Nora ANSELL-SALLES

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mercredi 16 février 2022

La griffe de Jacques Draussin : décès de Luc Montagnier

Luc Montagnier ou la maladie du Nobel

Le Professeur Luc Montagnier, qui fut récompensé par un nombre impressionnant de prix scientifiques est mort la semaine dernière à l’âge de 89 ans.

Celui qui restera dans l’histoire comme le colauréat du prix Nobel de Médecine en 2008, découvreur avec son équipe de l’Institut Pasteur du virus du Sida en 1983, développait depuis le début des années 2010 des théories pour le moins controversées. Malgré son glorieux passé, cela lui avait valu d’être renié par l’Institut où il avait passé 30 ans de sa vie, évincé de l’Académie de Médecine, condamné par l’Ordre des médecins.

Il est vrai qu’il était devenu difficile pour les partisans de la rigueur scientifique de défendre celui qui prétendait, entre autres et avec la même incongruité, traiter l’autisme à l’aide d’antibiotiques, conseiller au Pape de traiter son Parkinson avec du jus de papaye fermenté ou attribuer à la vaccination des risques d’effets secondaires en pagaille.

Si la vieillesse est un naufrage, alors, celle du Professeur Luc Montagnier aura été une catastrophe maritime.

Peut-on l’expliquer seulement par l’addition des années ? Ses positions totalement irrationnelles, compte tenu de ses succès passés dans la recherche, relèveraient en fait du syndrome que l’oncologue américain David Gorski a nommé « la maladie du Nobel ».

Cet étrange syndrome frapperait, comme son nom l’indique, certains anciens lauréats du prix, de préférence dans les domaines de la médecine, de la chimie ou de la physique. Ainsi,

Linus Pauling, prix Nobel de chimie en 1954 et de la paix en 1962 qui, en 1970, affirmait avoir démontré l’efficacité de la vitamine C dans le traitement de certains cancers.

Et le phénomène de la maladie du Nobel ne date pas d’hier puisqu’elle semble avoir également frappé une autre de nos gloires nationales, Pierre Curie, nobélisé en 1903 pour ses travaux sur la radioactivité et curieusement devenu un chantre de la parapsychologie. Un travers dans lequel ne tombera pas sa colauréate de femme,

Marie, qui obtiendra, comme par ironie, un nouveau Nobel en 1911 [et qui répondait à la question : « Qu’est-ce que ça fait d’avoir épousé un génie ? » par un lapidaire : « Je ne sais pas, demandez à mon mari »].

Luc Montagnier est mort à Neuilly [pas à l’Ehpad Orpea, à l’Hôpital américain] et il nous avait tant habitués à ses calembredaines que l’annonce de son décès par le site complotiste France Soir n’a pendant deux jours pas été prise au sérieux…

Une occasion rêvée pour ses aficionados antivax de s’émouvoir du « silence des media » et de rendre ainsi un vibrant hommage à la vérité

alternative.

Jacques DRAUSSIN

Contact : Jacques DRAUSSIN jacques.draussin@biensur-sante.com

vendredi 11 février 2022

Le coup de griffe de Jacques Draussin...

Lucy in the Sky with Diamonds

Alors que l’ambiance depuis le début de l’année n’est pas particulièrement planante et que l’épreuve du Dry january vient de s’achever, on apprend que des chercheurs canadiens pensent pouvoir utiliser le LSD comme médicament contre l’addiction à l’alcool.

L’étude, dont les résultats viennent d’être publiés dans le média universitaire The Conversation ayant été réalisée sur des poissons zèbres, on pourrait évidemment être tenté de croire que les scientifiques étaient eux-mêmes placés sous l’emprise de drogues psychédéliques.

Or, il n’en est rien. Il se trouve que le LSD, banni depuis les années soixante-dix du monde de la recherche y fait un retour en force. Le

Lysergsäurediethylamid chanté en 1967 par les Beatles au cœur de leur période Sergent Pepper’s lonely hearts club band, confirme des vertus thérapeutiques soigneusement masquées jusqu’ici.

Le bon docteur Hofmann qui, en 1938, avait découvert la substance dans son laboratoire de Bâle en cherchant un traitement contre la migraine, était loin de se douter de la place que prendrait plus tard le LSD dans la contre-culture américaine, la beat generation et les palais de justice.

Son potentiel en psychothérapie et en addictologie, en regard des effets hallucinatoires que ses célèbres usagers ont largement

expérimentés, pourrait cependant rester confiné dans les laboratoires. Du moins en France, où le bad trip que suffit encore à provoquer le cannabis thérapeutique chez nos ministres de l’intérieur ne laisse pas augurer d’un avenir médical radieux au LSD.

Jacques DRAUSSIN


Contact  et abonnement à l'info lettre: Jacques DRAUSSIN jacques.draussin@biensur-sante.com