L’hôpital est en crise. Manque de moyens, de soignants, de sens. Et si,
aussi, le management était en cause ? Propos provocateurs ? Irresponsables ?
Think Tank Economie Santé - Ph Leduc
🔎Zoom sur le Dr Philippe Leduc
MINE D'INFOS/ Actualités en libre partage. Ce blog vous offre outre des Infos: protection sociale, culture etc. des interviews esclusives [libre de droits sous réserve de sourcer le blog]. La créatrice du blog [ex. Chef de service MGEFI] passionnée d'Afrique & RS est journaliste membre du réseau mutualiste MutElles; SEE; & ADOM. ✍️Pour proposer un sujet à la rédaction merci d'écrire à sa rédactrice en chef Nora ANSELL-SALLES pressentinelle2@gmail.com /
L’hôpital est en crise. Manque de moyens, de soignants, de sens. Et si,
aussi, le management était en cause ? Propos provocateurs ? Irresponsables ?
Think Tank Economie Santé - Ph Leduc
🔎Zoom sur le Dr Philippe Leduc
Un visiteur mystère plutôt d’un résident mystère
Non, le client mystère Papyhappy ne séjourne pas dans les établissements ! Bien que ce serait le meilleur moyen d’évaluer les prestations proposées, il est malgré tout difficilement envisageable d’un point de vue pratique et moral. En revanche, le client mystère peut aisément visiter les structures d’hébergement en se faisant passer pour le membre d’une famille à la recherche d’un logement pour son proche âgé. Il est alors reçu dans les mêmes conditions qu’une famille lambda, sans accueil privilégié ni tapis rouge.
L’avis correspond aux éléments et informations perçus (et percevables !) durant la durée de la visite, qui dure entre 1 et 2 heures. Bien évidemment, ces visites permettent d’apprécier les résidences à un instant T, et elles n’ont absolument pas la prétention de concurrencer celles de l’Agence Régionale de Santé en charge du contrôle des établissements médico-sociaux. Ce qui est sûr, c’est que ce moment de la découverte d’un établissement est vraiment très important pour la famille ou la personne âgée, un moment chargé en émotions et souvent difficile. C’est là qu’on se fait sa première impression.
Des avis mais sur quelle base ?
Parce que notre plateforme propose aux internautes de noter les établissements, les clients mystère font de même. Ils attribuent 5 notes, sur la base de ce qu’ils observent et de ce qu’on leur explique sur place. Une note générale, et une note pour chacun des 4 grands critères suivants : l’hébergement, l’ambiance, la restauration et les services. Il complète cette notation avec un commentaire qui apporte des précisions et explique les notes, et avec des photos prises avec autorisation, non retouchées, l’idée étant de refléter au maximum la réalité.
Les notes ne sont pas données au hasard. Le client mystère s’appuie sur un référentiel de notation très complet avec un certain nombre de sous-critères bien précis. Si on prend l’exemple de la restauration, il prend en compte par exemple l’approvisionnement, la cuisine sur place, le choix des menus, le dressage des tables, l’intervention d’un nutritionniste, etc. Ils ne vont évidemment pas jusqu’à gouter les repas ! Malgré cette base commune d’appréciation, celle-ci conserve bien sûr une part de subjectivité et de ressenti personnel. Lorsqu’il va devoir évaluer l’ambiance, il va se fier à ce qu’il perçoit et ressent, observer les résidents, le personnel, et se demander s’il se sent bien dans ce lieu et s’il a été bien accueilli. Tous les clients mystère essaient de conserver le maximum de neutralité et d’objectivité dans leur évaluation. Et dans tous les cas, ils tentent tous de répondre à cette même question : « Serais-je prêt à confier un proche à cet établissement ? ».
Le point commun de tous les clients mystère Papyhappy ? Attacher beaucoup d’importance à l’Humain ! C’est pourquoi une résidence flambant neuve décorée à la dernière mode des magazines mais qui aura semblée froide et sans âme au visiteur mystère pourra se voir attribuer une moins bonne note qu’une bâtisse à l’allure vieillissante certes mais chaleureuse où l’on aura croisé des résidents et des équipes le sourire aux lèvres.
D’accord, mais on peut se poser la question du choix des établissements visités
Nous tenons à rester le plus juste et le plus équitable possible, c’est vraiment la pierre angulaire de notre activité. C’est aussi pourquoi les résidences visitées sont choisies de manière aléatoire par les clients mystère. On visite tous les types d’hébergement (EHPAD, résidences services ou résidences autonomie, collocations, habitat intergénérationnels…), que les établissements soient à gestion publique, privée ou associative. Toutes les offres existantes à l’exception des accueil familiaux qui sont une catégorie particulière gérée différemment par la plateforme et non soumise aux avis. Les clients mystère tentent donc leur chance partout, sachant que les visites leur sont parfois refusées pour diverses raisons : nécessité de remplir au préalable un dossier de demander d’admission, établissements réservés aux locaux, ou encore en cas d’épidémie. -La situation sanitaire des derniers mois nous a d’ailleurs obligé à suspendre ses visites, parce au-delà de l’interdiction, il nous a semblé tout bonnement impensable pour elle de faire prendre un quelconque risque aux résidents ou aux familles au motif de « fausses » visites. L’objectif est de couvrir à terme l’ensemble du territoire français et d’avoir visité (ou tenté de visiter) toutes les structures d’hébergement existantes. Il y a du boulot avec les plus de 12 000 structures d’hébergement référencées, et des clients mystères à recruter !
Qui sont ces clients mystère ?
Les clients mystère Papyhappy sont des collaborateurs en free-lance, implantés partout en France. La plupart sont des personnes issues du secteur médico-social, encore en activité ou à la retraite. Parmi elles, il y a des gérontologues, des assistantes sociales, d’anciens directeurs d’EHPAD, des infirmières, etc. Leur point commun à tous, c’est l’envie d’apporter plus de transparence et d’ouverture au secteur et d’aider les autres. Cette motivation est indispensable pour pouvoir assurer la mission dans les bonnes conditions, en toute objectivité et bienveillance, et jouer son rôle sans trop d’état d’âme. Ce qui est important pour nous, c’est que la mission ne devienne jamais une contrainte, surtout qu’il s’agit souvent d’une activité complémentaire.
Un intérêt pas uniquement pour le grand public
Autre chose importante. Au-delà de l’objectif d’aider nos ainés ou leurs aidants à choisir une solution de logement, les visites en client mystère présentent un autre intérêt. Si à première vue les établissements n’aiment pas se savoir évalués et notés de cette manière qui bouscule un peu les codes, ces avis peuvent s’avérer être un véritable atout pour eux. Ils sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à le comprendre. Les avis sont en effet précieux pour les résidences qui souhaitent s’inscrire dans un processus d’amélioration continue. C’est aussi un moyen pour eux d’afficher leur ouverture et leur transparence. Il y a d’ailleurs très peu de contestations de la part des établissements suite aux avis des clients mystère.
S’il y a d’ailleurs une chose à retenir, c’est que chez nous les avis ne sont vraiment pas là pour être complaisants. Pourtant, il y a en a beaucoup de positifs. C’est une belle reconnaissance pour le travail des équipes qui donnent leur maximum au quotidien pour prendre soin de nos aînés.
En résumé, il y a des établissements qui font bien leur job, d’autres un peu moins bien, et c’est le nôtre de contribuer à y voir un peu plus clair. A notre échelle, bien sûr, avec nos moyens Humains avec un grand H.
Propos recueillis par Nora Ansell-Salles auprès de Joachim Tavares, fondateur de Papyhappy, le « TripAdvisor » des logements seniors.
A l’occasion de la COP26, le CTIP, porte-parole des institutions de prévoyance (IP), fait le point sur l’engagement de ses adhérents en matière d’investissements responsables. Dans un communiqué de fin de semaine dernière, le CTIP rappelle que comme qu’investisseurs institutionnels, les IP sont clairement engagées et gèrent plus de 80 % de leurs actifs en investissements responsables, soit 160 milliards d’euros. Cette part a doublé depuis les Accords de Paris en 2015. Le CTIP décide de renforcer sa démarche et crée un Comité des pratiques RSE avec pour objectif de diffuser et d’enrichir les bonnes pratiques en la matière.
« Le changement climatique est un enjeu majeur qui nécessite l’engagement de tous les acteurs de la vie économique et sociale », estime Denis Laplane, président du CTIP. « Lorsqu’en amont de la COP26, nous avons passé en revue tout ce qui avait été développé par les IP en la matière, nous avons constaté de réelles réussites. Le Comité des pratiques RSE s’est donc tout naturellement imposé à nous pour capitaliser sur ces aspects positifs et les partager largement avec nos clients que sont les entreprises et les salariés ». Avec la création de ce Comité, « les IP s’affirment comme des acteurs majeurs d’une protection sociale durable », ajoute Dominique Bertrand, le vice-président du CTIP.
Plus de 80% des investissements sont responsables
Une étude menée pour le CTIP auprès de ses membres à l’été 2021 a révélé que l’Investissement Responsable était très majoritaire dans les IP. En effet, dès le début des années 2000, la plupart d’entre elles, sous l’impulsion de leur gouvernance paritaire, ont commencé à réorienter leurs investissements vers des valeurs respectueuses de l’environnement et des droits sociaux et humains. Aujourd’hui, les trois quarts utilisent des indicateurs de suivi extra-financiers de leurs actifs, et plusieurs ont déjà atteint 100% d’investissements responsables.
Ainsi, au 30 juin 2021, les IP géraient 160 milliards d’euros d’investissements responsables, soit 83% de leurs investissements en prévoyance, santé et épargne retraite. Elles s’appuient pour cela sur leurs gestionnaires d’actifs, sur le recours aux différents labels de place (ISR, Greenfin ou Finansol) ou font appel aux agences de notation comme Vigéo afin d’évaluer de façon documentée les choix possibles. Enfin, la majorité des IP s’inscrivent dans une logique de désengagement assumé des industries qui ne contribuent pas à la transition écologique.
Des formes d’engagement multiples
L’engagement des IP ne se limite pas à ce volet financier. Dédiées au monde de l’entreprise et des branches professionnelles, elles accompagnent leurs adhérents dans leurs propres politiques RSE, au travers d’actions dans le domaine du développement durable, de la santé, de la qualité de vie au travail, de la réinsertion professionnelle, ou encore de la lutte contre le gaspillage alimentaire ou le mal logement.
Les IP mènent également leurs propres démarches en matière d’engagement sociétal : soutien à la recherche, appui aux associations, créations de fondations, etc. « Les IP ont longtemps fait de la RSE sans le savoir », résume Denis Laplane, qui précise : « La dimension environnementale avec l’émergence du développement durable leur a permis de mieux cibler et organiser leurs actions en cohérence avec les 17 objectifs du Plan de l’ONU en faveur du développement durable. ».
Un comité RSE..pour quoi faire
Le Comité en charge des pratiques RSE est ouvert, sur la base du volontariat, à toutes les IP. Son objectif est d’être un lieu d’échange pour formaliser des axes communs d’actions et enrichir les démarches actuelles. Sont ainsi envisagés, dans un premier temps, un travail sur l’alignement des pratiques avec les récentes orientations fixées par l’Union européenne ainsi que la rédaction d’un guide des bonnes pratiques à destination des entreprises adhérentes.
Ce nouveau Comité est présidé par Frédéric Olivennes, Directeur général d’Audiens, le groupe de protection sociale des médias et de la culture : « Au-delà de la poursuite du recensement des bonnes pratiques, nous voulons nous orienter vers un socle commun pour progresser en matière de RSE. Nous le devons à nos entreprises adhérentes, à nos salariés et surtout aux générations futures », souligne Frédéric Olivennes.
Télécharger le communiqué (PDF)
Faut-il vacciner les enfants contre la Covid-19 ?
Communiqué de l’Académie nationale de médecine
15 novembre 2021
NATURE AU BOUT DES DOIGTS est une promenade tactile, un chemin poétique exacerbé par le blanc, un voyage avec les doigts dans la nature ponctué par les différentes saisons. La collaboration de Pénélope depuis 2017 avec l’Institut National des Jeunes Aveugles lui a inspiré un ouvrage en lecture tactile destiné à tous, motivée par la volonté de sensibiliser les voyants à l’expérimentation tactile.
Ce livre, qui paraîtra au mois de novembre chez « Les Grandes Personnes », a un parti pris esthétique tout à fait innovant dans l’univers des livres tactiles, aussi bien au niveau graphique que par sa réalisation, véritable prouesse de fabrication. Il a reçu une aide du CNL, ce qui lui d’avoir un prix abordable et une large diffusion. Les livres tactiles sont trop souvent exposés en vitrine ou sous clef dans les médiathèques car très onéreux.
Pénélope est une auteure illustratrice engagée, son sujet de prédilection est l’insertion. Depuis 2012 elle travaille avec l’institut national des jeunes sourds (INJS), enseignants, interprète en langue des signes, mamans sourdes et leurs enfants, poète sourd, à l’élaboration d’ouvrages en langue des signes destinés à tous, sourds et entendants, voyants et non-voyants réunis. Des mains pour dire je t’aime 2016, Parle avec les mains 2018, Amour… Rouge 2019, Colombe blanche 2020 ont tous parus aux éditions des Grandes Personnes. Elle sillonne la France lors d’expositions, d’interventions et de rencontres auteur, motivée par la mission de faire connaitre la langue des signes et de mélanger les publics. Elle a créé un spectacle avec un poète sourd « Poèmes en langues des signes » ainsi que les décors : les représentations auront lieu dès 2022.
La Nature au bout des doigts est accompagné de plusieurs expositions des dessins originaux, d’un petit musée blanc d’expérimentation tactile à base de matières blanches naturelles opposées à des matières blanches fabriquées en usine ou artisanalement. Une installation de « table de pique-nique » - entièrement blanche pour ne pas être distrait par les couleurs - fait le lien entre les deux. Des ateliers d’expérimentations et de lecture tactiles, de création tactiles, et de parcours et d’expérimentations sensorielles (pour les tous petits) complètent l’exposition.
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Pourquoi la dérive des réseaux sociaux
est une menace existentielle
Marc Gombeaud
Journaliste honoraire
Co-fondateur, Groupe Destination Santé
https://fr.linkedin.com/in/
Nés dans la première décennie du millénaire, les réseaux sociaux se sont répandus dans un monde qui ne les attendait pas. Supposés permettre la libre expression de chacun, ils concernent aujourd’hui plus de 4,5 milliards d’utilisateurs… Ce succès doit beaucoup à l’absence de tout cadre juridique, et les dérives de l’expression individuelle y occasionnent désormais d’authentiques troubles à l’ordre public.
Diffamation publique et « chasse en meute » par des groupes factieux, désinformation, complotisme…le phénomène est largement reconnu. Il atteint une telle dimension que de nombreux états ou ensembles d’états, à l’instar de la Commission européenne, veulent y remédier en légiférant. Car à ce jour ces plates-formes, plus puissantes que la plupart des médias, ne sont pas soumises à leurs contraintes. Ainsi sont-ils dispensés en France, de nommer un Directeur de la Publication qui, dans tout média de presse, est civilement et pénalement responsable des contenus.
Il y a urgence. Déjà utilisés pour influer sur des scrutins électoraux, ces opérateurs s’attaquent désormais aux politiques publiques des états. Ils menaçaient déjà le pluralisme démocratique et les voici donc mués en Cheval de Troie d’organisations qui s’attaquent à la Santé et la Sécurité publiques. Depuis 10 mois en effet, les dérives complotistes ont explosé en France à la faveur de la pandémie de Sars-Cov2. A son corps défendant ou avec sa complicité passive, les attaquants recourent comme tête de pont à un réseau présenté comme professionnel…
Le 4 février 2004 en créant ‘The Facebook’, Mark Zuckerberg a-t-il vraiment réinventé la roue, ou seulement universalisé la pratique du dazibao chinois ? Ses « murs » numériques ont à tout le moins entraîné une révolution culturelle 2.0 qui, à la différence de la version originale chinoise, s’est étendue à l’échelle planétaire. Livré à lui-même, ce phénomène n’exalte pas le meilleur de la nature humaine.
Mark Zuckerberg est aujourd’hui érigé en tête de turc pour avoir dévoyé le concept même de liberté d’expression, telle que définie par le Premier amendement de la Constitution des Etats-Unis d’Amérique.
Avec près de 3 milliards d’utilisateurs actifs mensuels et un peu moins de 2 milliards d’utilisateurs actifs journaliers selon Digimind[1], Facebook n’est pourtant que la pointe de l’iceberg constitué par les « réseaux » dans le monde. En France seulement selon la même source, la plate-forme totalise 40 millions d’utilisateurs actifs mensuels dont 51% de femmes. Quant à l’Europe[2], elle compte 423 millions d’utilisateurs (pour 749 millions d’habitants[3]), l’Amérique du Nord 261 millions (pour 371 millions d’habitants), et l’Asie-Pacifique 1,278 milliard pour une population totale de 4,7 milliards… Considérant ces chiffres, Facebook peut donc être considéré comme un miroir populationnel assez peu déformant, même s’il renvoie une image peu flatteuse.
Il y a cependant longtemps que l’apprenti sorcier a été dépassé par ses émules. A cet instant et selon le Global Statshot Report[4] publié par Hootsuite et We are social, les réseaux sociaux totalisent plus de 4,5 milliards d’utilisateurs. Soit 57% de la population mondiale.
Dotés – au nom de la liberté d’entreprendre - d’un pouvoir absolu et quasi universel, gouvernés par des opérateurs qui respectabilisent leur irresponsabilité en affichant le souci de la liberté d’expression et appuient leur puissance de pénétration sur le vide juridique qui entoure leurs plates-formes, les réseaux sociaux ont acquis une puissance – économique, sociale mais également politique - qui excède aujourd’hui celle de certains pays.
Qu’il s’agisse de propriété intellectuelle, de compliance économique et fiscale mais aussi – c’est le sujet qui nous occupe ici – de démocratie au quotidien, ces entreprises ignorent purement et simplement les législations nationales.
Dans le domaine de l’emprise sociale et de l’entrisme politique, la première alerte vraiment sérieuse remonte à la campagne du référendum britannique de 2016 qui a mené au #Brexit. Les votes ont été largement influencés[5] à travers des vols massifs de données personnelles, par la société Cambridge Analytica pour le compte de Leave.EU On apprendra par la suite le rôle similaire joué par cette société lors de l’élection présidentielle de 2015 au Nigeria. Les élections présidentielles de Donald J.Trump aux Etats-Unis en 2016, puis de Jair Bolsonaro au Brésil en 2018, devront également beaucoup à l’ingénierie des réseaux sociaux…
Depuis lors, les exemples de l’emprise croissante des organisations complotistes sur le web social se sont multipliés. Des groupes de pression comme QAnon par exemple, sont désormais omniprésents et créent des filiales en Europe avec l’objectif affiché d’y opérer un entrisme politique et social au mépris de toute approche démocratique. On n’est jamais trahi que par les siens et en sortant du bois aux Etats-Unis d’abord puis devant le Parlement européen et l’Assemblée nationale française, la lanceuse d’alerte Frances Haugen, ex-ingénieure dans le Service d’intégrité civique (!) chez Facebook, a donné corps et substance aux dénonciations formulées ici et là, par des observateurs avertis mais extérieurs. Le séisme est fort…mais pas suffisamment pour entamer la puissance de son ex-employeur : les profits de Facebook publiés pour le 3ème trimestre 2021 se montent à 9,141 milliards de dollars.
Follow the money…
Ce qui est vrai pour Facebook l’est pour toutes les enseignes de réseaux sociaux, fondées sur l’exploitation des données personnelles de leurs utilisateurs et la diffusion de publicités ciblées. Lesquelles ne sont pas toutes innocentes. Si vous vous intéressez à l’information sur ces réseaux, suivez la piste de l’argent qui les alimente. Et cherchez les intérêts – politiques, financiers… - qui sous-tendent leur fonctionnement.
A cet égard, le dévoiement d’un réseau initialement présenté comme professionnel – je fais référence à LinkedIn – est spécialement préoccupant. Durant l’hiver 2020 et le printemps 2021 y sont apparus des vagues de messages de désinformation, généralement orientés selon une ligne idéologique anti-gouvernementale – ce qui peut s’entendre – anti-vaccinale et en faveur de thérapies alternatives et non-éprouvées dans le cadre de la pandémie. Ce qui est scientifiquement et moralement indéfendable. Soutenu par des armées de trolls, le phénomène s’est étendu. Il a rapidement développé des vagues de violence et d’invective. La sémantique des messages trahissait des origines politiques extrêmes – d’un bord à l’autre de l’échiquier – et la violence s’est installée sur fond d’attaques ad hominem envers les utilisateurs qui tentaient de rétablir la vérité scientifique.
Tout ceci s’est développé dans l’indifférence apparente des administrateurs du réseau, jusqu’à l’été 2021. Les mois de juillet et août ont marqué l’émergence d’une nouvelle technique de la part des opérateurs porteurs de désinformation et de dérives sectaires. Ils ont alors procédé à la dénonciation en meute des émetteurs d’informations validées et conformes au consensus international : médecins, scientifiques, journalistes spécialisés ont ainsi été exclus du réseau sur décision de la soi-disant « modération » opérée par LinkedIn.
De nombreux utilisateurs ont tenté d’alerter ses responsables. Certains sont allés jusqu’à déposer plainte auprès de la CNIL et saisir la société mère du réseau en Irlande. Sans résultat. Peu à peu, des professionnels inquiets de ces évolutions désastreuses se sont retrouvés, rassemblés, et ont commencé de concerter leurs démarches. Cette « coagulation » de médecins, chercheurs, scientifiques, juristes, journalistes… s’est matérialisée il y a quelques jours par la création du Collectif Info Ethique Science. N’en doutons pas, le lecteur attentif est appelé à le croiser de plus en plus souvent.
Dans l’intervalle et à titre d’exemple personnel, le signataire de ces lignes a pris contact avec la Directrice de la Rédaction pour l’Europe de LinkedIn. J’espérais que cette personne, portant un titre de journaliste professionnel, se sentirait concernée par l’application de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la Presse.
« En raison du recrutement sans doute plus "professionnel" de ses utilisateurs, LinkedIn échappait jusqu'à il y a peu à ces critiques ou ces soupçons. Or la période de pandémie que nous venons de traverser a vu cette intéressante singularité voler en éclats. LinkedIn est devenu une véritable marketplace pour les trolls et les désinformateurs en santé publique, et une dialectique propre aux groupes extrémistes s'y est développée, l'agression et la "submersion" sous l'invective devenant comme une règle non écrite.
« Est-ce un effet du confinement et du développement des activités en télétravail, ou la conséquence du poids spécifique accru occupé par la santé dans l'actualité? La chose tient-elle aux dérives individuelles de scientifiques dévoyés qui n'ont pas été identifiés comme tels par des "modérateurs" insuffisamment qualifiés ? Ou bien plus simplement, est-ce que les robots manifestement utilisés pour cette modération nous ont ici montré les limites de (leur) intelligence artificielle?
« Le phénomène n'est pas marginal. Il est si prépondérant qu'un groupe d'utilisateurs s'est constitué à partir de personnes qui, victimes de ces attaques pour avoir défendu une approche scientifique équilibrée et validée, n'ont pu obtenir de votre modération le retrait de désinformations éhontées qui de fait, représentaient une menace pour la santé publique. Je fais aujourd'hui partie de ce groupe (…) d'utilisateurs.
« Plus grave, certains scientifiques ont même été exclus - temporairement puis définitivement- en raison de l'insistance avec laquelle ils recouraient à ladite modération...
« A titre personnel je n'ai pas pu obtenir le retrait de posts injurieux et violents (‘journalope’ ‘il va falloir faire rouler des têtes’...) dont j'ai été l'objet pour avoir rappelé quelques données factuelles sur la vaccination... Tout cela paraît-il ‘ Ne va pas à l’encontre de (vos) Politiques relatives à la communauté professionnelle’.
« Vous le savez naturellement, les réseaux sociaux bénéficient d'un statut dérogatoire au droit commun des médias ou plutôt...d'une absence de cadre réglementaire. Ce statut atypique et notamment l'absence d'un directeur de la Publication, sont à nos yeux constitutifs des dérives observées sur la plupart des réseaux sociaux. Et donc, je regrette de le constater, moins souvent mais néanmoins trop souvent aussi sur LinkedIn.
« Or ceci n'a rien à voir avec la liberté d'expression que nos amis américains brandissent tel un étendard absolutoire. Après plus de 40 ans de carte de presse, vous m'accorderez peut-être le crédit d'un certain attachement à cette liberté à laquelle j'ai donné beaucoup de mon temps extraprofessionnel. (…)
« Pardon de vous seriner une citation que vous connaissez évidemment mais... "La liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres" (A. de Saint-Exupéry). Tout professionnel de l'information le sait par expérience, la liberté débridée tourne à la foire d'empoigne et n'en est plus une.
« Il manque à l'évidence aux réseaux sociaux l'élément de responsabilité qui leur permettrait de jouer pleinement leur rôle social, et leur éviterait de se muer en lieux asociaux. Il s'agit du directeur de la Publication, garant civil et pénal du contenu, comme dans tout média qui se respecte...et respecte ses utilisateurs.
« Pour nous et au nom peut-être de sa singularité, LinkedIn mérite le meilleur et devrait tracer le chemin. L'obligation sinon viendra du législatif, en France et en Europe. A ce titre, la mise en place de la Commission Bronner est un signal qui va dans le bon sens...de mon point de vue professionnel. »
Ce courrier est resté sans réponse ni de sa destinataire, ni de la fameuse Directrice de la Communication de LinkedIn…
J'espère que vous en conviendrez avec moi (…) »
Depuis lors, silence radio. Le Post en question a été retiré sans tambour ni trompette mais son auteur sévit toujours. Il va sans dire que je n’ai jamais reçu le moindre signe de vie de la Directrice de la Communication de LinkedIn, dont ma « consœur » m’avait obligeamment communiqué les coordonnées. Par la suite, toutes les communications que j’ai pu adresser à cette dernière pour tenter de faire « réhabiliter » des experts (souvent renommés) exclus par la modération erratique du réseau sont restées sans réponse.
Curieusement et dès lors que le président de la Commission sur les Lumières à l’ère numérique, Gérald Bronner, s’est trouvé publiquement affiché « dans la boucle », la plupart des « réhabilitations ont pu être obtenues. Et suite à un courrier qu’il lui avait adressé, Gérald Bronner lui-même a reçu réponse de la Présidente de LinkedIn France. Preuve s’il en est, d’une présence humaine à la tête de ce réseau.
Que conclure de tout cela ?
Comme l’affirme Frances Haugen, « Facebook ne peut pas continuer à être juge, jury, procureur et témoin ». Il est donc nécessaire d’obtenir la transparence sur les données de Facebook et de lutter, au-delà des contenus illégaux, contre « la manipulation des élections, la désinformation et les nuisances pour la santé mentale des adolescents ».
Toutefois, face à la puissance des réseaux concernés, une réponse purement nationale sera inopérante. En cela, sans doute l’espoir pourrait-il venir de l’Europe. Il parait ainsi indispensable qu’un Digital Services Acta pleinement efficace prévoit la mise en place :
[1] Digimind, octobre 2021 https://blog.digimind.com/fr/
[2] « Europe » est ici pris en compte en tant qu’ensemble continental, et non limité à l’Union européenne
[3] INED, https://www.ined.fr/fr/tout-