EDITO
Retourner
à ses chères études
Dans
le langage courant, « retourner à ses chères études » signifie qu'on revient à
ses activités habituelles après s'être égaré sur des chemins improbables.
Dans
le domaine scientifique, il s'agit plutôt d'un signe de constance, chaque
discipline se nourrissant de ces études dont les résultats font l'objet – pour
les plus sérieuses – de publications dans des revues prestigieuses faisant
autorité.
Allez
savoir pourquoi, des chercheurs américains ont trouvé pertinent de revenir sur
une centaine de travaux de psychologie pour vérifier qu'ils arriveraient aux
mêmes conclusions. Protocoles rigoureusement identiques, échantillons
strictement conformes… mais boum, surprise, résultats différents dans près de la
moitié des cas.
Evidemment,
bien au-delà du milieu des lecteurs de Science où cette révélation a été faite,
on se perd en conjectures. The New-York
Times lui-même se risque à supputer que la course aux publications et la
pression qui pèse ainsi sur les scientifiques pourraient être la cause de ces
nombreuses conclusions erronées.
Que
The Journal of Experimental
Psychology et autres Psychological
Science puissent être autant otages de la course au scoop et exposés aux
mêmes travers que n'importe quelle chaîne d'info venue ne manque quand même pas
d'inquiéter.
Si
leurs résultats sont faussés, quel crédit accorder désormais aux enquêtes dont
on nous rebat les méninges à longueur de journée pour faire appel à notre raison
et motiver des comportements de prévention plus favorables à notre santé ?
Ingurgiter
5 fruits et légumes par jour ne multiplie-t-il pas en réalité nos risques de
cancer colorectal ? Pratiquer 30' d'activité physique 5 fois par semaine ne nous
mène-t-il pas tout droit à l'infarctus du myocarde ? La vaccination n'est-elle
pas plus dangereuse que les maladies dont elle protège ?
Certes,
ces questions valent peut-être d'être posées. Encore faudrait-il d'abord
répondre à celle-ci : en quoi une étude scientifique mettant en cause les
résultats d'une autre étude scientifique serait-elle davantage
fiable… ?
Révérence
gardée envers les chercheurs américains, la valeur de la conclusion que l'on
peut tirer de leurs travaux est assez comparable à celle-ci qui, pour être
absurde, n'en mérite pas moins d'être méditée : 62% des Français ne croient pas
aux sondages.
Jacques
DRAUSSIN
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