Nora ANSELL-SALLES

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mercredi 3 février 2016

revaloriser les revues médicales en français

 
Jean-Noël FIESSINGER, rapporteur
Au nom de la commission XIX (Langage médical, dictionnaire de l’A.N.M., Bibliothèque)
Valorisation des revues médicales en langue Française


 
http://www.academie-medecine.fr/articles-du-bulletin/publication/?idpublication=100482

Le financement des activités de recherche des équipes hospitalières (1) est fondé sur les points SIGAPS qui prennent en compte le facteur d’impact (Impact Factor) des revues dans lesquelles elles ont publié leurs travaux, pondéré par le rang des auteurs signataires (2). Ce système pénalise fortement les articles publiés en français, dans des revues dont la diffusion limitée implique un facteur d’impact faible.

La revalorisation des revues médicales en langue française se justifie pour deux raisons principales :
• la publication de mises au point ou de revues générales de qualité permet de juger les capacités
pédagogiques des auteurs qui se destinent à une carrière hospitalo-universitaire, et il convient
d’apprécier ces capacités pédagogiques au même titre que leurs capacités de soins et de recherche ;
• même en France, la plupart des médecins lisent et assimilent plus facilement des articles en français
que dans une autre langue (3). Ceci est également vrai non seulement pour des pays francophones
limitrophes de la France, mais aussi dans de nombreux pays ou la francophonie reste importante tant
pour la formation initiale que pour la formation continue permanente.

C'est pourquoi, l’Académie nationale de médecine, en concertation avec le Syndicat de la Presse et de
l’Edition des Professions de Santé, prend acte et soutient l’initiative de la Conférence des Présidents du Conseil National des Universités (CNU) Santé, en accord avec la Conférence des Doyens, d’inclure dans le dossier de candidature universitaire un « score pédagogique » (SIAPS) spécifique où interviennent les articles de formation publiés en français. Ce score, intégré à la grille d’évaluation des CNU, devra être diffusé par toutes les sous-sections du Conseil National des Universités aux candidats à une nomination ou promotion hospitalo-universitaire. Ce score mériterait toutefois d’être grandement simplifié et modulé par chaque soussection qui sont les mieux à même de l’adapter à leurs objectifs pédagogiques propres. Cette mesure apparait particulièrement importante à prendre en considération pour certaines sous sections du CNU.

L’Académie, saisie dans sa séance du mardi 26 janvier 2016, a adopté le texte de ce rapport
par 49 voix pour, 8 voix contre et 7 abstentions.

Membres du groupe de travail : Académie de médecine : Prs Catherine BUFFET, Bernard CHARPENTIER, Jean-Noël FIESSINGER (rapporteur), Claude-Pierre GIUDICELLI, Michel HUGUIER, Bernard LAUNOIS, Jean-Louis MICHAUX, Francis MICHOT, Yvan TOUITOU. Académie de Pharmacie : Pr Alain ASTIER, Dr Claude MONNERET. Santé Publique : Pr Hervé MAISONNEUVE SPEPS : Dr Alain TREBUCQ.

Personnalités auditionnées : Pr Jean CAMBIER ( Académie Nationale de Médecine), Pr Olivier CLARIS ( Président de la conférence des présidents de CNU), Mme Claire MONY ( Documentaliste Paul-Brousse), Pr Gérard LORETTE ( CHU Tours, La Presse Médicale), Pr Jean-Pierre VINEL ( Président de la conférence des doyens).

Le rapporteur déclare être membre des comités de rédaction du Bulletin de l’Académie Nationale de Médecine, du Concours Médical et de la Revue du Praticien.

1 De l’ordre de 800 millions par an
2 Appelé « Système d’interrogation de gestion et d’analyse des publications scientifiques » (SIGAPS)
3 La publication dans des périodiques français d’articles originaux en anglais a probablement contribué à la désaffection de
certains de leurs lecteurs

mardi 10 mars 2015

Nouveaux droits en faveur des malades et des personnes en fin de vie

A propos des nouveaux droits
en faveur des malades et des personnes en fin de vie

Denys PELLERIN et Jean-Noël FIESSINGER



 
À la veille du débat parlementaire sur la « proposition de loi de MM. Alain Claeys et Jean Leonetti créant de nouveaux droits en faveur des malades et des personnes en fin de vie » l’Académie nationale de médecine rappelle qu’elle avait approuvé les dispositions de la Loi Leonetti et souligné l’importance d’en assurer la diffusion auprès des médecins, des soignants mais aussi des patients.

La proposition de loi de MM. Alain Claeys et Jean Leonetti, inscrit en son article 3 « l’assurance d’une mort apaisée du fait d’un droit des personnes à une sédation en phase terminale ».

L’Académie de médecine tient à exprimer son inquiétude sur les conséquences que pourrait avoir une interprétation erronée, abusive ou tendancieuse, du terme sédation. Dès lors que la distinction entre les deux situations, fin de vie et arrêt de vie, n’est pas précisée, toute disposition législative contraignante ouvre la voie à des dérives abusives voire condamnables.

La fin de vie intervient par le fait d’une maladie au stade ultime de son évolution, éventuellement après arrêt de tout traitement dans le refus de tout acharnement thérapeutique. Elle intervient aussi au terme du processus naturel du vieillissement chez des personnes demeurées autonomes ou devenues dépendantes physiquement ou par déficit cognitif.

L’arrêt de vie fait suite à une demande volontaire à mourir alors que la vie n’est ni irrémédiablement parvenue à son terme ni immédiatement menacée.

Le qualificatif « terminal » appliqué à la sédation profonde fait apparaître que son but premier n'est pas de soulager et d'accompagner le patient, mais de lui donner la mort. Quand bien même il s’agirait « seulement » d’une aide au suicide, il s’agit d’une euthanasie active. Il n’est pas dans la mission du médecin de donner la mort. Aucun médecin ne saurait par la loi se voir contraint de transgresser ce principe.

L’Académie nationale de médecine regrette que perdure dans notre société la méconnaissance ou l’indifférence vis-à-vis des directives anticipées et souligne qu’il est nécessaire d’en faire reconnaître l’intérêt et de favoriser le développement de cette pratique. Les directives anticipées sont largement prônées dans les différentes interventions sur la fin de vie. Cette unanimité ne doit pas masquer les difficultés que rencontre leur application. Les directives anticipées doivent-elles être contraignantes ou mieux comme l’écrit le CCNE « Engageantes » ? Dans tous les cas leur non-respect doit être justifié par le médecin responsable.
En définitive, dans le respect de la loi, en l’absence quasi constante de toute directive anticipée, l’Académie nationale de médecine estime qu’il appartient au seul médecin sollicité au nom du respect du droit des malades de procéder à une consultation collégiale avant de décider de statuer sur la notion d’obstination déraisonnable. Elle insiste sur les exigences d’une authentique concertation. La participation de l’ensemble de l’équipe soignante, de membres de la famille ou de la personne de confiance est indispensable. La participation d’un tiers extérieur au service (médecin traitant, membre du comité d’éthique) est souhaitable.
L’Académie nationale de médecine tient à rappeler ses recommandations et mises en garde :



-          la valeur qu’elle attache aux dispositions de la loi Leonetti de 2005 ;

-          la signification du terme sédation qui ne saurait être interprétée de façon erronée voire abusive ;

-          la pratique des directives anticipées doit être encouragée sans pourtant méconnaître les difficultés qu’elle suscite dans leur application.



Références
1.        Pellerin D. Contribution à la réflexion publique des citoyens sur l’accompagnement des personnes en fin de vie (Mission Sicard). Bull AcadNatl Med. 2012 ; 196 :1843-1870.
2.        Vacheron A. La fin de vie en France. .Bull AcadNatle Med. 2013 ; 197 :925-934.
3.      Pellerin D. Réponse à la saisine du Conseil d’Etat. Académie Nationale de Médecine. Rapport. 22 avril 2014.


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