Nora ANSELL-SALLES

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mardi 12 novembre 2024

REGARDS CROISÉS SUR LA CONDITION FÉMINE DANS LE MONDE [suite]: après le 1er volet consacré au continent Africain voici le second consacré à Asie centrale

Regards croisés sur la condition féminine dans le monde Suite à la publication du 1er volet consacré au  continent Africain.

🌏 Ce second volet est consacré à la condition  féminine en Asie centrale.

À l'instar du volet précédent vos contributions sont les bienvenues. 
Bonne lecture
Nora Ansell-Salles 


AVANT PROPOS :
L'Asie centrale est une région d' Asie délimitée par la mer Caspienne au sud-ouest, la Russie européenne au nord-ouest, la Chine occidentale et la Mongolie à l'est, l'Afghanistan et l'Iran au sud et la Sibérie au nord. Elle comprend le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, le Turkménistan et l'Ouzbékistan.


🔷️ La condition des femmes en Asie centrale avant 1991
Dans les sociétés patriarcales d'Asie centrale, en majorité musulmanes, la division des rôles entre hommes et femmes avant la période soviétique était très spécifique : seuls les hommes occupaient les postes de pouvoir, les femmes étant exclues de nombreuses sphères.

Travaillant surtout dans l’agriculture, elles jouaient néanmoins un rôle économique non négligeable.

Pendant l’ère soviétique, une politique de libération de la femme fut mise en place, accompagnée d'un discours sur la « modernisation » de la condition féminine. L’égalité des sexes fut même inscrite dans la législation des républiques. Malgré ces vœux pieux et à quelques exceptions près, notamment dans les domaines scientifique et artistique, la société soviétique centre-asiatique demeura dominée par les hommes. Dans leur grande majorité, les femmes restèrent cantonnées à la sphère domestique et à un rôle de mères-épouses, tandis que les hommes continuèrent de détenir pouvoirs politique et économique.

1991, les indépendances et la question des droits des femmes

L’égalité femmes-hommes est inscrite dans les constitutions de chacun des pays centrasiatiques. Ces derniers ont ratifié la Déclaration universelle des droits de l’Homme dès les indépendances et signé la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes de l’ONU qui favorise l’insertion des femmes dans tous les domaines, en modifiant les lois et par l'éducation. Les États d’Asie centrale sont également signataires de la Déclaration et du Programme d'action de Beijing (4ème Conférence mondiale sur les femmes, en 1995, qui avait pour objectif d’atteindre l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes partout dans le monde). Progressivement, les principes d’égalité et de droits des femmes ont été traduits, à des degrés divers, dans les lois nationales au cours des années 1990.

Pourtant, malgré ces engagements étatiques, la participation des femmes reste limitée. Dans la vie politique, elles sont peu nombreuses à des postes de décision au niveau national, même s’il faut noter la présence de candidates lors des scrutins présidentiels au Kazakhstan (2019), en Ouzbékistan et au Kirghizstan (2021). Quelques-unes ont pu accéder à des postes de maires, députés, ministres ou gouverneurs de région. Au niveau social, les femmes sont mariées très jeunes, ce qui est un frein supplémentaire pour leur accès à l’éducation (elle leur est parfois interdite après le mariage). Au niveau économique, elles ont accès à des postes moins qualifiés, essentiellement dans le secteur agricole ou le secteur public (éducation et santé), et les écarts salariaux sont importants. Enfin, les violences, notamment conjugales, à leur égard sont très nombreuses. De vastes progrès restent à réaliser dans le domaine de la protection juridique et pour l’accès aux droits des femmes.

« Ala kachuu », l’enlèvement des fiancées

« Ala Kachuu » (« attraper et courir » en kirghiz) est l’acte d’enlèvement d’une jeune fille par un homme pour l’épouser (initialement, la fuite était organisée par un couple dont les familles refusaient l’union ; elle a ensuite évolué). L’origine de cette pratique ancienne répandue dans toute l'Asie centrale est l’objet de versions concurrentes. La tradition a connu un nouvel essor après 1991 : aujourd'hui, elle est surtout pratiquée au Kirghizstan, en milieu rural.
deux époux souhaitent surtout perpétuer la tradition. Sans consentement mutuel, cette pratique est d’ailleurs illégale et punie par la loi kirghize qui peut infliger une amende conséquente et/ou une peine de prison (jusqu’à 10 ans depuis 2019). Il n’en reste pas moins que, selon ONU-Femmes, près de 12 000 femmes subissent chaque année des « Ala kachuu » au Kirghizstan, le chiffre le plus élevé de toute l'Asie centrale.

Nouvel essor des initiatives féministes en Asie centrale

Depuis quelques années, les féministes centrasiatiques dénoncent le recul des droits des femmes et se mobilisent d’autant plus. À l’occasion du 8 mars, Journée internationale pour les droits des femmes, elles reçoivent généralement des fleurs, selon une tradition soviétique qui perdure aujourd’hui encore en Russie et dans les autres anciennes républiques soviétiques, mais la question de leurs droits n’est pas abordée.

Symboliquement, la première manifestation féministe autorisée dans le Kazakhstan indépendant a eu lieu le 8 mars 2021, à Almaty. Elle a rassemblé près de mille participants selon le groupe Feminita, un des organisateurs de la marche. En Ouzbékistan et au Kirghizstan, le phénomène n’est pas nouveau, surtout dans les grandes villes et les participants – essentiellement des femmes – y sont toujours plus nombreux.

Parallèlement, les mobilisations contre les violences sexistes et sexuelles se multiplient. En mai 2020, à la suite de l’agression d’une jeune fille de 17 ans, Evelina, dans la rue en Ouzbékistan, les procédures pénales enclenchées ont été rapidement interrompues, au motif que la jeune femme et son principal agresseur auraient trouvé un accord à l’amiable : cette décision a déclenché une vague inédite de protestations féministes sur les réseaux sociaux, sorte de « #metoo ouzbek » si l’on se réfère à l’ampleur de la mobilisation avec le hashtag #Iamyevelina. Au Kirghizstan, Aizada Kanatbekova, 27 ans, a été retrouvée étranglée en avril 2021, après avoir été enlevée en vue d’un mariage forcé : son meurtre a également suscité une colère générale dans le pays, sur les réseaux sociaux d’abord, puis devant les principaux organes de pouvoir à Bichkek où les manifestants ont réclamé, en vain, la démission des responsables des forces de l’ordre.

La société civile s’organise aussi avec l’objectif de créer et développer des projets en faveur de l’égalité femmes-hommes. En avril-mai 2019, un camp féministe anti-discrimination s’est tenu sur les rives du lac Issyk Koul, au Kirghizstan. Cet événement, baptisé « Fight Like a Girl », a permis échanges et actions de formation entre les 35 jeunes participantes, représentant sept pays (les trois du Caucase du Sud et quatre d’Asie centrale) afin de lutter plus efficacement pour l’amélioration de la situation des femmes dans leurs pays respectifs.

Les groupes féministes se multiplient. L'Initiative féministe de Bichkek, par exemple, rassemble au Kirghizstan des militantes féministes qui prônent l'émancipation collective, la solidarité, le soutien mutuel et la non-violence. Le groupe fait de l’éducation et de la prévention auprès des jeunes, organise des marches et des événements culturels féministes… En mai-juin 2021, 94 activistes et représentants d’associations centre-asiatiques ont participé au Forum Génération Égalité organisé par ONU-Femmes pour demander des changements en Asie centrale.

Comme ailleurs, la pandémie de Covid-19 a contribué à éveiller les consciences sur la recrudescence des violences faites aux femmes. Aliya Suranova, journaliste spécialiste des droits des femmes au Kirghizstan, souligne que pendant le confinement, les violences faites aux femmes ont augmenté de plus de 65 %. Les collectifs féministes dénoncent un grand décalage entre les lois nationales et leur application et demandent la criminalisation de toute forme de violences faites aux femmes et un meilleur accompagnement des victimes.

Le rôle de l’étranger dans l’essor récent des mouvements féministes

Le soutien occidental est multiple, via les associations et ONG internationales présentes sur place comme ONU-Femmes depuis 1999 au Kazakhstan et Tadjikistan et depuis 2012 au Kirghizstan, mais aussi via des programmes du PNUD, de l’OMS ou de l’OSCE... Ces organisations financent des projets et des groupes féministes, forment aux questions de l’égalité femmes-hommes dans les écoles, aident à l’organisation d’événements et soutiennent les États dans la mise en œuvre des lois en faveur du droit des femmes. En témoigne par exemple le financement par ONU-Femmes de l’ONG Ligne ouverte, basée à Bichkek, dédiée à l’accompagnement juridique des femmes enlevées en vue d’un mariage forcé.

Les militantes d’Asie centrale souhaitent néanmoins créer leur propre mouvement. Les féministes des quatre pays se retrouvent régulièrement en ligne pour échanger sur leurs expériences et réfléchir ensemble aux futures actions à mener. La mobilisation est importante parmi la jeunesse urbaine qui a davantage accès à internet et à d’autres modèles que celui imposé par la tradition et la famille.

Réaction de la société et des gouvernements : une forte polarisation

Au Tadjikistan, le président Emomali Rahmon avait annoncé en 2009 que le 8 mars serait rebaptisé Journée de la Mère. Pour autant, des dizaines de femmes ont voulu pour la première fois se rassembler le 8 mars 2020 mais, face aux pressions des forces de l’ordre, cette réunion n’a jamais eu lieu. Un an après, au Kirghizstan, des hommes masqués ont attaqué le regroupement de femmes et les forces de l’ordre ont arrêté environ 70 manifestantes et non les assaillants. Au Kazakhstan, la manifestation du 8 mars 2021 n’a pas été interdite officiellement mais, quelques jours après, des participantes ont été convoquées au tribunal. Deux d’entre elles ont été condamnées à payer des amendes, notamment pour violation de la loi sur les manifestations pacifiques. Très récemment, l’organisation Human Rights Watch a demandé aux autorités du Kazakhstan d’autoriser la marche du 8 mars 2022 qui vient d’être interdite.

En 2019 au Kirghizstan, un festival d’art contemporain féministe, La Feminnale, organisé par l'Initiative féministe de Bichkek, a suscité un tollé en raison de l’exposition d’œuvres en faveur des droits LGBT et d’autres représentant des femmes nues. Une partie de l’exposition a été censurée et la directrice du musée des Beaux-arts de Bichkek, Mira Djangaracheva, a dû démissionner à la suite de ce scandale.

De nombreuses militantes féministes rapportent être suivies, certaines ont même été agressées. Au Tadjikistan, de nombreuses ONG ont dû fermer ces dernières années face à la répression étatique. Les pouvoirs politiques continuent d’exercer un contrôle important sur la société et surveillent avec attention les mouvements de contestation de l’ordre en place.

Néanmoins, la cause progresse et certaines revendications féministes commencent à être prises en compte. Ainsi, en Ouzbékistan, l’ONG locale Sharpa a négocié avec le service de transport de la capitale, Tachkent, afin de lancer une campagne de sensibilisation au harcèlement dans les transports publics le 25 novembre 2021, Journée internationale contre les violences faites aux femmes. Des messages de prévention ont été imprimés sur les tickets de bus et un bouton d’urgence a été créé.

Vignette : Marche organisée à Bichkek (Kirghizstan), dans le cadre de la campagne d’ONU-Femmes « Orange the World », 16 jours d’action contre les violences faites aux femmes, 12 décembre 2020. Pancarte de gauche : « En finir avec le ‘slut shaming’ et la culpabilisation des victimes » ; Pancarte de droite : « Ne te tais pas ! » (avec l’aimable autorisation de @Bishkekfeminists).

* Vassilia MATTEI est étudiante en M2 de Relations internationales à l’Inalco et souhaite travailler dans le domaine de l’égalité femmes-hommes.

🫠 Lien vers la version anglaise 


🔷️ Le rôle de la femme dans la société de l’Asie centrale sous les Timourides et les Sheybanides
Raziya Mukminova
Translated by Alié Akimova
p. 203-212
Traduit du russe par Alié Akimova
1 I. P. Petrushevskij, Islam v Irane v VII-XV vekah, Leningrad, 1966, p. 177.

1La femme a toujours joué un rôle non négligeable dans la vie politique et économique de la société centre-asiatique à toutes les étapes de son développement. Le travail féminin occupe également une place importante dans l’économie. Pourtant, de nos jours encore et même dans les ouvrages scientifiques, on a tendance à ne présenter la femme musulmane que comme une épouse confinée dans un harem et à sous-estimer sa place dans la vie sociale et privée de l’Orient. En fait, du point de vue juridique, la femme était dans une certaine mesure protégée par les lois islamiques, bien que sa condition sociale fût déterminée par le système économique du pays, que dans les pays musulmans la femme ne disposât pas des mêmes droits que l’homme, et que son destin dépendît souvent du père ou du mari (ce qui était du reste le cas en Occident aussi). Certains critiques ont dénoncé une vision partiale de la condition de la femme musulmane. Par exemple, I. P. Petrushevski écrit : « ...dans les pays musulmans les droits de vie et de propriété des épouses étaient protégés bien plus qu’ils ne le furent jamais en Occident1 ».

2 Majmu’e-ye vasâyeq, ms IO Tachkent, n° 1386, fol. 189a (ou 229a, ancienne foliation).

2L’existence du mahr, sorte d’assurance matérielle de la future épouse, était un des points distinctifs entre la situation juridique des femmes orientales et occidentales. D’après les documents (par ex., celui de Samarcande de 15892) le contrat de mariage stipulait que la famille du fiancé garantirait la situation matérielle de la fiancée.

3Le montant du mahr n’était pas fixe ; il dépendait de la fortune de la famille du fiancé et était fixé d’un commun accord par les deux parties. Il faut bien noter que le mahr se différenciait du kalym par le fait qu’il revenait en propre à la fiancée et non à ses parents, tandis que le kalym était payé par le fiancé aux parents de sa future épouse. Conformément au document détenu par la fiancée, il existait deux types de mahr : l’un était en espèces (naqd), dont la jeune épouse prenait possession lors du mariage ; tandis que l’autre, mis de côté (nasiya), lui servait dans le cas où le mari décédait ou le couple divorçait sans raison valable. Selon la shari‘a, en cas de mort du mari et de partage des biens, on en déduisait le mahr et on le remettait à la veuve ; après quoi seulement on partageait les biens du défunt. Certains chercheurs cependant ne font pas de différence entre les deux concepts de mahr et de kalym.

3 Majmu’e-ye vasâyeq, fol. 81b.

4Evidemment, seule une minorité pouvait payer le mahr sous forme de revenu d’une propriété foncière, d’un verger, d’un dokkân ou de location d’une maison ou autres biens. On en a des exemples, mais il faut noter que les informations sur le mahr rencontrées dans les ouvrages des XVe-XVIe siècles restent rares et ne concernent que des femmes de familles aisées. Dans la plupart des cas, le mahr se composait de vêtements, de bijoux, etc. Par exemple, un des documents mentionne une femme qui mit en gage des boucles d’oreille, dont « chacune pesait trois meṣqâl ». Ces boucles d’oreilles lui ayant été données comme mahr, elle pouvait en disposer à sa guise, sans demander l’autorisation de sa famille. Un arrêté juridique rédigé par le qâżi de Samarcande le 31 juillet 1590 confirme le caractère licite de la mise en gage des bijoux-mahr, que l’on considérait comme le bien personnel de la femme3. Ainsi l’existence du mahr et le droit d’en disposer par l’épouse furent légalisés par la loi musulmane.

5Nos matériaux, bien que peu nombreux, apportent des exemples dont l’analyse nous permet de déterminer dans une certaine mesure le rôle et la place de la femme dans la société centre-asiatique de la fin du XIVe au XVIe siècle.

4 T. Fajziev, Temurij malikalar, Tachkent, 1994. Récemment ont paru des recherches importantes sur la (...)

6Comme en témoignent les sources écrites et les recherches déjà publiées, les femmes occupaient une place assez importante à la cour d’Amir Timour et des Timourides4. Elles participaient aux festivités où l’on invitait des hauts dignitaires, aux réceptions des ambassadeurs des pays étrangers, prenaient une part active aux constructions de madrasa, de mosquées, de mausolées, de khânqâh et d’autres constructions monumentales. Parmi les gens qui constituaient de grandes richesses en vaqf pour tel ou tel établissement, on mentionne des femmes riches dont certaines devenaient gestionnaires (motavalli) de leur vaqf. Par exemple, Habiba-Soltan Begom, une princesse timouride, fille de l’émir Jalal al-Din, fit bâtir à Samarcande le célèbre mausolée ‘Eshrat-khana. En 1464, un document de vaqf (vaqf-nâma) fut rédigé à son nom, selon lequel tous ses biens mobiliers (y compris les esclaves) et immobiliers furent dévolus à l’entretien de ce mausolée, où reposaient les restes de Khavand-Soltan, fille de Soltan-Abu Sa’id. D’après ce document, Habiba-Soltan Begom se nomma elle-même motavalli de son vaqf. Son cas n’est pas isolé.

5 R.G. Mukminova, K istorii agrarnih otnoshenij v Uzbekistane XVI v., po materialam vaqf-name, Tachke (...)

7Au XVIe siècle, c’est Mehr-Soltan Khanom (connue aussi comme Mehraban ou Mehri Khanom), une belle-fille de Mohammad Sheybani Khan, qui se détache parmi les femmes de la société centre-asiatique. Selon un vaqf-nâma établi à son nom, elle fit bâtir au centre de Samarcande une maqbara (« palais de quiétude », tombeau), destiné à devenir son propre mausolée. La maqbara se trouvait tout près de la ṣoffa de Sheybani Khan, où celui-ci fut enterré tout comme son fils et le mari de Mehr-Soltan Khanom, Mohammad Timur Soltan, sur la gauche de celle-ci. De cette façon sa tête pouvait reposer, disait le vaqf-nâma, aux pieds de son « vénéré époux », Mohammad Timur. Ce dernier étant mort en 1514, le mausolée a dû être bâti après cette date. Comme en témoigne le document de vaqf, Mehr-Soltan Khanom fit revêtir la ṣoffa de Sheybani Khan de plaques en marbre. Elle fit également bâtir à Samarcande la madrasa Shomaliya, ainsi qu’un arc reliant cette madrasa à une autre, bâtie à l’époque antérieure, sur l’ordre de Mohammad Sheybani Khan5.

8Mehr-Soltan Khanom appartenait à une lignée importante. Elle était la fille du khan du Dasht-e Qipchaq, Burunduq. Celui-ci, après une guerre désastreuse contre Sheybani Khan (avant la conquête par celui-ci des territoires timourides) et, surtout, après son fiasco à Sayram, décida de s’allier à Mohammad Sheybani Khan en mariant sa fille au fils aîné de ce dernier, Mohammad Timur Soltan. De toutes les épouses de Mohammad Timur, Mehr-Soltan Khanom fut la préférée.

9Après la mort de son époux (1514), elle accumula entre ses mains d’immenses richesses. Plus de 160 parcelles de terre, huit villages et lieux-dits habités, des vergers, des prés, des pâturages d’été, des collines et des terrains situés sur les pentes des montagnes ; et aussi des entreprises commerciales, y compris les timcha (entrepôts et magasins spécialisés), plus de 40 dokkân (boutiques), des presses à papier et des ateliers pour la fabrication des feuilles, des moulins, des dépôts, des maisons avec les communs (ḥowli), des bains. Conformément au vaqf-nâma tous ces biens immobiliers furent donnés par Mehr-Soltan Khanom à deux madrasa à Samarcande, mentionnées ci-dessus. Bien que l’une d’elles eût été bâtie par Mehr-Soltan Khanom après la mort de son beau-père, Mohammad Sheybani Khan, elles entrèrent dans l’histoire comme les deux madrasa de Sheybani-Khan.

10Une clause de ce vaqf-nâma attire particulièrement notre attention : Mehr-Soltan se nomme elle-même motavalli du vaqf qu’elle a constitué et elle garde ce titre toute sa vie. Après sa mort, le motavalli devait être nommé parmi ses descendants de sexe masculin, les femmes ne pouvant le devenir qu’en cas d’absence d’un candidat mâle. Le problème du partage des revenus du vaqf occupait aussi une place particulière, car Mehr-Soltan Khanom devait en toucher un cinquième et effectuer la gestion à vie de tous les revenus. Elle pouvait changer à son gré les dépenses initialement prévues par le vaqf-nâma, ainsi que nommer et remplacer les enseignants (modarres) et le personnel de service des madrasa, réviser leurs salaires, conclure ou résilier les baux. Il est noté dans le document : « Elle gérera à sa guise ces (...) biens de vaqf et pourra dépenser les revenus pour ses propres besoins, ou les donner à qui bon lui semblera ». La femme-motavalli avait ainsi affaire aux hommes – les modarres, les serviteurs des madrasa, les locataires des terres du vaqf, des dokkân et des autres établissements de commerce, les fonctionnaires d’État et autres représentants du sexe masculin.

6 Iz arhiva Sheyhov Džujbari. Materialy po zemel’nim i torgovym otnoshenijam Srednej Azii XVI veka, M (...)

11Le nom de Mehr-Soltan Khanom est aussi mentionné dans une autre source, un document des cheikhs Juybari daté de 1558, où elle figure, tout comme dans le Bâbur-nâma, sous le nom de Mehraban Khanom. Ce document, rédigé en rapport avec la vente d’une propriété foncière à Khwaja Mohammad Eslam Juybari, dit : « (...) cette propriété est limitée sur un côté par les terres du village de Gubdin, qui est un vaqf (...) légué par feue (...) Mehraban Khanom6 » – d’où on peut déduire que Mehr-Soltan Khanom mourut avant 1558.

7 [Note de la rédaction : voir la traduction française de Bâbor-nâma par J.-L. Bacqué-Grammont, Le Li (...)

12Un autre fait significatif atteste que Mehr-Soltan Khanom jouissait d’un rang élevé parmi les membres de la dynastie régnante : Babour cite son nom à côté de ceux du grand souverain sheybanide, Kuchkunji Khan (r. 1510-1530), et de son fils, Abu Sa’id Soltan (r. 1530-1533). Selon le Bâbur-nâma en effet, en 935/1528-29 Babour reçut à Agra les ambassadeurs de l’Iran, ceux des principautés indiennes et ceux des sultans « ouzbeks », et donna une fête en leur honneur. Parmi les ambassadeurs du khan sheybanide et des sultans ouzbeks, Babour mentionne Mehraban Khanom et son fils Pulat (Bulat, Fulat) Soltan. Pour
les remercier d’être venus, Babour leur fit remettre des cadeaux et les fit revêtir de chakmân ornés de boutons et de khel’at en soie. On leur fit présent également d’une somme d’argent « correspondant à leur statut7 ». Nous voyons donc que, dans des cas particuliers, la femme musulmane pouvait occuper un poste important.

8 Ẓahir al-Din Muḥammad Babur, Bâbur-nâma (Vaqây’i), ed. Eiji Mano, Kyoto, 1995, p. 37 (5). Cité d’ap (...)9 [Note de la rédaction : voir la traduction de Bacqué-Grammont, Le Livre de Babur, p. 45a].

13La grand-mère maternelle de Babour aussi, Esen-Dowlat Begom, épouse du gouverneur de Tachkent Yunus Khan, participa activement à la vie politique et économique de son pays à la fin du XVe siècle. Elle continua même après le décès de son époux et, comme en témoigne Babour lui-même : « Peu de femmes ont jamais égalé ma grand-mère, Esen-Dowlat Begim, pour ce qui est des avis et des conseils. Très intelligente et avisée, la plupart des affaires de l’État se réglèrent d’après ses conseils8 ». Une autre information concernant Esen-Dowlat Begom est d’un intérêt certain : conformément à la tradition, elle fut élevée aux côtés de son mari, Yunus Khan, sur un tapis en feutre blanc, ce qui signifie qu’elle fut admise au rang de khan9.

10 Mirza Muhammad Hajdar, Ta’rih-i Rashidi, trad. A. Urunbaev, R.P. Džalilova et L.M. Epifanova, Tachk (...)

14Esen-Dowlat Begom était une femme courageuse et résolue. Mirza Mohammad Heydar raconte qu’un certain Sheykh Jamal Khar, un émir de Soltan-Sa’id, donna Esen-Dowlat Begom, qui était alors seule, à « l’un de ses hommes qu’il respectait. Celle-ci, à cette nouvelle, n’exprima aucune objection et donna même son accord. L’homme, Khwaja Kalan, apprit avec joie l’accord de la Begom et vint chez elle le soir. Il laissa ses gens de service à l’extérieur et entra dans la maison. Aidée de ses servantes, la Begom fit fermer les portes et attaquer Khwaja Kalan, qui fut tué par les femmes à coups de couteau. Le lendemain matin, elles jetèrent son corps hors de la maison. Lorsque les gens virent le cadavre ils en informèrent Sheykh Jamal Khar, qui exigea des explications. La Begom dit : "Je suis une épouse de Soltan-Yunus Khan, mais Sheykh Jamal m’a donné en cadeau à un autre homme. Ce n’est pas licite selon la shari‘a. Je l’ai tué afin que Sheykh Jamal Khar me tue aussi". Alors Sheykh Jamal loua la Begom avec mille louanges et remerciements, lui exprima sa considération et la renvoya chez le khan10 ».

11 Le nom de Moqabbela (pour Moqâbela ?) Khanom est mentionné dans O. Ekaev, Turkmenistan i Turkmeny v (...)

15La princesse chaghataï de Moghul Khanom, une des femmes de Mohammad Sheybani Khan et fille de Soltan-Mahmud Khan, jouissait aussi d’une grande influence. Sheybani Khan l’épousa en 1503 après la conquête de Tachkent. Les sources écrites l’appellent ‘A’yisha-Soltan Khanom, Moghul Khanom ou Moqabbela ( ?) Khanom11.

16En 1510, au cours de la guerre contre Shah Esma’il Ier, souverain de l’Iran, les troupes de Sheybani Khan se réfugièrent à Marv en attendant les renforts. Sheybani Khan fit appel à son neveu ‘Obeydallah Khan et son fils Mohammad Timur Soltan qui se trouvaient dans le Mavarannahr. Ayant pris Astarabad, Mashhad et d’autres villes, le Chah assiégea Marv, sans toutefois réussir à la prendre. Il feignit alors de battre en retraite pour tromper la vigilance de son adversaire et lui expédia une lettre disant que, puisque Sheybani Khan était un lâche qui se cachait derrière les murs de sa forteresse, Shah Esma’il partait se battre contre le sultan ottoman.

12 ‘Âlam ârâ-ye Ṣafavi, éd. Yâdallâh Shokri, Téhéran, 1350 Sh/1971, p. 312-315 ; Ḥasan Rumlu, Aḥsan al (...)

17Les partisans de Sheybani Khan se divisèrent en deux camps. Certains émirs lui conseillaient de regagner le Mavarannahr, de réunir ses troupes et d’attaquer l’armée iranienne au printemps. Les autres pensaient qu’il fallait attendre l’arrivée de ‘Obeydallah Khan et Mohammad Timur Soltan. La femme du khan ouzbek, Moghul Khanom, reprocha à son mari de refuser la bataille alors que Shah Esma’il était venu à Marv, après avoir fait un long chemin, pour répondre aux lettres de Sheybani Khan qui l’appelaient au combat. D’après l’auteur du ‘Âlam-ârâ-ye Ṣafavi elle aurait dit : « Si vous ne voulez pas combattre, je me battrai moi-même contre Shah Esma’il ». Comme en témoignent plusieurs auteurs, Sheybani Khan se lança à la poursuite de l’armée du Chah, tomba dans le piège et fut tué avec son entourage12.

13 On trouve des exemples similaires en Iran safavide au XVIe siècle, voir Szuppe, « La participation (...)

18Cet épisode révèle le rôle important que l’une des épouses de Sheybani Khan jouait à la cour, et témoigne également de la position des femmes de la haute noblesse à la cour du khan. Il peut paraître invraisemblable que Moghul Khanom ait déclaré qu’elle combattrait contre le Chah d’Iran si son mari ne le faisait pas ; cela montre néanmoins que les épouses des souverains non seulement les suivaient pendant les campagnes militaires, mais pouvaient parfois influer sur les décisions militaires13. La participation de Moghul Khanom à la réunion du khan et de ses émirs où elle pouvait exprimer son opinion témoigne de la part active qu’elle prenait aux décisions politiques, et que la femme d’un khan ouzbek ne menait pas du tout la vie de recluse, dont on fait une caractéristique des femmes orientales de cette époque.

14 Mirza Muhammad Hajdar, p. 51.

19Les sources évoquent aussi la participation des femmes à la défense d’une ville. Selon Mirza Mohammad Heydar, Burunj-Oghlan, le fils aîné d’un célèbre khan du Dasht-e Qipchaq, Abu’l-Khayr (1428-1468), profita de l’absence de Yunus Khan, dont nous avons parlé précédemment, parti à la chasse, pour attaquer son campement. N’ayant pas rencontré de résistance, Burunj-Oghlan pilla les habitants. Il était en train de compter le butin, lorsque les femmes se jetèrent sur ses soldats qui s’étaient installés dans leurs maisons, les battirent et les firent prisonniers. Un proche de Burunj-Oghlan fut aussi capturé, avec le cheval de ce dernier, ce qui empêcha la fuite de Burunj qui fut également saisi par les femmes. Lorsque Yunus Khan, qui, à cette nouvelle, s’était empressé de rentrer, arriva au camp il ne lui resta qu’à faire justice aux ennemis emprisonnés. Il fit décapiter Burunj-Oghlan dont la tête fut piquée sur une lance14.

15 Voir, par exemple, Miniatjury k proizvedenijam Amira Hosrava Dehlavi, Tachkent, 1983, fig. 19.

20Des documents laconiques, mais précieux, nous donnent une idée sur l’instruction des fillettes et adolescentes dans les familles riches. Il existait des écoles spéciales destinées à l’instruction des jeunes filles, ce que reflète la miniature de la fin du XVe et du début du XVIe siècle : dans la ḥojra au-dessus de la classe où étudient les garçons, il y a une fillette avec un livre sur un support et un cahier à la main ; une autre miniature représente un groupe de filles dirigé par une maîtresse15. D’autres montrent des jeunes femmes ou jeunes filles jouant au polo (chowghân). Dans les familles riches on pratiquait aussi l’enseignement à domicile en faisant venir des précepteurs qui s’occupaient de l’instruction des fillettes. Par exemple, Khwaja Mohammad Darzi était le précepteur de la fille du souverain du Ferghana, ‘Omar Sheykh. Golbadan Begom, fille de Babour et première femme historiographe de l’Orient, auteur du Homâyun-nâma, est un exemple du haut niveau d’instruction des femmes musulmanes dans l’Orient médiéval.

16 Voir R. G. Mukminova, « Craftsmen and Guild Life in Samarqand », dans L. Golombek et M. Subtelny (e (...)17 Majmu’e-ye vasâyeq, fol. 118a-122b.

21Les sources documentaires et, en particulier, le recueil de documents Majmu’e-ye vasâyeq, évoquent les occupations des simples citadines. Par exemple, les actes juridiques concernant la formation d’apprentis (shâgerd) par les maîtres artisans présentent un intérêt considérable16. Sur vingt-cinq accords écrits faisant partie de ce recueil, onze ont été conclus avec la participation des mères des garçons destinés à l’apprentissage ; il est alors dit qu’au moment de la conclusion de l’accord, le garçon était à la charge de sa mère, ce qui signifie qu’il n’avait pas de père. Le fait que c’étaient les mères qui s’occupaient de la formation professionnelle de leurs fils est très significatif. Elles devaient amener leurs fils au qâżi-khâna pour conclure un accord officiel avec le maître-artisan17.

18 Majmu’e-ye vasâyeq, fol. 75a.

22Le manuscrit du Majmu’e-ye vasâyeq contient aussi des documents où les femmes sont représentées comme parties prenantes à la vie sociale et familiale. Selon certains documents juridiques, elles pouvaient régler les problèmes de la pension alimentaire de l’enfant ou de la conduite indigne d’un membre de famille. Certaines participaient aux opérations commerciales et, partiellement, au processus de production. D’autres fabriquaient des objets à la maison, se partageant ainsi entre l’artisanat, le ménage et l’éducation des enfants. Le plus souvent, les femmes traitaient les matières premières ou effectuaient une des opérations liées à la fabrication de l’objet artisanal. Mais la femme faisait parfois tout le travail du début jusqu’à la fin. Dans ce cas, on pouvait ajouter à son nom celui de sa profession. Sa’adat-Soltan Muyina-duz, fille de ‘Abdallah, qui vécut à la fin du XVIe siècle à Samarcande, pourrait faire partie de ces femmes, maîtres-artisans18. Son nom, muyina-duz, suggère qu’elle s’occupait de pelleterie et fabriquait des vêtements en fourrure.

23Certaines sources brossent un tableau des conditions de vie difficiles et de la servitude des femmes du milieu des artisans pauvres. Un document de reconnaissance de dette, fait à Samarcande et attesté par un sceau du qâżi le 13 octobre 1589, oblige un artisan chitgar (imprimeur sur tissu) à suivre les ordres de son créancier, sans quoi, affirme la décision du qâżi, il devra divorcer de sa femme ! Cet exemple montre que la société musulmane pouvait parfaitement ignorer l’opinion et les souhaits de la femme, à la merci du créancier de son mari. La question de son avenir était apparemment réglée sans aucune participation de sa part.

24Il y avait des femmes qui travaillaient dans les bains contre rémunération en argent, car les bains privés appartenant aux riches citadins rapportaient de gros revenus. Il existait des bains royaux, des bains publics de la ville réservés aux femmes des jours fixes de la semaine, des bains pour les fiancées. L’un de ces derniers se trouvait à Boukhara. Le bain de la fiancée au ḥammâm, pendant lequel on lui lavait les cheveux en les tressant en petites nattes, faisait partie de la cérémonie du mariage. Ce rite se déroulait habituellement à la maison ou bien au ḥammâm public ordinaire mais, comme en témoigne un document de Boukhara, les grandes villes possédaient des bains spéciaux pour les fiancées avec un personnel particulier.

25Les sages-femmes se transmettaient leur savoir de génération en génération. Certaines citadines qui avaient besoin d’argent gagnaient leur vie comme pleureuses et en lavant les défuntes.

19 [Zeyn al-Din Maḥmud Vâṣefi], Zejn od-din Mahmud Vasifi, Badâye’ al-vaqâye’, éd. A.N. Boldyrev, Mosc (...)

26Des chanteuses et des danseuses aussi exerçaient leur métier contre une rémunération. En 1512, la chanteuse Chakari Changi quitta le Khorassan pour le Mavarannahr avec une caravane qui comptait 500 personnes. Zeyn al-Din Vasefi, contraint de quitter Hérat à la suite de la persécution menée par Shah Esma’il contre les partisans du sunnisme, en faisait partie19.

27Ces mentions de musiciennes, chanteuses, danseuses, pleureuses, baigneuses et autres prouvent que les femmes n’étaient nullement recluses dans la société médiévale centre-asiatique. Les sources écrites semblent ainsi suggérer que, malgré les limitations sociales imposées par l’islam, les femmes, et surtout celles qui appartenaient à l’élite, jouaient parfois un rôle important dans la vie de l’État.

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Notes

1 I. P. Petrushevskij, Islam v Irane v VII-XV vekah, Leningrad, 1966, p. 177.

2 Majmu’e-ye vasâyeq, ms IO Tachkent, n° 1386, fol. 189a (ou 229a, ancienne foliation).

3 Majmu’e-ye vasâyeq, fol. 81b.

4 T. Fajziev, Temurij malikalar, Tachkent, 1994. Récemment ont paru des recherches importantes sur la question de la femme dans le monde turco-iranien à différentes périodes de l’époque islamique, sa participation à la vie sociale, politique, aux actions militaires. Voir, entre autres, Bahriye Uchok, Ženshchiny-pravitel’nicy v musulmanskih gosudarstvah, trad. Z.M. Bunjatov, Moscou, 1982 ; W. Walther, Women in Islam, from Medieval to Modem Times, introd. Guity Nashat, Princeton – New York, 1993 (édition mise à jour) ; L. Peirce, The Imperial Harem. Women and Sovereignty in the Ottoman Empire, Oxford University Press, Oxford, 1993 ; M. Szuppe, « La participation des femmes de la famille royale à l’exercice du pouvoir en Iran safavide au XVIe siècle », parties 1 et 2, Studia Iranica 23/2 (1994), p. 211-258, et Studia Iranica 24/1 (1995), p. 61-122.

5 R.G. Mukminova, K istorii agrarnih otnoshenij v Uzbekistane XVI v., po materialam vaqf-name, Tachkent, 1966, p. 21.

6 Iz arhiva Sheyhov Džujbari. Materialy po zemel’nim i torgovym otnoshenijam Srednej Azii XVI veka, Moscou-Leningrad, 1938, doc. 379, p. 473.

7 [Note de la rédaction : voir la traduction française de Bâbor-nâma par J.-L. Bacqué-Grammont, Le Livre de Babur, Paris, Imprimerie Nationale, 1985, p. 320a.]

8 Ẓahir al-Din Muḥammad Babur, Bâbur-nâma (Vaqây’i), ed. Eiji Mano, Kyoto, 1995, p. 37 (5). Cité d’après la traduction de Bacqué-Grammont, Le Livre de Babur, p. 55b.

9 [Note de la rédaction : voir la traduction de Bacqué-Grammont, Le Livre de Babur, p. 45a].

10 Mirza Muhammad Hajdar, Ta’rih-i Rashidi, trad. A. Urunbaev, R.P. Džalilova et L.M. Epifanova, Tachkent, 1996, p. 118-119.

11 Le nom de Moqabbela (pour Moqâbela ?) Khanom est mentionné dans O. Ekaev, Turkmenistan i Turkmeny v konce XV-pervoj polovine XVI v., Achgabad, 1981, p. 49.

12 ‘Âlam ârâ-ye Ṣafavi, éd. Yâdallâh Shokri, Téhéran, 1350 Sh/1971, p. 312-315 ; Ḥasan Rumlu, Aḥsan al-tavârikh, éd. C. Seddon, Baroda, 1931, vol. I, p. 119 ; Mirza Muhammad Hajdar, p. 196, 236 ; Ekaev, Turkmenistan i Turkmeny, p. 49-50.

13 On trouve des exemples similaires en Iran safavide au XVIe siècle, voir Szuppe, « La participation des femmes », II, p. 63-66, 101.

14 Mirza Muhammad Hajdar, p. 51.

15 Voir, par exemple, Miniatjury k proizvedenijam Amira Hosrava Dehlavi, Tachkent, 1983, fig. 19.

16 Voir R. G. Mukminova, « Craftsmen and Guild Life in Samarqand », dans L. Golombek et M. Subtelny (ed), Timurid Art and Culture : Iran and Central Asia in the Fifteenth Century, Leiden-New York-Cologne, E.J. Brill, 1992, p. 29-35.

17 Majmu’e-ye vasâyeq, fol. 118a-122b.

18 Majmu’e-ye vasâyeq, fol. 75a.

19 [Zeyn al-Din Maḥmud Vâṣefi], Zejn od-din Mahmud Vasifi, Badâye’ al-vaqâye’, éd. A.N. Boldyrev, Moscou, 1961 (2e édition), p. 18 et suiv.

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ReferencesBibliographical reference

Raziya Mukminova, “Le rôle de la femme dans la société de l’Asie centrale sous les Timourides et les Sheybanides”, Cahiers d’Asie centrale, 3/4 | 1997, 203-212.

Electronic reference

Raziya Mukminova, “Le rôle de la femme dans la société de l’Asie centrale sous les Timourides et les Sheybanides”, Cahiers d’Asie centrale [Online], 3/4 | 1997, Online since 03 January 2011, connection on 13 November 2024. URL: http://journals.openedition.org/asiecentrale/488

About the authorRaziya Mukminova

Institut d’Histoire, Académie des Sciences de l’Ouzbékistan, Tachkent, Ouzbékistan

By this author

Les routes caravanières entre villes de l’Inde et de l’Asie centrale : déplacements des artisans et circulation des articles artisanaux [Full text]

Published in Cahiers d’Asie centrale, 1/2 | 1996

TranslatorAlié Akimova

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FULL TEXT ISSUES28 | 2020
Cities of the future in Central Asia Astana-Bishkek-Dushanbe in the mirror of the past?27 | 2018
Health and Migrations in Central Asia26 | 2016
1989, a Year of Political Mobilisations in Central Asia25 | 2015
Water in Central Asia. Contemporary Issues and Challenges24 | 2015
Literature and Society in Central Asia: new sources for the Study of Culture and Power from the Fifteenth century to the Present23 | 2014
Le Kazakhstan en mutation21/22 | 2013
L’archéologie française en Asie centrale19-20 | 2011
La définition des identités17/18 | 2009
Le Turkestan russe : une colonie comme les autres ?15/16 | 2007
Les islamistes d’Asie centrale : un défi aux États indépendants ?13/14 | 2004
Gestion de l'indépendance et legs soviétique en Asie centrale11/12 | 2004
Les Montagnards d’Asie centrale10 | 2002
Karakalpaks et autres gens de l’Aral : entre rivages et déserts9 | 2001
Études karakhanides8 | 2000
La Mémoire et ses supports en Asie centrale7 | 1999
Patrimoine manuscrit et vie intellectuelle de l'Asie centrale islamique5/6 | 1998
Boukhara-la-Noble3/4 | 1997
L’héritage timouride : Iran – Asie centrale – Inde, XVe-XVIIIe siècles1/2 | 1996
Inde-Asie centrale : routes du commerce et des idéesALL ISSUES

  
🔷️ Où en sont les droits des femmes en Asie centrale ?
Des experts en matière de droits humains et d’égalité des genres ont publié en novembre dernier une version actualisée de l’Index de la paix et la sécurité des femmes, traitant de la situation des femmes dans 177 pays. Les républiques d’Asie centrale se situent à peu près au milieu du classement : le Turkménistan domine le classement régional, devançant nettement ses voisins. Le média Fergana présente des doutes quant aux conclusions des analystes internationaux.
Source : Société et Culture


🔷️Droits des femmes en Asie centrale : un état des lieux toujours inquiétant
DÉCRYPTAGE. Lors de la journée internationale des droits de la femme, plusieurs manifestations ont eu lieu dans les grandes villes d’Asie centrale, mobilisant des militants luttant pour de meilleures conditions pour les femmes. Les pays centrasiatiques ont encore beaucoup à faire pour l’égalité hommes-femmes. La société dominée par une vision patriarcale ne laisse pas les femmes jouir des mêmes droits et opportunités que les hommes. Les violences domestiques et les féminicides sont toujours des problèmes qui persistent notamment à cause de l’inaction partielle des gouvernements. Décryptage d'un droit des femmes toujours en suspens.

🔷️Féminisme en Asie centrale : de plus en plus de voix s’élèvent
Source : Posted on31/01/2022AuthorVassilia MATTEI*Culture, Société

En 2018, Zere Asylbek, militante féministe et chanteuse de 19 ans, a suscité une vague d’indignation au Kirghizstan après la sortie du titre Kyz (Fille) qui encourageait les femmes à vivre librement. Par son clip volontairement provocateur, elle souhaitait susciter un débat de société qui s’est retourné contre elle – et sa tenue –, lui valant même des menaces de mort.

Marche organisée à Bichkek (Kirghizstan), dans le cadre de la campagne d’ONU-Femmes « Orange the World », 16 jours d’action contre les violences faites aux femmes, 12 décembre 2020. Pancarte de gauche : « En finir avec le ‘slut shaming’ et la culpabilisation des victimes » ; Pancarte de droite : « Ne te tais pas ! » (avec l’aimable autorisation de @Bishkekfeminists).En 2021, Zere Asylbek, devenue un symbole de l’essor du féminisme centre-asiatique, a sorti plusieurs titres engagés, dont un dénonçant les violences conjugales et un autre s’opposant aux injonctions faites aux filles. Plus largement, depuis quelques années, en Ouzbékistan comme au Kazakhstan, au Kirghizstan et au Tadjikistan, les femmes se mobilisent pour faire entendre leur voix en descendant dans la rue et en multipliant les actions sur les réseaux sociaux. Toujours plus nombreuses, elles célèbrent les dates phares de l’agenda féministe, dénoncent les violences faites aux femmes ou lancent des projets en faveur de l’égalité femmes-hommes.


vendredi 4 août 2023

C'est à lire 📚 "Mali-Sahel: notre Afghanistan à nous ?" de Seidik Abba

#VendrediLecture📖

"Mali-Sahel: notre Afghanistan à nous ?"


Résumé
Pour la première fois, un livre décrypte une histoire qui a commencé dans l'enthousiasme pour s'achever dans un fiasco. Quand François Hollande engage l'armée française au Mali, en 2013, pour lutter contre le terrorisme, la décision fait l'unanimité de Paris à Bamako en passant par Bruxelles ou Washington. Près de neuf ans après, nous assistons à un retrait piteux : manifestations antifrançaises : ambassadeur français-expulsé sans ménagement le 31 janvier 2022...
Au coeur de cet échec : l'incapacité d'avoir anéanti le terrorisme qui s'est développé de manière exponentielle, y compris dans les paye voisins, l'aveuglement politique, le soutien à des pouvoirs corrompus... Journaliste nigérien, Seidik Abba dresse un tableau sans concession mais riche en informations sur toutes les erreurs qui ont conduit à cette impasse.



Suivre Seidik Abba  sur Twitter @abbaseidik



🔎Zoom sur l'auteur
Analyste reconnu de l'actualité africaine sur plusieurs médias (France 24, TV 5 Monde, RFI, Africa N° 1), Seidik Abba a été rédacteur en chef central de l'hebdomadaire panafricain Jeune-Afrique, chef du bureau parisien de l'agence Panapress et Chroniqueur au Monde Afrique. 

Auteur
Pour comprendre Boko Haram, Nouvelle édition revue et augmentée
Pour comprendre Boko Haram, Nouvelle édition revue et augmentée
Seidik Abba, Abdoulkader Abba
L'Harmattan
 14,50
 
Rébellion touarègue au Niger, Qui a tué le rebelle Mano Dayak ?
Rébellion touarègue au Niger, Qui a tué le rebelle Mano Dayak ?
Seidik Abba
L'Harmattan
 12,00
 
Pour comprendre Boko Haram
Pour comprendre Boko Haram
Seidik Abba, Abdoulkader Abba
L'Harmattan
 
Voyage au coeur de Boko Haram, Enquête sur le djihad en Afrique subsaharienne
Voyage au coeur de Boko Haram, Enquête sur le djihad en Afrique subsaharienne
Seidik Abba
L'Harmattan
 13,00
 
Entretiens avec Boubakar Ba, Un Nigérien au destin exceptionnel - Nouvelle édition revue et augmentée
Entretiens avec Boubakar Ba, Un Nigérien au destin exceptionnel - Nouvelle édition revue et augmentée
Seidik Abba
L'Harmattan
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Entretiens avec Boubakar Ba, Un Nigérien au destin exceptionnel
Entretiens avec Boubakar Ba, Un Nigérien au destin exceptionnel
Seidik Abba
L'Harmattan
 
Niger : la junte militaire et ses dix affaires secrètes (2010-2011), 2010-2011
Niger : la junte militaire et ses dix affaires secrètes (2010-2011), 2010-2011
Seidik Abba
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La presse au Niger, Etat des lieux et perspectives
La presse au Niger, Etat des lieux et perspectives
Seidik Abba
L'Harmattan
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jeudi 26 août 2021

Évacuations Kaboul : Clap de fin

Derniers regards sur Kaboul avant le départ des derniers avions... 

📣ALERTE INFO:

29 août
Sur  les 1000 membres de l'équipe de soignants 250 sont des femmes qui y occupent des postes importants. Selon Eric Cheysson de la  Chaîne de l'espoir les Talibans ont déclaré ne pas s'opposer à leur  maintien. Un n°de téléphone à joindre en présence du moindre problème ( pillages etc.)  a été remis au responsable. Reste que la situation est très fragile. Par ailleurs un problème sanitaire s'annonce : manque de fioul, médicaments, nouriture etc. 
https://twitter.com/chainedelespoir/status/1431279420778631172?s=08
28 août
Départ du dernier avion français
27 août
Dernières rotations d'avions pour la France. ( il semble que quelques vols supplémentaires soient envisagés....

Bilan provisoire une centaine de morts ( dont 13 soldats américains, aucun français)
Sincères condoléances aux familles des victimes🕊🕊🕊🕊🕊🕊🕊🕊

26 août
Plusieurs explosions confirmées à l'extérieur de l'aéroport de Kaboul des morts et nombreux blessés. Les premières images parvenues via Twitter



Puissions-nous ne pas avoir à commenter la chronique d'un carnage annoncé!!!


Dernières rotations des avions français demain avant celle des américains...

Jean Castex à annoncé que
les évacuations militaires françaises depuis l'aéroport de Kaboul s'interrompront vendredi soir.

Le Royaume-Uni annonce pour sa part une menace imminente d'attentat à l'aéroport, et invite ses ressortissants à s'éloigner au plus vite des lieux.

🤔 vraie ou fausse information pour inciter les personnes à se disperser au plus vite??? Le saurons-nous un jour ?
Réponse : depuis la mise en ligne de l'article on sait que les craintes étaient hélas fondées, de nombreux blessés sont dénombrés. Des risques de nouvelles explosions sont à craindre. Intervention en ce moment même d' Emmanuel Macron qui assure que la France fera le maximum pour faire un maximum d'évacuations tant que la sécurité de l'aéroport sera assuré.

Quoiqu'il en soit, les Pays-Bas vont interrompre leurs évacuations.

Avec la fin prochaine des évacuations et les menaces d'attentats, l'angoisse grandie en Afghanistan."

Suite aux menaces terroristes, le Royaume-Uni, l'Australie à l'instar des États-Unis appellent leurs ressortissants à s'éloigner au plus vite de l'aéroport, d'autant que les Turcs ont annoncés qu'ils ne sécuseront pas au final l'aéroport...

📷 Photos de chanceux... si l'on peut dire...
...qui ont réussi à quitter l'Afghanistan avant que leur pays, tel un bateau ivre, ne sombre corps et biens dans le caho.

Tous n'auront pas cette possibilité...

N'oublions jamais ce qu'a été l'Afghanistan

Un témoignage qui en dit long: 
📽 Puissent les médias continuer à couvrir les événements après la fermeture de l'aéroport... 
👉Clips TiKtok


📷📸Crédit photos abonnés Twitter

samedi 14 août 2021

Un phare dans la nuit...

DERNIÈRE MINUTE
215 personnes dont 184 Afghans arrivent à Paris aujourd'hui.
1ère ÉVACUATION
Alors que la chute de Kaboul semble désormais inéluctable, les responsables de La Chaîne de l'Espoir ne cachent pas leur inquiétude.
 
Nous sommes très inquiets  pour l'avenir de l'hôpital et pour le peuple afghan qui subit une véritable tragédie".

" Nous suivons la situation au jour au jour, Éric Cheysson est  beaucoup intervenu sur les médias d'information sur le sujet". 

 
Les inquiétudes sur le sort de l'hôpital de kaboul sont grandes... 

Les responsables de La Chaîne de l'Espoir fondent l'espoir qu'il pourra continuer a fonctionner. Tel un phare dans la nuit.

Comment  ne pas être inquiet pour les membres de l'équipe de l'hôpital quand on sait que 
98% de employés sont afghans.... 
Les dernières informations connues indiquent que la prise de Kaboul est désormais inéluctable.

Les expatriés sont presque tous rentrés à ce jour

👉C'est à lire sur Twitter  les derniers posts du Professeur
Alain Deloche qui se montre tout aussi  pessimiste...

👉Réaction du Professeur Alain Deloche 




👉A lire également sur LeMonde.fr : la tribune sur l'Afghanistan dont Eric Cheysson est l'un des signataires.

OPINIONS
« Oui, il est encore temps, agissons, ne laissons pas tomber l’Afghanistan »TRIBUNE

Collectif

Alors que s’achève le retrait des troupes américaines du pays et que les talibans ont lancé des offensives pour en reprendre le contrôle, un collectif de personnalités politiques et d’intellectuels appelle la France et l’Europe à « ne pas se cantonner dans une attitude de retrait et d’agir pour la paix ».

Publié le 10 juillet 2021 à 10h00   
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Tribune. La situation s’est récemment aggravée en Afghanistan. Alors que le retrait des forces américaines et de l’OTAN approche de son terme, les talibans, délaissant la table des négociations, ont lancé des offensives dans de nombreuses régions d’Afghanistan et pris le contrôle d’un certain nombre de districts ruraux. La capacité de l’armée afghane à garder le contrôle de la majeure partie du territoire rural, voire de plusieurs grandes villes, est incertaine.

La population afghane vit dans l’angoisse. Les attentats contre des cibles civiles se sont multipliés, visant des écoliers, des journalistes, des fonctionnaires, des femmes, des artistes. Des Afghans demandent l’asile à l’étranger, d’autres doivent abandonner leur domicile, d’autres enfin prennent les armes. Beaucoup en effet refusent l’avènement d’un régime qui, sous couvert d’une application rigoriste de règles religieuses, serait un régime dictatorial, refusant des élections libres, réalisant la suprématie d’un groupe sur les autres, ne permettant pas aux femmes de vivre librement et dignement.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi  En Afghanistan, les talibans manœuvrent pour encercler Kaboul

Toute la population afghane aspire à la paix. Beaucoup ont espéré que les négociations entamées à Doha aboutiraient à une solution acceptable par la majorité. Hélas, la rigidité des talibans, leur jusqu’au-boutisme, les maladresses américaines, l’absence de concertation avec les autres acteurs de la région et la mise à l’écart du gouvernement afghan n’ont pas permis aux négociations d’avancer.

Le centenaire des relations entre l’Afghanistan et la France

L’Afghanistan est à présent doté d’un réseau médiatique performant. Les zones rurales les plus reculées reçoivent la télévision. Les Afghans savent ce qui se passe dans le monde et beaucoup ne sont pas prêts à accepter les conditions de vie que leur imposeront les talibans s’ils venaient à prendre le pouvoir.

La communauté internationale se trouve donc à présent devant une alternative. Ou bien elle contraint les talibans à une véritable négociation (pendant laquelle toute action militaire devrait cesser) ou bien l’Afghanistan sombre de nouveau, comme dans les années 1990, dans une guerre civile dévastatrice.

Nous ne pouvons pas accepter cette seconde hypothèse, lourde de conséquences pour les Afghans mais aussi pour la stabilité de la région et la sécurité mondiale.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi  Joe Biden assure que les Etats-Unis vont continuer à soutenir l’Afghanistan après leur retrait

Alors que se profile le centenaire des relations diplomatiques, économiques et culturelles entre l’Afghanistan et la France, alors que les deux pays sont liés par un traité d’amitié et de coopération signé en 2012 par un président et ratifié par son successeur, alors que l’Union européenne et ses Etats membres ont conclu en 2019 avec l’Afghanistan un accord de coopération en matière de partenariat et de développement et au moment où la France prend la présidence du Conseil de sécurité de l’ONU, nous demandons instamment au gouvernement français et aux instances européennes de ne pas se cantonner dans une attitude de retrait et d’agir pour la paix.

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👉EN SAVOIR + :
👨‍⚕️Alain Deloche, né le 2 septembre 1940 à Paris, est un chirurgien cardiaque français, cofondateur de Médecins du monde et fondateur de l’association La Chaîne de l'espoir. Wikipédia

👨‍⚕️Éric Cheysson, né en février 1951, est chirurgien vasculaire, chef de service à l’hôpital René-Dubos de Pontoise. Il est aussi le président de l'association humanitaire La Chaîne de l'espoir. Wikipédia

Créée en 1994, par le Professeur Alain Deloche, La Chaîne de l'Espoir intervient dans plus 30 pays pour offrir un accès aux soins et à l'éducation aux ...

jeudi 10 décembre 2015

MSF REMET A LA MAISON BLANCHE UNE PÉTITION APPELANT A UNE ENQUÊTE INDÉPENDANTE SUR L’ATTAQUE DE SON HÔPITAL A KUNDUZ




MSF REMET A LA MAISON BLANCHE UNE PÉTITION APPELANT
A UNE ENQUÊTE INDÉPENDANTE SUR L’ATTAQUE DE SON HÔPITAL A KUNDUZ

Plus de 500.000 personnes dans le monde appellent la Maison Blanche à consentir à une enquête indépendante sur l’attaque militaire américaine d’un hôpital de Médecins Sans Frontières en Afghanistan.

WASHINGTON, DC, le 9 décembre 2015 – L’organisation internationale humanitaire d’aide médicale Médecins Sans Frontières (MSF) a remis aujourd'hui une pétition, signée par plus de 547.000 personnes, à la Maison Blanche, appelant le Président Obama à consentir à une enquête indépendante sur les frappes aériennes mortelles des États-Unis sur l'hôpital de traumatologie de MSF à Kunduz, en Afghanistan.

Les frappes aériennes du 3 octobre dernier ont tué au moins 30 personnes, dont 14 membres du personnel de MSF, et détruit l'hôpital de l’organisation humanitaire. La pétition de MSF appelle le Président Obama à consentir à une enquête menée par la Commission internationale humanitaire d'établissement des faits (CIHEF), l'organe institué spécifiquement pour enquêter sur d'éventuelles violations du droit international humanitaire en vertu des Conventions de Genève.

"Seul un compte rendu complet et réalisé par un organisme international indépendant peut restaurer notre confiance dans les engagements des États-Unis à respecter les lois de la guerre qui interdisent avec la plus grande fermeté de telles attaques sur les hôpitaux", a déclaré Jason CONE, Directeur exécutif de Médecins Sans Frontières USA. Il ajoute : "Il ne suffit pas que les auteurs d'attaques contre des structures médicales soient les seuls à enquêter."
L'attaque a privé des centaines de milliers de personnes d’accès aux soins médicaux dans le seul hôpital spécialisé en traumatologie dans le nord-est de l'Afghanistan, a indiqué MSF. L'armée américaine a pris la responsabilité des frappes aériennes, qu’ils qualifient d’erreur. Cependant, beaucoup de questions restent sans réponse à propos de comment et pourquoi ces dernières ont été autorisées à se produire.

En moins de deux mois, la pétition a obtenu le soutien de centaines de milliers de personnes à travers le monde. Ce soutien public s’est exprimé sur le principe que « même les guerres ont des règles ». A
ce jour, MSF n’a toujours pas reçu de réponse des Etats Unis quant à la demande d’une enquête par le CIHEF.
Dr Deane MARCHBEIN, Présidente de MSF USA, a lu les noms des 14 membres du personnel de MSF tués et relaté sa propre expérience dans un hôpital de MSF en Afghanistan où elle a, elle-même, soigné des patients.

"Notre engagement est celui de l'éthique médicale, soigner les personnes sur base de leurs besoins, indépendamment de leur appartenance à l’une ou l’autre partie au conflit ou non ", a déclaré le Dr MARCHBEIN. "C’est en procédant ainsi que nous sommes en mesure de prodiguer des soins médicaux aux personnes qui en ont le plus besoin, prises au piège dans des zones de guerre ou qui subissent les pires conséquences d'un conflit. Et c’est en procédant ainsi que nos collègues ont perdu la vie."


Contact Presse :
Samuel HANRYON : 01.40.21.28.23. / samuel.hanryon@paris.msf.org
Pierre BORELLE : 01.40.21.27.25.