Nora ANSELL-SALLES

samedi 22 octobre 2022

MFP - Les fragilités sociales dans la Fonction publique

 

Observatoire des fragilités sociales

dans la Fonction publique


https://vm.tiktok.com/ZMFhbFYY1/

Résultats du 3ème baromètre MFP/Harris Interactive : des éléments pour agir

 

D’octobre 2018 à octobre 2022… 4 années d’études et de suivi de la santé des agents publics au travers notamment de 3 enquêtes statistiques, reflet de la réalité et des fragilités des personnels du service public.

 

Qu’en retenir ?

 

Vie professionnelle et santé, deux enjeux étroitement liés

 

Si objectivement des points d’amélioration existent (fréquence des visites médicales, relations avec la hiérarchie et niveaux de rémunération), force est de constater que des tendances structurelles plus négatives s’installent.

Plus que jamais, la santé des agents influe sur le service public alors que 45% d’entre eux estiment toujours que les enjeux de bien-être et de santé au travail sont mal pris en compte par l’employeur.

Conséquence très illustrative : 52% des agents considèrent que le travail aura à l’avenir encore davantage d’impact sur leur santé et près de 40% s’interrogent sur leur envie de continuer à exercer, les personnels hospitaliers et les agents de catégorie A notamment.

A cela s’ajoutent une faible identification des initiatives en matière de santé au travail et des attentes nouvelles de prise en charge (par ex, reconnaissance du burn-out comme maladie professionnelle, …)

Des leviers pour répondre à ces fragilités

 

La prise en charge de ces fragilités peut prendre des formes multiples.

 

Aux solutions évidentes parmi d’autres relevant de l’organisation du travail sous toutes ses formes, la MFP considère qu’une mise en œuvre plus proactive du Plan santé au travail et une optimisation de la réforme de la protection sociale complémentaire en cours sont des leviers incontournables pour prendre en compte ces situations. Sur ce dernier point, malgré les avancées obtenues, des insuffisances demeurent notamment sur la prise en charge globale des risques santé-prévoyance-dépendance et prévention-accompagnement social.

 

Lancement d’un trimestre d’audiences parlementaires

Riche de ces observations et de ces propositions, la MFP débute un cycle de 3 mois d’audiences bilatérales avec chacun des groupes politiques à l’Assemblée nationale. En pleine première période budgétaire du nouveau quinquennat, c’est l’occasion de sensibiliser les représentants de la Nation sur ces problématiques spécifiques et leur donner l’écho politique nécessaire.

La première rencontre de ce cycle s’est tenue le 18 octobre 2022 avec le groupe de la majorité, Renaissance. Une heure d’échanges riches et animés entre Serge Brichet et le député Eric Poulliat, fin connaisseur des métiers publics, a permis de poser les sujets et d’alerter notamment sur les risques de régression des droits en matière de couverture complémentaire prévoyance. A cet égard, les attentes des agents sont claires : près de 7 agents sur dix demandent une meilleure couverture en incapacité et en invalidité. Sans oublier un risque totalement absent des négociations, celui de la perte d’autonomie.

Un objectif commun et une ambition « utopiste » !?

Parce que la santé des agents publics fait la santé du service public, tous les acteurs doivent se sentir concernés par ces sujets et s’engager à trouver les solutions adaptées.

Loin de s’inscrire dans une démarche corporatiste, la MFP porte l’ambition d’obtenir un modèle de protection sociale vertueux pour les agents publics qui demain pourrait devenir un modèle pour tous.

 

 

 

Pièce jointe : dossier de communication de l’enquête

 

 

 

 

 

À propos de...

 

La Mutualité Fonction Publique – présidée par Serge BRICHET - regroupe 18 mutuelles ou unions de mutuelles professionnelles relevant des Livres I, II et III du Code de la Mutualité, issues des trois fonctions publiques - Etat, territoriale, hospitalière. Sa spécificité : son approche globale et solidaire de la protection sociale des agents publics, actifs et retraités, avec la gestion du régime obligatoire et de la complémentaire maladie et prévoyance. En 2022, les mutuelles de l’Union :

• couvrent 6,5 millions de personnes

• versent 3,5 milliards d’euros de prestations complémentaires.

 

lundi 17 octobre 2022

Thomas Sankara, un « espoir foudroyé »

✒TRIBUNE
de Gilles Djeyaramane en hommage à
Thomas Sankara
Le Capitaine Thomas Sankara a dirigé le Burkina Faso de 1983 à 1987. Se revendiquant comme « Révolutionnaire », il aura démontré que la politique pouvait vraiment permettre de servir ses concitoyens avec sincérité. Ce 15 octobre 2022 marque le 35e anniversaire de la disparition de « cet éternel jeune homme politique", devenu quasi-mythique en Afrique. Il semblerait qu'il soit entré pour l'éternité dans le Panthéon des grands hommes de l’Afrique contemporaine.

                                   

Thomas Sankara – un personnage mythique

Thomas Sankara était avant tout un militaire au sens noble du terme et un exceptionnel homme d’état. Il est né en 1949 à Yako dans l’ex Haute-Volta, l’actuel Burkina Faso. Il a dirigé son pays, un des pays les plus pauvres du monde de 1983 à 1987, année de son assassinat.

Il est arrivé au pouvoir porté par un coup d’état militaire en 1983 qui a renversé le régime du Médecin-Commandant Jean-Baptiste Ouédraogo. Il avait été quelques années auparavant secrétaire d’Etat à l’information et brièvement Premier ministre (limogé après quelques mois en fonction).

Il a été assassiné le 15 octobre 1987 en pleine réunion de travail aux côtés de ses collaborateurs à l’âge de 37 ans.

Son assassinat a bouleversé une grande partie des Africains et également un certain nombre de personnes de toutes nationalités, de toutes origines à travers le monde entier. Dans toute l’Afrique, l’annonce de son décès a été vécue comme une immense perte et a été un grand moment de tristesse.

Du fait de l’absence d’enquête officielle nationale ou internationale, les conditions exactes de son exécution de sa mort et de son inhumation précipitée restent inconnues contribuant par là même à la création et à la perpétuation du « mythe Sankara ». Les derniers développements sur l'affaire Sankara ne semblent pas avoir dévoiler tous ses secrets sous-jacents.

Un dirigeant très différent de ses homologues Africains

Thomas Sankara était un homme politique relativement jeune, il a commis des erreurs comme c’est malheureusement le cas de tous les révolutionnaires. Mais, on peut considérer qu’il aura exercé le pouvoir sur une durée trop brève pour se rendre coupable d’erreurs qui auraient pu le discréditer définitivement dans l’imaginaire populaire.

Plusieurs particularités caractérisent sa trajectoire politique.

Premièrement, Thomas Sankara avait 11 ans à l’indépendance de la Haute Volta, il n’avait donc pas terminé sa formation scolaire, théorique et intellectuelle. On peut penser qu’il appartient donc à une nouvelle génération de dirigeants Africains postcoloniaux à l’inverse de Félix Houphouët-Boigny ou Léopold Sédar Senghor et qu’à ce titre il ne s’est jamais senti obligé de faire allégeance à l’ex-puissance coloniale, la France et à l’Occident en général. C’était donc un homme beaucoup plus libre et décomplexé dans ses rapports au monde. Par ailleurs, sa formation s’est effectuée en Afrique et à Madagascar. En effet, il a été Élève-officier à l’Académie militaire d’Antsirabe à Madagascar dans les années 1970 et a effectué une formation au Maroc. Il en est ressorti fortement influencé par la « révolution Malgache » de 1972. Bref, un dirigeant Africain formé par les Africains.

Deuxièmement, il se revendiquait comme « révolutionnaire » et avait un véritable comportement « révolutionnaire ». Il se présentait comme profondément tiers-mondiste, défenseur des opprimés face aux puissants, des femmes et des enfants. Concrètement, son exercice du pouvoir a été extrêmement volontariste : mise en place de politiques publiques de santé (campagne de vaccinations, séance de sport de masse …), engagement pour l’éducation pour tous (construction d’écoles…), promotion et défense des droits des femmes, réductions drastique du train de vie de l’Etat (on parle d’utilisation de Renault 5 en lieu et place de grosses cylindrées en guise de voitures officielles, d’utilisation de vols réguliers pour des voyages officiels..), positionnement résolument détaché des grandes puissances (non–alignement, dénonciation du néocolonialisme ) …

Troisièmement, Thomas Sankara était un virtuose de la communication, séducteur, il savait utiliser les medias à son avantage. Il n’hésitait pas dans ses discours à dénoncer les injustices et les inégalités économiques ou sociales. François Mitterrand, relativement avare de compliments, lui a d’ailleurs avoué son admiration malgré le « caractère tranché » de ses prises de position à l’occasion d’une réception officielle désormais très célèbre, réception qui flirta l’incident diplomatique entre la France et le Burkina Faso.

 

Un exemple d’intégrité, encore présent dans l’imaginaire Africain

En résumé, le Capitaine Thomas Sankara qui avait beaucoup d’idées et de volonté, il a donc joint la parole aux actes et très rapidement il s’en est allé.

Et le plus important ce sont les valeurs que son personnage véhicule dans les esprits, valeurs qui auront marquées son mode de gouvernement : le courage, le pragmatisme, le patriotisme, la rigueur et la discipline, l’honnêteté, l’ordre, le travail et enfin une sorte d’ascétisme dans l’exercice du pouvoir bref une forme d’idéal politique universel. Thomas Sankara a montré qu’être au service des autres, c’est possible, même en politique.

Ce n’est pas seulement l’Afrique qui a besoin de dirigeants incarnant ces valeurs mais le monde entier.