Lorsque l’enfant paraît
Entre les effets secondaires des pilules destinées à
préserver les femmes des grossesses
non-désirées et les effets collatéraux des happenings de rue censés préserver
la société des grossesses préfabriquées, la parentalité aura décidément été au
cœur de l'actualité sanitaire et sociale de la semaine.
La
contraception accoucherait donc de progestatifs dégénérés à l'insu de notre
plein gré, alors que le mariage « pour tous », sonnerait le tocsin d'une
cellule familiale façonnée tout à la fois par les siècles, les saintes
Ecritures et l'ami Ricoré.
Une femme,
un homme, des enfants. Les disciples de Frigide Barjot – égérie des boites de
nuit germanopratines et des sacristies intégristes – ont bien tort de se faire
peur car il est probable que le modèle de base ait encore un peu d'avenir.
A force de
jurer leurs Grands Dieux qu'ils ne sont pas homophobes, les opposants au
mariage gay [l'expression « mariage pour tous » est une escroquerie de cul
béni] auront d'ailleurs fini par en légitimer le principe.
D'accord
pour reconnaître l'union de 2 hommes ou de 2 femmes. D'accord pour leur
accorder les mêmes droits en matière d'impôts, de succession ou de réversion
des retraites. D'accord sur tout, sauf
sur la définition de la famille. On voudrait tant la garder dans son cocon
d'éternité que ceux-là mêmes qui se prétendaient presque « gay-friendly » samedi ont entonné dimanche
des chants d'intolérance terribles parce qu'égrenés avec la sérénité doucereuse
d'une bonne conscience dégoulinante.
Qu'on
l'accepte ou non, la famille a changé. Inutile de s'appesantir sur la litanie
des chiffres : en 2012, on aura compté davantage de naissances hors mariage
qu'au sein des couples civilement unis. 2,8 millions d'enfants vivent dans une
famille monoparentale et 1,6 million dans une famille recomposée, plusieurs
dizaines de milliers déjà dans une famille homoparentale.
Cette
vérité là est plus probante et incontestable que celle du nombre de
manifestants arrivés sur le Champ de Mars le 13 janvier.
L'adoption ouverte
aux couples homosexuels bouleversera-t-elle le schéma traditionnel de la
famille ? En ce début d'année 2013, 28.000 foyers - bien hétéro comme il faut – sont en demande
d'adoption… qui ne peut être satisfaite, faute d'enfants adoptables ici comme ailleurs.
Un afflux, même massif, de dossiers déposés par des couples homosexuels ne
changerait pas grand-chose au problème.
Reste la
délicate question de la Procréation Médicalement Assistée – heureusement
retirée du projet de loi sur le mariage – qui devrait logiquement être
débattue, non pas dans le cadre d'un texte à venir sur la famille, mais dans
celui d'une réforme de la loi de bioéthique.
C'est cette
loi qui fixe la règle de la PMA. 2 conditions impératives sont nécessaires
[outre celle de vivre en couple déclaré depuis au moins 2 ans]. La première
condition est « une infertilité dont le caractère pathologique a été
médicalement diagnostiqué ». La seconde est le risque de « transmission à
l'enfant ou à un membre du couple, d'une pathologie grave ».
Inutile de
préciser que l'homosexualité en tant que telle ne peut être invoquée pour en
justifier le recours… sauf à être considérée comme une cause d'infertilité
définitive ou une maladie transmissible !
Pour
obtenir gain de cause, Frigide Barjot et ses ouailles devraient donc se
contenter d'une bataille juridique si elles voulaient espérer obtenir gain de
cause sur le chapitre de la filiation.
La démarche
s'avère évidemment moins télégénique mais, curieusement, c'est sans doute du
côté de la bioéthique qu'elles trouveraient les appuis qui leur manquent en
dehors de la morale confessionnelle.
Jacques
DRAUSSIN