Nora ANSELL-SALLES

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samedi 6 janvier 2024

Réseaux sociaux : 2024, année du harcèlement ou de la bienveillance ?


Depuis plusieurs jours, c’est une véritable folie qui s’est emparée de la toile. La nouvelle Miss France 2024 fait l’objet d’une  campagne de dénigrement de la part d’une partie du public francophone sur les réseaux sociaux. Les reproches sont multiples, infondées ou relèvent de considérations purement subjectives. Cette situation est révélatrice de la mauvaise pente sur laquelle glisse la société française  en matière de valeurs, une défaite de la bienveillance au profit de l’aigreur allant jusqu’à une certaine animosité. Il serait  temps que chacun mène une véritable introspection et que 2024 soit l’année d’une plus grande mansuétude sur la place publique. La critique ne doit pas virer au harcèlement. 

 

Miss France 2024, Eve Gilles, nouvellement couronnée se retrouve sous les feux nourris de critiques voire d’injures et commentaires désobligeants divers et variés. La jeune femme âgée de tout juste vingt ans, aux cheveux courts (sic !), une information semble-t-il essentielle aux yeux de certains est étudiante en licence de mathématiques. La victoire de la jeune femme au concours national français de beauté semble avoir troublé un certain nombre d’individus.  Il serait fastidieux de dresser une cartographie des griefs mis en avant par ces derniers. Citons pêle-mêle : attaques sur l’aspect physique et les mensurations jugées pas assez féminines, reproches liés à une coupe de cheveux « dite garçon », préférences pour une autre candidate liées à ses origines ethniques, style d’élocution… Tout est matière à un déversement de messages insultants et grossiers.

Les mauvaises langues profitent de l’anonymat des réseaux sociaux pour publier des invectives assassines et blessantes. Il est vrai que la nature humaine est complexe, et que les nouvelles technologies sont de nouveaux outils mis à la disposition des « amateurs de lettres anonymes » et des « apprentis-corbeau ». Il convient de se demander si le stade de la simple critique et de la mauvaise foi n’a pas été largement dépassé pour entrer dans un phénomène de harcèlement tous azimuts visant à démolir la jeune femme  gratuitement. Un phénomène devenu un exutoire aux multiples frustrations d’une société mondialisée, psychologiquement fragile et frustrée.



Le harcèlement scolaire : quand des enfants briment des enfants

A Poissy en France, il y a quelques mois un jeune garçon, Nicolas a fini par se suicider vraisemblablement pris au piège du harcèlement.

Ce drame a poussé le ministre de l’Education nationale a s’emparer du sujet en lançant un plan de lutte au niveau national. Plusieurs collectivités territoriales françaises ont décidé également de s’impliquer dans ce combat avec leurs moyens.

Attardons-nous sur la notion de harcèlement et ce qu’elle englobe.

Le harcèlement au niveau scolaire est défini commune violence répétée qui peut être verbale, physique ou psychologique. À l’école, le harcèlement est le fait d’un ou de plusieurs élèves qui se fondent sur le rejet de la différence et sur la stigmatisation de certaines caractéristiques d’une personne qui ne peut se défendre.

Le phénomène repose  sur le rejet de la différence et sur la stigmatisation de certaines particularités: l’apparence physique (poids, taille, couleur ou type de cheveux) ; le sexe ; l’identité de genre (garçon jugé trop efféminé, fille jugée trop masculine, etc.), l’orientation sexuelle ou supposée ; un handicap (physique, psychique ou mental) ; un trouble de la communication qui affecte la parole ; l’appartenance à un groupe social ou culturel particulier ; des centres d’intérêts différents…

A la lecture de ces éléments, il est légitime de s’interroger, la douloureuse épreuve vécue par la jeune Miss France 2024 ne relève-t-elle pas tout simplement de harcèlement ?



Harcèlement en société : quand la foule cloue au pilori un des siens

L’observation des commentaires sur les réseaux sociaux et plus généralement Internet concernant Miss France 2024 est déroutante. Là, où d’habitude, les commentaires proviennent de profils, non identifiables et anonymisés, ici la parole se libère et les individus semblent pour un certain nombre utiliser leur identité véritable.

Étonnamment les profils féminins de toutes origines, sont nombreux à être impliqués dans cette stigmatisation irrationnelle. Le combat féministe disparaît au profit des réalités inhérentes à la nature humaine laissant paraître de façon sous-jacente jalousie et envie. Les personnes âgées ou censées être plus « mûres » et normalement plus sages ne sont pas en reste. Une « coupe dite garçon » semble être pour certaines d’entre elles la pire des injures à l’idéal de beauté attribuée à la fonction de Miss France. Les jugements nuancés ne sont pas légions. On a comme l’impression d’une perte de valeurs de base à la vie en commun et à la vie citoyenne en société.

La crise de la Covid-19, nous avait précédemment ouvert les yeux,  mettant en lumière un certain nombre d’individus   extrêmement virulents et mettant en avant leurs certitudes et leurs croyances personnels.

Comment une société dont une partie des adultes, se livrent à des activités de harcèlement sans motif rationnel (si tenté qu’il en existe) peut-elle combattre les phénomènes de harcèlement qui détruisent psychologiquement ses enfants, ses adolescents et une partie de sa jeunesse ? 

Pensons-nous sérieusement qu’une jeune fille de 20 ans puisse mérite un tel traitement à la limite de la persécution ? Aimerions-nous qu’un de nos proches soient victimes d’une telle vindicte populaire ?

C’est tout comme si la gangrène du harcèlement avait gagné la toile, passant d’une victime à une autre, il faudra impérativement lutter contre ce phénomène pour aller vers une humanité de la bienveillance et de la fraternité dans un monde aux enjeux beaucoup plus inquiétants  et dangereux.  


mercredi 12 avril 2023

Le « Stand-up » : nouveau fer de lance de la culture Francophone ?

Gilles DJEYARAMANE 
Photo mise en avant dans l’exposition « Les visages de la Francophonie » à la mairie du 20e


Alors que le mois de mars dit « mois de la Francophonie » s’est achevé, sans effervescence particulière en France, notre pays accuse une baisse de sa production cinématographique depuis plusieurs mois. À contre-pied, le secteur du spectacle humoristique en langue française semble « tirer son épingle du jeu ». Au stade d’en devenir une locomotive ?

Selon une étude du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), 287 films ont été mis en production en 2022 en France, soit une quinzaine de moins qu’en 2019. De plus, depuis la crise du Covid-19 la domination des réalisations Coréennes, Espagnoles et Américaines sur les plateformes, telles que Netflix, est sans partage.
Dans ce contexte, seul le secteur de l’humour- et du « stand up » en particulier- semble surnager. Il est vrai que cet art traverse tout la Francophonie et dispose d’un marché potentiel de plus de 300 millions de personnes. Car si la Francophonie s’exprime sous de multiples aspects, l’humour est certainement une de ses expressions les plus populaires et partagées.
 
Les festivals : révélateurs de talents  
Trois festivals de langue française sont devenus incontournables. Si chacun présente ses spécificités, ils contribuent à un partage qui transcende les cultures, les religions et les coutumes. Ces rendez-vous de l’humour Francophone sont devenus un passage incontournable pour les artistes désireux de se frayer un chemin dans l’univers « de plus en plus concurrentiel du stand-up ».
En tête, le Marrakech du rire, festival international annuel d'humour qui se tient au Maroc. Créé par l'humoriste Jamel Debbouze, il est traditionnellement diffusé chaque année sur la chaîne de télévision française M6. Evénement d’envergure, son coût d’organisation est estimé à 3 millions d’euros dont 200 000 euros seraient directement pris en charge par son créateur chaque année.
Deuxièmement, le Parlement du rire, très prisé des diasporas sub-sahariennes en Europe, est une émission diffusée sur Canal+ Afrique. Il constitue une des fiertés de la capitale économique Ivoirienne, Abidjan. Le Nigérien Mamane, y tient le rôle du président du parlement, accompagné de trois vice-présidents : Digbeu Cravate, Charlotte Ntamack et Michel Gohou. Les parlementaires sont joués par différents humoristes Francophones, les plus talentueux du continent africain. Un discours marqué par une véritable liberté en matière de contenu éditorial et une irrévérence certaine.
Enfin, un grand quotidien français du soir rappelle que « chaque année, début décembre, une bonne partie de la scène humoristique française a un rituel : migrer en Suisse. » pour se rendre au festival Montreux Comedy.

Les pépites Francophones
C’est de ce véritable bouillon de culture de l’humour Francophone qu’émergent, depuis deux décennies environ, des dizaines d’artistes dans le champ du « stand up » notamment. Ils sont issus de

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toutes les couches de la population française, aussi bien des quartiers aisés que populaires mais aussi de tout l’espace Francophone. Des humoristes aux styles différents qui font preuve d’une réelle créativité dynamisant le secteur.
En France et en Europe, on citera pêle-mêle Fabrice Eboué, Thomas Ngijol, Radouane Bougheraba, Malik Benthala, Issa Doumbia, Fary, Paul Mirabel, Claudia Tagbo, Haroun, Kody, Rodman et Nénette ou encore Nawell Madani… L’Afrique Francophone n’est pas en reste avec Amine, Patson, Michel Gohou ou Agalawal…
Par ailleurs, on notera que chacune des apparitions des artistes sur scène notamment dans ces festivals incontournables fait l’objet de retransmissions et de reprises sur les réseaux sociaux (Facebook, YouTube, etc.) décuplant leur visibilité à l’échelle internationale. Ainsi « Paul Mirabel aurait cumulé, en 2020, quelques dix-huit millions de vues avec son sketch « Je me suis fait racketter » ». Une notoriété qui lui a ouvert les portes des nombreuses salles de spectacle et de la radio France Inter où il officie désormais régulièrement.
Nul ne pourra contester face à cette ébullition artistique, que l’humour par les valeurs qu’il peut colporter et les joies qu’il procure contribue à la diffusion d’un état d’esprit fraternel dans nos territoires en partage avec tous les peuples Francophones même lointains. Par là même, il participe à préserver une lueur d’espoir à un renouveau d’une certaine production culturelle  française. 
Gilles DJEYARAMANE 
En savoir plus sur l'auteur
Gilles DJEYARAMANE s'interesse à la Francophonie et l'humour. Il a décidé  de décliner le sujet sous différents angles. Un premier texte est paru dans France Guyane. Le texte ci-dessus est le second.  Il pense en écrire un 3e...