3 questions à Stéphanie d’Avout
Directrice
de la division Neuromodulations de Medtronic France
Les technologies médicales sont pleines de vie, innovent constamment,
répondent à des défis sans cesse plus nombreux, interrogent tout autant les
sciences que l’économie de la santé ou les pratiques médicales... Pour vous
permettre de suivre la vitalité de ce domaine, Medtronic vous propose de
revenir sur ce qui a fait l’actualité des 3 derniers mois, de vous projeter
quelques jours ou semaines en avant et vous livre, de façon exclusive, sa
réflexion, sur une thématique à chaque fois différente. Pour cette nouvelle
édition : maladie de Parkinson, stimulation cérébrale profonde et innovation...
La stimulation cérébrale profonde (SCP), inventée et développée en France
dans les années 1980, est utilisée pour traiter les tremblements essentiels et la
Maladie de Parkinson depuis les années 1990. Les indications se sont depuis
élargies à la Dystonie, aux Troubles Obsessionnels Compulsifs* et à
l’Epilepsie*. Est-il encore possible d’innover dans ce domaine ?
La SCP continue de susciter un large intérêt
scientifique et médical. Sans parler de nouvelles indications, la toute récente
publication de l’étude franco-allemade Earlystim dans le New England Journal of
Medicine démontre qu’il est encore possible d’appréhender la SCP autrement,
notamment dans la prise en charge de la maladie de Parkinson.
Depuis ses débuts, la SCP est
perçue comme une solution de dernier recours pour des patients à un stade déjà
très avancé de la maladie. Des médecins français, parmi lesquels le Professeur
Agid de l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière, se sont demandés si
cette technique chirurgicale ne pourrait être pratiquée plus tôt, lorsque les
patients ne sont pas encore lourdement handicapés par la maladie.
Et quels sont les résultats ?
L’étude Earlystim a permis de
confirmer l’hypothèse. Après deux ans de suivi, les patients opérés présentent
une amélioration de la qualité de vie de 26%, des capacités motrices de 53% et
de l’activité quotidienne de 30%, avec donc un meilleur résultat qu’un
traitement médical seul.
L’étude Earlystim est donc un espoir pour les personnes atteintes par la
maladie de Parkinson ?
Espoir est un terme à la fois fort et inadapté. La stimulation cérébrale
profonde appliquée plus précocement s’adresse aux mêmes patients,
rigoureusement sélectionnés suivant des critères très spécifiques, que ceux
pris en charge actuellement.
L’enjeu, et non l’espoir, est d’identifier ces mêmes personnes plus tôt
dans le parcours de soins et de ne pas attendre 10 à 12 ans avant de leur
proposer cette technique. C’est un enjeu car cela nécessite de revoir les
protocoles de prise en charge de la maladie avant la SCP et après la SCP afin
de proposer le meilleur accompagnement.
Au-delà de l’aspect
strictement médical, Earlystim est également la preuve du dynamisme de la
recherche clinique française et des avancées que permettent les collaborations
entre professionnels de santé et entreprises des technologies médicales. La
France demeure une terre de découvertes scientifiques de niveau mondial. Il
faut désormais qu’elle favorise le développement de l’innovation médicale afin
de permettre aux centres d’excellence de continuer à bénéficier de ces
partenariats.