Une épidémie qui progresse, un
financement des soins qui « s’essouffle »…
L’ASSOCIATION BPCO S’INQUIETE
DES REPERCUSSIONS POUR LA PRISE EN CHARGE DES PATIENTS !
A l’heure où notre système de
santé peine à faire face aux dépenses liées aux maladies chroniques, et face au
bilan mitigé du Plan BPCO initié en 2005, les patients représentés par l’association
BPCO s’interrogent. Quelle qualité de soins sont-ils en droit d’attendre dans
les années à venir ? Comment réduire les coûts sans diminuer celle-ci ? En d’autres
termes, comment financer leur prise en charge dans le contexte d’un système de
santé lui aussi à bout de « souffle » et de moyens ? En l’absence de solutions
qui répondent au défi économique et humain que représente cette épidémie, l’Association
BPCO lance un nouveau cri d’alarme, en ouverture de son colloque annuel
organisé le 13 novembre au Palais du Luxembourg, et dans le cadre de la Journée
Mondiale de la BPCO, relayée en France par la Fondation du souffle.
BPCO : plus que jamais d’actualité
La BPCO est une épidémie moderne, un tueur silencieux, et à
l’instar d’autres pathologies chroniques, une source de dépenses de santé. Des
dépenses en hausse, principalement liées à l’augmentation des hospitalisations.
De plus, près de 3 patients sur 4 ne sont pas diagnostiqués. Si l’épidémiologie
de maladies comme le cancer ou le diabète est aujourd’hui bien connue, la prévalence
de la BPCO reste difficile à estimer. Cela résulte d’un sous-diagnostic
toujours prégnant, notamment du à la complexité de réaliser des Explorations
Fonctionnelles respiratoires (EFR) dans le cadre d’études épidémiologiques. On
estime toutefois que 7,5 % des adultes de plus de 40 ans seraient touchés en
France. Ces 20 dernières années, on observe une augmentation des
hospitalisations consécutives aux exacerbations ainsi que du taux de mortalité,
notamment chez les femmes, dont la courbe s’approche de celle des hommes.
Comme c’est le cas pour toutes les maladies chroniques, la
prise en charge de la BPCO représente un coût important pour l’Assurance
Maladie. Pour le diminuer, la prévention est indispensable et doit cibler le
tabac bien sûr, mais également les maladies professionnelles de certains
secteurs spécifiques (minier, BTP, fonderie, sidérurgie, industrie textile ou agricole).
Outre la prévention, l’amélioration de la prise en charge et de la qualité de
vie passe par le recours à l’ensemble des armes thérapeutiques disponibles
[éducation thérapeutique du patient (ETP), réhabilitation respiratoire,
nouveaux médicaments].
Plan BPCO 2005-2010 : peut mieux
faire
Lors de l’ouverture de son 1er colloque, l’Association BPCO
s’était félicitée de l’annonce de la mise en place d’un Plan dédié, porteur de
beaucoup d’espoirs. Particulièrement investie depuis le lancement de ce Plan,
elle a rapidement initié un grand nombre d’actions en particulier au sein de la
médecine du travail. Parmi elles, la mesure du souffle, dans le cadre du
dépistage de la maladie. Malheureusement,
ce Plan n’a pas bénéficié d’un budget ambitieux
et aucune vraie réponse, concrète et efficace, n’a été apportée aux patients.
L’exemple des EFR complètes, indispensables au diagnostic
et qui ne sont toujours pas obligatoires ; celui de la réhabilitation
respiratoire (RR), à l’efficicité unanimement reconnue et préconisée par la
HAS, mais qui ne fait toujours pas l’objet de la cotation d’acte, sont en la matière
révélateurs…
Pour autant, si le Plan gouvernemental n’a pas permis d’améliorer
sur le terrain le parcours de soin des patients et n’a fait l’objet que d’évaluations
partielles du Haut Conseil de la Santé Publique, il aura sans aucun doute
permis une prise de conscience forte des pouvoirs publics quant à l’enjeu
majeur de santé publique qu’est la BPCO. Selon l’OMS, cette pathologie pourrait
passer à la troisième place des causes de mortalité par maladie.
Réorganiser le parcours de soins
et redonner la parole aux patients
Face au constat partiel d’échec de ce type d’actions
étatiques, il apparaît nécessaire de revenir à des initiatives collectives. La
première : donner la parole aux patients. Ces derniers, en observateurs avisés
du système de soins, doivent devenir acteurs de leur propre santé. Dans ce
cadre, l’Association BPCO annoncera lors de ses 5èmes rencontres, une nouvelle action
concrète afin de répondre à cet objectif : le lancement d’une plateforme
internet dédiée, véritable espace communautaire qui permettra aux patients d’échanger,
de recueillir des conseils et d’avoir accès à une carte personnalisée sur le
suivi de leur maladie.
Ce thème est largement d’actualité puisqu’il fait partie
intégrante du Guide du Parcours de Soins « Broncho-pneumopathie chronique
obstructive » édité en février dernier par la HAS. Ce dernier rappelle en
effet la nécessaire implication du patient dans sa prise en charge, et notamment
dans le cadre de mesures telles que l’éducation thérapeutique du patient (ETP) ou
la réhabilitation respiratoire. Un guide dont l’exhaustivité et la clarté
devraient permettre de relancer le débat engagé en 2005, en impliquant dans les
réflexions l’ensemble des acteurs engagés dans la BPCO, au premier rang
desquels les malades eux-mêmes.
Si ce parcours de soin est aujourd’hui plus que clairement
tracé, reste encore à identifier les pistes de nouveaux instruments de
valorisation financière permettant de le mettre correctement en œuvre. Investir
aujourd’hui pour économiser demain ? Sans doute le défi à ne pas rater…
Pour une meilleure coordination des soins, l’association
BPCO lance un appel à tous les acteurs de santé, pneumologues, généralistes,
pharmaciens, paramédicaux - et aux malades qui sont encore insuffisamment
consultés, avec un mot d’ordre : le dialogue pour trouver des solutions.
Redonner la parole aux patients, les écouter, et aller au delà des mots, en
cessant de morceler le problème et en cassant les corporatismes pour que toute
la « chaîne » de la prise en charge puisse mieux s’articuler, au profit du
patient !
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