Nora ANSELL-SALLES

Affichage des articles dont le libellé est ESS. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est ESS. Afficher tous les articles

jeudi 13 juillet 2023

🟥 QUESTION A JEAN-MARTIN COHEN SOLAL "Le système mutualiste est-il une chance pour l'avenir ?"


Pour le Dr Jean-Martin Cohen  Solal le système  mutualiste  est une chance pour l'avenir. Il en nous en donne les raisons. 


La Secrétaire d'État auprès de la Première ministre, chargée de l' Économie Sociale et Solidaire et de la vie associative, vient de me charger d’une mission afin d’identifier les freins et les obstacles que rencontrent les mutuelles pour l’exercice de leurs missions, leur développement et l’élargissement de leur champ d’activité .

Si j’ai accepté cette mission, dont les conclusions pourraient ,si nécessaire, se traduire dans une réforme de la loi sur l’ESS votée en 2014 sur la proposition de Benoit Hamon c'est parce que je suis persuadé que la mutualité est un modèle d'entreprendre spécifique qui, par sa lucrativité limitée, ses valeurs de liberté, de responsabilité et de solidarité, a un rôle majeur à jouer pour contribuer à relever les défis de notre société.



La Mutualité est le plus ancien mouvement social, mouvement qui rencontre la confiance des français (toutes les études le montrent) et qui a toujours cherché à contribuer à la réduction des inégalités .

Dans le domaine de l’assurance santé ou de biens, dans le domaine de l’offre en santé et en médico-social social elle joue un rôle prépondérant et de proximité. 

Elle emploie plus de 170 000 personnes en France, protège la majorité des français en assurance santé et dans de nombreux secteur de l’assurance de biens. Elle mobilise plusieurs dizaines de milliers de responsables élus, militants quotidiens du social et de la solidarité. 



De tout temps la Mutualité a été, tant en assurance qu’en santé ou dans le domaine social, un acteur d’innovation notamment parce qu’elle est animée par ses adhérents, ses sociétaires qui expriment et mettent en œuvre leurs besoins et adaptent les services aux évolutions sociétales. De même il n'est pas étonnant que les mutuelles soient précurseurs dans la mise en œuvre, dans toutes leurs activités, de la démarche RSE.



Le principe du mutualisme est simple et part d’un constat  humaniste: les mutuelles ont déployé depuis leur création des mécanismes de solidarité pour répondre à des situations graves (problèmes de santé, rupture d’emploi…) ou apporter des services souvent onéreux (soins hospitaliers, perte d’autonomie, prise en charge dans le cadre d’obsèques…). Les fondateurs du mutualisme ont fait le postulat que ces solidarités ne peuvent s’exercer sans lien de l’individu avec l’ensemble de la communauté. Ce lien entre tous les acteurs de la communauté mutualiste est donc très fort et se traduit par des principes de gouvernance qui en font des points cardinaux de son modèle:

  • Le principe fondamental est celui de la « non lucrativité » des activités de la mutuelle. Celle-ci ne rémunère pas d’actionnaires et ses éventuels excédents sont affectés aux obligations légales de réserves ainsi qu’aux actions en faveur de ses membres.

   • Pour ses activités d’assurance, la mutuelle se différencie de ses concurrents privés lucratifs puisqu’en cas de dissolution, l’excédent est dévolu à d’autres mutuelles ou à des entités non-lucratives.

   • L’administrateur mutualiste est élu parmi les adhérents et s’implique dans la structure au service de l’intérêt de tous les membres. 

   • Alors que, dans une société de capitaux, le pouvoir vient directement des détenteurs majoritaires du capital, dans une mutuelle le pouvoir vient de la somme de tous les adhérents pris individuellement, selon le principe « une personne = une voix », véritable clef de voûte de la gouvernance mutualiste.

   •L’ Assemblée Générale demeure le principal lieu d’expression de la démocratie en mutualité au cours de laquelle les adhérents fixent les orientations générales de l’activité de la mutuelle, élisent les dirigeants qui seront chargés de les mettre en œuvre et sont informés de la manière dont ces derniers se sont acquittés de leurs mandats.

   •L’ administration de la mutuelle est confiée à une instance élue par les adhérents, le Conseil d’administration. Chaque mutualiste a ainsi la possibilité, s’il le souhaite, de participer directement à la gestion de sa mutuelle. Cette organisation originale fait que le président d’une mutuelle, regroupant plusieurs millions d’adhérents et gérant quelques milliards d’euros de cotisations, est avant tout un « militant ».

Le temps long dans lequel s’inscrivent les mutuelles est une grande chance. Elles ne dépendent pas des caprices des marchés financiers, n’ont pas à rendre des comptes aux agences de notation et aux analystes financiers. Le temps long, c’est la possibilité de travailler dans la sérénité pour construire de meilleures offres pour l’adhérent, le sociétaire. L’absence d’actionnaires à rémunérer permet aussi de se fixer des objectifs de profit raisonnables, mesurés, réalistes. 

Les mutuelles peuvent entrer dans un nouvel âge, à condition de saisir les opportunités du siècle qui s’ouvre. Les demandes de biens et  de services en santé (notamment la prévention) , en social évoluent fortement et rapidement. Les acteurs capitalistiques classiques ne peuvent être les seuls à y répondre. On assiste à une crise de légitimité et d’efficacité des acteurs publics. L’espace naturel d’acteurs comme les mutuelles va être de plus en plus important. En outre, les valeurs de l’économie collaborative, véhiculées par la révolution digitale, sont proches de celles du mouvement mutualiste.

Cependant les acteurs mutualistes rencontrent des freins et des obstacles de nature législative, réglementaire , fiscale, organisationnelle,.. pour exercer pleinement leurs missions, se développer,  élargir leur champ d’activité, Souvent entre le secteur public et le secteur privé, le secteur mutualiste est comme « oublié ».

Il est donc extrêmement  utile que l’on prenne le temps d‘identifier ces freins et obstacles et que l’on propose des leviers pour les lever. Mais aussi de repérer  les initiatives mutualistes dans le domaine de l’assurance, de l’offre de soins (au moment où l'on se débat  face aux déserts médicaux), de la  prise en charge de la perte d’autonomie, de la mise en place d’une vraie politique de prévention... Repérer ces initiatives et innovations pour les faire mieux connaître et de les dupliquer. 

Je vais donc, d’ici la fin 2023, auditionner les responsables du monde mutualiste tant au niveau des principales organisations de mutuelles, des dirigeants, élus et administratifs des principaux acteurs du secteur, mais aussi les responsables politiques et administratifs des tutelles et ainsi que les autorités de supervision. J’espère que mon rapport apportera un éclairage permettant aux mutuelles d’être des acteurs inventifs et innovants afin de mette à disposition de leurs adhérents et sociétaires, mais pas qu’eux, des réponses adaptées aux défis sociaux et societaux d’aujourd’hui et de demain.

Dr Jean-Martin Cohen Solal


Propos recueillis par  Nora  Ansell-Salles auprès du Dr Jean-Martin Cohen Solal ancien Directeur Général de la Mutualité Française.

🔴BON A SAVOIR
Le blogpost & les veilles  "Mine  d'Infos" rallentissent le rythme de leurs publications durant les vacances🫠

Bel été  à  tous

mercredi 31 mai 2023

Roland BERTHILIER: portrait d'un militant visionnaire & tenace...



AVANT PROPOS

Né le 20 novembre 1955 à Poule les Écharmeaux (Rhône), Roland Berthilier est d’abord instituteur en 1976, puis professeur de collège et de lycée. Il enseigne pendant 6 ans les mathématiques à des déficients visuels. Il est ensuite admis au concours de chef d’établissement et devient principal adjoint en 1992, puis proviseur adjoint en 1995 poste qu’il occupe 4 ans avant de se consacrer pleinement à son engagement mutualiste au sein de la MGEN.
Membre du Bureau national en charge de la communication de juillet 1999 à juin 2005, il devient Secrétaire général de juillet 2005 à juillet 2013 date à laquelle il est élu Secrétaire général de la Fédération nationale de la Mutualité Française et Vice Président de la MGEN de juillet 2013 à juillet 2017. Il devient président de la MGEN le 11 juillet 2017, fonction qu’il occupe jusqu’en juillet 2021.
Un beau parcours de plus de 22 ans.

Suivant de près les dossiers de l’Economie sociale il est Président fondateur de L'ESPER, L’Economie sociale partenaire de l’École de la République du 8 décembre 2010 à fin octobre 2018. Roland Berthilier a également été vice-président du Conseil des entreprises, employeurs et groupements de l’économie sociale (Ceges), devenu ESS France après l’adoption de la loi Hamon. Il a été vice-président de l’Association nationale de la presse mutualiste (ANPM) et vice-président du Syndicat de la presse sociale.

Il a, par ailleurs, été administrateur de la caisse primaire centrale d’assurance maladie de Lyon.

Personnalité associée au Conseil économique, social et environnemental (Cese), il œuvre activement au développement et à la reconnaissance de l’économie sociale et solidaire (ESS) de 2016 à 2021.

Aujourd'hui retraité, assez occupé par les 10 petits enfants qu’il partage avec sa compagne, et par des activités sportives multiples, Roland Berthilier a conservé un œil averti et n’hésite pas à apporter ses conseils sur un sujet qui lui tient particulièrement à cœur : le sport-santé.


Bonjour Roland Berthilier, les lecteurs de "Mine d'infos" vous connaissent en tant qu'ancien président de la MGEN. Les militants mutualistes ont suivis le parcours du militant infatigable depuis des années... mais l'homme public reste plus connu que l'homme privé...

Si vous deviez faire votre auto portrait...

Je suis issu d’un milieu très modeste. L’éducation nationale a donc été un élément déterminant pour me permettre de vivre un parcours assez extraordinaire. Jeune, j’étais plutôt timide, réservé. Un trait de caractère que certains continuent à mettre en avant chez moi. J’ai toujours cherché à travailler avec les autres et pour les autres. Les jeunes tout d’abord au travers de mon métier d’enseignant. Puis en devenant chef d’établissement. Proviseur adjoint dans un lycée situé en zone sensible, j’ai toujours recherché à faire en sorte que tous les lycéens, quelle que soit leur origine ou leur environnement, puissent être armés pour choisir leur orientation, la formation qu’ils espéraient en essayant d’exploiter au maximum leur potentiel et de leur permettre d’exercer leur esprit critique. En faire de vrais citoyens éclairés.

Cette volonté personnelle de ne laisser personne au bord du chemin m’a conduit, assez naturellement vers la Mutualité, et vers la prévention à travers le tissu associatif.
Je ne suis pas un adepte de l’inactivité et j’ai toujours été un ambassadeur de l’activité physique et sportive, tant en ce qui me concerne qu’en ce qui concerne mes concitoyens.

Désormais retraité, je dispose du temps nécessaire pour m’épanouir au travers des différentes activités physiques que j’aime et qui me permettent de garder la forme. Mais aussi du temps désormais disponible pour renforcer le lien privilégié avec des jeunes qui accaparent une bonne partie de mon énergie : nos petits enfants.

Vous souvenez-vous de votre 1er acte militant ?

Je retrouve mon premier acte militant au sein de mon petit village au milieu des années 70. J’avais à peine 20 ans. Permettre aux jeunes de cette commune de vivre des vacances inoubliables et de sortir de leur périmètre habituel. Organiser des camps d’adolescents, ou de plus jeunes, le plus souvent itinérants (tour du Puy de Sancy, tour du Mont-Blanc par exemple), à des coûts permettant à chaque famille, même les plus défavorisées, d’autoriser leurs enfants à vivre cette belle expérience.


Et de votre 1er combat personnel ?

Mon 1er combat personnel est un combat de jeune enfant de 14 ans à qui son père ne propose d’autre choix que de travailler avec lui au sein de la petite boucherie familiale pour assurer la suite le moment venu. Ce jeune de 14 ans est allé voir l’ancien instituteur du village et le principal du collège dans lequel il effectuait sa scolarité pour conforter son envie d’enseigner et trouver avec eux une voie qui corresponde davantage à ses attentes. C’est ainsi que nous avons préparé, pendant l’année scolaire de 3ème, le concours d’entrée à l’Ecole normale d’instituteurs de Lyon. Puis devenir instituteur à 20 ans.

Ce combat a sans aucun doute forgé mon ambition future : permettre à chacun de se former, d’accéder aux compétences et aux métiers de son choix, y-compris avec les adultes que j’ai côtoyés, tant au niveau Éducation nationale que mutualiste, pour leur donner confiance en leur avenir et en leurs ambitions.


Avez-vous toujours voulu être enseignant ?

Pour les raisons exposées ci-dessus, ma vocation d’enseignant est venue très rapidement. Avec l’envie de transmettre, d’élever (c’était le rôle dévoué à l’instituteur) chaque enfant vers le maximum qu’il puisse donner, de développer l’esprit critique, indispensable dans le monde numérique qui nous entoure. De forger les citoyens, avertis. De faire comprendre que le débat contradictoire, respectueux de l’avis de l’autre, est un formidable atout pour vivre ensemble. Qu’il faut accepter la différence pour que chaque personne soit respectée, et que chaque individu porteur d’un handicap puisse apporter tout le côté positif que procure sa différence. Le tout permis par une loi essentielle, celle de 1905, qui érige la laïcité en outil de respect de l’autre avec la liberté de croire ou de ne pas croire.


A quelle époque et dans quelle circonstance l'engagement mutualiste a-t-il croisé votre route ?

Au milieu des années 1980, l’instituteur que j’étais avait envie de partager avec ses collègues et futurs collègues. Engagé au sein de l’Ecole normale d’instituteurs, j’ai pu accompagner des formations de futurs instituteurs, tout en reprenant des études.

C’est à ce moment là que mon parcours a croisé le chemin de militants mutualistes qui m’ont proposé de mettre cette envie au service de ceux qui en ont le plus besoin, touchés par la maladie, l’incapacité ou le décès. Ou encore de les accompagner dans des parcours de prévention.

Tout naturellement, je me suis retrouvé candidat, puis élu au Comité de section MGEN du Rhône en 1983, Comité que j’ai présidé de 1990 à 2000.

Discours de clôture Assemblée générale des 10 et 11 juillet 2018

Par quel chemin détourné, ou pas, devient-on président de la MGEN ?

Ce n’est pas un chemin détourné, mais la suite logique d’un engagement sans cesse renouvelé pendant près de 40 ans.
 Je n’ai jamais imaginé devenir président le matin en me rasant. Je n’ai d’ailleurs jamais revendiqué une quelconque responsabilité dans le seul but de me mettre en avant. 
J’ai toujours suivi un chemin, entouré de compagnons de route, qui m’ont poussé ou tiré pour cheminer vers le sommet, comme j’aime le faire aujourd’hui en montagne et plus particulièrement dans le Vercors. 
Pas une ambition de vaincre un sommet, mais le plaisir de partager un chemin. 
La récompense venant au travers de l’épanouissement collectif. 
C’est ainsi que j’ai été élu administrateur national en 1995, puis membre du Bureau national en 1999. Après avoir été en charge de la communication pendant 6 ans, j’ai été élu secrétaire général en 2005, puis vice-président délégué en 2013. 
Je n’étais pas destiné à devenir un jour président, mais la création du groupe VYV et l’élection de Thierry Beaudet à la présidence de la Mutualité Française, m’ont amené à prendre tout naturellement la suite de Thierry à ce moment là.

Vous doutiez-vous, lorsque vous avez succédé à Thierry Beaudet à la présidence de la MGEN, de l'ampleur de la tâche ?

Je connaissais parfaitement le fonctionnement de la MGEN et son organisation, tant opérationnelle que politique. Ce fut une aide précieuse pour moi, car je n’imaginais pas à quel point la mise en place de Solvabilité 2 début 2016 allait changer les choses pour les mutuelles et particulièrement pour la MGEN. 
Le statut de dirigeant effectif (que je revendique pour le président) en partage avec le Directeur général a été pour moi un sujet majeur sur lequel on pourrait disserter et qui a, quelque part, renforcé le chemin dangereux de la banalisation des mutuelles, limitant leurs capacités d’innovation pourtant si précieuses.


Militant à l'écoute, votre engagement mutualiste sans faille, est reconnu de tous. Vos anciens collègues vous décrivent comme un homme qui met le lien humain au cœur de son action, sans chercher à faire « une vitrine » de son travail ou de sa personnalité.
Nombre de personnes interrogées vous dépeignent comme un défenseur des adhérents, des mutuelles, de la sécu, de l’accès aux soins et bien sûr de l’ESS. 
Les adjectifs qui reviennent le plus souvent : humain, humble, attentif aux autres, tenace, amical, professionnel, visionnaire, compétent, intègre, sportif, épicurien…

"Ceux qui n’ont pas travaillé auprès de lui et qui ne l’ont pas côtoyé peuvent avoir une fausse image de lui" souligne une de vos anciennes collègues".

Cependant comme l'on ne peut pas plaire à tout le monde certains vous disent rancunier, manquant de charisme comparé à un Thierry Beaudet ou Éric Chenut, vous reprochant de ne pas toujours avoir été animé d’un parti pris intellectuel intéressant quand à l’avenir de la Mutualité comme Thierry Beaudet tout en admettant bien volontiers pouvoir ce tromper sur leur analyse...

Vous reconnaissez-vous dans ce portrait ?

C’est un portrait plutôt flatteur, et il correspond sans aucun doute à l’image que j’ai laissée tout au long de mon parcours.

Un ou deux points cependant méritent d’être davantage explicités :

Je ne pense pas être rancunier. 
Je fais confiance et donne toute latitude à ceux qui ont collaboré avec moi en mutualité (élus et salariés) pour mettre en œuvre la stratégie et les projets que nous avons décidés ensemble. 
Je marque sans doute plus spontanément ma reconnaissance à ceux qui ont joué pleinement le jeu et exploité au maximum les responsabilités qui leur étaient confiées, et ce que certains qualifient de la rancune, c’est sans doute ma difficulté à accepter que cette confiance donnée puisse être détournée à d’autres fins. 
Petit fils de maquignon, je suis très sensible à la parole donnée.
Quand au manque de parti pris intellectuel, ou de charisme, cette vision est sans doute due au fait que je n’impose pas de point de vue a priori, même si je peux exprimer ma vision, mais je préfère construire collectivement les consensus qui ont fait la force du mutualisme, et comme je n’ai jamais eu la volonté d’être l’évangéliste d’une nouvelle pensée mutualiste, mais plutôt le défenseur d’une histoire riche, portée par des valeurs, et des adhérents, militants, je crois plus à une expression démultipliée, portée au plus près du terrain par ces compagnons de route avec qui nous incarnons l’essence du mutualisme. Ce qui a pu faire dire a certains que c’était une vision du passé. 
Je crois bien au contraire que c’est une vision d’avenir. Celle où l’administré est aussi administrateur et maître de son destin et de celle du collectif mutualiste.

Quels sont vos ambitions et projets pour la Mutualité?

Si la Mutualité sait s’appuyer sur son énorme potentiel humain que représentent ses adhérents, si elle se transforme tout en gardant son ADN, si elle combat sans relâche la banalisation, alors la Mutualité a un énorme potentiel pour être le modèle d’entreprendre de demain aux côtés des coopératives, des associations et des entreprises sociales. Leur modèle doit leur permettre d’appréhender les réponses à leurs adhérents dans la recherche de la meilleure efficacité possible, d’une grande qualité de service et d’une proximité au service des attentes de chacun. Mais ce modèle doit aussi renforcer le rôle premier et irremplaçable des militants dans cette proximité de pairs à pairs. Comme le directeur général de la MAIF, je pense que « l’engagement crée de la performance ».
Par ses réponses en terme d’établissements de soins, sociaux et médico-sociaux, en travaillant avec d’autres acteurs de l’ESS, la Mutualité doit permettre de faciliter la vie de celles et ceux qui sont touchés par la maladie, la vieillesse, mais aussi dans des moments plus heureux comme la naissance, en leur apportant des solutions qui éliminent au maximum les soucis d’ordre organisationnel ou administratif. L’accompagnement plus que la prestation. Dans une meilleure articulation avec la sécurité sociale. Redevenir un partenaire de confiance et non un sujet de défiance pour ceux qui voyaient encore hier les mutuelles comme des acteurs participants au service public hospitalier.
Je suis intimement convaincu que le modèle mutualiste est une façon d’organiser la société qui correspond aux attentes de nos concitoyens et donc un modèle d’avenir.


Roland  Berthilier  aime se ressourcer dans le Vercors

Il n'y a pas qu'une vie dans la vie... aujourd'hui retraité, vous n'avez pas totalement raccroché pour autant et continuez d'oeuvrer au niveau du sport/santé sous quelle forme ?

Toute expérience acquise, non transmise est une expérience perdue. Vu mon parcours, je ne peux m’y résoudre. Aussi, les convictions que je me suis forgées à titre personnel, grâce aux différents dispositifs que nous avons expérimentés pendant mes différents mandats (à la MGEN, au sein de la Mutuelle des sportifs, du groupe VYV, ou de la Mutualité Française), m’amènent à poursuivre cette réflexion afin de profiter du formidable tremplin des JO de Paris 2024, pour accompagner ceux qui veulent faire de l’activité physique adaptée, du sport et des mobilités actives, de formidables outils de prévention et de soins au service de la santé. 
L' assurance maladie et les mutuelles doivent renforcer leur rôle dans ce domaine pour faire de ces outils de véritables atouts pour une société rongée par la sédentarité et globalement
vieillissante.


Quel regard portez-vous sur l'avenir de notre système de protection sociale ?

Je viens d’effleurer le sujet d’une protection sociale qui devrait mettre davantage l’accent sur le préventif. Se concentrer sur la personne et non sur la seule maladie. 
Je prendrais un exemple pour illustrer mon propos : prévenir la perte d’équilibre d’une personne âgée, c’est éviter la chute et bien souvent l’entrée en dépendance qui fait suite à une fracture. 
C’est maintenir l’autonomie de la personne le plus longtemps possible.
Mais l’avenir de la protection sociale passe aussi par une meilleure organisation des soins. De la médecine de ville à l’hôpital, beaucoup reste à faire. Et les mutuelles ont là aussi un rôle important à jouer aux côtés de l’assurance maladie.
La dépendance est également un défi majeur dont la véritable prise en charge est sans cesse repoussée. Laissant aux enfants et petits enfants, bien souvent des situations particulièrement difficiles à assumer. Et nous n’en sommes qu’au début…
Sur tous ces sujets, je pense qu’une meilleure association des citoyens est indispensable. 
C’est ce formidable espace démocratique que peuvent offrir les mutuelles pour aider à mieux bâtir les solutions.


L'homme que vous êtes aujourd'hui a-t-il réalisé ses rêves d'enfant ?

Si on considère que réaliser un parcours comme le mien, que seules l’Education nationale et l’ESS peuvent offrir, répond aux espoirs d’un jeune enfant issu d’un milieu modeste, alors oui, j’ai réalisé mes rêves d’enfant.


Si vous aviez la possibilité de faire vous-même les questions/réponses laquelle vous seriez-vous posée et quelle réponse y auriez-vous apportée?

La question qui me taraude, tourne autour des impacts du Covid et des conséquences de cette période inédite qui nous a conduits au confinement.

En avons-nous tiré tous les enseignements ?

Avons-nous ébauché le « monde d’après » pour faire face à la question de l’avenir de notre planète ? 
Saurons-nous réenchanter la façon de travailler et de vivre ensemble ? Pas seulement à distance, derrière des écrans… mais en réinvestissant les lieux de travail et de partage.
La Mutualité est « une histoire d’être ensemble » comme le disait l’historien de la Mutualité, Michel Dreyfus à propos de la MGEN. 
Souhaitons que cette histoire éclaire les prises de décisions de demain pour une société plus juste, plus humaine et plus solidaire.  



"Parler de Roland Berthilier n’est pas simple. Roland est quelqu’un qui se livre peu quant à ses émotions, c’est un homme pudique. Même si j’ai fait sa connaissance il y a plus de vingt ans, je ne sais si je le connais encore vraiment. Comme il l’a dit à l’occasion d’une remise de décoration, on a une amitié singulière, de fils en père, car je fus d’abord ami avec Damien, son fils, avant d’engager ce long compagnonage avec le père.
Homme attentionné, Roland, discrètement et élégamment sait quand vous êtes dans la peine, vous adresser un mot, une attention, pour vous faire savoir qu’il est là, disponible, à l’écoute, sans jamais s’imposer, je l’ai vu faire ainsi à de nombreuses occasions, pour moi et pour d’autres. Même si on ne se voit pas souvent, vu son emploi du temps de retraité surbooké, je sais savoir compter sur lui…

J’ai rencontré Roland en 2000, en parallèle de la création de la LMDE (La Mutuelle Des Etudiants). Roland, Président de la Section Départementale MGEN du Rhône, en plus d’être en charge de la communication au sein du Bureau National MGEN, m’avait invité à intervenir devant l’Assemblée Départementale. Impressionné, forcément, il m’a tout de suite rassuré, je m’en souviens, en me disant : « tu devrais être chahuté, mais je suis certain que tu sauras faire face et de toute façon, je serai là. »
Cela résume Roland. Il fait confiance. Il est profondément pédagogue. Il a une foi inébranlable en l’être humain, ses capacités à s’émanciper individuellement et collectivement, au fait que chaque personne peut, si elle le veut, si elle bénéficie d’un environnement bienveillant, s’élever à sa pleine citoyenneté…
C’est ce que je l’ai vu faire, et qui m’a touché,
en tant que Père vis-à-vis de ses trois enfants, en les accompagnant vers leur autonomie très jeune, là où d’autres auraient eu peur, mis des freins, lui les a encouragé,
En tant que militant mutualiste, puis Président de la MGEN, dans les transmissions qu’il a opérées, les femmes et les hommes qu’il a mis en situation de prendre des responsabilités, sans leur dire ce qu’elles et ils avaient à faire, mais en leur permettant d’agir, d’œuvrer pour le collectif,
Ou ce qu’il a inspiré en 

Roland, fait partie de ceux qui m’ont le plus challengé quant à ma cécité, de par son parcours professionnel, ayant enseigné dans un établissement scolaire intégrant des élèves déficients visuels, il savait repéré jusqu’où les gens peuvent aller, dépasser le plafond de verre… ; du coup, on fait le maximum pour être à la hauteur de sa confiance, ne jamais le décevoir. En bon enseignant qu’il est et demeure, malgré les nombreuses responsabilités qu’il a assumées avec brio à la Mutualité Française, à la MGEN, dans le syndicalisme ou dans l’ESS.

Roland, cycliste émérite, golfeur accompli, est un pugnace, concentré sur l’objectif, ne reculant pas devant l’obstacle. Il est dans le sport comme il est dans la vie, généreux, aimant la compétition, certes, mais avant tout le plaisir d’être ensemble, entouré d’amis, de sa famille,
Aujourd’hui, je suis heureux de le retrouver de temps en temps, de le voir avec le sourire, épanoui, avec Françoise, pouvant s’adonner à ses passions, partageant un bon repas, un verre de whisky que l’on veut se faire découvrir mutuellement."
Éric  Chenut
President  de  la Mutualité  Française 
23 mai 2023


LIVRES DE ROLAND BERTHILIER 📚
Essentiellement humain - L'Économie Sociale et Solidaire pour un XXIe siècle citoyen 📖

Et si l'économie sociale et solidaire (ESS) était la meilleure des solutions pour faire face à la mondialisation de l'économie et au libéralisme débridé ? Donnant la priorité aux personnes plutôt qu'à la recherche du profit, l'ESS rassemble les entreprises qui cherchent à concilier activité économique et utilité sociale. Le progrès de ce secteur mérite qu'on lui accorde une grande attention et un soutien politique plus marqué.

Ces entreprises adoptent des modes de gestion démocratiques et participatifs. Elles encadrent strictement l'utilisation des bénéfices qu'elles réalisent : le profit individuel est proscrit et les résultats réinvestis. Mais l'économie sociale et solidaire ne s'arrête pas là : elle favorise le commerce équitable et l'épargne solidaire, mais aussi les innovations sociales dans le champ de la lutte contre l'exclusion, de la protection de l'environnement, de la santé ou de l'égalité des chances.

Pour analyser le développement de l'économie sociale et solidaire, Roland Berthilier s'appuie sur son parcours au sein de la MGEN. Cette nouvelle voie économique semble aujourd'hui proposer les réponses les plus adaptées aux exigences, aux limites et aux errements d'une économie nationale et mondiale toujours plus vorace.

Débats citoyens  en Auvergne Rhône Alpes 📖


Propos recueillis  par  Nora  Ansell-Salles  auprès de Roland  Berthilier et  d' Éric Chenut 











lundi 24 mai 2021

Miroir social : miroir de société...

Présentation Miroir social pour Mines d'Infos

par Jacky Lesueur responsable des partenariats Miroir Social (*)

 

Pouvez vous en qq mots nous présenter Miroir Social, et son approche du traitement de  l'actualité sociale?

Miroir Social est un site d'information affilié au SPIIL (syndicat de la presse indépendante d'information en ligne)  qui a vu le jour en 2007 et qui s'est développé avec le soutien de plusieurs acteurs de l'ESS sur la base d'une approche éditoriale "double face " :

●        participatif , pour permettre à l'ensemble des membres de publier gratuitement des informations dans toute leur diversité.

●        journalistique, pour développer des contenus complémentaires sur abonnement

 

En termes d'informations, quels sont les principaux sujets traités ?

Les  actualités publiées par ses membres et les  contenus éditoriaux de ses journalistes reposent sur un réseau d'échange qui compte plus de 14.000 membres de tous les horizons. (Représentants des directions des ressources humaines, des Institutions de prévoyance, du monde mutualiste ou associatif,   élus des institutions représentatives du personnel, responsables  syndicaux, cabinets de conseil , services juridiques et bien d’autres sont en fait  les rédacteurs des actualités du Miroir Social)

 

L'éventail des sujets ainsi abordés dans ce lieu d'échanges important  est donc  très  large : les conditions de travail, la protection sociale sous ses différents aspects , les rémunérations , l'égalité professionnelle,  le paritarisme,  la formation professionnelle  , l 'emploi, l'hygiène et la sécurité, la prévention,. ..

 

L'idée étant de pouvoir constituer une banque de données significative pour ses membres et mettre en relation directe l’ensemble des acteurs du dialogue social.

 

C’est ainsi  le sens des rencontres organisées par le média sous la forme de petits déjeuner (le Café social) avant la pandémie et en ligne depuis. Les sujets ? Nous nous efforçons de proposer des thèmes raccordés aux problématiques qui remontent des publications des membres et de notre travail de veille journalistique.

Vous pouvez regardez les rediffusion de nos 23 derniers directs sur ce lien 

https://app.livestorm.co/miroirsocial


Quel est le profil actuellement de votre réseau et le public concerné?


Sur les 14.000 membres du média: 

●   42 % représentent le personnel

●   35 % représentent les directions

●   23 % représentent des intervenants externe

 

Miroir Social propose des services d’accompagnement éditoriaux aux entreprises qui recherchent un regard distancié pour produire une information structurée qui intègre des objectifs de communication.

(*) pour en savoir plus

https://www.miroirsocial.com/

 

jeudi 8 septembre 2016

L’Assurance Mutuelle des Motards et le Crédit Coopératif signent un accord de partenariat


Crédit photo : Alain Bujak



Le 7 septembre 2016, le Crédit Coopératif et la Mutuelle des Motards ont signé une
convention de partenariat pour permettre à leurs clientèles de découvrir leurs offres
respectives.

Deux acteurs de l’économie sociale et solidaire engagés
Acteurs de l’ESS, le Crédit Coopératif et la Mutuelle des Motards partagent des valeurs de solidarité, donnant la priorité à l’Humain sur le capital, et ont pour vocation de travailler au service de l’utilité sociale.

Leurs modes d’organisation sont comparables, en lien avec leurs statuts de coopérative et
de mutuelle.

Des avantages concrets
À travers cet accord, le Crédit Coopératif propose aux sociétaires de la Mutuelle des
Motards de bénéficier d’avantages tarifaires sur son offre AGIR. Celle-ci comprend
notamment un compte tracé pour lequel le client détermine l’utilisation de ses fonds (Agir pour la Planète, Agir pour une société plus juste, Agir pour Entreprendre Autrement), le Livret Agir permet de verser une partie de ses intérêts annuels à une association de son choix, ainsi que de nombreux services connexes.

Faciliter l’accès à l’offre AGIR aux sociétaires de la Mutuelle de Motards, c’est également et surtout leur donner la possibilité de choisir où va leur argent, de les engager dans une démarche d’épargne de partage, et de participer au financement de projets à plus-value sociale et environnementale.

Ce partenariat permet également aux deux entreprises de renforcer leur visibilité et leur notoriété auprès de leurs publics.

Patrick Jacquot, Président-directeur général de la Mutuelle des Motards : « Être au
service de l’utilité sociale est un choix que nous partageons avec le Crédit Coopératif. Il se traduit notamment pour la Mutuelle des Motards, par la protection des conducteurs de 2-roues et pour le Crédit Coopératif par le fonctionnement de ses placements financiers.
C’est donc logiquement que avons décidé de faire route ensemble.»

Jean-Louis Bancel, Président du Crédit Coopératif : « La démarche de la Mutuelle
des Motards, qui consiste à accompagner ses sociétaires au-delà du service qu’elle
rend, en s’engageant avec et pour eux dans l’amélioration de leur sécurité, a interpelé positivement le Crédit Coopératif. En effet, la banque promeut également, avec et pour ses clients, une finance engagée et en lien avec l’économie réelle pour un impact social et environnemental positif.»




Le 7 septembre 2016, le Crédit Coopératif et la Mutuelle des Motards ont signé une
convention de partenariat pour permettre à leurs clientèles de découvrir leurs offres
respectives.

Deux acteurs de l’économie sociale et solidaire engagés
Acteurs de l’ESS, le Crédit Coopératif et la Mutuelle des Motards partagent des valeurs de solidarité, donnant la priorité à l’Humain sur le capital, et ont pour vocation de travailler au service de l’utilité sociale.

Leurs modes d’organisation sont comparables, en lien avec leurs statuts de coopérative et
de mutuelle.

Des avantages concrets
À travers cet accord, le Crédit Coopératif propose aux sociétaires de la Mutuelle des
Motards de bénéficier d’avantages tarifaires sur son offre AGIR. Celle-ci comprend
notamment un compte tracé pour lequel le client détermine l’utilisation de ses fonds (Agir pour la Planète, Agir pour une société plus juste, Agir pour Entreprendre Autrement), le Livret Agir permet de verser une partie de ses intérêts annuels à une association de son choix, ainsi que de nombreux services connexes.

Faciliter l’accès à l’offre AGIR aux sociétaires de la Mutuelle de Motards, c’est également et surtout leur donner la possibilité de choisir où va leur argent, de les engager dans une démarche d’épargne de partage, et de participer au financement de projets à plus-value sociale et environnementale.

Ce partenariat permet également aux deux entreprises de renforcer leur visibilité et leur notoriété auprès de leurs publics.

Patrick Jacquot, Président-directeur général de la Mutuelle des Motards : « Être au
service de l’utilité sociale est un choix que nous partageons avec le Crédit Coopératif. Il se traduit notamment pour la Mutuelle des Motards, par la protection des conducteurs de 2-roues et pour le Crédit Coopératif par le fonctionnement de ses placements financiers.
C’est donc logiquement que avons décidé de faire route ensemble.»

Jean-Louis Bancel, Président du Crédit Coopératif : « La démarche de la Mutuelle
des Motards, qui consiste à accompagner ses sociétaires au-delà du service qu’elle
rend, en s’engageant avec et pour eux dans l’amélioration de leur sécurité, a interpelé positivement le Crédit Coopératif. En effet, la banque promeut également, avec et pour ses clients, une finance engagée et en lien avec l’économie réelle pour un impact social et environnemental positif.»