Camps surpeuplés,
surmortalité infantile, secours insuffisants… Face à l’urgence, MSF étend ses
activités et lance un appel aux dons pour les réfugiés du Soudan du Sud.
Juba / Paris, 2 août 2012 – De récentes enquêtes épidémiologiques
menées par MSF dans deux camps de réfugiés au Soudan du Sud montrent des taux
de mortalité et de malnutrition au-dessus des seuils d’urgence, annonce aujourd’hui
Médecins Sans Frontières (MSF).
Plus de 170 000 réfugiés ont traversé la frontière, après
un dangereux périple, pour fuir les combats et l’insécurité alimentaire dans
les régions du Nil Bleu et du Sud Kordofan, au Soudan. Beaucoup ont dû marcher
des semaines et arrivent dans les camps dans un état de fatigue et de vulnérabilité
extrêmes. Dans deux camps de réfugiés en particulier, les très mauvaises
conditions de vie ont des conséquences dramatiques sur la santé des
populations.
Depuis juin, ce sont, en moyenne, cinq enfants qui meurent
chaque jour dans le camp de Yida, tandis que dans le camp de Batil, un enfant
sur trois souffre de malnutrition.
« Le nombre d’enfants qui
meurent dans le camp de Yida est accablant, et les 1 200 enfants sévèrement
malnutris admis dans le programme nutritionnel de MSF à Batil ne sont que la
pointe de l’iceberg, explique André
Heller-Pérache, chef de mission MSF au Soudan du Sud. La majorité de nos
patients, dans les deux camps, sont des enfants malnutris affaiblis par la
diarrhée, le paludisme ou les infections respiratoires. Pris dans un cercle vicieux qui entraîne des
complications, beaucoup d’entre eux ne survivent pas. Nos équipes médicales
travaillent sans relâche, dans des conditions très difficiles, pour essayer de
sauver le plus de vies possible».
Dans le camp de réfugiés de Yida qui abrite 55 000
personnes, une enquête, menée par MSF entre juin et juillet, révèle des taux de
mortalité de quatre décès pour 10 000 et par jour chez les enfants de moins de
cinq ans. Au mois de juin, ce sont cinq enfants en moyenne qui sont morts
chaque jour de diarrhées et d’infections sévères. De plus, le taux de mortalité
global dans le camp au cours de la même période représente également le double
du seuil d’urgence 1 avec deux décès
pour 10 000 personnes et par jour.
L’étude, finalisée le 27 juillet, montre que dans 82 % des
familles de réfugiés, au moins une personne a été malade au cours des deux
semaines précédentes.
Dans le camp de Batil, dans la région du Nil Supérieur, qui
accueille quelque 32 000 personnes, les résultats préliminaires d’une enquête épidémiologique
menée par MSF et finalisée le 31 juillet montrent un taux de malnutrition
global chez les enfants de 27,7 %, et de malnutrition aiguë sévère de 10,1 %,
soit cinq fois le seuil d’urgence.
Chez les enfants de moins de deux ans, ces chiffres sont
encore plus alarmants avec 44% de malnutrition globale et 18% de malnutrition
aiguë sévère.
Notre enquête a également révélé un taux de mortalité de
deux décès pour 10 000 personnes et par jour chez les enfants de moins de cinq
ans au cours des quatre derniers mois, un taux équivalent au seuil d’urgence.
La compilation et l’analyse de ces données doivent être finalisées mais les équipes
de MSF craignent déjà que le taux de mortalité au cours des dernières semaines
ne soit encore plus élevé.
« La saison des pluies a fait de
ces camps un enfer pour les réfugiés, explique Bart Janssens, directeur des opérations à MSF. Les
routes d’accès deviennent impraticables, rendant l’acheminement de l’aide
humanitaire extrêmement compliqué. La situation sanitaire est catastrophique et
nécessite que tous les efforts soient mis en œuvre pour dépasser les difficultés
logistiques si nous ne voulons pas voir ces enfants mourir. La diarrhée étant
la principale cause de mortalité dans les camps, la priorité est d’améliorer l’accès
à l’eau potable et aux structures d’assainissement. Sans oublier des
distributions de nourriture ciblées, en particulier à Batil où la malnutrition
dépasse le seuil d’urgence.»
MSF, principal acteur médical dans les quatre camps de réfugiés
des régions du Nil Supérieur et d’Unité,
a mis en place une réponse massive. Dans le camp de Yida, le nombre de lits d’hôpital
a été doublé afin de pouvoir prendre en charge le nombre toujours croissant de
patients sévèrement malades.
Au total, MSF a déjà déployé plus de 160 personnels
internationaux et 350 personnels nationaux, tandis que des équipes supplémentaires
sont en train d’affluer pour faire face aux énormes besoins médicaux.
Notes aux éditeurs - Références pour interpréter
les données de mortalité et malnutrition :
Seuils de référence en situation d’urgence :
Taux de mortalité globale (population totale) : 1 décès /
10 000 personnes / jour
Taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans : 2 décès /
10 000 personnes / jour
Taux de malnutrition aiguë globale, enfants de moins de 5
ans (malnutrition sévère et modérée) : 15%
Taux de malnutrition aiguë sévère, enfants de moins de 5
ans : 2%
LES ACTIVITES MSF DANS LES CAMPS
DE REFUGIES
Depuis novembre 2011, MSF mène
des programmes d’urgence auprès des réfugiés en provenance des régions du Sud
Kordofan et du Blue Nile, au Soudan.
MSF gère un hôpital dans chacun
des quatre camps de réfugiés et fournit à l’heure actuelle plus de 9000
consultations par semaine. 150 patients sont actuellement hospitalisés et 2300
enfants malnutris sont pris en charge dans les programmes nutritionnels MSF.
MSF vaccine également
les enfants contre la rougeole lors des afflux de réfugiés, fournit un accès à
l’eau potable et à des structures d’assainissement dans les camps et
intervient, quand nécessaire, pour réaliser des distributions d’urgence de
biens de première nécessité (savon, bâches plastiques et rations alimentaires d’urgence).
Pour faire un don:
Médecins Sans Frontières
Urgence Soudan du Sud
BP 30134
75523 PARIS CEDEX 11
Urgence Soudan du Sud
BP 30134
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