Le secteur des produits d’automédication
ne représente en France, en 2011, que 6,4% du marché des médicaments contre une
moyenne de 10,4% dans les pays membres de l’Union Européenne, classant notre
pays en avant-dernière position des pays européens[1]. Dans le contexte actuel de réduction
des dépenses de santé, de désertification médicale croissante, d’engorgement
des services d’urgence et de surcharge de travail des professionnels de santé,
l’Afipa (Association française de l’industrie pharmaceutique pour une automédication
responsable) a souhaité approfondir la réflexion sur l’intérêt potentiel d’un développement
de l’automédication dans notre pays.
C’est dans cette perspective que
l’Afipa a demandé à Celtipharm[2] de déterminer
l’impact de l’automédication sur le système de soins français[3]. Deux projections réalisées
suite à l’étude Celtipharm effectuée auprès de médecins généralistes et d’autres
professionnels de santé indiquent qu’une réduction de l’automédication, en
France, augmenterait le nombre de consultations des médecins généralistes et
des services de médecine d’urgences ; tandis qu’un essor de l’automédication
allègerait le nombre de consultations ainsi que le nombre d’admissions aux
urgences.
Une réduction de l’automédication
: vers une saturation du système de soins
Si par hypothèse, 10% des actes d’automédication
repassaient en consultation, le médecin généraliste verrait un accroissement de
son activité de 15,6 consultations par semaine, soit 5h45 par semaine
uniquement pour les consultations de patients[3].La
projection effectuée dans ce cas de figure par l’étude indique une augmentation
des consultations des médecins généralistes de l’ordre de 45 millions par an.
Cette hausse de consultations des médecins généralistes
semble impossible à absorber. En effet, les résultats de l’étude
Celtipharm/Afipa³ basées sur les déclarations de 250 médecins généralistes révèlent
que 49% d’entre eux n’arrivent pas à prendre de patients en consultation par
manque de disponibilité. Résultats : 11% d’entre eux orientent leurs patients
vers un service de médecine d’urgence[3].
71 personnels des services de médecine d’urgence interrogés déclarent qu’aujourd’hui 28% des
consultations[3] (soit 4,2
millions de consultations par an) seraient effectuées parce que les patients n’auraient
pas réussi à avoir un rendez-vous suffisamment rapidement chez le médecin généraliste.
Ils déclarent par ailleurs que les urgences tournent actuellement à 108% de
leurs capacités. Une réduction de l’automédication augmenterait le nombre de
consultations et conduirait à une saturation du système de soins en France.
[1]AESGP and AESGP National
Associations 2011.
[2] CELTIPHARM est une société d’ingénierie
études-marketing- ventes. Elle conçoit des programmes pour l’ensemble des
acteurs de la chaîne de santé (laboratoires, régulateurs, payeurs,
professionnels de santé).
[3] Etude Celtipharm/Afipa, “l’impact del’automédication sur l’offres
de soins”, 17 au 21 septembre 2012 – échantillon de 250 médecins généralistes,
71 personnels des services de médecine d’urgences et de 969 individus qui sont
allés chez le médecin généraliste entre septembre 2011 et septembre 2012.
Un essor de l’automédication :
vers une meilleure régulation du système de soins
Celtipharm a réalisé pour l’Afipa
une deuxième projection où 29 principes actifs correspondant à 15 indications bénignes
(RGO, migraine, fièvre, rhinite allergique, otite externe, candidose
vulvo-vaginale…) seraient accessibles en automédication, par le biais du délistage.
Les résultats indiquent que les médecins généralistes gagneraient, en moyenne
17 consultations par semaine, soit 49 millions de consultations sur l’année.
Selon l’Afipa, ce gain de temps
permettrait, entre autres, aux médecins généralistes d’accorder plus de temps à
ses patients et de récupérer des consultations sur les 4,2 millions effectués
aux urgences concernant les patients n’ayant pas pu avoir de rendez-vous
suffisamment rapidement chez un médecin généraliste.
Le développement de l’automédication
: un potentiel d’économies pour la collectivité
Au-delà du fait que l’automédication
est un des facteurs de régulation possibles du système de soins français, elle
est également source d’économies potentielles pour la collectivité. Pour
rappel, la précédente étude réalisée par Celtipharm pour l’Afipa révélait que l’essor
de l’automédication, en France, par délistage partiel[4] conduirait
à 181,9 millions d’euros d’économies substantielles sur les consultations pour
la sécurité sociale[5]. En cas
de délistage complet[6], les économiesréalisées
sur les consultations pour la collectivité s’élèveraient à 742,7 millions d’euros.
« Le dernier PLFSS a prévu 530 millions d’euros d’économies
sur les médicaments, c’est sensiblement du même ordre de grandeur que les économies
générées pour la collectivité par l’essor de l’automédication. L’automédication
est donc un des moyens d’améliorer le système de soins français et de faire des
économies » déclare Pascal Brossard, Président de l’Afipa.
L’AFIPA est l’association
professionnelle qui représente les industriels du médicament d’automédication
dont les membres sont : Abbott, Almirall, Bayer Santé Familiale, Boehringer
Ingelheim, Boiron, Bouchara-Recordati, Bristol Myers Squibb - UPSA Conseil,
Cephalon, Cooper, Dermophil Indien, Diepharmex, Expanscience, Galderma,
Genevrier, Gifrer Barbezat, GSK SGP, Hepatoum, Johnson & Johnson Santé
Beauté France, Labcatal, Lehning, Mayoly-Spindler, Merck Médication Familiale,
Negima Lerads, Novartis Santé Familiale, Nutrition et Santé, Omega Pharma,
Pfizer Santé Familiale, Procter & Gamble Pharmaceuticals FR, Reckitt
Benckiser, Rottapharm Madaus, Sanofi Aventis, Semes S.A, Stiefel, Tonipharm,
Urgo, Weleda, Zambon France.
www.afipa.org
Automédication : L’automédication consiste
pour les individus à soigner leurs maladies grâce à des médicaments autorisés,
accessibles sans ordonnance, sûrs et efficaces dans les conditions d’utilisation
indiquées (définition OMS 2000).
[4] Passage de statut de médicament de Prescription MédicaleObligatoire
(PMO) à celui de Prescription Médicale Facultative (PMF)
[5]Etude Celtipharm/Afipa “ Mesure
d’un possibledéveloppement de l’automédication en France et économies pour la
collectivité » - 11 mai 2012 - délistage de 114 molécules non délistées en
France.
[6]Le délistage
est accompagné d’undéremboursement (si la prescription ouvrait le droit au
remboursement)
En savoir plus : www.afipa.org