✒TRIBUNE
de Gilles Djeyaramane en hommage à
Thomas Sankara
Le Capitaine Thomas Sankara a dirigé le Burkina Faso de 1983 à 1987. Se revendiquant comme « Révolutionnaire », il aura démontré que la politique pouvait vraiment permettre de servir ses concitoyens avec sincérité. Ce 15 octobre 2022 marque le 35e anniversaire de la disparition de « cet éternel jeune homme politique", devenu quasi-mythique en Afrique. Il semblerait qu'il soit entré pour l'éternité dans le Panthéon des grands hommes de l’Afrique contemporaine.
Thomas Sankara – un personnage mythique
Thomas Sankara était avant tout un militaire au sens noble du terme et un exceptionnel homme d’état. Il est né en 1949 à Yako dans l’ex Haute-Volta, l’actuel Burkina Faso. Il a dirigé son pays, un des pays les plus pauvres du monde de 1983 à 1987, année de son assassinat.
Il est arrivé au pouvoir porté par un coup d’état militaire en 1983 qui a renversé le régime du Médecin-Commandant Jean-Baptiste Ouédraogo. Il avait été quelques années auparavant secrétaire d’Etat à l’information et brièvement Premier ministre (limogé après quelques mois en fonction).
Il a été assassiné le 15 octobre 1987 en pleine réunion de travail aux côtés de ses collaborateurs à l’âge de 37 ans.
Son assassinat a bouleversé une grande partie des Africains et également un certain nombre de personnes de toutes nationalités, de toutes origines à travers le monde entier. Dans toute l’Afrique, l’annonce de son décès a été vécue comme une immense perte et a été un grand moment de tristesse.
Du fait de l’absence d’enquête officielle nationale ou internationale, les conditions exactes de son exécution de sa mort et de son inhumation précipitée restent inconnues contribuant par là même à la création et à la perpétuation du « mythe Sankara ». Les derniers développements sur l'affaire Sankara ne semblent pas avoir dévoiler tous ses secrets sous-jacents.
Un dirigeant très différent de ses homologues Africains
Thomas Sankara était un homme politique relativement jeune, il a commis des erreurs comme c’est malheureusement le cas de tous les révolutionnaires. Mais, on peut considérer qu’il aura exercé le pouvoir sur une durée trop brève pour se rendre coupable d’erreurs qui auraient pu le discréditer définitivement dans l’imaginaire populaire.
Plusieurs particularités caractérisent sa trajectoire politique.
Premièrement, Thomas Sankara avait 11 ans à l’indépendance de la Haute Volta, il n’avait donc pas terminé sa formation scolaire, théorique et intellectuelle. On peut penser qu’il appartient donc à une nouvelle génération de dirigeants Africains postcoloniaux à l’inverse de Félix Houphouët-Boigny ou Léopold Sédar Senghor et qu’à ce titre il ne s’est jamais senti obligé de faire allégeance à l’ex-puissance coloniale, la France et à l’Occident en général. C’était donc un homme beaucoup plus libre et décomplexé dans ses rapports au monde. Par ailleurs, sa formation s’est effectuée en Afrique et à Madagascar. En effet, il a été Élève-officier à l’Académie militaire d’Antsirabe à Madagascar dans les années 1970 et a effectué une formation au Maroc. Il en est ressorti fortement influencé par la « révolution Malgache » de 1972. Bref, un dirigeant Africain formé par les Africains.
Deuxièmement, il se revendiquait comme « révolutionnaire » et avait un véritable comportement « révolutionnaire ». Il se présentait comme profondément tiers-mondiste, défenseur des opprimés face aux puissants, des femmes et des enfants. Concrètement, son exercice du pouvoir a été extrêmement volontariste : mise en place de politiques publiques de santé (campagne de vaccinations, séance de sport de masse …), engagement pour l’éducation pour tous (construction d’écoles…), promotion et défense des droits des femmes, réductions drastique du train de vie de l’Etat (on parle d’utilisation de Renault 5 en lieu et place de grosses cylindrées en guise de voitures officielles, d’utilisation de vols réguliers pour des voyages officiels..), positionnement résolument détaché des grandes puissances (non–alignement, dénonciation du néocolonialisme ) …
Troisièmement, Thomas Sankara était un virtuose de la communication, séducteur, il savait utiliser les medias à son avantage. Il n’hésitait pas dans ses discours à dénoncer les injustices et les inégalités économiques ou sociales. François Mitterrand, relativement avare de compliments, lui a d’ailleurs avoué son admiration malgré le « caractère tranché » de ses prises de position à l’occasion d’une réception officielle désormais très célèbre, réception qui flirta l’incident diplomatique entre la France et le Burkina Faso.
Un exemple d’intégrité, encore présent dans l’imaginaire Africain
En résumé, le Capitaine Thomas Sankara qui avait beaucoup d’idées et de volonté, il a donc joint la parole aux actes et très rapidement il s’en est allé.
Et le plus important ce sont les valeurs que son personnage véhicule dans les esprits, valeurs qui auront marquées son mode de gouvernement : le courage, le pragmatisme, le patriotisme, la rigueur et la discipline, l’honnêteté, l’ordre, le travail et enfin une sorte d’ascétisme dans l’exercice du pouvoir bref une forme d’idéal politique universel. Thomas Sankara a montré qu’être au service des autres, c’est possible, même en politique.
Ce n’est pas seulement l’Afrique qui a besoin de dirigeants incarnant ces valeurs mais le monde entier.
La mort de TS est une perte pour le monde entier. Il était un véritable président serviteur.
RépondreSupprimerCe texte est écrit dans un style simple. Mon objectif est qu’il soir lu par le plus de monde et que ceux qui le connaissent pas s’y intéresse…
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