Les
flonflons du 14 juillet à peine remisés, la stratégie nationale était publiée.
Propulsée par la poudre ou en vue d’être achevée par le canon ? C’est à se
demander.
Une dépêche n’est pas une remise officielle.
Curieuse méthode que de voir fuiter en début de
matinée le rapport du comité des sages sur la stratégie nationale de santé, et
diffuser un communiqué de presse du ministère en fin d’après-midi. Qu’a-t-on
voulu dire ? Qu’il n’y aura pas de moment public pour en parler ? Que le
rapport n’a pas l’agrément des pouvoirs publics au point qu’il n’est même pas
utile de respecter les formes ? Que décidément les sages ne l’ont pas été assez
de sorte que le document issu de leur comité est un brûlot ? Nous nous perdons
en conjectures.
Et maintenant, où allons-nous ?
Nous ne cessons de le rappeler, la tenue du
comité des sages et la remise de leur rapport constituait une étape. Nous
attendons beaucoup de la suite et des groupes de travail prévus par la lettre
de mission attribuée à Alain Cordier. Car de nombreuses recommandations du
rapport ont besoin d’être débattues et réappropriées par les acteurs, pour être
traduites demain dans des mesures et des solutions concrètes, acceptées et
promues par eux.
Les conclusions du comité des sages dessinent
une approche globale : elles ouvrent vers un authentique système de santé et
elles prônent le passage à l’échelle dans des parcours de soins que les
patients attendent. Et nous ne ferions rien de telles conclusions ? Ni Etats généraux,
ni assises, ni groupes de travail. Ce serait un grand malheur.
De la démocratie sanitaire avant toute chose.
Pour la première fois depuis 2002, un rapport
public traite avec égard la question de la démocratie sanitaire, avec une compréhension
fine de l’inéquitable traitement des associations d’usagers dans un processus
qui concerne tous les acteurs. Le rapport montre bien que des ajustements sont
nécessaires et ne sauraient se résumer à la question trop limitée de la place
des représentants des usagers à l’hôpital.
Pour nous associations d’usagers du système de
santé, la démocratie sanitaire c’est la question de notre représentation dans
toutes les instances, avec les moyens publics adaptés puisqu’il s’agit d’une
mission de service public. Cela va plus loin, c’est aussi comme le souligne le
rapport du comité des sages, la question du renforcement des capacités des
patients dans la relation de soin. Une décennie après avoir posé les fondations
de ces processus, les héritiers vont-ils renoncer ?
Le premier ministre avait réclamé dans son discours de
politique générale le 3 juillet 2012 une stratégie nationale de santé. Elle
reste à construire. La Nation y a intérêt. Les usagers aussi !
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