La santé - la société
Jacques
Bazex*, Pierre Pène*, Daniel Rivière, Michel Salvador
Des publications de plus en plus
nombreuses viennent confirmer que pratiquer des Activités Physiques et
Sportives (APS) tout au long de la vie augmente l’espérance de vie en bonne
santé, retarde la dépendance, et constitue un complément thérapeutique efficace
en luttant contre la sédentarité pour de nombreuses affections comme l’obésité
et bien d’autres encore, sans oublier la prise en charge des sujets en
situation d’handicap. Outre Atlantique, la sédentarité a été qualifiée de «
Sedentary Death Syndrome » [SeDS]. Si les effets favorables de la pratique des
APS étaient connus de longue date, les études statistiques appliquées à des
populations importantes ont confirmé ce qui était souvent contesté au plan
individuel. La connaissance des retentissements des APS sur les processus
cellulaires, tissulaires et métaboliques s’est considérablement améliorée, et
le domaine des APS n’est plus limité à une vision ludique de la vie, mais
occupe désormais une large place, de l’organisme sain à la prise en charge du
pathologique. Plus généralement, se consacrer à des APS offre aussi des
ouvertures considérables dans les domaines du social, de l’éducatif et de l’intégration.
Dés lors, notre société peut-elle refuser ou même négliger ces avantages?
Ce travail a pour objectif 1) d’examiner
rapidement les avantages d’une pratique « Régulière, Raisonnée, Raisonnable »
des APS, en mettant en garde cependant contre les incidents qui pourraient
survenir en cas d’excès ; 2) de rappeler la désaffection de la population française
vis-à-vis des APS, et d’en analyser les causes ; 3) d’indiquer le volume d’activités
qui offrirait les meilleurs bénéfices pour les moindre inconvénients ainsi que
les moyens de parvenir à un équilibre satisfaisant ; 4) de proposer une
organisation nouvelle impliquant les pouvoirs publics pour guider nos
concitoyens vers une pratique si bénéfique pour l’organisme, voire
incontournable pour le bien être de chacun.
Toute la population doit trouver
sa place dans ce programme sport pour la santé : le médecin doit transmettre
ses connaissances, proposer des conférences de consensus et en surveiller leur
application, le citoyen doit admettre que le maintien de sa santé appelle la
poursuite d’APS pour son bien être, les pouvoirs publics doivent intervenir
pour rendre prioritaire l’application d’un tel programme auprès de tous les
sujets sans discrimination.
*Membres
de l’Académie nationale de médecine
L'Académie nationale de médecine
(ANM), par différents rapports - Pierre Pène et Yvon Touitou [1] parallèlement au rapport de l'INSERM [2]-, a souligné les bénéfices
d’une pratique « Régulière, Raisonnée, Raisonnable » pour la santé du sujet
sain et du sujet malade découlant naturellement des activités physiques et
sportives (APS). Les études les plus récentes basées sur des travaux dont les
conclusions sont statistiquement significatives ont permis de confirmer sans
ambigüité ces bénéfices, trop souvent et sans raison contestés, en particulier sur l’espérance de
vie en bonne santé. La pratique des APS en France étant anormalement faible, il
est de la responsabilité des pouvoirs publics du fait de l’importance de ce
sujet qui ne peut être occulté, de prendre toutes les mesures pour corriger
cette situation alarmante d’autant que les risques engendrés par la sédentarité
sont très lourds, du même ordre que le tabagisme en termes de mortalité.
1-
EFFETS ET BENEFICES DES APS SUR LA SANTE [Tableau N°1]
1.1 :
Allongement de l’espérance de vie en bonne santé et retard à la dépendance
Selon diverses études toutes concordantes
[22-26] fondées sur des données statistiques, une réduction notable de la
mortalité prématurée pouvant atteindre 58 % est observée en fonction du type et
du niveau des activités effectuées, ce qui entraine un allongement de l’espérance
de vie en bonne santé. Une dépense énergétique supplémentaire de 1000 à 1700
Kcal par semaine est associée à une réduction significative de la mortalité
[2]. Une étude prospective, publiée en 2007,
portant sur 250000 sujets montre qu’une pratique d’APS d’intensité modérée
(au moins trois heures par semaine), ou même d’au moins 20 mn trois fois par
semaine, s’accompagne d’une réduction du risque de mortalité de l’ordre de 30
%. L’amélioration de l’espérance de vie s’exprime à chaque étape de la vie, en
particulier chez les adultes de 70 ans et plus à qui la pratique sportive offre
une nouvelle espérance de vie. La vitesse de marche est un bon indicateur de l’espérance
de vie du sujet âgé. Dans une cohorte de 34485 sujets de plus de 65 ans suivie
de 6 à 21 ans, la survie à 10 ans d’un homme de 75 ans était de 19% pour une
vitesse de marche de 1.4 km/heure, et de 87%
pour une vitesse de marche de 5 km/heure [17]. Ce résultat est confirmé
quels que soient l’âge, le sexe et la cause du décès. Enfin dernièrement, selon
Peter Schnohr [6], rapporteur de l’étude « Copenhagen City Heart » à la réunion
EuroPRevent 2012, s’astreindre régulièrement à un jogging même effectué selon
un rythme modéré, à raison d’une à 2 heures par semaine, augmenterait
notablement l'espérance de vie. Le lien APS-allongement de l’espérance de vie
est donc indiscutable. Aussi, les pouvoirs publics doivent-ils en tirer les
conséquences et prendre sans tarder les mesures qui en découlent.
1.2 :
Effets précoces et à court terme des APS, (temporaires et passagers). La pratique régulière
des APS offre un effet très positif sur le bien-être immédiat, sur l’anxiété et
la dépression : une meilleure qualité de vie, dont celle du sommeil. Il faut
encore noter des effets favorables sur l’intégration et la réinsertion, l’épanouissement
de l’individu au sein de sa famille, de son groupe et de la société. Un sujet
actif, en bonne santé « enrichira » la société de sa participation [3].
1.3 :
Effets bénéfiques des APS
Indépendamment des actions sur
les différents appareils, il existe des actions plus directes sur les cellules.
La contraction musculaire requiert un apport d’oxygène, de glucose et d’acides
gras pour libérer l’énergie nécessaire sous la coordination du système nerveux
; l’organisme adapte alors sa physiologie selon le type de performance. Les
activités en aérobie sont accompagnées de modifications physiologiques
impliquant le système cardiovasculaire, (augmentation du volume d’éjection
systolique, augmentation de la densité capillaire, réduction des résistances périphériques),
qui permettent d’améliorer la capacité et l’efficacité de l’apport d’oxygène et
des substrats aux tissus, libérant ainsi l'énergie nécessaire à la réalisation
du mouvement. Les liens entre l’exercice
physique et l’expression des gènes ont été établis par les travaux de Brooks [7]. Les mécanismes
épigènétiques ne sont certainement pas étrangers à l’adaptation de l’organisme.
1.4: Effets des APS sur certains métabolismes
et sur le fonctionnement des différents appareils [13-18].
Une relation forte a été confirmée
avec des bénéfices observés sur le métabolisme des lipides et dans la prévention
du diabète de type 2 (DNID) et sa prise en charge [11]. Il faut aussi insister
sur la prévention des maladies cardiovasculaires, déjà citée, sur l’amélioration
de la fonction pulmonaire et des effets notables sur différents appareils [12]:
les muscles, le squelette, le système nerveux et les supports de l’immunité.
Les effets favorables sont aussi notés lors de toutes les étapes de la maladie
cancéreuse, qu’il s’agisse de la prévention, du traitement, du suivi de certains cancers et des récidives [21-6].
2. L’INFLUENCE DES APS SELON LES PERIODES ET
CIRCONSTANCES DE LA VIE [4].
2.1 Enfant et adolescent. Les activités
physiques doivent assurer un rôle essentiel, indispensable, souvent
insuffisamment reconnu et pris en compte, dans le développement de l’enfant
[14-8].
2.2 Adultes
[5]. Les femmes, notamment au moment de la
ménopause autant que les hommes bénéficieront des APS [7]. Au cours de
la grossesse les avantages d’APS modérées et contrôlées sont bien reconnus
[16].
2.3 Sujets âgés [17]. Les
APS apportent l’opportunité de prolonger la vie en bonne santé, retardant la dépendance.
2.4 Sujets
en situation de handicap
Pour les sujets en situation de
handicap, les patients porteurs d’affections chroniques et les personnes âgées
chez lesquels une activité physique n’était pas jusque là envisagée, les bénéfices
de l’exercice physique sur la qualité de vie sont démontrés. Les déficients
intellectuels trouvent aussi un facteur de mieux-être dans la participation aux
activités physiques. Les APS offrent l’opportunité de dominer leur handicap. La
Loi de février 2005 a inscrit le Droit à la Pratique des APS pour toute personne
handicapée en proposant que « L’activité physique pour tous » soit une réalité [22].
L’étude de Labronici [19] évoque
une expérience sociale très positive - opportunité de partager leur expérience
entre les athlètes, avec leur famille, leurs proches, - l’amélioration des
capacités d’intégration sociale,- engagement à la participation à des activités
quotidiennes, sociales, de loisirs ou domestiques, et insertion
professionnelle, - bien-être psychologique, moral,– sentiment de maitrise du
corps, - développement de la compétitivité et de l’esprit d’équipe, de la
motivation, - opportunité de comparaison
sociale des activités motrices, - développement de l’indépendance et
renforcement de la confiance en soi. Enfin la prévention de la sédentarité
habituelle et subie est essentielle.
Actuellement,
par simplification, seulement deux groupes sont retenus:
1-
Handicap physique et sensoriel
2-
Handicap mental et/ou psychique.
Les conditions physiologiques de
l'exercice physique doivent être prises en compte à coté de la nature de chaque
handicap. Ne doivent pas être oubliés, dans le contexte d’effort physique, les
risques de prises médicamenteuses non maitrisées. Des études cliniques complémentaires
sont nécessaires pour préciser les
indications et adapter les programmes, imposant après un bilan précis la triple
collaboration : spécialiste de la pathologie et/ou de l’handicap en cause, médecin
du sport et médecin référent. Ils doivent assurer une surveillance particulièrement
attentive. Le spectaculaire développement des Jeux Paralympiques a révélé au
monde que les activités sportives, même les plus inattendues, étaient ouvertes à
bien des sujets en situation d’handicap quelle que soit leur nature, à la fois
pour leur intérêt personnel et pour le bénéfice de la société. Si la Médecine n’est
pas encore totalement prête à en assurer le suivi médical, le succès des
programmes de pratique des APS est la grande revanche de l’handicap.
3 –
INSUFFISANCE OU ABSENCE DE SUIVI DES APS
Les conclusions des travaux
effectuées sont bien confirmées au plan statistique, mais l’étaient beaucoup
moins au plan individuel, de nombreux sujets s’accommodant de l’absence d’APS.
3.1 La sédentarité ou syndrome de la mort par sédentarité
(SeDS) [20].
L'inactivité physique est
responsable d'1 décès sur 10 dans le monde soit 3 millions de personnes selon l’Organisation
Mondiale de la Santé. (Publication Actualité
de la santé du 19 juillet 2012).
L’obésité, souvent constatée dès l’enfance, est un réel problème de santé
publique. Le syndrome métabolique l’accompagne : fréquent chez l’adulte, il
peut être observé chez l’enfant en surpoids [9]. La sarcopénie [24] est
une complication constatée plus volontiers chez le sujet âgé.
3.2-
Evénements potentiels liés à la pratique des activités physiques et sportives.
Des incidents et accidents sont
attendus lors des activités physiques et sportives de grande ampleur toutefois
exceptionnellement si est adoptée une pratique
« Régulière, Raisonnée, Raisonnable », sans commune mesure avec les méfaits
liés à la sédentarité. D’autres situations telles que le syndrome du surentraînement
ne peuvent survenir dans le contexte évoqué [22-17]. La mort subite du
sportif est un accident exceptionnel observée plutôt à l’occasion d’un effort
intense, effectué par un sujet habitué à l’effort et qui jusque là n’avait
jamais eu d’alerte. Enfin, le modèle orienté dans ce projet médical ne
devrait pas susciter le recours au dopage.
4 –
BILAN DU SUIVI DES APS
4.1
La pratique des activités physiques et sportives
Le bilan aujourd’hui dans notre
pays est décevant [2]en contrepartie des bénéfices d’une pratique régulière,
malgré les efforts déployés par certaines mairies, associations, et par de
nombreux bénévoles. De multiples enquêtes révèlent qu’une faible proportion de
la population semble concernée, comme le confirme une étude récente réalisée
par le laboratoire de santé publique de l’Université de Lille Nord, rapportée
dans le Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire. Les résultats concernant la
pratique d’APS en France sont bien inférieurs à ceux des 34 autres pays, européens
et américains, ou de même niveau économique: une pratique des APS, « Régulière,
Raisonnée, Raisonnable » suffisante pour en obtenir des bénéfices indiscutables
en particulier sur l’espérance de vie en bonne santé mettant à l’abri de la dépendance n’est poursuivie que par 11,3% des filles et 25,2% des garçons seulement ;
les autres pays se situant de 19,3% et 27,5% à 51,1% et 61,3% pour une moyenne
de 33,1% et 43,8% respectivement pour les filles et les garçons [25].
4.2
Les raisons d’une pratique très limitée des APS.
Les différentes enquêtes en
France font état d’une désaffection pour les APS et les multiples mesures
actuellement retenues ne modifient pas le comportement de la population : il s’agit
souvent de mesures ponctuelles, oubliant le sport pour la santé, mettant trop
souvent en exergue le sport spectacle, ne favorisant pas la pratique sportive pour
tous, laissant l’éventuel pratiquant sans installation adaptée et confronté à
de multiples difficultés y compris financières. Les Pouvoirs Publics, le corps
médical, la Société en supportent la responsabilité.
5 –
ORGANISER LA PRATIQUE DES APS POUR LA SANTE ?
Le
choix des APS. Comment cette tendance peut-elle être inversée ?
5.1
Les différents niveaux de comportement et les bénéfices correspondants peuvent être
classés en 5 stades.
Stade
1 : Activés physiques
inexistantes ou trop limitées, écartant tout bénéfice pour la santé et
pouvant évoluer vers la sédentarité et ses complications.
Stade
2 : Activités physiques limitées
exercées au décours d’une vie quotidienne active, suffisantes pour protéger
l'individu de la sédentarité et de ses conséquences les plus lourdes. Le sujet
bénéficie d’un meilleur bien être, en particulier s’il observe un régime
alimentaire correct.
Stade
3 : Activités physiques et
sportives associées à une « bonne » hygiène de vie, adaptées aux
recommandations en vue d’assurer un bénéfice certain pour la santé.
Stade
4 : Activités physiques et
sportives régulières de type amateur offrant des bénéfices certains, mais
imposant un contrôle régulier de la santé.
Stade
5 : Sportif de haut niveau,
voire professionnel : Le bien être impose une surveillance rigoureuse et un
mode de vie attentif à tous les niveaux.
5.2
Le choix du Stade 3, selon
les nombreux travaux et analyses statistiques comparés, présenté ci-dessus, répond
aux avantages déjà évoqués, et devrait concerner l’ensemble de la population
pour les effets attendus :
«maintien d'un état de santé
satisfaisant durant toutes les périodes de la vie : santé physique, morale,
intellectuelle, individuelle et collective,
adaptée selon chacune des périodes de la vie, avec allongement de l'espérance
de vie, recul de la dépendance, ce qui évite la sédentarité et ses
complications», tandis que les risques sont généralement prévenus et dominés.
Le Stade 3 répond au
concept retenu « activités physiques et sportives de base » : il implique 5
demi-heures par semaine de pratique. Pour atteindre le niveau d’activité
répondant à ce stade, l’énergie consommée en kilocalories (Kcal) doit être de
1000 à 1700 kcal par semaine. Ceci correspond en pratique aux valeurs précisées
plus haut pour un sujet « standard » : APS impliquant 5 demi-heures par semaine
de pratique, correspondant à 50% de l'activité physique maximale mesurée selon
la consommation d'02. Le volume d’activité nécessaire et suffisant, ainsi déterminé
pour chacun peut être défini par les 3 R, s’agissant d’une activité « régulière,
raisonnée, raisonnable ». (Régulière : hebdomadaire- Raisonnée : correspond à
50% de l’activité physique maximale déterminée pour chaque sujet – Raisonnable
: activité modérée mettant à l’abri d’incident ou accident)
5.3
Comment organiser un programme individuel d’APS selon le concept « bénéfice
pour la santé » ?
Il faut [2-4] :
- déterminer pour chaque
sujet le niveau d’activité maximal au dessous duquel il sera assuré de «
travailler » en aérobie, à l’abri d’incidents majeurs. La détermination du
niveau maximal peut s’effectuer : soit en relevant la fréquence cardiaque
maximale lors de l’épreuve d’effort, soit en mesurant la consommation maximale
d’oxygène (VO2 max) lors d’un effort. Ce
niveau, important à préciser pour adapter un programme personnalisé sera
traduit en MET (Metabolic Equivalent of Task).
- adapter ensuite le
volume d’APS permettant d’atteindre le but fixé qui correspond au stade 3 déterminé
précédemment. Ce stade est retenu dans la plupart des études publiées qui ont
permis de confirmer les effets très favorables des APS. La correspondance
entre volume d’activité, type d’activité, durée des activités en minutes, MET
et Kcal (kilocalories) sera fixée à partir des échelles établies et permettra
de préparer un protocole adapté à chaque sujet.
En procèdent ainsi, les paramètres personnels peuvent être pris en
compte : capacités, tolérance, entrainement pour un programme à activités d’intensités
différentes faibles, modérées, sévères.
Le programme peut être organisé en prenant soin d’associer plusieurs de ces
activités pour atteindre le volume souhaité. Des tableaux permettent d’établir
les correspondances entre les différents paramètres : type d’activités, volume
et intensité des activités, durée et fréquence des exercices, équivalents métaboliques
(METs).
6- LE
SUIVI DES APS : SUJET SAIN ET SITUATION PATHOLOGIQUE
Le geste médical peut se limiter
à la prescription de mesures de prévention primaire proposées à
un sujet en bonne santé exerçant des APS dans le cadre du Stade 3 évoqué
ci-dessus. En d’autres circonstances, pathologiques et situation d’handicap, les APS peuvent être prescrites en complément
d’un traitement ou comme seul traitement [36] : « Le sport sur l’ordonnance
médicale ». Dans ces deux situations, la recommandation des APS ne se conçoit que chez des sujets
respectant une « hygiène de vie ». Il serait inexact de croire que le suivi d’APS
renforcées pourrait compenser une hygiène de vie trop laxiste.
6.1
Les Principes du traitement et les moyens
La
prescription d’APS, doit être précédée puis associée à des mesures d’accompagnement
: examen médical, consultation spécialisée si nécessaire, examen attentif des
mesures médicales associées (traitement en particulier) et suivi du patient.
Dans
un contexte de prévention primaire, le comportement au quotidien doit associer
:
- une
hygiène de vie respectueuse de certains principes élémentaires, favorisant
la mobilité, évitant les attitudes sédentaires, le tabagisme, l’absorption excessive
de boissons alcoolisées, ou trop sucrées, la prise de drogues tout en limitant
les apports alimentaires pour rester dans le cadre du poids normal ; le
maintien d’un état de santé satisfaisant est bien sûr essentiel [10].
- l’établissement pour chaque
sujet d’un programme personnel à partir des indications précédemment
fournies pour s’assurer d’une dépense énergétique suffisante. Celui-ci doit être
adapté en fonction de l’état du sujet, de ses souhaits, de son mode de vie plus
ou moins actif, de ses capacités personnelles. Le choix des APS devra être l’objet
d’une concertation entre le médecin référent, le médecin du sport et le spécialiste
de la discipline en cas de traitement à visée médicale.
6.2 Les indications - Le mode de vie doit être
adapté à l’âge
Dans
la toute petite enfance, il
s’agira essentiellement de faire bouger l’enfant, marcher, puis progressivement
intégrer des mouvements plus complexes en fonction du développement
neuromusculaire [14]. Pour le jeune enfant, une vie turbulente est nécessaire;
la participation aux jeux dans la cours de récréation est naturelle et doit être
encouragée. L’enfant plus grand doit adopter des jeux ou activités plus élaborées.
Puis, il s’agira d’associer à son mode de vie des activités physiques et sportives,
en activité aérobie. Vers 10 à 14 ans, les activités de groupe, sports
organisés et les programmes structurés permettent et accompagnent le développement
cérébral et corporel, améliorent l’endurance, le système cardiovasculaire, et la force musculaire.
Thiel [10] insiste sur le choix d’une activité physique plaisante, ludique qui
ne rebute pas l’enfant et ne le démotive
pas; mais aussi une activité, modérée à vigoureuse, faite de mouvements
inhabituels qui impliquent contraintes, mises en tension musculaires,
tendineuses et osseuses.
Plus
tard, les exercices de gymnastiques,
de culture physique ou quelques activités sportives à minima pourront
accompagner le programme. Au quotidien, l’adolescent et l’adulte doivent
continuer à observer un mode de vie actif : préférer la marche ou utiliser une
bicyclette, emprunter les escaliers plutôt
que choisir systématiquement l’ascenseur. En complément dès que possible,
associer un sport collectif, un sport dual et un sport individuel adapté aux
qualités et aspirations de chacun. L’adulte adaptera son programme à son mode
de vie pour maintenir les objectifs
correspondant au stade 3.
Quand
au sujet âgé, préoccupé
par le risque de perte d’équilibre, sa fragilité osseuse, et son maintien en bonne santé et en activité, il
doit poursuivre ses activités physiques et sportives le plus régulièrement
possible, sur un mode retenu, encadré par une culture physique adaptée.
Pour
tous, il est aussi impératif de s’astreindre à ne pas dépasser 2 heures par
jour de conduites sédentaires.
- Les
programmes d’APS.
Les
APS peuvent être proposées au sujet sain dans le cadre de la prévention
primaire ou être l’objet d’une prescription médicale venant ou non compléter un
traitement médical. Leur place n’est pas encore unanimement reconnue et définie
dans l’attente d’une officialisation des programmes par les conférences de
consensus.
- Les prescriptions
La
prescription, dans un contexte médical, ou plus simplement dans le cadre de
mesures de prévention primaire, devra figurer sur l’ordonnance rédigée selon
les règles de toute prescription médicamenteuse et être expliquée au patient
avec une même rigueur. Sur l’ordonnance devront figurer le détail des activités
physiques à poursuivre : la nature et le contexte de la pratique, l’intensité,
la durée des séances et la fréquence des séances, les mesures associées, le
suivi et les contrôle médicaux à observer. La surveillance du traitement
et de ses résultats mérite la même attention. Un guide des activités physiques
a déjà été proposé par l'association britannique du sport (British Association
of Sport and Exercice Sciences) [13].
7 -
LE SPORT-SANTE : A ADOPTER EN VUE D’ENGAGER
LA SOCIETE VERS UNE PRATIQUE INDISPENSABLE tenant compte de l’insuffisance
des mesures actuelles :
7.1
Des dispositions sont à prendre au sein d’un programme national
engageant l’ensemble de la Société à la pratique d'une activité physique et
sportive régulière dès le début de la vie puis poursuivie tout au long. Ces
dispositions impliquent une nouvelle organisation, éducative,
administrative, juridique, médicale, financière. Les Pouvoirs Publics
paraissent seuls aptes à assurer la promotion et la gestion de cette révolution
culturelle correspondant à un nouveau mode de vie organisé autour d’un objectif
majeur : le message doit être transmis par le canal de l’éducation dès le plus
jeune âge.
7.2
Un nouveau programme éducatif essentiellement focalisé sur la
connaissance et l‘initiation aux activités physiques et sportives, devra être
intégré aux programmes actuels d’enseignement scolaire et universitaire. Il
devrait comporter des programmes d’éducation et d’enseignement théorique et
pratique autour des activités physiques et sportives et dans le domaine de
la connaissance physique et médicale de l’Individu, en insistant sur la préparation
aux activités physiques et sportives. Un enseignement assez large reposant sur
un programme précis doit débuter au plus
tôt [28], s’étaler sur plusieurs années et porter sur :
a)
sur le programme de préparation à l’activité sportive ;
b) le
retentissement des APS sur l’organisme ;
c)
les soins, ou des notions de secourisme, premiers secours ;
d)
enfin, l’éducation sportive proprement dite concernant les principales activités
sportives et leurs règles.
Enseigner
les activités physiques et le sport est essentiel pour comprendre et donner
toute sa valeur et sa noblesse au sport, seule voie capable d’entrainer l’adhésion
indispensable au développement du programme « La Santé par le Sport». Un enseignement pratique
reposant sur les notions théoriques acquises offrira ensuite l’opportunité à
chacun de choisir en toute connaissance le sport individuel, le sport collectif
adapté qui lui convient pour en adopter
la pratique au long cours (l’un individuel – opposition à des mesures de temps,
de distance -, l’autre dual pour apprendre à se mesurer à un adversaire, enfin
le dernier d’équipe -faisant découvrir l’esprit d’équipe, de collaboration, d’intérêt
partagé, d’entraide dans un même groupe, d’abandon de tout intérêt personnel
sacrifié pour l’intérêt du groupe).
7.3
La prise en charge médicale
La surveillance médicale du
sujet adoptant un programme d’activités physiques et sportives de base, peut se
limiter à une consultation médicale annuelle programmée auprès du médecin
traitant référent. Les comptes rendus médicaux doivent figurer dans le dossier
médical personnalisé (DMP). Quand il s’agit de prescrire des APS dans un
contexte médical, la collaboration des médecins référent, spécialiste de la
pathologie à prendre en charge et du sport, devra être établie. Il convient
aussi d’envisager l’application des conclusions de conférences de consensus qui
seront organisées sur les différentes indications à retenir. Ainsi pourrait être
intégré à l’acte médical la prescription des APS.
7.4 Le financement
Le financement de ce programme
devrait être facilement supportable : la population adoptant le programme «
Sport pour la Santé » selon le Stade 3 défini plus haut, apparaitra en
meilleure santé et les dépenses de santé seront de ce fait limitées. La prise
en charge dans le cadre de l’ordonnance médicale et des sujets en situation d’handicap,
devrait relever de l’assurance maladie et des mutuelles [26], dés lors que les
APS sont en concordance avec les programmes établis lors des conférences de
consensus. Ces mesures pourront contribuer à une réduction de la consommation
de médicaments. Lors des périodes scolaires et universitaires, l’Etat peut exercer son contrôle. L’Education Nationale
devra intégrer les notions développées ci-dessus. Les dépenses liées aux
enseignements intégrés dans ces modules existants, ne seront pas excessives car
ces modules pourront englober l’enseignement complémentaire nécessaire à tout
individu, l’hygiène, le secourisme, les premiers soins … certains de ces sujets
font déjà partie des programmes établis ou doivent y être inclus prochainement.
Les activités pratiques seront organisées par l’Education Nationale et la
surveillance médicale sera assurée par les structures scolaires et universitaires
existantes en collaboration avec le médecin référent. Lors des périodes d’activité
professionnelle, puis de retraite, les pouvoirs publics devraient prendre part à
l’organisation des APS avec le relais des organismes de prise en charge professionnelle
ou sociale, les mutuelles et les entreprises. Il faut noter que certains d’ailleurs
en ont déjà pris l’initiative.
RECOMMANDATIONS
Dès
le jeune âge, puis tout au long de la vie, les activités physiques et sportives
doivent s’imposer dans les habitudes de chacun.
Cet
objectif conduit à formuler les recommandations suivantes :
1-
prendre en compte les bénéfices liés à la pratique d’activités physiques et
sportives « Régulières, Raisonnables, Raisonnées» dans le cadre de la politique
de santé publique afin de prolonger l’espérance de vie en bonne santé et de prévenir
la dépendance, tous les citoyens étant concernés quels que soient leur âge,
leur condition sociale ou leur état de santé ;
2- adopter de nouvelles dispositions réglementaires
afin d’organiser la prise en charge de ce nouveau domaine d’activités par l’assurance
maladie dans le cadre de sa politique de prévention, en association avec les
mutuelles et les assurances privées ;
3-sensibiliser
les médecins et les enseignants aux bénéfices
en termes de santé et d’économies, susceptibles d’être générés par ces mesures,
le corps médical devant définir les « bonnes pratiques » de la prescription des
APS dans des conférences de consensus ;
4-
veiller à l’application de ce programme « Sport Santé » tout au long de la vie et
adopter les mesures qui puissent ancrer dès l’enfance la conviction que la
pratique du sport est nécessaire à la préservation de sa santé; sensibiliser l’ensemble
de la population après l’avoir informée, et solliciter son appui pour la réalisation
de ce programme.
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