« Plaider aujourd’hui, c’est souvent partir au combat au nom d’un individu, mais aussi de la collectivité ou de l’intérêt général.»
Ils s’appellent Bourdon, Garbarini, Lemaire, Malka, Mécary, Mignard, Morice, Moser, Saint-Pierre, Soulez Larivière ; leurs noms claquent dans les prétoires et y résonneront encore longtemps, comme ces mots qu¹ils savent si bien ciseler pour défendre une cause ou réveiller les consciences.
Matthieu Aron fait revivre leurs plaidoiries dans ce deuxième tome des Grandes plaidoiries des ténors du barreau. Il s’agit d’une retranscription unique. Dans la justice, la procédure étant orale, les débats ne sont pratiquement jamais enregistrés et les mots s’envolent. L’auteur, chroniqueur judiciaire depuis près de 20 ans, a pu, en s’appuyant sur ses notes d’audiences, reconstituer les plaidoyers vibrants de ces ténors du barreau.
Plaider en 2013, c’est être au cœur du monde, au cœur de la société, de ses bouleversements, de ses évolutions, de ses drames. C’est l’obligation pour les avocats d’adopter une argumentation qui dépasse largement les normes juridiques, qui bouscule les inerties et les blocages politiques ou culturels.
Matthieu Aron, journaliste, est directeur de la rédaction de France Inter. Il est spécialisé dans la couverture des grandes enquêtes criminelles et judicaires.
EXTRAIT
« […] De quoi nous parle-t-on ici ? Du sacré, de la religion et des objets de vénération. J’ai tout à coup l’impression d’être transporté au Vatican devant un tribunal ecclésiastique, je vais me reconvertir et faire du droit canon. Comment peut-on demander à un tribunal républicain qu’il instaure une protection pour le sacré, le religieux, les objets de vénération cultuelle ? Cela voudrait dire quoi ? Cela voudrait dire que plus jamais nous ne pourrions faire une caricature de Mahomet, plus jamais une caricature de Dieu ! Vous êtes les Messieurs Jourdain du blasphème, vous demandez son rétablissement sans le savoir. C’est la définition même du blasphème : l’interdiction de la critique de la religion. […] ».
Extrait de la plaidoirie prononcée par Richard Malka, avocat de Charlie Hebdo, lors du procès des caricatures.