Evaluer au mieux les risques liés
aux antiagrégants plaquettaires
Faire une endoscopie à un
patient coronarien traité par antiagrégants plaquettaires induit des risques
d'hémorragie et de thrombose importants. Pour aider les professionnels de santé à choisir la
prise en charge la plus sûre et permettre une meilleure information du patient,
la Société Française d'Endoscopie Digestive (SFED) et la Haute Autorité
de Santé (HAS) ont élaboré en partenariat des recommandations
professionnelles. Quatre fiches de synthèse spécifiques sont également
publiées : une en gastro-entérologie, une en proctologie, une
en urologie, une en pneumologie.
Tout acte d'endoscopie comporte
des risques hémorragiques, risques qui sont augmentés chez les patients
coronariens traités par antiagrégant plaquettaire (AAP). Or, l'arrêt ou la
modification du traitement par AAP expose le patient à un risque de thrombose,
même s'il convient de rappeler que ce risque est moindre chez une majorité de
patients. Dans la mesure où les risques sont antagonistes, il s'agit pour le
professionnel de santé d'évaluer la balance entre :
- le risque de thrombose lié à une éventuelle modification
du traitement par AAP,
- le risque d'hémorragie lié à l'acte envisagé et sa
faisabilité sous AAP.
Evaluer le terrain du patient et
le faire participer à sa prise en charge
Pour évaluer le risque hémorragique
avant une endoscopie ou tout autre geste invasif, la HAS et la SFED
recommandent de mener un entretien ciblé avec le patient. Celui-ci pourra
notamment fournir au médecin des éléments sur sa pathologie coronaire, le type
de stents utilisés et les traitements prescrits. De son côté, le médecin doit
informer son patient des risques liés à sa situation, l'éclairer sur la stratégie
de soins envisagée et le sensibiliser sur l'importance du respect de sa
prescription, essentiel pour éviter l'accident cardiaque.
En cas de choix d'arrêt du
traitement par AAP, le patient doit être informé des modalités de la reprise du
traitement et en recevoir une trace écrite.
Des outils pour évaluer la
meilleure prise en charge et une décision pluridisciplinaire
A travers des tableaux synthétiques,
les recommandations précisent la stratégie de soins selon les spécificités de
chaque AAP et chaque type de coronaropathie.
Dans la majorité des cas, l'AAP
est maintenu durant l'endoscopie car un arrêt, même bref, expose à des
accidents cardiovasculaires graves. En cas d'arrêt, la reprise du traitement
doit être aussi précoce que possible, au mieux le jour même, en fonction du
risque de saignement post-opératoire. La décision doit être partagée entre le
praticien qui réalise l'acte et les professionnels qui suivent le traitement de
la coronaropathie. Le médecin généraliste peut être impliqué dans la décision
finale.
Un deuxième volet de ce travail
portant sur les risques liés à la réalisation de gestes percutanés est en cours
d'élaboration avec la Société Française de Rhumatologie et sera publié début
2013.