Gabriel RICHET, membre de l'Académie nationale de médecine
depuis 1980, nous quittés vendredi 12
octobre 2014, à l'âge de 97 ans.
GABRIEL RICHET
(1916-2014)
Né en 1916 au cours de la 1ère
guerre mondiale, Gabriel Richet représentait la 4ème génération
d’une lignée illustre de médecins, tous professeurs à la Faculté de médecine de
Paris, dont son grand père, Charles Richet auquel le Prix Nobel fut décerné en
1913 pour la découverte de l’anaphylaxie.
Combattant et résistant
Gabriel Richet a 23 ans lorsque
la 2ème guerre mondiale éclata. Il vient juste d’être reçu à
l’internat des hôpitaux de Paris. Mobilisé, il participe à la campagne de
France et fut cité à l’ordre de son régiment. Après une courte captivité, il
revient à Paris où il reprend son activité médicale dans les hôpitaux. Toute sa
famille participe à la lutte contre l’occupant. Son père, Charles Richet est
déporté à Dachau, son frère Olivier à Dora et sa cousine, Jacqueline
Richet-Souchère à Ravensbrück. Sa mère, Marthe, est emprisonnée à Fresnes.
Gabriel Richet s’engage dès la libération dans l’armée qui, sous le
commandement du général Leclerc, libère Strasbourg en novembre 1944. Durant
tout le début de l’année 1945, les combats se poursuivent autour de la poche de
Colmar. Gabriel Richet y participe comme médecin des commandos de France. Il
est blessé, cité 3 fois à l’ordre de l’Armée et décoré de la Légion d’Honneur
par le Général de Gaulle en avril 1945.
Un des reconstructeurs de la médecine Française
d’après-guerre.
Démobilisé, Gabriel Richet
rejoint le service de Louis Pasteur Valléry Radot où il rencontre Jean
Hamburger qu’il suit à l’hôpital Necker pour créer en 1950 le 1er
service français de néphrologie. Il reste l’adjoint de Jean Hamburger pendant
10 ans. A Necker, il introduit le
traitement de l’insuffisance rénale aiguë par le rein artificiel, transformant
le pronostic des septicémies post-abortum
et des syndromes d’écrasement. Il participe à tous les travaux qui font la
renommée mondiale du service de néphrologie. Citons l’allogreffe rénale entre
mère et fils en 1952 qui ouvre la voie aux succès ultérieurs, le démembrement
des néphropathies glomérulaires par l’examen histologique des prélèvements
obtenus par biopsie rénale, les premières études des reins en microscopie
électronique, la démonstration que le pronostic létal de l’insuffisance rénale
chronique terminale dépend des troubles hydro-électrolytiques et non de
l’urémie. Dès 1955, il conceptualise avec Jean Hamburger et Jean Crosnier la
notion de réanimation médicale,
c’est-à-dire de correction des grandes fonctions métaboliques, vite étendue
avec succès à d’autres disciplines, ouvrant ainsi le nouveau secteur des soins
intensifs.
L'Ecole de néphrologie de Tenon
Après Necker, c'est Tenon où
Gabriel Richet crée un centre de néphrologie clinique et de recherches. Il y
reste de 1961 à sa retraite en 1985. Son premier souci est de réunir une équipe
avec Claude Amiel, Raymond Ardaillou et Liliane Morel-Maroger auxquels
s’adjoignent plus tard Françoise Mignon, Jean-Daniel Sraer, Pierre Ronco, Eric
Rondeau et bien d’autres encore. Avec l'aide de l’Assistance Publique-Hôpitaux
de Paris, qui fournit un terrain, il y construit un pavillon moderne
d’hospitalisation et de laboratoires ;
l’INSERM lui attribue la direction d’une Unité de recherches ; l’Université,
l’Association Claude Bernard et le CNRS contribuent à l’acquisition de matériel
et aux crédits de fonctionnement. Il aura ainsi créé, selon ses objectifs, un centre de soins performant et un foyer
intellectuel dont témoigne le nombre important de néphrologues français et
étrangers qui y furent formés.
Il est impossible d’énumérer
tous les travaux et découvertes qui jalonnent cette période de 24 ans. Gabriel
Richet avait sa propre équipe de recherches et fut le premier à décrire une
variété de cellules « sombres » rénales impliquées dans l’excrétion
des ions acides. Il laissa toujours à ses élèves une grande liberté dans leurs
sujets de recherches et se réjouissait de les voir acquérir une reconnaissance
internationale. A sa retraite, Gabriel Richet a laissé en héritage deux services de néphrologie, un
service d’explorations fonctionnelles, une unité INSERM, sans compter tous les
services de néphrologie de Paris et de province dirigés par ses élèves. L’élan
qu’il a donné fait que l’Hôpital Tenon occupe une place grandissante dans la
néphrologie mondiale. L’esprit alliant clinique et recherche qui y règne,
l’outil forgé et les néphrologues qui y travaillent portent la marque frappée
par Gabriel Richet sur cette discipline dont il a été un des créateurs.
Un des géants de la Néphrologie
mondiale
Il fut un membre fondateur de la
Société Internationale de Néphrologie, secrétaire général du premier congrès
mondial de néphrologie à Genève et Evian en 1960, président de la Société
Internationale de Néphrologie de 1981 à 1984. Parmi d’autres nombreuses
récompenses et Doctorats Honoris Causa, il fut le lauréat du prestigieux
Prix Jean Hamburger de cette même société en 1993. Gabriel Richet est Grand
Officier de la Légion d’Honneur.
Raymond Ardaillou,
Secrétaire perpétuel de l’Académie nationale de médecine
Pierre Ronco, Université Pierre et Marie Curie, Directeur de l’unité
INSERM 1155 ; Hôpital Tenon ; membre de l’Académie nationale de
médecine
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