Nora ANSELL-SALLES

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jeudi 21 mars 2013

Maladie de Parkinson et innovation,

 
3 questions à Stéphanie d’Avout
Directrice de la division Neuromodulations de Medtronic France
 
 
Les technologies médicales sont pleines de vie, innovent constamment, répondent à des défis sans cesse plus nombreux, interrogent tout autant les sciences que l’économie de la santé ou les pratiques médicales... Pour vous permettre de suivre la vitalité de ce domaine, Medtronic vous propose de revenir sur ce qui a fait l’actualité des 3 derniers mois, de vous projeter quelques jours ou semaines en avant et vous livre, de façon exclusive, sa réflexion, sur une thématique à chaque fois différente. Pour cette nouvelle édition : maladie de Parkinson, stimulation cérébrale profonde et innovation...
 
La stimulation cérébrale profonde (SCP), inventée et développée en France dans les années 1980, est utilisée pour traiter les tremblements essentiels et la Maladie de Parkinson depuis les années 1990. Les indications se sont depuis élargies à la Dystonie, aux Troubles Obsessionnels Compulsifs* et à l’Epilepsie*. Est-il encore possible d’innover dans ce domaine ?
 
La SCP continue de susciter un large intérêt scientifique et médical. Sans parler de nouvelles indications, la toute récente publication de l’étude franco-allemade Earlystim dans le New England Journal of Medicine démontre qu’il est encore possible d’appréhender la SCP autrement, notamment dans la prise en charge de la maladie de Parkinson.
Depuis ses débuts, la SCP est perçue comme une solution de dernier recours pour des patients à un stade déjà très avancé de la maladie. Des médecins français, parmi lesquels le Professeur Agid de l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière, se sont demandés si cette technique chirurgicale ne pourrait être pratiquée plus tôt, lorsque les patients ne sont pas encore lourdement handicapés par la maladie.
Et quels sont les résultats ?
 
L’étude Earlystim a permis de confirmer l’hypothèse. Après deux ans de suivi, les patients opérés présentent une amélioration de la qualité de vie de 26%, des capacités motrices de 53% et de l’activité quotidienne de 30%, avec donc un meilleur résultat qu’un traitement médical seul.
 
L’étude Earlystim est donc un espoir pour les personnes atteintes par la maladie de Parkinson ?
Espoir est un terme à la fois fort et inadapté. La stimulation cérébrale profonde appliquée plus précocement s’adresse aux mêmes patients, rigoureusement sélectionnés suivant des critères très spécifiques, que ceux pris en charge actuellement.
L’enjeu, et non l’espoir, est d’identifier ces mêmes personnes plus tôt dans le parcours de soins et de ne pas attendre 10 à 12 ans avant de leur proposer cette technique. C’est un enjeu car cela nécessite de revoir les protocoles de prise en charge de la maladie avant la SCP et après la SCP afin de proposer le meilleur accompagnement.
Au-delà de l’aspect strictement médical, Earlystim est également la preuve du dynamisme de la recherche clinique française et des avancées que permettent les collaborations entre professionnels de santé et entreprises des technologies médicales. La France demeure une terre de découvertes scientifiques de niveau mondial. Il faut désormais qu’elle favorise le développement de l’innovation médicale afin de permettre aux centres d’excellence de continuer à bénéficier de ces partenariats.
 

lundi 18 mars 2013

3 Questions à Claude Leicher - Avenant 8 et dépassements d'honoraires : « MG France a pris ses responsabilités »


Quel bénéfice principal les généralistes retirent-ils de la signature de l’avenant 8 par MG France en octobre 2012 ?
 Le bénéfice principal est la création d'un forfait médecin traitant. C'est un retour à la rémunération forfaitaire des tâches transversales du généraliste dans sa fonction de médecin traitant qui avait disparu en 2005 lorsque CSMF et SML se sont entendus avec l' Assurance-maladie (Cnam) pour supprimer l’option référent. Une fois réintroduit le principe du forfait médecin traitant, il faudra l’augmenter en y rattachant progressivement toutes les tâches que nous faisons aujourd'hui, sans rémunération. Par exemple : l’ouverture d’un dossier pour un nouveau patient, la synthèse de l’état de santé, les propositions sur les démarches de prévention et de dépistage.

Cette signature de l’avenant 8 suppose que MG France et les autres syndicats signataires doivent s’intéresser aux dépassements d’honoraires. Or le Comité Directeur de MG France a conclu ses travaux en précisant que les représentants du syndicat des généralistes ne siègeraient pas dans les commissions paritaires régionales. Que répondez-vous à ceux qui disent que vous n’assumez pas votre signature ?
 Trois syndicats ont signé l’avenant 8 : le SML, la CSMF et MG France. Seul MG France s’est réellement impliqué par un vote permettant la mise en œuvre de la partie de l’avenant 8 relative aux dépassements d’honoraires. En commission paritaire nationale (CPN), nous nous sommes abstenus lorsque le directeur de l’assurance-maladie a proposé un plan de repérage des dépassements abusifs des praticiens du secteur 2. Cette abstention a une signification politique claire : nous soutenons une politique qui s’attaque aux abus ! Même si nous continuons à penser qu’il faut aller plus loin et améliorer l’accès aux soins par un parcours à tarif remboursable. MG France est bien le seul syndicat ayant pris ses responsabilités dans cette affaire.

Les deux autres syndicats ont voté contre ce simple plan de repérage ...  Ce qui revient à refuser la mise en œuvre de cette partie de l’avenant 8 relative aux dépassements. Cette position est celle de syndicats de médecins du secteur 2, qui vont faire leur campagne électorale dans une surenchère en faveur des dépassements. Ce sont donc la CSMF et le SML qui n’assument pas leur signature de cet avenant.

MG France se concentre, pour sa part, sur le rôle - et la rémunération du travail - qui est demandé aux généralistes : être le médecin traitant de la population.

Quelles seront les conséquences de ces prises de positions syndicales ? Que fera MG France pour l’avenir immédiat ?

 Dans l’étape suivante, MG France se retirera des commissions paritaires régionales (CPR) a

moment de voter les décisions de sanctions pour les médecins en secteurs 2 qui abusent. Ce retrait rétablira un équilibre strict entre les caisses et les syndicats secteur 2 dans les commissions régionales. Face à leurs responsabilités respectives !

Ainsi MG France, seul syndicat de médecins du secteur 1, ne sera pas instrumentalisé comme arbitre pouvant faire pencher la balance en faveur des uns ou des autres, si les syndicats secteur 2 refusent d’assumer leurs responsabilités. Il reviendra aux seuls syndicats de praticiens du secteur 2 de décider s’ils permettent aux médecins qui abusent d’échapper à toutes sanctions. A eux seuls de décider s’ils veulent ou non mettre en œuvre l’avenant 8 et la régulation du secteur 2, une régulation en faveur de laquelle le SML et la CSMF s’étaient engagés auprès du gouvernement. Leur position sera déterminante sur le fait qu’il y ait en première instance des médecins en secteur 2 sanctionnés lorsqu’ils abusent.

Les syndicats du secteur 2 semblent chercher à bloquer le dispositif qu’ils ont signé pour que la procédure d’appel engorge complètement la commission paritaire nationale (CPN). Le 27 février
dernier, l'examen d'un seul dossier de dépassement a demandé une heure et demie à la CPN. Si la cible définie par la CNAM est d’environ 1 500 médecins - considérés statistiquement comme « abusant » en matière de dépassements -, la CPN devra siéger pendant au moins … 2000 heures pour examiner les dossiers. En siégeant toutes les semaines sans arrêt, il faudrait plus de 10 ans !  
Si cette stratégie de blocage aboutit, il faudra en conclure que les syndicats du secteur 2 ne veulent pas entendre parler de sa régulation. La balle est désormais dans leur camp.
Il n’est pas question que MG France assume ce désengagement des syndicats secteur 2.



Il faut un parcours de santé à tarif remboursable

 Quelle sera la sortie de cette affaire ? MG France estime que l’avenant 8 ne permettra pas de maîtriser les dépassements d’honoraires en dehors de quelques cas spectaculaires d’abus manifestes. Il faudra recourir à une autre stratégie, décrite par la Cour des Comptes : un parcours de santé à tarif remboursable. Cette stratégie a un sens politique. Elle permettrait d’améliorer réellement l’accès aux soins de tous. Alors qu’une valorisation de la « médecine de parcours » est aujourd’hui souhaitée par le gouvernement, cela permettrait que cette dernière soit mise en cohérence avec une politique de prise en charge de ce parcours par les assurances maladie obligatoire et complémentaires.

Cette stratégie comporte une obligation : remettre à plat la valeur des honoraires au regard des services rendus, en particulier pour les généralistes et ceux qui travaillent en bloc opératoire et en salle d’accouchement. Il appartient aujourd’hui au gouvernement  de demander à l’Assurance maladie d’ouvrir réellement ce chantier, en panne depuis 2005.