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mardi 15 septembre 2015
Les parangons de vertu scientifique
lundi 3 mars 2014
AVIS SUR LES SALLES D’INJECTION CONTROLEE DE DROGUES
ACADÉMIE NATIONALE DE PHARMACIE
SANTÉ PUBLIQUE - MÉDICAMENT - PRODUITS DE SANTÉ - BIOLOGIE - SANTÉ ET ENVIRONNEMENT
Fondée le 3 août 1803 sous le nom de Société de Pharmacie de Paris
Reconnue d’utilité publique le 5 octobre 1877
AVIS SUR LES SALLES D’INJECTION CONTROLEE
DE DROGUES
adopté par le Conseil du 12 février 2014 et en séance du 19 février 2014
L’Académie nationale de Pharmacie, ayant pris connaissance du projet ministériel d’expérimentation
de salles de consommation contrôlée de drogues, a demandé à sa Commission des Substances
vénéneuses et des Dopants d’analyser ce projet et de donner son avis qui a été adopté par le Conseil du
12 février 2014 et qui est présenté en séance plénière de l’Académie le 19 février 2014.
considérant :
l’absence de garantie de qualité, d’identité et d’asepsie des produits injectés (« drogues de rue »),
l’objectif qui est de venir en aide à ces patients et non d’entretenir leurs addictions,
la non garantie d’éviter les contaminations par le VIH ou le VHC, la majorité des patients étant le
plus souvent déjà contaminés,
l’effet limité sur leur réinsertion dans le circuit sanitaire,
l’absence de données concernant la responsabilité des médecins et des pouvoirs publics en cas de
complication médicale ou d’actes délictueux commis sous l’emprise de la drogue injectée
(accidents de la route, par exemple),
l’absence de rigueur méthodologique et de critères d’évaluation de l’expérimentation envisagée,
les rares études plutôt favorables à ce genre d’expérimentation concernant l’usage d’héroïne
médicinale et non celui de « drogues de la rue » comme dans le cas présent,
l’exemple de certains pays comme la Suède qui ont supprimé les salles d’injection en raison de
leurs résultats peu convaincants,
le nombre de centres de soins pour toxicomanes existant en France, avec 170 000 patients sous
traitement substitutif,
l’absence de concertation avec le monde médical et pharmaceutique à la recherche d’un
consensus,
l’Académie nationale de Pharmacie émet un avis défavorable à l’expérimentation de salles
d’injection contrôlée de « drogues de rue » telle qu’elle est actuellement définie dans le projet, et
demande, pour une plus grande sécurité des patients, un renforcement des moyens alloués aux
centres de soins pour toxicomanes et aux unités d’addictologie.
… /…
Avis AnP Salles d’injection adopté Conseil 12.02.2014 et séance du 19 février 2014 2 / 2
Bibliographie
Heroin or conventional opioid maintenance ? The patients’ perspective. J Addict Med, 2013, 7,
401-4.
Effectiveness of methadone maintenance treatment in prevention of Hepatitis C Virus
transmission among injecting drug users. Hepat Mon, 2013, 13, e12411.
New heroin-assisted treatment. Recent evidence and current practices of supervised injectable
heroin treatment in Europe and beyond. EMCDDA Insights, European Monitoring Centre for
Drugs and Drug Addiction, 2012, 170 pp.
Supervised injectable heroin treatment is expensive but cost effective, report says. BMJ, 2012,
344, e2942.
Héroïne – Teneurs et adultérants. Évolutions récentes. Observatoire Français des Drogues et des
Toxicomanies, Dispositif SINTES, 2011.
Supervised injectable heroin or injectable methadone versus optimised oral methadone as
treatment for chronic heroin addicts in England after persistent failure in orthodox treatment
(RIOTT) : a randomised trial. Lancet, 2010, 375, 1885-95.
Les traitements de substitution aux opiacés : bilan des politiques publiques. Ann Pharm Fr, 2009,
67, 299-303.
From illegal poison to legal medicine : a qualitative research in a heroin-prescription trial in
Spain. Drug Alcohol Rev, 2009, 28, 186-95.
mercredi 6 février 2013
Salles de consommation contrôlée de drogues (« salles d’injection »)
L’Académie de
médecine réitère son opposition au
projet d’expérimentation
En janvier
2011, l'Académie Nationale de Médecine1, après plusieurs réunions,
auditions d’experts et analyse des résultats des expériences à l’étranger, a
indiqué son opposition à la création de
salles de consommation contrôlée de drogues telles qu’elles sont actuellement
définies. Cet avis s'est appuyé sur plusieurs arguments au premier rang
desquels :
-
les addictions aux substances psycho-actives créent un état
de maladie qu'il convient de traiter et non d'entretenir : priorité doit donc
être donnée aux actions visant à aider le sujet dépendant à retrouver la
liberté que la drogue lui a ôtée ;
-
notre pays est doté de structures de soins aux toxicomanes
facilement accessibles et en outre susceptibles de délivrer des produits de
substitution à l’héroïne : l’efficacité de la politique de réduction des
risques mise en œuvre en France (distribution de seringues, traitements de
substitution) est attestée par une réduction massive de la contamination des
usagers de drogues par le virus HIV (moins de 2% des nouvelles contaminations concernent
des toxicomanes).
En France
140 000 personnes reçoivent un traitement de substitution par voie orale :
notre pays est au premier rang concernant cette offre2.
Selon le
rapport INSERM3 de 2010 ayant trait aux modalités de réduction des
risques, 8 pays se sont dotés de salles d’injection contrôlée dans des
contextes sanitaires et de politique de réduction des risques très différents
des nôtres. Il n'est pas établi que les salles d’injection contrôlée aient un
impact sur la consommation de drogues des usagers ou de la communauté.
L’Académie
Nationale de Médecine souligne que la mise en place expérimentale de salles
d’injection contrôlée serait d’un coût élevé : un tel projet ne devrait
pas se faire au détriment des actions déjà entreprises et du soutien aux
associations de bénévoles œuvrant contre les toxicomanies.
Regrettant
que son avis de janvier 2011 n’ait pas été entendu puisque les pouvoirs publics
affirment vouloir persister dans leur projet d'expérimenter la mise en place de
salles d'injection contrôlée des drogues, l'Académie nationale de médecine
redit avec netteté les obstacles à la mise en place d’un tel projet.
1) L'organisation
de salles d'injection contrôlée de drogues ne saurait se concevoir sans les
conditions de sécurité sanitaire nécessaires à tout acte d’injection :
a. identification
du produit injecté ;
b. garantie
d’asepsie ;
c. disponibilité
des moyens de réponse aux urgences vitales consécutives à l’injection.
2) Une telle
expérimentation imposerait de satisfaire
à certaines exigences éthiques et juridiques :
a. Toute
expérimentation suppose une méthodologie, des critères d’évaluation et un
calendrier définis à l’avance ;
b. la personne
admise dans un protocole expérimental devrait bénéficier d’une information
éclairée sur les risques encourus et il faudrait recueillir l’expression
de son consentement ;
c. les
responsabilités des pouvoirs publics et des professionnels en cas de
complication médicale voire d’acte délictueux commis sous l’emprise de la
drogue devraient être définies ;
d. le risque
de recours consécutif à l’injection de substances non inscrites à la
pharmacopée ou à des posologies non répertoriées voire illégales devrait être
pris en compte.
L’Académie de médecine réitère donc son opposition au
projet d’expérimentation de salles de consommation contrôlée des drogues.
Groupe de travail :
J.F. Allilaire, J. Costentin, J.P. Goullé, M. Hamon, X. Laqueille, M. Lejoyeux,
M.C. Mouren, J.P. Olié (rapporteur), R. Nordmann, J.P. Tillement (Commissions 2, 5 et 6)
1 - Nordmann R. A propos d’un projet de
création en France de « salles d’injection pour toxicomanes », Bull.
Acad. Nle Med, 2011, 195, 203-204 en ligne dans http://www.academie-medecine.fr
2 - New Developments, trends and in-depth
information on selected issues. National report to the EMCDDA by the Reitox National Focal Point
France (2007 data). Office Européen des Drogues et
toxicomanies, 2008: 100p
3 - INSERM Expertise collective. Réduction des
risques infectieux chez les usagers de drogues, Les éditions INSERM, Paris,
2010 : 573
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