Les médicaments
sont aujourd’hui sévèrement critiqués. Non sans raison : les prescriptions sont
trop abondantes et parfois mal fondées comme l’a montré l’affaire récente du Mediator
; le médicament occupe une place centrale dans le dialogue médecin-malade au détriment
de l’éducation à la santé tout aussi nécessaire ; les accidents iatrogènes sont
toujours trop élevés malgré les efforts pour les réduire.
Pourtant 15 millions de Français ont une maladie chronique
et conduisent donc le plus souvent leur vie quotidienne avec le soutien d’un ou
de plusieurs médicaments. Pour leur bénéfice, même si les effets secondaires,
les impasses thérapeutiques et les risques inhérents à ces thérapeutiques amènent
parfois à relativiser les gains. Cependant, qui peut nier que les médicaments
permettent aujourd’hui de poursuivre des vies qui hier se seraient interrompues
beaucoup plus tôt ?
Or, malgré la récente loi de renforcement de la sécurité du
médicament, les polémiques continuent. Preuve sans doute qu’au pays de la loi,
expression de la volonté générale, le coup d’épée a fini dans l’eau.
Nous n’en serions pas là si conjoncturellement, les
gardiens du temple que sont la Haute autorité de santé et l’Agence nationale de
sécurité du médicament, pourtant refaite de bas en haut, faisaient connaître
conjointement leur avis aux patients tentés d’arrêter spontanément leurs
traitements sur la base des allégations de l’ouvrage publié par Messieurs Debré
et Even.
Nous n’en serions pas là non plus si structurellement :
- l’éducation à la santé, qui comprend le rapport de l’individu
au système de soins, était au cœur de la stratégie nationale de santé de notre
pays ;
- la relation médecin-malade s’inscrivait dans un parcours de
soins dont les tenants et aboutissants étaient identifiés par chaque patient ;
- l’information du patient relevait d’une institution unique
plutôt que d’émetteurs multiples sans lisibilité globale, et se déployait dans
des modes de compréhension accessibles au plus grand nombre ;
- la pharmacovigilance trouvait un relais naturel,
raisonnablement promu auprès des patients et de leurs organisations ;
- les actions d’accompagnement des patients, pourtant prévues
par la loi, trouvaient un cadre favorable permettant notamment aux associations
de patients de prendre leur part de responsabilité dans l’éducation thérapeutique
;
- les associations de patients et d’usagers du système de
santé étaient représentées dans les lieux où se prennent les décisions
relatives au médicament : l’unique organe de coopération interassociatif
regroupant les usagers n’a pas été intégré à l’ANSM, sera-t-il demain présent
dans le collège de la HAS et dans ses commissions réglementées ainsi qu’au
comité économique des produits de santé ? Aucun signe, et c’est bien
regrettable, ne le laisse penser.
Plus que jamais, une stratégie
nationale de santé s’impose… nous l’attendons de pied ferme. Tombera-t-elle d’en
haut, où procédera-t-elle de constats et de formulations de préférences
collectives partagées par tous ? Sur la nécessité d’une information
patient-centrée, par exemple !
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