il n'est peut-être pas inutile de rappeler que seule la solidarité intergénérationnelle permet de plafonner significativement les cotisations des retraités.
En l'état, la réforme:
- porte bien en germe une véritable régression des droits dont les agents bénéficient actuellement, notamment dans la fonction publique d’État (niveau des garanties de santé et de prévoyance réduit, couplage non systématique des deux garanties, risque dépendance non retenu etc.).
- et , au-delà de la couverture complémentaire de santé et de prévoyance, l’ordonnance occulte toute la dimension d’accompagnement global des individus (actions sociales adaptées aux besoins sociaux des actifs et des retraités, santé au travail et prévention ciblée sur les risques du métier public).
Dans ce contexte, on peut se poser nombre de questions:
Pourquoi vouloir élaborer de nouveaux dispositifs de protection sociale complémentaire qui seront finalement moins-disant que ceux volontairement proposés et élaborés depuis des décennies sur la base d’un modèle mutualiste global et solidaire ?
Comment sera finalement traité le sort des retraités?... quand on voit déjà, que le projet de décret soumis fin juin au Conseil Supérieur de la Fonction Publique de l'Etat pour la mise en place du dispositif transitoire de la participation financière de l'Etat au 1er janvier 2022 les écarte clairement du dispositif...! Les exclure serait une grave erreur politique et sociale. Non ! les retraités ne sont pas une classe protégée des aléas économiques et des crises. Doit-on rappeler le lourd tribu payé à celle du Covid ?
Ce projet de décret, déconnecté des négociations à venir ces prochains mois , comporte en fait trois critiques importantes :
• La participation forfaitaire de l'Etat employeur de 15 euros bruts par mois reste finalement très faible. ( la question de sa fiscalisation restant posée )
• Les différentes réunions préalables au CSFPE ne permettent pas clairement de comprendre si ce nouveau « droit » est accompagné d’un financement nouveau, supplémentaire et véritablement fléché dans le PLF 2022,
• Enfin, ce montant forfaitaire versé exclusivement aux actifs mais excluant les pensionnés et retraités soulève bien de nombreuses inquiétudes sur la manière d’organiser et de financer la solidarité intergénérationnelle dans le cadre de la négociation à venir.
Et maintenant?
La DGAFP a précisé fin juin aux organisations syndicales le calendrier et le programme de travail pour les mois à venir sur le régime "cible"...
Un calendrier "volontariste annoncé....:
· 7 septembre 2021 > Risque santé (Panier de soins + prévention)
· 21 septembre 2021 > Dispositifs de solidarité (Solidarités intergénérationnelles et familiales)
· 5 et 19 octobre 2021 > Risque prévoyance (couverture statutaire + capital décès ; couverture complémentaire + couplage des risques)
· 2 novembre 2021 > Modalités de financement et d’adhésion (participation employeurs + portabilité des droits + mécanismes d’affiliation + cas de dispense)
· 16 novembre 2021 > Procédure de sélection + cahier des charges (critères de sélection + contenu minimal + contrats collectifs et contrats individuels)
· 30 novembre 2021 > Cadre de la négociation et suivi des contrats (modalité des négociations + Comité de pilotage et de suivi).
En l'état , les choses ont finalement peu avancé...bon nombre de sujets d'importance prévus pour la rentrée n'ont toujours pas véritablement été évoqués, et la dernière réunion du 13 octobre avec les fédérations syndicales de
fonctionnaires essentiellement consacrée à la présentation des scénario proposés par le Gouvernement sur l'articulation des niveaux de négociations et des accords( collectifs?) pouvant en découler ne font que conforter nos inquiétudes...
· Tout reste possible, le meilleur, peut-être, comme le pire hélas!
L’objectif gouvernemental est d’aboutir à un 1er projet de décret pour la mi-décembre... pour une application au 1er janvier 2022 même si le référencement actuel court jusqu'en 2023 et ira à son terme...C'est dire..!
...c'est dire que les sujets ne manquent pas sur un sujet aussi complexe , et que la plus grande vigilance s'impose pour veiller à ce que la construction des nouvelles dispositions en matière de PSC se traduisent véritablement par des garanties les plus protectrices et les plus équitables, en s'attachant à expertiser toutes les solutions ouvertes par le gouvernement.
Les chemins à prendre pour atteindre ces objectifs seront sûrement très différents entre les trois versants de la Fonction publique; aussi conviendra-t-il de rester maîtres de notre liberté de choisir les dispositifs idoines pour qu’aucun agent, actif comme retraité, ne reste à l’écart d’une couverture protectrice tout au long de son parcours de vie.
A ce stade, le champ des incertitudes et des craintes est encore très large… et il ne s'agira pas d’accepter un copier-coller du modèle imposé dans le secteur privé.
La prudence devra donc rester de mise pour en éviter les écueils face aux effets dévastateurs à terme d’une réforme:
- qui serait construite avant tout pour les actifs,
- qui n’a pas encore posé de solution pérenne pour les retraités qui exigent une PSC de même niveau que celle des actifs,
mais aussi face aux risques de segmentation des garanties santé et prévoyance, et à la faiblesse des niveaux de couverture couverts, en l’état actuel des textes, par les futurs dispositifs cibles (ouvrant ainsi la porte à des sur-complémentaires facultatives, entièrement financées par les seuls salariés qui en ont les moyens )
…et sur laquelle le manque de lisibilité des crédits qui seront alloués à la PSC présente encore trop peu de garanties gouvernementales ...
.... autant d'éléments et d'arguments développés par la MFP dans un courrier adressé à la Ministre de la Fonction Publique début juillet juillet , considérant qu'en l'état, le sort des retraités est de plus en flou et que des clarifications s'imposent sans tarder !
De leur côté, l'ensemble des fédération syndicale de fonctionnaires ont tenu à saisir la Ministre fin juillet pour réitérer leurs demandes, notamment sur la question de l'organisation des solidarités entre actifs, retraités et ayants droits , et pour exiger des clarifications dès la rentrée avant d'aborder les différents groupes programmés.
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(*)https://www.thinktankcraps.
(**)source DREES Juin 2021
jeudi 30 juillet 2015
Généralisation des complémentaires santé pour les salariés : les entreprises se préparent
Généralisation des complémentaires santé pour les salariés : les entreprises se préparent |
D’après une étude Audirep réalisée à la demande de l’Association française de l’assurance (AFA) et de la FNMF, la grande majorité des entreprises proposent déjà une couverture santé à leurs salariés, dans la perspective de la généralisation de la complémentaire santé en entreprise au 1er janvier 2016. Près d’une entreprise sur deux souhaite choisir librement la couverture santé proposée à ses salariés. | ||||||||
Alors que la complémentaire santé devient obligatoire pour tous les salariés au 1er janvier 2016, 71% des TPE et 85% des PME/ETI/GE déclarent déjà proposer une couverture santé à leurs collaborateurs (contre 77% pour les entreprises de plus de 10 salariés en 2010). Le taux de couverture santé croît en fonction de la taille de l’entreprise : il est de 67% pour les entreprises de 1 à 2 salariés, de 86% pour les entreprises de 6 à 9 salariés et de 99% pour les entreprises de plus de 500 salariés. Les entreprises déjà équipées ont une bonne connaissance du futur dispositif : 80% des TPE et 87% des PME/ETI/GE en ont déjà entendu parler. Les entreprises qui n’ont pas encore proposé de couverture santé à leurs collaborateurs, soit 29% des TPE et 15% des PME/ETI/GE, se déclarent également bien informées (respectivement 84% et 96%). Liberté de choixParmi les entreprises interrogées, 47% des TPE et des PME/ETI/GE déclarent qu’elles souhaitent choisir librement l'organisme complémentaire et la couverture santé qu’elles proposeront afin notamment de conserver leur autonomie et de tenir compte de l’avis de leurs salariés. 41% des TPE et 45% des PME/ETI/GE déclarent qu’elles suivront quant à elles la recommandation de l’organisme qui sera choisi par leur branche professionnelle.Méthodologie de l’étudeL’étude Audirep a été menée au téléphone, du 10 mars au 20 avril 2015, auprès d’un échantillon total de 1.131 entreprises françaises (405 TPE de 1 à 9 salariés et 726 PME/ETI/GE de 10 salariés et plus) représentatif de la population française.Contacts presseFFSABenoît Danton 01 42 47 93 80 b.danton@ffsa.fr FNMF Constance Baudry 01 40 43 30 21 constance.baudry@mutualite.fr GEMA Nathalie Irisson 01 53 04 16 21 nathalie.irisson@gema.fr | ||||||||
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mardi 25 février 2014
La MGEFI dans la presse
jeudi 25 octobre 2012
Dépassements d’honoraires : où en est-on de notre politique de santé?
Dépassements d’honoraires : où en est-on de notre politique de santé?
L’activité des médecins libéraux est structurée par le paiement à l’acte et le tarif de l’acte est l’alpha et l’oméga des rapports entre l’Assurance Maladie et les syndicats de médecins. Parallèlement, le statut libéral des médecins vient percuter la réalité du financement solidaire de la sécurité sociale.
Redoutable ambiguïté que ce système bancal :
- La Sécurité sociale et les pouvoirs publics considèrent que ce sont les impôts et cotisations sociales qui payent les médecins. La tendance est, de ce fait, de considérer les médecins comme des employés (sans code du travail ni conventions collectives pour faire valoir leurs droits) ;
- Du côté des médecins - encouragés par leurs organisations professionnelles - la tendance est à se considérer comme des libéraux qui pratiquent un « art » et qui ne doivent de comptes qu’à leurs seuls patients avec lesquels ils construisent une relation autonome. Ils s’exonèrent par cette approche de toute législation et obligation qui ne leur convient pas tout en glissant d’une pratique libérale à libertaire.
L’incompréhension ne peut qu’être totale entre ces deux mondes que tout oppose et notamment du point de vue financier : la Sécurité sociale demande qu’on dépense moins, les médecins demandent plus de moyens.
A cette dualité libéral/solidarité, viennent s’ajouter les dépassements de tarifs. Exception française particulièrement frappante : dans les pays disposant de systèmes nationaux de santé (comme le Royaume-Uni et le Canada), les consultations et les actes médicaux sont gratuits au point d’entrée et les médecins ou établissements sont directement payés par l’Assurance maladie. Il n’y existe pas de marge de négociation entre médecin et patient. C’est la même chose en Allemagne pour les 85% de la population affiliés à l’assurance maladie publique. Dans les systèmes nationaux, lorsqu’il existe un secteur privé, les médecins sont libres de fixer leurs honoraires, mais les paiements doivent venir des patients ou de l’assurance privée.
Aborder le sujet des dépassements de tarifs, c’est d’abord rappeler qu’il s’agit d’une disposition légale, organisée par la sécurité sociale et qui s’est développée du fait de la prise en charge par les complémentaires santé.
Bien que légaux, les taux exubérant des dépassements de certains médecins spécialistes libéraux et hospitaliers ainsi que des refus de soins aux patients CMU dans certaines enquêtes, ont conduit à stigmatiser l’ensemble des médecins libéraux.
Pourtant, au-delà du questionnement sur l’accès aux soins régulièrement évoqué comme conséquence des dépassements de tarifs, d’autres points retiennent l’attention.
La répartition des moyens financiers entre spécialités médicales, dans le jargon, les négociations conventionnelles, réalisées pour l’essentiel sous l’égide du syndicat médical historique, aboutissent à doter ses propres mandants. Bien plus que les besoins sanitaires ou les priorités publiques, c’est le rapport de forces entre spécialités médicales qui prévaut pour cette répartition.
Au fil du temps, certaines spécialités, chirurgicales ou cliniques n’ont pu perdurer qu’en utilisant les dépassements de tarifs. Sans ces dépassements de nombreux actes du secteur chirurgical ne sont plus possibles.
Ce double mécanisme, attribution des moyens financiers de la solidarité aux spécialités les plus influentes et compensation par les dépassements de tarifs pour les perdants, a conduit à une situation inextricable et sans aucune lisibilité pour les patients qui n’ont pas leur mot à dire dans ce maquis tarifaires.
Cette confusion tarifaire interdit en outre de mener une réelle politique d’amélioration sanitaire : impossibilité de réguler le nombre de professionnels et absence de marge de manœuvre sur le volume des actes.
Cette approche par le prix unitaire de l’acte nie la réalité du contenu des actes et condamne toute approche « Qualité » des pratiques médicales. Cette confusion a encore été accentuée par la CCAM technique qui creuse elle aussi le fossé entre spécialités gagnantes et spécialités perdantes. Le « point travail » modulateur de la valeur des actes techniques en fonction des coûts spécifiques à chaque spécialité est un véritable holdup : les spécialités les plus influentes donc les mieux dotées bénéficient de ce fait du point travail le plus élevé.
Au final, notre politique de santé n’est en rien dictée par les priorités sanitaires. Nous manquons d’une politique de revenus digne de ce nom, bien que rejetée par les organisations professionnelles, levier pourtant essentiel pour répondre au défi de la répartition démographique et de l’attractivité des professions délaissées parmi lesquelles, la médecine générale.
Sous couvert d’une gouvernance du secteur par les syndicats de médecins libéraux qui aboutit à attribuer les marges de manœuvre financières à ses amis, le secteur santé ambulatoire se caractérise surtout par une absence de gouvernance.
Les complémentaires santés ne s’y trompent pas, qui, à l’occasion du débat pour mieux prendre en charge les dépassements de tarifs et les plafonner, tentent de s’immiscer dans ce qui relève aujourd’hui du financement solidaire des tarifs et poussent dans le même temps une disposition législative pour conventionner individuellement les médecins libéraux.
Interroger la question des dépassements, c’est interroger toute l’architecture de notre système de santé.
Pour mener une politique sanitaire répondant aux besoins des malades, les pouvoirs publics doivent mettre fin au détricotage de la solidarité pour :
- Organiser la démocratie sanitaire et la participation des représentants de patients aux discussions tarifaires ;
- Engager une politique de revenus des professionnels en toute transparence ;
- Valoriser les spécialités actuellement peu attractives ;
- Promouvoir l’efficience et la pertinence des actes au-delà de leur prix unitaire.
Pour ne pas être dupe des claquements de portes et autres coups de théâtre qui se sont joués dans les locaux de l’Assurance Maladie ces dernières semaines, c’est un autre débat qui est attendu avec comme fil rouge les priorités sanitaires du pays et l’ambition de doter les professionnels de santé responsables des moyens nécessaire à l’accomplissement de missions clairement établies.
ACTES JOURNEE du 13 JUIN 2012 " Construisons aujourd'hui la santé de demain" sont DISPONIBLES
Pour les obtenir, envoyer un mail à contact@soinscoordonnes.fr
www.soinscoordonnes.eu