Nora ANSELL-SALLES

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dimanche 19 mai 2024

🟥 EXCLUSIF: Interview de Marylise LEBRANCHU


🔷️ AVANT  PROPOS 

Née 25 avril 1947 à Loudéac, aujourd'hui "simple bénévole" au Secours Populaire, comme elle aime à le souligner, Marylise Lebranchu a été :


🔹️Au gouvernement
 Secrétaire d’État aux Petites et moyennes entreprises, au Commerce et à l'Artisanat;
Secrétaire d’État aux Petites et moyennes entreprises, au Commerce, à l'Artisanat et à la Consommation;
Garde des Sceaux, ministre de la Justice;
Ministre de la Réforme de l'État, de la Décentralisation et de la Fonction publique.


🔹️À l'Assemblée nationale
députée de la quatrième circonscription du Finistère;
Questeure de l'Assemblée Nationale.

🔹️Au conseil régional de Bretagne
Membre du conseil régional de Bretagne;
Première vice-présidente du conseil régional de Bretagne chargée de la politique territoriale et du développement de la démocratie régionale.

🔹️Au niveau municipal
Conseillère municipale de Morlaix;
Maire de Morlaix.

🔹️Au niveau intercommunal
Présidente de Morlaix Communauté.


👉 Si vous deviez faire votre auto portrait que diriez-vous de vous ?

Je suis d’abord une militante du socialisme, d’une sociale démocratie qui se soit affranchie de ses tentations du libéralisme économique ( comme disait Amade ) au 20 ème siècle, ensuite j’ai eu des responsabilités mais sans le vouloir, cela s’est fait comme avec une part de hasard.


👉Vous souvenez-vous de votre 1er engagement ?

Je me suis engagée très tôt, mes parents l’étaient pour l’école publique et la laïcité, j’ai suivi, étudiante, l’extrême gauche mais peu de temps, je ne suis pas perméable à la radicalité , cela me rend mal à l’aise surtout quand elle exclue l’échange. J’ai adhéré au PSU puis au PS en 1977, au PSU il y a avait trop de certitudes d’avoir raison autour de moi, pas assez de débats ouverts comme dans d’autres lieux.


👉 À quelle carrière vous destiniez-vous à 20 ans ?
 
Je voulais enseigner, je sortais de l’école normale d’institutrices de st Brieuc. Après le bac l’école m’a proposée pour des études supérieures, j’ai aimé même si en 1968 j’ai échoué à normale sup, et suis revenue à Rennes pour une maîtrise d’histoire géo avec une option aménagement du territoire.
Malheureusement quand j’ai suivi mon mari nommé à l’internat de l’hôpital de Morlaix en 1972 je n’ai pas eu de poste et j’ai été ravie au bout de 8 mois d’entrer dans une société d’économie mixte qui s’occupait d’aménagement du territoire, et l’éducation nationale m’a oubliée.


👉 À quelle époque et dans quelle circonstance le monde de la politique a-t-il croisé votre route ?

J’ai vécu proche du monde politique dès mon enfance, j’avais 12 ans quand mon père est devenu conseiller municipal d’opposition, et candidat battu d’avance dans ce bastion de la droite qu’était Loudeac à l’époque. J’ai aussi vécu très jeune avec intensité les débats sur l’Algérie, mon oncle était militaire là bas et à la maison on militait pour l’indépendance, j’entendais les deux positions.
Ensuite, militante au PS , j’ai décidé de quitter mon boulot, j’avais un désaccord politique avec mon Président de société ( Alexis Gourvenne ). Nous sommes en en 1978, je participe à la campagne électorale, Marie Jacq est élue et me propose de travailler avec elle . C’est une baisse de revenus et une augmentation d’heures de travail mais j’accepte l’inconnu, et là tout s’enchaîne.




  🔹️Marylise Lebranchu &     Martine Aubry : une   amitié  de longue date...

👉 Par quel chemin détourné, ou pas, devient-on ministre ?

Beaucoup de ministres sont parisiens, se connaissent via des réseaux. J’ai eu la chance de rencontrer Martine Aubry à Lorient en 1993 et nous sommes restées en contact, j’ai suivi son initiative « agir », j’étais une battue des élections législatives de 1993 mais avec une majorité de voix sur la ville de Morlaix et notre liste d’union a gagné en 1995. Du coup le PS a présenté ma candidature aux législatives, j’ai été élue en 1997, l’année de mes 50 ans ( les jeunes étaient plus patients à cette époque) et, contre mon avis, Martine Aubry a proposé mon nom à Lionel Jospin qui cherchait des non parisiens non énarques ayant une expérience locale. Je n’ai pas regretté même si c’est dur quand on habite loin de Paris, il faut vivre avec une valise et un éloignement difficile du conjoint, de la maison, l’impression d’être en pension.


👉 Membre du parti socialiste de longue date quelles sont, selon vous ses plus belles victoires ?

Les plus belles victoires du PS sont toutes ses victoires. À chaque fois des progrès ont été gagnés, après les congés payés avant la guerre, les avancées du conseil national de la résistance puis, les 39 heures, les minimas sociaux revus, l’aide aux plus fragiles, les 35 heures, le RMI puis le RSA, la CMU l’APA, la décentralisation honnie par la droite alors, le statut des conjoints de commerçants artisans puis d’agriculteurs, et dernièrement la baisse des impôts du travail en regard de ceux du capital. Même si les avancées du mandat Hollande comme le sauvetage de la sécu ont été obérées par la loi travail plus que la déchéance de nationalité, Il y a beaucoup à garder.


👉 Les faits les plus marquant de votre parcours ministériel ?

La découverte de la culture dominante de Bercy, quand la parole du monde bancaire a plus d’importance que celle de la Secrétaire d’État aux artisans commerçants PME… J’ai beaucoup aimé ce mandat sous Lionel Jospin, que ce soit la découverte de la DGCCRF bras armé de la protection des consommateurs mais la faible prise en compte de leurs représentants. En 1998 nous savions déjà le rôle des pesticides sur l’atteinte à la biodiversité et nous demandions déjà des études urgentes sur le round up !! Mais c’était aussi le début des OGM et Dominique Voynet portait ces dossiers, je l’aidais de mon mieux, mais on se souvient des attaques odieuses de la FNSEA et des chasseurs… Mais mon entrée au Ministère de la Justice a été un moment très fort, je rends hommage à tous ceux qui ont travaillé avec moi au passage aux 35 heures (que nous ne devions pas faire jusqu’au départ de Martine Aubry pour Lille) et qui a été réussi je crois dans  "la pénitentiaire" et moins à l’hôpital. Le dialogue social a été rude mais gagnant. Ce dialogue a été aussi porteur avec les avocats et les magistrats et tous les auxiliaires de justices. Mais le plus important pour moi a été la découverte de nos prisons et le décalage terrible entre ce que dit 
"l’opinion publique sur un soi disant laxisme de la justice" et la réalité. J'ai eu l’honneur de recevoir les syndicats de policiers Place Vendôme sur ce même sujet et avec Daniel Vaillant nous avons réussi une grande rencontre préfets procureurs à la Sorbonne. Bref dommage qu’il y a eu 2002, notre projet de loi sur le sens de la peine était prêt. Le virage vers la droite qui oublie les conditions du vote de Jacques Chirac a été violent. En revanche si le dialogue sociale a été fructueux avec les fonctionnaires pendant le gouvernement Ayraut, Manuel Valls m’a retiré la réforme de l’État puis a été content de ma sortie du gouvernement parce que pour lui, il l’a écrit j’étais comment dire "quantité négligeable".


👉 Et si c'était à refaire que changeriez-vous ?

Si c’etait à refaire je n’entrerai pas au gouvernement en 2012 j’accepterais  la Présidence de l’Assemblée Nationale, mais les militants voulaient garder un Ministre et un Député pour défendre la circonscription et moi j’étais d’accord pour préparer ma succession.


👉 La personne que vous êtes aujourd'hui a-t-elle réalisée ses rêves d'enfant ?

Mes rêves d’enfant oui, j’ai un époux trois enfants des beaux enfants et des petits enfants, ça c’est plus important que tout. Enfant je détestais la violence et je supportais mal que quelqu’un soit réprimandé , j’avais trouvé le moyen d’être en paix avec les parents : travailler a l’école et m’adapter à ce qu’on attendait de moi, d’où mon espoir d’un monde plus juste, c’est mieux mais pas gagné, Il nous manque une génération comme celle du Conseil nationale de la résistance, des politiques qui travaillent avec des scientifiques des chercheurs des artistes
 (comme Martine Aubry) qui se remettent en question tout le temps, aujourd’hui ces politiques dont je rêve sont loin du pouvoir .


👉 Si vous aviez la possibilité de faire vous-même les questions/réponses laquelle vous seriez-vous posée et quelle réponse y auriez-vous apportée ?
Ma question serait :

🤔 Comment travailler à lutter contre la folie des dominants, des dictateurs, des guerriers permanents ? 


...mais je n’ai pas la réponse, nonobstant le devoir de vigilance, les gens qui vont mal se réfugient chez ceux qui vendent des mots et utilisent les boucs émissaires comme les étrangers. Ce refuge est mortifère pour la démocratie et le justice sociale mais les réseaux sociaux ou les télévisions, CNews ou C 8 rêvent d’un monde dur.




🔹️Marylise Lebranchu reste fidèle  au Secours populaire où  elle intervient désormais en qualité de simple  bénévole...


👉 Il n'y a pas qu'une vie dans la vie... Militante un jour, militante toujours quelle forme revêt le votre aujourd'hui ?

Je suis bénévole "de base" au Secours populaire, J’ai une admiration sans borne pour ceux qui donnent de leur temps, de leur vie pour aider ceux qui en ont besoin et moi qui ait été une privilégiée de la vie, je rends un peu de ce que j’ai reçu. J’ai la même admiration pour ceux qui militent dans des parties politiques (sauf les extrêmes droites c’est certain parce qu’ils ne sont pas humanistes ou se trompent gravement) sans espoir de retour ni comme élus, ni pour leurs carrières. J’ai eu la chance d’avoir dans les cabinets des militants qui n’espéraient rien pour leur devenir professionnel, mais je vois trop les réseaux, les fonctionnaires qui saisissent l’occasion de partir dans les grosses boîtes gagner 10 fois plus, le petit monde Bercy / grands groupes/MFEF/ et banques, qui portent une culture dominante de la dépense publique excessive, ceux aussi qui ne font confiance qu’aux grands corps au grand dam des ministres qui ne sont pas de chez eux. Une partie importante du monde politique s’est refermé sur son réseau, trop peu viennent d’ailleurs.
Je milite pour toutes les élections si comme je peux, parce que malgré tout cela je veux rester l’optimiste qui écrivait dans sa chambre "de ne rien désirer de ce que tu ne peux avoir" même si cette recette du bonheur épicurien n’est pas celle du militantisme qui désire le progrès social.


REGARDS CROISÉS  
SUR MARYLISE LEBRANCHU



Ancienne Sénatrice de Paris, ministre déléguée au Logement et au Cadre de vie dans le gouvernement de Pierre Bérégovoy, Secrétaire d’État au Logement dans le gouvernement de Lionel Jospin. 

✒️ J’ai eu l’occasion de partager avec Marylise beaucoup de combats politiques comme responsables du Parti Socialiste même si nous n’étions pas toujours dans le même courant au sein de cette organisation. Mais cela ne constituait jamais une tension. D’abord parce que Marylise a toujours été une militante, respectueuse des autres, de la diversité des approches, une femme ouverte attachée à la fraternité. En permanence, elle a été préoccupée par la question sociale, la lutte contre la pauvreté, la défense des salariés. Dans ces responsabilités ministérielles, je l’ai toujours connue soucieuse de venir sur le terrain, d’être à l’écoute des élus et des acteurs locaux. Je me souviens particulièrement de sa venue comme ministre des PME, à Athis-Mons dont j’étais la Maire, pour inaugurer une agence locale d’aide à la création d’entreprise. Elle soutenait avec force l’idée qu’il fallait absolument permettre la concrétisation des initiatives et des projets des habitants de banlieues de tous âges, mais en particulier des jeunes. Nous avions en commun un attachement aux idées autogestionnaires même si ces dernières ont pu être oubliées ou parfois détournées et à l’idée de décentralisation. Mais là, nous n’étions pas forcément d’accord sur la forme qu’elle devait prendre. On ne peut pas se fâcher avec Marylise car c’est une femme de gauche sincère !



Ancien ministre de l'Économie sociale

✒️Marylise Une femme militante,courageuse et restée simple et sincère ! Nous nous sommes rencontrés dans le cercle d'amis autour de Martine Aubry ! Je me souviens d'elle, la bretonne, sur le port de Sauzon à Belle-Île-en-mer. Une belle personne : c'est de plus en plus rare en politique !



Ancien Secrétaire général de Force ouvrière de 2004 à 2018

✒️ Simplicité, écoute, fidélité, une sociale démocrate comme on aimerait en voir plus souvent aujourd’hui. 


Membre actuel au CCFP pour l’UNSA territoriaux 
EX membre du CSFPT
SG UNSA CD13

✒️ J’ai eu l’honneur de rencontrer Madame La ministre dans le cadre des négociations PPCR pour la fonction publique en 2014/2015 de mémoire.
C’est une personne d’une grande simplicité, accessible et qui ne considérait pas les fonctionnaires comme une variable d’ajustement comme cela peut-être le cas aujourd’hui.

Je garde également en souvenir un échange rapide pour les 30 ans du statut de la fonction publique avec Madame Lebranchu et Anicet Le Pors (ancien sénateur et créateur du statut), Madame la ministre confirmait son attachement au statut et louait le rôle des fonctionnaires dans notre pays.



À l 'époque militant PS sur Marseille et secrétaire général de l'association " Innovons pour Marseille Métropole " I2M
Et en 2014 candidat sur la liste PS du 6/8 pour Marseille ainsi qu’à la fonction de conseiller communautaire pour la future métropole

✒️Je l'ai croisé lorsqu'elle était ministre de la réforme de l’État et que le projet de la métropole Aix-Marseille-Provence a démarré .
Elle fut très responsable et professionnelle face aux égoïsmes et joutes politiques locales essayant toujours d'élever le débat au-delà des visées partisanes.
Une période d'incroyables tensions avec les maires du département qui y étaient hostiles sous influence pour beaucoup de JN Guérini opposé à JC Gaudin.
Elle n'a cependant ni cédé ni reculé juste temporisé et au final quelques années plus tard la Métropole même si cela n'a pas toujours ete optimal a pu se mettre en route et c'est bien face à sa volonté !
J'ai beaucoup d'admiration pour elle même si politiquement il y a parfois eu des divergences. 


Propos recueillis  par  Nora  Ansell-Salles 

samedi 18 septembre 2021

REGARD DE MILITANT celui de JEAN GATEL

La rédaction de Mine d'infos a sollicité cette semaine: Jean Gatel 


ZOOM SUR LE PARCOURS DE JEAN GATEL:
Jean Gatel, né le 10 février 1948 à Vienne, est un homme politique français. Il est secrétaire d'État auprès du ministre de la Défense en 1983-1984 et député de Vaucluse entre 1981 et 1993. Wikipédia
Date/Lieu de naissance : 10 février 1948 (Âge: 73 ans), Vienne