đŸŸ„ INTERVIEW ESCLUSIVE de Patrick Chamboredon - PrĂ©sident de l’Ordre National des Infirmiers


AVANT PROPOS 
Patrick Chamboredon est infirmier en soins gĂ©nĂ©raux et exerce en hĂ©modialyse Ă  l'Assistance publique des hĂŽpitaux de Marseille.
 Il est depuis dĂ©cembre 2017 prĂ©sident de l'Ordre national des infirmiers et depuis novembre 2020 prĂ©sident du ComitĂ© de liaison des institutions ordinales. 

Bonjour Patrick Chamboredon, les  membres de l'Ordre  connaissent peu l'homme derriĂšre le prĂ©sident. 
Les spĂ©cialistes de la protection sociale suivent votre parcours avec intĂ©rĂȘt. 
Le plus grand nombre des lecteurs* de "Mine d'Infos " ont dĂ©couvert l'existence de l'ONI Ă  l'occasion des derniers  articles consacrĂ©s Ă  l'actualitĂ© de l'Ordre. 
Bref l'homme public, peu prĂ©sent dans les mĂ©dias intrigre... 


👉Si vous deviez faire votre auto portait que diriez-vous de vous ?

Il est difficile de parler de soi 
 mais vous m’interviewez en tant que titulaire de ma fonction. C’est donc en qualitĂ© de prĂ©sident du conseil national de l’Ordre des Infirmiers. C’est une fonction importante, que je suis fier d’assumer, et pour laquelle je suis pleinement mobilisĂ©.


👉Par quel chemin dĂ©tournĂ© ou pas devient-on prĂ©sident de l'ONI ?

Mon engagement au sein de l’Ordre a Ă©tĂ© le prolongement naturel de mon engagement de toujours au service de ma profession. J’ai Ă©tĂ© reprĂ©sentant des Ă©lĂšves Ă  l’IFSI, j’ai reprĂ©sentĂ© les soignants au sein de l’hĂŽpital. Il m’a dĂšs lors semblĂ© naturel de m’engager au sein de l’Ordre Ă  sa crĂ©ation, dans le fil de mon engagement au service de ma profession. J’ai Ă©tĂ© prĂ©sident de l’Ordre rĂ©gional pendant huit ans, avant de devenir prĂ©sident du conseil national.


👉Vous doutiez-vous lorsque vous avez succĂ©dĂ© Ă  Didier Borniche de l'ampleur de la tĂąche qui vous attendait ?

Absolument. J’étais dĂ©jĂ  Ă©lu ordinal Ă  l’époque, donc conscient des dĂ©fis auxquels l’Ordre faisait face. Nous avions vĂ©cu le risque de disparition de l’Ordre au moment de l’examen de la loi Touraine ; la situation financiĂšre de l’Ordre Ă©tait prĂ©caire ; l’Ordre ne comptait que 180 000 inscrits et avait peu de relations avec les infirmiers
 Nous avons parcouru beaucoup de chemin depuis !


👉De quelle avancĂ©e ĂȘtes-vous le plus fier depuis le dĂ©but de votre prĂ©sidence ?

GrĂące Ă  la mobilisation de mon Ă©quipe au conseil national, mais surtout grĂące au dĂ©vouement quotidien des infirmiĂšres et des infirmiers sur le terrain – qui a Ă©tĂ© mis en lumiĂšre et saluĂ© pendant la crise Covid – nous avons su renouer avec les pouvoirs publics, comme avec les autres professions de santĂ©, et nous nous sommes battus pour faire advenir des textes importants pour l’évolution de la profession (IPA, vaccination par l’infirmier, ouverture des travaux sur le dĂ©cret infirmier, etc.)
Mais surtout, nous avons su renouer avec la profession. L’Ordre compte aujourd’hui un demi-million d’inscrits, que nous consultons rĂ©guliĂšrement lors de consultations sur leur exercice, sur la sĂ©curitĂ©... C’est ce lien avec le terrain qui donne Ă  l’Ordre toute la lĂ©gitimitĂ© qui est la sienne aujourd’hui. Il est certain que nous pouvons toujours nous amĂ©liorer dans le soutien et l’appui que nous apportons Ă  nos consƓurs et nos confrĂšres, Ă  tous les Ă©chelons de l’Ordre. Tous les infirmiers Ă©lus ordinaux y travaillent sans relĂąche.



👉Si l'ONI est de plus en plus prĂ©sent sur les rĂ©seaux sociaux. Vous demeurez en revanche pour votre part assez rare dans les mĂ©dias, dĂ©crocher une interview relĂšve parfois du parcours du combattant...

Ce qui compte n’est pas ma prĂ©sence ou non dans les mĂ©dias. DĂ©crocher une interview ne relĂšve pas du parcours du combattant. Je m’exprime auprĂšs des journalistes, mais quand j’estime que c’est lĂ©gitime et nĂ©cessaire. Ce qui m’importe, c’est de pouvoir faire entendre la voix de ma profession, quel que soit le moyen employĂ©.



👉Quels dĂ©fis identifiĂ©s vous attendent d'ici la fin de votre prĂ©sidence ?

L’Ordre est entrĂ©, depuis le 28 aoĂ»t, dans un processus Ă©lectoral. Ces Ă©lections constituent un temps fort dans la vie de notre profession : ce sont les seules Ă©lections infirmiĂšres regroupant tous les modes d’exercice : privĂ©, public et libĂ©ral. Elles sont l’occasion pour tous les infirmiers de prendre la parole et de confirmer la reprĂ©sentativitĂ© de nos Ă©lus. 

J’invite donc tous les infirmiers à s’impliquer et à voter – car l’Ordre ne vit que par l’implication des infirmiers !

Au-delĂ  de ça, nous resterons bien sĂ»r extrĂȘmement mobilisĂ©s sur les textes lĂ©gislatifs et rĂ©glementaires susceptibles d’avoir une influence sur l’évolution de notre profession : le PLFSS, le dĂ©cret infirmier, la vaccination HPV, les certificats de dĂ©cĂšs, les enjeux de formation, etc.



👉Quel poids pĂšse concrĂštement l'Ordre face aux pouvoirs publics sur certains dossiers comme celui de la violence exercĂ©e sur les soignants ?

L’Ordre a jouĂ© le rĂŽle de lanceur d’alerte, un rĂŽle d’interpellation. Nous avons par ailleurs fait deux propositions concrĂštes : d’abord que toute agression contre un infirmier soit rĂ©primĂ©e plus sĂ©vĂšrement ; et ensuite que l’Ordre puisse assurer la continuitĂ© des soins dans les territoires en organisant le remplacement de tout infirmier libĂ©ral victime de violences. Nous sommes aujourd’hui en attente du plan ministĂ©riel contre ces violences.

Par ailleurs, l’une des principales missions de l’Ordre est l’entraide, et il y a des rĂ©fĂ©rents entraide dans chaque dĂ©partement. Nous nous portons par ailleurs systĂ©matiquement partie civile en cas de plainte, aux cĂŽtĂ©s des infirmiers victimes de violences.


👉Dans quel cadre s'exerce le pouvoir disciplinaire de l'Ordre... [les motifs qui reviennent le plus souvent et l'Ă©chelle des sanctions appliquĂ©es] ?

Les chambres disciplinaires de l’Ordre relĂšvent d’une juridiction indĂ©pendante du conseil national de l’Ordre infirmier. Les motifs peuvent ĂȘtre par exemple le non-respect du devoir de bonne confraternitĂ©, la non-rĂ©trocession des honoraires ou encore le non-respect du secret professionnel. L’éventail des sanctions qu’elles peuvent prononcer va de l’avertissement Ă  la radiation (article L. 4124-6 du Code de la santĂ© publique), mais ça n’est pas au conseil national de faire des commentaires Ă  ce sujet.


👉A qu'elle sanction s'exposent les infirmiers libĂ©raux qui abusent et rĂ©clament en toute illĂ©galitĂ© des dĂ©passements de 25€, voire plus, pour les prises de sang Ă  domicile malgrĂ© les ordonnances mentionnant "Ă  domicile" y compris pour les malades en ALD qui doivent faire parfois plusieurs prise sang par mois... Quelle dĂ©marche les patients concernĂ©s par ce type de pratique doivent-ils entreprendre ?

L’une des missions de l’Ordre est la protection de la santĂ© publique, et les enjeux financiers peuvent restreindre l’accĂšs aux soins. Nous sommes donc trĂšs vigilants, et invitons tous les patients qui s’estiment lĂ©sĂ©s de se rapprocher de leur conseil dĂ©partemental de l’Ordre.

S’ils le souhaitent, les patients concernĂ©s par ce genre de pratiques, peuvent adresser une plainte par lettre recommandĂ©e avec accusĂ© de rĂ©ception au prĂ©sident du conseil dĂ©partemental ou interdĂ©partemental de l’Ordre des infirmiers auprĂšs duquel l’infirmier mis en cause est inscrit. Il s’agit gĂ©nĂ©ralement de celui de son lieu d’exercice. AprĂšs la phase amiable, en cas d’absence de conciliation, la plainte du patient sera transmise Ă  la chambre disciplinaire de premiĂšre instance ou Ă  la section des assurances sociales du ressort du conseil dĂ©partemental ou interdĂ©partemental de l’Ordre saisi de la plainte.


👉Les cotisations de prùs de 700 000 membres suffisent-elles à financer les missions de l'Ordre ?

Nous comptons un demi-million d’inscrits, et nous sommes trĂšs attentifs au bon usage de leurs cotisations, dont je sais qu’elles ne sont pas une dĂ©pense anodine. Nos comptes sont certifiĂ©s chaque annĂ©e par un commissaire aux comptes, dont le rapport est rendu public sur le site de l’Ordre, et nous nous efforçons, par une gestion consciencieuse, de remplir toutes les missions qui sont les nĂŽtres de par la loi en respectant strictement ce budget.

POUR RAPPEL :

L'ordre national des infirmiers groupe obligatoirement tous les infirmiers habilités à exercer leur profession en France, à l'exception de ceux régis par le statut général des militaires, veille à maintenir les principes éthiques et à développer la compétence, indispensables à l'exercice de la profession.

Il contribue Ă  promouvoir la santĂ© publique et la qualitĂ© des soins. 

Il reprĂ©sente et promeut la profession d'infirmier dans son ensemble, quels que soient son mode d'exercice (privĂ©, public, libĂ©ral), son type d'exercice (scolaire, en entreprise, sapeur-pompier, puĂ©ricultrice, anesthĂ©siste, bloc opĂ©ratoire, etc.) et son lieu d'exercice. 

Il est chargĂ© par le lĂ©gislateur d'ĂȘtre la voix de la profession sur des sujets comme la rĂ©forme de la santĂ© au travail, la rĂ©forme de la santĂ© mentale, les rĂ©formes des Ă©tudes, les pratiques avancĂ©es, pour exemples. 

Il a Ă©galement des missions de santĂ© publique qui lui ont Ă©tĂ© confiĂ©es par la loi. 

Il maintient l'éthique et la déontologie de la profession d'infirmier en France et établit le code de déontologie de la profession.


😧TĂ©moignage d'une infirmiĂšre retraitĂ©e :
"Lorsqu’en 1989 j’ai commencĂ© mon exercice en libĂ©ral l’ordre n’existait pas.
L’inscription et la cotisation qui va avec sont rendues obligatoires en 2007. 
Je n’ai jamais eu besoin de l’ordre infirmier jusqu’en septembre 2021, date à laquelle j’ai pris ma retraite .
J’ai alors adressĂ© un courrier Ă  l’ordre demandant ma radiation.
Ce n’était pas la bonne façon de procĂ©der, mais personne ne me l’a dit

C’est aprĂšs avoir reçu une lettre de mise en demeure que j’ai tĂ©lĂ©phonĂ© Ă  l’ordre.
On m’a alors envoyĂ© par mail le document ad hoc

Pour moi l’ordre n’a rien apportĂ© Ă  mon exercice d’infirmiĂšre libĂ©rale, juste bon Ă  encaisser ma cotisation
 quant au caducĂ©e envoyĂ© une fois la cotisation rĂ©glĂ©e, mon fournisseur de matĂ©riel me l’offrait chaque annĂ©e
"

A l'instar du tĂ©moignage  ci-dessus, il apparaĂźt que l'adhĂ©sion Ă  l'Ordre ne fait pas l'unanimitĂ©... loin s'en faut... Il ressort ainsi  des rĂ©ponses**  qui reviennent le plus souvent que l'ONI est:

Impossible  Ă   joindre au tĂ©lĂ©phone,  rĂ©pond avec beaucoup de  retard au mail,
Envoie  des documents  avec parfois plusieurs  semaines  voir mois de retard...
La contrepartie de la cotisation est faible...
Qu'il n'est pas nĂ©cessaire  d'ĂȘtre inscrit  Ă   l'ordre pour avoir un caducĂ©e... aprĂšs  obtention du diplĂŽme  inscription au fichier  central. On ne peut assister au  congrĂšs si l'on est pas inscrit Ă   l'Ordre...
Bref si l'ordre national  infirmiers,  tout comme celui des mĂ©decins, n'existait  pas il ne faudrait surtout pas l'inventer.  Pas assez de retour au regard de la cotisation versĂ©e.


"Comme pour les mĂ©decins,  je suis pour le Conseil de l'ordre des infirmiers qui doit ĂȘtre une rĂ©ponse dĂ©ontologique Ă  tout problĂšme inhĂ©rent Ă  la profession et Ă  son exercice. 
Autrement dit ce Conseil, comme les autres, doit ĂȘtre apolitique. 
Ce qui revient Ă  affirmer que la seule vocation du Conseil de l'ordre doit ĂȘtre le bien du malade. 
Et pour que le malade soit bien soignĂ©,  encore faut-il que le praticien se sente soutenu et pas abandonnĂ©."

Certains infirmiers  mentionnent que l'ordre Ă  rĂ©pondu  prĂ©sent  lorsqu'ils ont eu besoin de lui.

Qu'il ne faut pas jeter le bĂ©bĂ©  avec l'eau du bain... 

Qu'il y a certes des choses Ă   amĂ©liorer, mais qu'un ordre qui les reprĂ©sentent  est nĂ©cessaire.  

MĂȘme si parfois pas assez entendu  des politiques. 
                 

👉S'il est toujours agrĂ©able de constater que nombre de personnes reconnaissent l'utilitĂ© l'Ordre...Entendez-vous pour autant les reproches formulĂ©s et comment pouvez-vous rĂ©pondre ?

Nous sommes en permanence dans une dĂ©marche d’amĂ©lioration, alors que l’Ordre a connu une croissance exponentielle du nombre d’inscrits et que nos missions s’étendent.

Nous pouvons bien entendu toujours mieux faire – c’est ce Ă  quoi nous travaillons, grĂące Ă  la mobilisation d’élus ordinaux qui sont, je le rappelle, des infirmiers de terrain Ă©lus.

C’est aussi pour cela que j’appelle tous les infirmiers Ă  se mobiliser : c’est ensemble que nous relĂšverons les dĂ©fis qui se posent Ă  l’Ordre, qui est une Ă©manation du terrain !


👉L'ensemble de vos lourdes responsabilitĂ©s vous laisse-t-il du temps pour une vie privĂ©e ?

La fonction de prĂ©sident est extrĂȘmement prenante mais je fais en sorte de garder un Ă©quilibre entre ma vie professionnelle et privĂ©e. Je vous rĂ©ponds en tant que titulaire d’une fonction qui m’honore.


👉Si vous aviez la possibilitĂ© de faire vous-mĂȘme les questions/rĂ©ponses, quelle question vous seriez-vous posĂ©e et quelle aurait Ă©tĂ© votre rĂ©ponse ?

đŸ€”Â« Quel est le message que vous aimeriez transmettre aux infirmiers qui nous lisent ? »

Et je rĂ©pondrais qu’encore une fois l’Ordre n’est rien sans les infirmiers. Il est donc essentiel qu’ils s’engagent pour une profession que nous travaillons, avec tout le bureau qui m’entoure, Ă  valoriser. Nous nous battons au quotidien pour que soit reconnue sa juste place au cƓur de notre systĂšme de santĂ©, et les rĂ©ussites que nous avons connues Ă  cet Ă©gard sont collectives. Nous devons poursuivre ce combat commun, et notre lĂ©gitimitĂ© pour le mener nous la tenons du terrain, et du fait que l’Ordre soit composĂ© d’infirmiers qui ont aussi une activitĂ© professionnelle, de gens proches du terrain, qui connaissent le rĂ©el. Nous avons besoin de toutes les Ă©nergies pour continuer Ă  dĂ©fendre notre belle profession, dans toutes ses composantes. 


L’Ordre national des infirmiers a Ă©tĂ© créé par la loi du 21 dĂ©cembre 2006, qui a modifiĂ© le code de la santĂ© publique pour instituer un ordre professionnel regroupant obligatoirement tous les infirmiers habilitĂ©s Ă  exercer leur profession en France. 

Convaincu depuis longtemps que la profession devait se fĂ©dĂ©rer derriĂšre une instance reprĂ©sentative, je me suis prĂ©sentĂ© aux premiĂšres Ă©lections dĂ©partementales en 2008. 

En effet, La profession regroupe plus de professionnels que tous les autres paramĂ©dicaux rĂ©unies, environ 15 % sont libĂ©raux et 85% sont salaries dans le public ou le privĂ©. 

Nous pouvons travailler dans des hĂŽpitaux, des cliniques, dans des Ă©tablissements scolaires, dans des entreprises, des associations, des caisses d’assurances maladies, des mutuelles, les ARS 
     

De plus, dans une mĂȘme structure nous pouvons exercer pour exemple en tant que IADE, IBODE, IPA, PuĂ©ricultrice.  

DĂšs 2008, nous nous sommes organisĂ©s au sein du dĂ©partement en groupes de travail, ce qui nous a permis de nous connaĂźtre d’échanger et de former une vĂ©ritable Ă©quipe.

Les Ă©lus dĂ©partementaux ont pour mission de vĂ©rifier les diplĂŽmes français ou europĂ©ens, la moralitĂ© via le casier judiciaire, la loyautĂ©. 
Le conseil dĂ©partemental dĂ©livre les autorisations de remplacement en libĂ©ral et les autorisations de cabinet secondaire, via son prĂ©sident il reprĂ©sente l’ordre auprĂšs de l’ensemble des instances dĂ©partementales comme la CPAM ou l’agence rĂ©gionale de santĂ© etc. 
Nous travaillons aussi en Ă©troite collaboration avec les autres ordres dĂ©partementaux ou rĂ©gionaux.  

La profession n’est pas corporatiste Ă©tant donnĂ© qu’elle collabore avec les autres professions de santĂ© ou celles du domaine mĂ©dico-social. 

La prise en soins des patients est pluridisciplinaire et multi professionnelle. Nous défendons également la qualité et la sécurité des soins en relayant les bonnes pratiques.

Le CDOI veille Ă©galement au respect du code dĂ©ontologie des infirmiers, en cas de plainte il organise une conciliation entre les parties. 

Dans la moitié des cas les personnes trouvent un accord mais dans le cas contraire la plainte est transmise en chambre disciplinaire.

J’ai postulĂ© Ă  la prĂ©sidence du conseil dĂ©partemental en 2021. Le CDOI54 Ă©tant bien installĂ©, la demande du PrĂ©sident Patrick Chamboredon a Ă©tĂ© de rendre l’ordre plus visible.

J’ai créé puis dirigĂ© le centre dĂ©partemental de vaccination anti-covid et le drive de dĂ©pistage covid Ă  Nancy avec la collaboration de prĂšs de 200 infirmiers de janvier 2021 Ă  mars 2022. 
L’Ordre a Ă©galement accompagnĂ© une collecte solidaire de 140 m3 de matĂ©riel mĂ©dical pour l’Ukraine avec la participation de nombreux infirmiers tant pour les dons que pour le tri et la manutention.    
Nous avons multipliĂ© les Ă©vĂšnements que ce soit par l’utilisation des mĂ©dias ou par des colloques ou des confĂ©rences thĂ©matiques qui sont organisĂ©es avec l’ensemble des Ă©lus de notre conseil. 

Pour exemple, les 2 derniers colloques que nous avons rĂ©alisĂ© ayant pour thĂšme « Les violences envers les soignants » et « La prĂ©vention sous toutes ses formes ». Ils ont mobilisĂ© une centaine de personnes allant du sous-prĂ©fet Ă  la Direction GĂ©nĂ©rale du CHRU en passant par le dĂ©lĂ©guĂ© de la FHF et de la FHP. 

Nous accompagnons Ă©galement les professionnels ayant subit des violences et/ou des prĂ©judices Ă  la police ou gendarmerie et nous nous portons partie civile avec l’accord de l’infirmier ou bien nous dĂ©posons une plainte directe au pĂ©nal. 
Sans l’Ordre infirmier, ceci n’aurait pas Ă©tĂ© possible.

J’ai Ă©galement Ă©tĂ© Ă©lu en rĂ©gion et au Conseil National depuis 2017, ce qui me permet de statuer sur des questions qui sont soumis notamment au ministĂšre de la santĂ©. 
Les dĂ©cisions du conseil national ont toujours Ă©tĂ© soumises aux votes des 56 membres du conseil J’ai donc une connaissance actualisĂ©e du travail ordinal fourni Ă  l’échelon national avec laquelle je suis en parfait d’accord.



Bonjour et merci de m’avoir donnĂ© la possibilitĂ© de m’exprimer.

Tout d’abord je tiens Ă  prĂ©senter mon soutien Ă  mes collĂšgues et Ă  ceux/celles qui vont rejoindre nos rangs.

L’annĂ©e 2023 est une grande annĂ©e pour moi, car il y a 10 ans j’étais diplĂŽmĂ© avec la « nouvelle rĂ©forme » avec le portfolio – le grand crĂ©ateur des cĂ©phalĂ©es.  10 ans remplie de l’efforts et de joie auprĂšs des patients, des larmes face aux suicides de mes collĂšgues , des longues nuits de ruminements pour faire face au palliatif 
.  10 ans, durant lesquels lors de mon exercice dans le privĂ©, dans le public en tant que infirmiĂšre du bloc pĂ©diatrique et aujourd’hui libĂ©rale, je constate immense richesse et variĂ©tĂ© de notre mĂ©tier, j’ai eu la chance de rencontrer des personnes exceptionnelles tant dans les Ă©tablissements de soins que dans les organismes qui nous gouvernent comme ARS ou CPAM , dans les organisations reprĂ©sentatives comme syndicats ou l’Ordre des Infirmiers.

Parlons de l’Ordre des infirmiers – il est la seule organisation reprĂ©sentative qui parle au nom de tous les infirmiers et reprĂ©sentent les intĂ©rĂȘts de la profession sur le plan dĂ©ontologique. Les trois collĂšges forment une base pour exprimer les intĂ©rĂȘts des grands types d’exercice. Mais est-ce que c’est suffisant pour dĂ©fendre chaque partie ? Notre systĂšme de santĂ© jouit d’une rĂ©putation d’offre de soins exceptionnel pour le patient mais pour ceux qui exercent est-ce le cas ? Lors de notre formation nous apprenons les facettes curatives, prĂ©ventives et Ă©ducatives du mĂ©tier infirmier mais l’application des acquis est toujours freinĂ© en rĂ©alitĂ©. Le lĂ©gislateur est en retard et l’effet ciseau nous fait perdre certains de nos collĂšgues dans la dĂ©sillusion. Nous manquons cruellement des connaissances de la structure du systĂšme de santĂ©, de la vision d’organisation et des missions cachĂ©s derriĂšre chaque sigle. Je vois la place d’ordre des infirmiers qui n’est pas prise. J’interviens bĂ©nĂ©volement auprĂšs des Ă©tudiants – infirmiers et Ă  chaque fois je dĂ©marre par l’état des lieux des connaissances. Pour ĂȘtre un bon joueur il faut connaitre les rĂšgles, les cours de droit ne doivent pas se limiter sur le secret professionnel et droit du patient mais inclure code de santĂ© publique, le fonctionnement du pouvoir centralisĂ© et dĂ©centralisĂ© est essentiel. Ainsi nous serions des citoyens et professionnels acteurs de notre futur professionnel et pas seulement exĂ©cutant. Le rĂŽle des ONI d’ĂȘtre garant d’application du code de dĂ©ontologique et de la qualitĂ© de soins et ! de la mise Ă  jour. Aucune surprise aprĂšs les reportages comme celle de Lucie Ducet (je pense aux brebis galeuses qui tachent l’image de notre mĂ©tier par les abus et de la triche) mais a contrario nous ne valorisons pas assez notre mĂ©tier. Les Ă©lus peu nombreux sont dĂ©bordĂ©s face aux litiges et manquent de prĂ©sence pour la promotion de la profession. Nous sommes une profession la plus nombreuses parmi les professionnels de santĂ© et nous occupons ÂŒ  parmi les professions intermĂ©diaires (https://www.clesdusocial.com/les-professions-intermediaires-plus-nombreuses-plus-diplomees)

Nous avons un socle de formation avec des multiples spĂ©cialitĂ©s et une possibilitĂ© d’exercer avec prĂšs de 30 spĂ©cificitĂ©s. L’évolution LMD (licence- master-doctorat) permet d’ouvrir les nouvelles possibilitĂ©s mais font perdre certains nombres d’étudiants.

Je serai ravie qu’on sort de la salle avec 2 personnes du jury et qu’on prĂ©sente nos mĂ©moires devant nos pairs, qu’on dĂ©bat au sujet des travaux de recherches, qu’on se rencontre, que l’ordre des infirmiers soit au rendez-vous avec les infirmiers lors des journĂ©es des infirmiers. Je suis Ă  l’initiative de cet Ă©vĂšnement qui est gratuit pour tous les professionnels de santĂ© et les Ă©tudiants. C’est un moment d’ĂȘtre ensemble et avec les infirmiers qu’on reprĂ©sente, il ne faut pas oublier cette notion ! N’oublions pas que la crĂ©dibilitĂ© des reprĂ©sentants passe par la communication, dialogue et retour sur les interrogations.

Aujourd’hui la place sur les rĂ©seaux sociaux est incontournable, cher Patrick, prenez plus de voix car nous sommes avec vous, vous ĂȘtes Ă©lu pour nous reprĂ©senter  et nous dĂ©fendre. La force commune pĂšsera enfin quand les rĂ©sistances Ă  l’inscription se dissipera. J’aspire Ă  croire d’un moment proche oĂč les syndicats et ordre des infirmiers parlerons Ă  l’unisson afin de nous reprĂ©senter. Je tiens Ă  souligner que l’engagement dans la reprĂ©sentation ordinale n’est pas un passetemps pour la retraite avec l’idĂ©e de « aucun intĂ©rĂȘt d’ĂȘtre puĂ©ricultrice en libĂ©ral car de mon temps tout le monde soignait aussi bien les enfants que les adultes » ou dire « vous ĂȘtes en avance avec votre proposition et le lĂ©gislateur est dĂ©bordĂ© dĂ©jĂ  ». Je vous cite les propos entendus au sujet des infirmiers puĂ©riculteurs qui manque toujours en encore de reconnaissance et de statut d’exclusivitĂ© d’exercice, c’est ahurissant ! De mĂȘme pour les cas l’usage de la casquette ordinale en participant aux Ă©lections municipales – les retours par nos collĂšgues et l’image donnĂ©e du mĂ©tier n’est trĂšs positif. Il y a des personnalitĂ©s politiques infirmiers de formation qui sont aux postes dans l’AssemblĂ© Nationale ou SĂ©nat, pourquoi ils ne sont pas notre / votre appui ordinale ? une vraie antinomie 
.

Je conclus le sujet par :
Oui , cher ONI si tu n’existais pas les infirmiers existaient et existeront,
Oui , ta place ĂȘtre incontournable et nous n’avons pas Ă  avoir honte de notre mĂ©tier
Oui , nous attendons plus , plus sur le positionnement dans la scĂšne politique, plus de dĂ©fense et valorisation des intĂ©rĂȘts de notre profession
Oui , de parler haut et fort que notre mĂ©tier est tout d’abord une formation professionnelle et que le temps de vocation comme du cierge et priĂšre sont rĂ©volus ( et oui , nous ne pouvons toujours pas payer nos factures d’électricitĂ© en applaudissements , nous ne portons plus de cornette et que nous sommes fiĂšres pour nos collĂšgues qui sont des docteurs en sciences infirmiers).
Sur cette note je vous présente tout mon soutien pour
le rĂŽle d’élu 🙂


Propos recueillis par  Nora Ansell-Salles  auprĂšs de Patrick Chamboredon, Thierry  Pechey, Maryana Nobre, et du Dr GĂ©rard Loison 


 * articles Mine d'infos

2.https://pressentinelle2.blogspot.com/2023/05/colloque-evolution-de-la-profession.html



 ** les rĂ©ponses reçues  viennent  majoritairement d'adhĂ©rents exerçant en libĂ©ral, Ă  l'hĂŽpital,  au sein d'une association  ou du milieu scolaire. Mais aussi
de médecins en activité ou retraités, Généralistes ou Professeurs, et de quelques patients.

EN SAVOIR+
   
   
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Commentaires

  1. Les principaux défis de l'Ordre National des Infirmiers | Miroir Social
    https://www.miroirsocial.com/participatif/les-principaux-defis-de-lordre-national-des-infirmiers

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