Quand le jeu n’est plus un jeu : vers qui se tourner si un de ses
proches est accro aux jeux ? A quel moment,
peut-on se considérer comme un joueur à risque ? Pour le joueur
occasionnel ou le joueur excessif1, pour
l’entourage ou pour soi-même, les jeux de hasard suscitent de nombreuses
questions. Si en France, un peu plus
d’une personne sur cinq joue régulièrement dans l’année, plus de 48 %
des Français entre 18 et 75 ans déclarent
avoir joué de l’argent selon le Baromètre santé Inpes 20102. Impact financier, isolement, tendances suicidaires…
les conséquences d’une pratique excessive du jeu peuvent être graves, et
parfois accentuées par la présence
d’autres addictions. C’est un sujet de préoccupation des pouvoirs
publics. Aussi, ADALIS (Addictions Drogues
Alcool Info Service) et l’Inpes lancent un nouveau portail interactif d’information
et d’aide personnalisée sur les
jeux liés à l’argent.
Addiction aux jeux : les hommes plus concernés que les femmes
Jouer est en général un loisir, une passion, une source d’excitation ou
de détente. Mais avec les jeux d’argent et de
hasard, quand le rythme s’accélère, quand on commence à perdre des
sommes importantes, on peut se demander si le
jeu reste un loisir ou s’il devient un problème voire une dépendance. En
France, selon les résultats du Baromètre santé
Inpes 2010, on peut estimer que 0,9 % des individus (400 000 personnes)
présentent un risque modéré et que 0,4 % sont
des joueurs excessifs (200 000 personnes), soit 1,3 % de joueurs dits
problématiques.
Le jeu excessif se retrouve plus souvent chez les moins de 34 ans et les
personnes ayant de faibles revenus. En France,
76 % des joueurs excessifs sont des hommes, 84 % ont entre 25 et 54 ans,
58 % déclarent un revenu mensuel
inférieur à 1 100 euros et la grande majorité vit en ville. Les montants
joués augmentent fortement avec le niveau de
risque du joueur. La part de joueurs misant plus de 1500 euros par an
concerne 3 % des joueurs sans problème, 10% des
joueurs à risque faible3, 23 %
des joueurs à risque modéré pour atteindre 48 % des joueurs excessifs.
Internet change la donne pour les joueurs
En France, la loi du 12 mai 2010 a ouvert et organisé le jeu d’argent et
de hasard sur Internet. Neuf mois après, l’offre
légale de jeu sur Internet a généré 2,6 millions de comptes de joueurs
actifs4 et 595 millions d’euros de mises (ARJEL
2011). Selon le Baromètre santé Inpes 2010, réalisé juste avant la
légalisation des jeux sur Internet, un peu moins d’un
joueur actif sur dix (9,1 %) déclarait s’y être adonné. Ces joueurs
actifs en ligne au moment de l’enquête étaient âgés de
moins de 35 ans (45,1 %) pour près de la moitié d’entre eux, et étaient
huit fois sur 10 des hommes (81,6 %). L’étude
constate que les jeux sur Internet sont plus fréquemment pratiqués par
les joueurs excessifs. Ainsi, ces derniers
déclarent y jouer en moyenne 179 fois par an contre 90 pour les joueurs
à faibles risques ou 70 pour les joueurs à
risques modérés.
Le constat d’un réel besoin d’information et de conseils pour les
joueurs et l’entourage
Jouer, s’isoler des autres, rejouer en pensant récupérer sa mise… Plus
la dépendance aux jeux s’installe, plus elle a
d’impact sur la vie des joueurs et celle de leur entourage. Les
conséquences sont diverses et les solutions pas toujours
évidentes. Vers qui se tourner ? La ligne d’écoute téléphonique «
Joueurs Info Service » (09 74 75 13 13, appel non
surtaxé) a été créée dans le but d’apporter une aide à ces personnes.
Depuis sa création en juin 2010, elle a déjà
traité plus de 32 000 appels.
En 2011, 69 % des joueurs et près de la moitié de l’entourage appelant
étaient âgés entre 20 et 49 ans. La majorité
des appels des proches provient du conjoint(e) (38 %) et des parents (26
%).
Le motif des appels est varié : 43 % des joueurs abordent leur pratique
de jeux, 36 % questionnent sur les modalités de
l’arrêt. Les aspects sociaux, essentiellement liés aux problèmes
financiers viennent en 3ème position avec 20 % des
appels. Pour l’entourage le premier besoin est celui de parler de la
pratique du jeu de leur proche, savoir quelle
attitude adopter, comment faire face au déni éventuel, agir avant le
pire. Ces problématiques représentent 71 %
des appels. Les aspects relationnels sont aussi une thématique beaucoup
plus exprimée par l’entourage que par les
joueurs avec 51 % des appels contre 14% pour les joueurs.
1 Joueur excessif : joueur répondant à des critères
indiquant qu’il est en grande difficulté par rapport à sa conduite de jeu.
2 Source Baromètre santé Inpes 2010
3 Joueur à risque faible : joueur ayant peu de chance de
se trouver en difficulté par rapport à sa conduite de jeu
4 Joueur actif : a joué au moins 52 fois et/ ou a misé
au moins 500 euros au cours des 12 derniers mois.
Joueurs Info Service : une aide personnalisée et une entraide
interactives pour les joueurs et l’entourage
L’Inpes et ADALIS lancent un nouveau site à destination des joueurs et
de leur entourage, en complément de la ligne
d’écoute Joueurs Info Service. Car avec l’autorisation des jeux en ligne
sur Internet, il est aussi important de pouvoir être
au plus proche des joueurs en ligne. « Aujourd’hui, un dispositif d’aide
à distance ne peut en effet se concevoir sans son
volet internet. Il nous faut diffuser de l’information et proposer notre
aide via ce média prédominant, et ainsi toucher un
public qui ne téléphone pas facilement et se sent plus à l’aise avec l’échange
en ligne » explique Véronique Bony,
directrice
générale d’ADALIS.
Le contenu du site a été rédigé dans le but de répondre aux
questions que se posent les joueurs et leur entourage.
Comment limiter ma pratique de jeu ? Comment gérer mes
problèmes d’argent ? Comment préserver mes finances ?
Que faire pour l’aider ? Le site délivre des conseils pratiques
et juridiques, et oriente les internautes vers des
professionnels à l’aide d’un annuaire de 3 000 structures
spécialisées en addictologie. « Les jeux de hasard peuvent
donner lieu à une vraie addiction et nécessitent à ce titre un
dispositif de soutien tout comme les autres drogues. Les
joueurs sont nombreux à se poser des questions, sur leur
pratique du jeu, certains sont dans des situations
économiques ou sociales critiques : ils ont vidé leur compte
en banque, hypothéqué leur maison… » commente le Dr
Thanh
Le Luong, directrice générale de l’Inpes.
Un site dédié à tous
Le site s’adresse aux joueurs, à l’entourage et à toute personne ayant
des questions sur l’addiction aux jeux. A travers ses
différentes rubriques, le site aide à comprendre l’univers du jeu, sa
définition, ses mécanismes. Il apporte un éclairage sur
l’attraction qu’exerce les jeux d’argent et de hasard. Pour les joueurs
et l’entourage, le site aborde les problématiques
qu’ils peuvent rencontrer et propose un moteur de recherche permettant
de trouver la structure adaptée à leur besoin
dans leur département : suivi individuel, groupe de paroles, soutien de
l’entourage sont ainsi proposés dans certains
Centres de Soins d'Accompagnement et de Prévention en Addictologie
(CSAPA) formés à la prise en charge de la
dépendance au jeu.
Un site à vocation interactive centré sur l’aide
Au-delà de sa vocation informative, Joueurs Info Service propose une
véritable aide personnalisée aux Internautes.
A travers la rubrique « vos questions, nos réponses », le module de chat
individuel et le service de rappel via Internet,
chaque internaute peut obtenir une réponse personnalisée à ses questions
et échanger en privé avec un écoutant de la
ligne Joueurs info service.
La mise à disposition d’espaces publics de discussion tels que les
forums ou les chats collectifs et la possibilité de
déposer un témoignage ou de contribuer aux contenus du site en proposant
un article, un thème de chat collectif, un fil de
discussion ou en réagissant aux contributions des autres internautes
valorisent l’expérience, les connaissances et les
savoirs faire des internautes.
Si le site est avant tout centré sur l’aide, il permet aussi à l’internaute
d’être acteur et de favoriser l’entraide.
Pour voir le site : www.joueurs-info-service.fr