EDITO
Burn-out :
over dose
Dans
Les Tontons flingueurs, l'inoubliable
Jean Lefebvre évoquait déjà en 1963 le drame des « nervousse-break-dônes » en
environnement hostile. Entre le scénario 2015 du projet de loi Rebsamen, amendé
par Benoit Hamon, et le film de Georges Lautner, dialogué par Michel Audiard, un
esprit peu au fait des réalités du dialogue social pourrait tenter d'établir un
parallèle hardi.
Certes,
le nom de la pathologie a plusieurs fois changé et il s'agit désormais, non
seulement de parler de « burn-out » mais de faire reconnaître cette forme de
dépression comme maladie professionnelle à part entière.
Il
n'est évidemment pas question de nier que la pression, voire le harcèlement,
subis au bureau ou à l'usine peuvent conduire à des situations de grave détresse
psychologique et on est tenté d'adhérer sans réserve à une initiative qui
permettrait de lutter contre les conséquences d'abus que chacun, dans sa propre
vie ou son proche entourage, a pu constater.
Alors,
faut-il légiférer ? Sans doute, à condition de s'appuyer sur d'autres études
qu'un sondage réalisé en ligne sur 1 000 personnes et rendu public en janvier
dernier qui prétend que « un salarié sur deux est confronté au
burn-out ».
La
Dares, le département études et statistiques du ministère du Travail, reconnaît
volontiers qu'aucun chiffre n'est disponible sur le sujet, ne serait-ce que
parce qu'il n'existe pour l'instant aucune définition scientifique du
burn-out...
Pour
y remédier, une vaste enquête sur les risques psychosociaux professionnels doit
être lancée en 2016 avec l'Insee.
Peut-être serait-il opportun d'attendre que les 25 000 entretiens prévus en face
à face soient réalisés et analysés avant de faire supporter aux entreprises le
coût de nervousse-break-dônes dont elles ne sont pas obligatoirement
responsables.
« C'est
dur d'être aimé par des cons » regrettait Mahomet du temps de Charlie Hebdo. Ce
n'est pas toujours facile d'être défendu par la gauche quand on est salarié. Et
ce n'est pas toujours facile d'être socialiste quand on est de
gauche.
Jacques
DRAUSSIN