une déception programmée ?
A la grande surprise des acteurs de santé, et
en particulier de ceux représentant les usagers qui n’ont à aucun moment été
associés à la proposition, l’accord sur la sécurisation de l’emploi débouche
notamment sur la création d’une obligation de complémentaire santé pour tous
les salariés en France.
Le principe d’une telle disposition pourrait présager d’une meilleure
couverture santé pour un nombre important de salariés, en particulier au sein
des petites et très petites entreprises, qui ne pouvaient jusqu’à présent bénéficier
de contrats collectifs dont on sait pourtant qu’ils sont en général plus
protecteurs que les contrats individuels.
Toutefois, nous craignons que cette avancée pour l’accès aux soins se révèle,
en l’état, illusoire :
- D’abord parce que le fait de rendre les
complémentaires systématiques pour tous les salariés pourra servir de prétexte
à entériner le retrait de l’Assurance maladie, en permettant d’accentuer
plus encore les transferts de charges du régime obligatoire vers celui des
complémentaires.
- Cela alors que, contrairement à ce qui est
laissé entendre par le qualificatif de « complémentaire santé généralisée », une
partie de nos concitoyens n’y aura toujours pas accès puisqu’elle ne concernera
que les salariés. Nombre d’étudiants, de retraités, de professions indépendantes,
de personnes sans emploi…, resteront confrontés aux difficultés d’accès aux
contrats individuels de complémentaires santé, difficultés encore augmentées du
fait que les contrats collectifs seront par ailleurs plus courants : ceux qui
ne pourront toujours pas y avoir accès se verront donc d’autant plus discriminés.
- Ensuite, y compris pour ceux qui
pourront en bénéficier, la couverture proposée est insuffisante pour
permettre un réel accès aux soins, en particulier à ceux faisant l’objet d’un
renoncement pour raison financière à savoir le dentaire, l’optique et les actes
ou consultations avec dépassements d’honoraires. En effet, la protection
proposée est annoncée comme étant bien inférieure à celle de la CMU-C, ce qui n’est
pas acceptable pour assurer un accès satisfaisant aux soins requis par la
population.
Pour les représentants des usagers, une complémentaire santé généralisée
ne peut s’entendre que comme réellement universelle, c’est-à-dire accessible à
l’ensemble de nos concitoyens dans des conditions encadrées qui assurent à la
fois un tarif juste et équilibré pour chacun des souscripteurs, ainsi qu’un
panier de soins garanti. Deux conditions indissociables pour dépasser les inégalités
connues entre les niveaux de prise en charge proposés par les complémentaires
santé suivant qu’elles sont souscrites dans un cadre individuel ou collectif.
France Parkinson - FSF - La CSF - Le LIEN - Les Aînés Ruraux - Ligue Contre le Cancer - Médecins du Monde - ORGECO
SOS Hépatites - Transhépate - UAFLMV - UNAF - UNAFAM - UNAFTC - UNAPEI -
UNISEP - UNRPA - Vaincre la Mucoviscidose - VMEH