"SANTÉ & ENVIRONNEMENT"
Les
perturbateurs endocriniens quels risques pour demain ?
Ces substances
toxiques qui nous entourent…
Notre santé dépend
du bon fonctionnement de notre système endocrinien. Il régule la sécrétion
d’hormones essentielles au métabolisme, à la croissance, au développement, au
sommeil et à l’humeur…
Certaines substances,
connues sous le nom de perturbateurs endocriniens, viennent perturber une ou
plusieurs fonctions du système endocrinien et ainsi accroître le risque de
survenue de problèmes de santé.
Baisse de la fertilité
masculine, puberté précoce, malformations congénitales, cancers du sein,… autant
de troubles qui sont en nette augmentation ces dernières décennies.
Certains
perturbateurs endocriniens sont naturels tandis que d’autres synthétiques
sont présents dans les pesticides, les appareils électroniques, les
produits d’hygiène personnelle et les cosmétiques.
Certains additifs
alimentaires ou contaminants présents dans l’alimentation sont également
susceptibles de perturber le système endocrinien.
La santé
environnementale soulève des problématiques émergentes directement liées à notre
état de santé. Même s’il est encore extrêmement difficile de déterminer
exactement les causes et les effets, les pouvoirs publics devront définir des
priorités de recherche pour étudier les liens entre les perturbateurs
endocriniens chimiques et la santé et ainsi atténuer les risques. Il incombe
aussi à tous de protéger les générations futures.
Reportage vidéo*
de la table ronde « Santé et Environnement »
LE FLÉAU IMPALPABLE ET NUISIBLE
POUR LA SANTE " LES PERTURBATEURS ENDOCRINIENS "
CONFÉRENCE
SUR LES PERTURBATEURS ENDOCRINIENS AVEC MGEFI
*Reproduit avec
l’aimable autorisation.de Roger Bongos Rédacteur en chef du magazine en ligne " afriqueredaction.com" Un grand merci à lui
Pour en
débattre :
Animateur:
Jacques DRAUSSIN, Rédacteur en chef du
magazine « Bien Sûr Santé »
Intervenants:
Dr William VEZINET, Médecin inspecteur de
santé publique, ancien Conseiller technique à la direction de L’hospitalisation
et de l'organisation des soins
«Le principe
de précaution et les risques populationnels»;
Pr Robert BAROUKI, Directeur de l’Unité
UMR-S 747 Inserm-Université Paris Descartes "Toxicologie Pharmacologie et
Signalisation Cellulaire"
«Les
perturbateurs endocriniens: liens avec les pathologies et leurs modes
d’actions»
Léonora TREHEL, Présidente de la
mutualité française Ile de France
«Le contexte
et les enjeux en Ile-de-France, l’implication de la Mutualité Française»
Valérie DOMENEGHETTY, WECF Ile-de-France
Consultante en santé environnementale
«Les actions
du WECF: présentation des actions de sensibilisation à travers les
ateliers Nesting et MA maison MA santé »
Débat avec
la salle
RESUMES DES INTERVENTIONS
Dr William
VEZINET, Médecin inspecteur
de santé publique, ancien Conseiller technique à la direction de
L’hospitalisation et de l'organisation des soins
«Le principe de précaution et les risques populationnels»;
Texte de l'intervention disponible, sur simple demande, par mail à
nansellsalles@mgefi.fr
Pr Robert BAROUKI,
Directeur de
l’Unité UMR-S 747 Inserm-Université Paris Descartes "Toxicologie
Pharmacologie et Signalisation Cellulaire"
«Les perturbateurs endocriniens: liens avec les pathologies et
leurs modes d’actions»
Plusieurs
études épidémiologiques dont certaines portent sur un très grand nombre d’individus,
ont montré une corrélation entre un certain nombre de pathologies et la
présence dans le sang ou les urines de polluants ou de leurs métabolites.
Certains de ces polluants sont des perturbateurs endocriniens. Citons par
exemple, le Bisphénol A, les phtalates, et les polluants organiques persistants
comme les PCB et les dioxines. Cependant, les facteurs de risque retrouvés ne
sont pas très élevés et, par ailleurs, la plupart de ces études ne permettent
pas d’établir un lien de causalité, notamment parce que nous ne disposons en
général pas d’une estimation de la contamination passée.
Des travaux de toxicologie chez l’animal ou dans des
systèmes de cellules en culture permettent d’établir les mécanismes à l’origine
de la perturbation endocrinienne. Ainsi, les polluants interfèrent avec les
effets des hormones stéroïdes, des hormones thyroïdiennes, de l’insuline ou des
récepteurs impliqués dans des fonctions métaboliques comme les récepteurs PPAR
et AhR.
Des travaux récents indiquent que l’exposition fœtale à
certains agents perturbateurs endocriniens favorise l’apparition de pathologies
chez l’animal adulte. Ces données sont importantes et devraient faire l’objet
de travaux de recherche pour les consolider. Elles sont cohérentes avec les
nouveaux principes de toxicologie mettant en avant la vulnérabilité de certains
stades de développement ainsi que la vulnérabilité individuelle. Elles
indiquent que les PE pourraient modifier la programmation fœtale. Le
mécanisme le plus probable est un mécanisme épigénétique qui pourrait expliquer
aussi les effets transgénérationnels. Les effets du BPA et du tributyl étain
illustrent bien ces phénomènes.
Bien qu’il soit possible de faire une analyse critique de
chacun des travaux mentionnés, l’ensemble converge pour indiquer une
contribution probable de plusieurs perturbateurs endocriniens à des pathologies
humaines.
Léonora TREHEL, Présidente de la
mutualité française Ile de France
«Le contexte et les enjeux en Ile-de-France, l’implication de la
Mutualité Française»
Développer l’expertise en santé environnement et une
culture commune en Mutualité
- Sensibiliser et former les élus mutualistes, le
personnel des centres de santé mutualistes et des mutuelles (actions de
formations, séminaires, « matinales »)
- Mise en place d’un pool d’experts
Risques émergents
Perturbateurs endocriniens
- Sensibilisation et information au moyen d’une exposition
itinérante. La cible choisie est le grand public mais nous souhaitons aussi
sensibiliser à ce sujet les acteurs mutualistes et notamment le personnel des
centres de santé.
- Organisation d’ateliers « nesting » (en
partenariat avec le WECF) : actions pédagogiques pour protéger les femmes
enceintes et les jeunes enfants : il
s’agit d’ateliers pédagogiques, qui privilégient l’écoute bienveillante et une
approche pragmatique de l’environnement du jeune enfant et de la femme enceinte
(gestes de bonnes pratiques, choix des produits d’entretiens, matériaux de
décoration, jouets, cosmétiques, contenants alimentaires..)
-
Organisation d’ateliers « Ma
maison ma santé » (air
intérieur, produits d’entretiens,
cosmétiques, contenants alimentaires) également avec le WECF (auprès de centres sociaux,
d’ateliers santé ville, avec un volet santé communautaire )
- opération de Bio-Monitoring menée en partenariat avec
le Réseau Environnement Santé et l’Institut Mutualiste Montsouris. Il s’agit
d’une étude menée auprès de volontaires sains,
pour étudier l’imprégnation et la dés-imprégnation au bisphénol A et à
certains phtalates. Nous sommes actuellement dans l’organisation administrative
et logistique. Les prélèvements auront lieu au mois de juin, la première
communication de l’étude est pour septembre 2013.
Pesticides
- Réduire l’utilisation des pesticides pour les
jardiniers amateurs : conférences et ateliers pédagogiques, en partenariat avec
le réseau GRAINE IDF (association d’éducation à l’environnement et au
développement durable)
-
- Air intérieur / Santé Habitat
- Initier
la mise en place d’une réflexion et d’un groupe de travail régional pour
favoriser le recours au Conseiller Médical en Environnement Intérieur (CMEI)
-
Ateliers pédagogiques en lien avec l’utilisation de la mallette Justin
Peu d’Air (formation des publics-relais des ateliers Santé Ville, des
associations de quartiers, femmes-relais, avec un volet santé communautaire) ;
nous avons un financement de l’ARS pour ces actions Bruit
-
Poursuite du programme Peace &lobe (lutte contre les atteintes
auditives liées à l’écoute des musiques amplifiées chez les jeunes)
-
Participation à la Journée Nationale de l’Audition (dépistage)
Genèse du
projet : une volonté de travailler sur la santé environnement et la santé au
travail
L’Union Régionale Ile-de-France de la Mutualité
Française, créée en octobre 2009, a établit dans sa programmation 2012-2014 la
santé environnement (incluant la santé au travail), comme axe stratégique.
La politique de prévention et de promotion de la santé
de la MUFIF s’inscrit dans la réponse à la fois aux enjeux de santé du
territoire (priorités régionales de santé publique), aux orientations fédérales
mutualistes, et aux attentes des mutuelles adhérentes.
Parmi les priorités régionales, on note la « volonté de la MUFIF d’œuvrer sur les
inégalités sociales de santé et de développer des actions en raison de leur
caractère novateur » .De plus, « en IDF, le déficit d’actions en santé
environnement a été remarqué lors de l’analyse des actions financées par le
GRSP en 2009 alors que le poids des risques environnementaux est incontestable
en IDF »
Un positionnement sur la santé environnement
répondrait donc à la volonté de :
- « renforcer
la place de la MUFIF en tant qu’acteur régional majeur de santé publique ».
-
réaliser des actions «
innovantes »
-
d’inscrire « la prévention comme un vecteur d’intervention mutualiste
incontournable pour agir sur les déterminants de santé en IDF. »
Un territoire polymorphe…
L’Île-de-France est
un territoire de fortes disparités et inégalités.
Elle se caractérise par sa forte hétérogénéité. C’est en effet un territoire multiforme, avec des
départements à forte densité de population, présentant un habitat ancien, voire
indigne, et des zones moins denses, où l’agriculture domine (Seine-et-Marne).
Le territoire présente de nombreuses inégalités, inégalités sociaux-économiques, dont les
inégalités territoriales de soins et de santé (ITSS). Une étude met ainsi en
exergue la différence de mortalité de part et d’autre du RER B.
Région capitale, comprenant près de 12 millions
d’habitants et de nombreuses activités tertiaires (sièges d’entreprises…), la
région est ceinturée de nombreuses infrastructures de transports (terrestres et
aériens). Si la présence industrielle décline, les questions relatives aux
anciennes exploitations (sols contaminés) se posent. Le territoire est
également une zone d’agriculture céréalière intensive (Brie).
…Siège de multi-expositions en termes de santé
environnementale
Cela se traduit, en termes de santé publique, par la
présence de nombreux facteurs de risques environnementaux, auxquels sont
particulièrement exposées les populations les plus démunies (logement dans un
habitat insalubre, à proximité des couloirs aériens et infrastructures
routières, des friches industrielles…)
Les thématiques
Le schéma représentant l’ensemble des activités
impactant la santé environnement,
s’applique au territoire de l’Île-de-France. D’après les études (voir
bibliographie) les points de vigilance les plus implorants sont :
- La
qualité de l’air (extérieur et intérieur)
- Le
bruit
- La
qualité de l’eau
- La
qualité du sol et les risques émergents
L ‘ensemble des activités du territoire est donc
concerné : agricoles, tertiaires, industrielles et résidentielles tertiaires.
Qualité de l’air et santé
La qualité de l’air figure parmi les préoccupations
les plus étayées et les plus anciennes en termes de santé publique. Trois
grandes études épidémiologiques ont mis en évidence les liens entre pollution
atmosphérique en France, mortalité et morbidité .Si les effets longs termes et
les mélanges de polluants sont mal connus, la dangerosité de certains polluants
est aujourd’hui connue.
Liens entre santé et habitat
Nous passons plus de 82% de notre journée dans des
espaces clos (maison, bureau, transports). La qualité de l’air intérieur est
complexe à appréhender, du fait des
multiples polluants présents, provenant à la fois de sources extérieures mais
aussi de l’habitat. Les risques sanitaires majeurs associés à l’habitat sont,
l’aggravation des symptômes liés aux maladies respiratoires, saturnisme, et l’intoxication au monoxyde
d’azote.
Saturnisme
Le risque saturnin est lié à la présence de plomb
(peintures) dans l’habitat ancien. Il touche les enfants qui sont contaminés
par l’ingestion du plomb (quand ils mettent leur main à leur bouche après avoir
touché les peintures). Le saturnisme est
une réalité francilienne qui fait l’objet d’une priorité régionale.
Monoxyde d’azote
Les intoxications au monoxyde d’azote représentent la
première cause de mortalité toxique accidentelle en Île-de-France Elles sont
dues à l’utilisation de chauffages d’appoints, dont la maintenance est
défaillante.
Maladies respiratoires
Depuis 1968 le nombre d’asthmatiques chez les jeunes âgés de 20 à 24 ans résidant
à Paris a été multiplié par quatre. L’asthme touche plus de 3 millions de
personnes en France (5 à 10% des enfants sont touchés en France) [38]. Cette
maladie est responsable, chaque année, de plus de 2000 décès par an, de 600 000
journées d’hospitalisation et génère plus d’un milliard d’euros de dépenses de
santé
« La qualité de
l'air à l'intérieur et à l'extérieur contribue grandement à l'aggravation des
symptômes liés aux maladies respiratoires » En effet certains polluants ont pour effet
d’aggraver l’asthme, les allergies et
les bronchites. Si la fumée de tabac
reste le premier polluant de la maison, les moisissures, liées à l’humidité de l’habitat (induite par
la structure du bâti et/ ou le manque d’aération) constituent un grand sujet de
préoccupations sanitaires
Perturbateurs endocriniens
Les perturbateurs endocriniens sont des substances
(issues de la chimie, comme le bisphénol A ou les phtalates, ou des matériaux
présents à l’état naturel : plomb, mercure) qui peuvent modifier le
comportement de nos hormones et être des facteurs de risques dans le
développement de pathologies chroniques :
Exemple pour le bisphénol A :
-
troubles de la fertilité, pathologies cardio-vasculaires, lipogenèse
(ANSES)
- effet
cocarcinogène possible (Académie de médecine)
La FNMF s’est positionnée en faveur de l’adoption du
principe de précaution.
Modes de contamination
Les modes de contamination de ces substances sont mal
connus. On retrouve notamment les phtalates et le bisphénol dans de nombreux
produits de la vie courante (plastiques, contenants alimentaires, produits
d’entretiens, cosmétiques, jouets CD…) mais aussi dans le matériel médical
(tubulures) et dentaire (ciments dentaires).
Exposition
La période d’exposition la plus critique à ces
substances serait l’embryogenèse et la petite enfance. Les effets de ces
substances sont suspectés être transgénérationels ou épigénétiques,
c’est-à-dire que susceptibles de se transmettre à plus de sept générations
successives. D’autre part la relation dose-effet traditionnelle en toxicologie
selon laquelle « la dose fait le poison » (Paracelse), ne s’appliquerait pas ;
Ainsi même une faible dose pendant la fenêtre d’exposition critique
constituerait un risque.
Valérie DOMENEGHETTY, WECF
Ile-de-France Consultante en santé environnementale
«Les
actions du WECF: présentation des actions de sensibilisation à
travers les ateliers Nesting et MA maison MA santé »
WECF est un réseau créé en 1994, dans la dynamique du
Sommet pour la Terre de Rio, qui réunit 150 organisations féminines
environnementales dans 40 pays d’Europe. WECF met en oeuvre des projets à
l’échelle locale, et plaide au niveau mondial pour des politiques de
développement soutenables.
Nous portons la voix des femmes pour une transition
écologique, auprès des décideurs politiques et économiques, sur les plans
local, national, et international.
Nous avons à coeur de promouvoir la participation
citoyenne et la parité hommefemme, à travers nos pôles d’actions :
‐ l’eau et l’assainissement
‐ l’énergie et le climat
‐ l’agriculture et la biodiversité
‐ les produits chimiques et la santé Les droits et le
genre sont des thèmes transverses à toutes nos actions.
En France, WECF est devenu un acteur incontournable de
la santé environnementale, notamment grâce aux travaux menés depuis 2008 autour
de la protection de la femme enceinte et des jeunes enfants.
Nesting ‐ Comment créer un environnement intérieur sain pour
son enfant
plate‐forme internet (15 000 visites / mois)
‐ ateliers d'éducation à la santé environnementale pour
les futures mamans (env. 1200 bénéficiaires)
‐ sessions de formations pour les professionnels de la
santé et de la petite enfance (80 bénéf.)
‐ publication de guides thématiques diffusés à plus de
20 000 exemplaires
‐ Comité d'Expert‐est validant les contenus et les grandes orientations du projet
‐ Colloque annuel sur les jouets et substances
chimiques préoccupantes.
MA maison MA santé ‐ un nouveau programme pédagogique pour se réapproprier
sa santé au quotidien et consommer responsable.
Il se décline en une série d’ateliers pratiques et
ludiques, centrés chacun sur une problématique : les produits d’entretien,
l’ameublement et la décoration, les aliments et leurs contenants, les jouets,
les cosmétiques. Ce programme s’adresse à tous les publics.
WECF France initie également des projets dans le
domaine de l’agriculture
Depuis 2010, WECF France poursuit un projet transfrontalier
(Haute‐Savoie, Ain, Canton de Genève)
pour promouvoir l’Agriculture Durable de Proximité sur
le bassin lémanique. Cette initiative réunit de
nombreux acteurs français et suisses: producteurs ‐trices, AMAP, organisations professionnelles, des lycées
agricoles et une école suisse de paysagisme et agronomie, autorités locales et
régionales, associations, réseaux, citoyens engagés.
Lancement d’une couveuse d’activités agricoles, dont l’objectif
est de permettre à des porteurs et porteuses de projets en maraichage ou petit
élevage et polyculture de tester leur activité en grandeur nature en
bénéficiant d’un accompagnement sécurisé sur le plan financier et juridique.
WECF a contribué au lancement en 2011 d’un réseau de
femmes actives en milieu rural dans la Région Rhône Alpes. Des parcours de
femmes du milieu rural sont valorisés à travers un livre et une exposition.
Un grand merci à Jacques DRAUSSIN qui pour la 6ème année a animé la table ronde de clôture de l’Assemblée générale
locale IDF de la MGEFI
Vous pouvez
suivre tout au long de l’année la Griffe de Jacques DAUSSIN en vous abonnant gratuitement à sa Lettre sur www.biensur-sante.com
Retrouvez son
magazine gratuit « Bien sûr santé » dans le cabinet de votre généraliste ou en ligne.
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