Infolettre n° 323
mardi 29 janvier 2019Contact : Jacques DRAUSSIN jacques.draussin@biensur-sante.com
Bonne grippe, mauvaise grippe *
Ce n’est certainement pas grâce à la puissance de son slogan - « Ne laissons pas la grippe nous gâcher l’hiver » - que la campagne de vaccination qui prend fin jeudi aura cette année connu un vrai succès.
Alors que l’épidémie, toujours aussi taquine, va atteindre son pic cette semaine, on attend avec impatiente les chiffres croisés de la couverture et ceux du nombre de cas de grippe recensés.
De son côté, la présidente du Conseil de l’Ordre des pharmaciens exulte déjà. Dans les officines des 4 régions tests où l’on pouvait piquer contre le méchant virus, 712.000 personnes classées comme « à risque » ont été vaccinées, dont 161.000 pour la première fois. Joli score qui devrait inciter Agnès Buzyn à tenter de généraliser la mesure dès l’automne prochain.
Si les planètes pasteuriennes veulent bien s’aligner, on pourrait assister grâce à la grippe à une inflexion des tendances face à la vaccination en général. Tout dépendra de l’ampleur de l’épidémie qui, à en croire les statistiques sur le long terme, peut toucher chez nous entre 2 et 6 millions d’individus en vitesse de croisière... et tuerdans le monde jusqu’à 20 millions de personnes comme en 1918 [plus de victimes que n’en a fait la 1ère guerre mondiale]. Avec ses 13 000 décès cent ans plus tard, la petite vague de grippe de l’an dernier aura quand même dépassé le bilan de la canicule de 2003. Ah oui, quand même...
L’alignement des planètes passe peut-être aussi par une vaccination systématique des personnels soignants qui ont encore le triste privilège de cumuler la plus faible couverture vaccinale [36 % vs 45,6 % pour l’ensemble des populations à risque ] et la capacité à distiller le doute sur l’intérêt de sa protection.
Il faut reconnaître que l’efficacité très limitée du vaccin sur les personnes âgées [25 à 35% au-delà de 85 ans] ne plaide pas pour sa popularité. Mais dans les EHPAD, où le taux de vaccination des personnels n’atteint pas 22 % et où on ignore celui des visiteurs, le virus se balade comme chez lui et a largement le temps d’aller saluer chaque résident. L’actualité récente vient de nous le rappeler et il y a fort à parier que ce sera encore le cas pendant deux bons mois, durée prévue de l’épidémie.
Jacques DRAUSSIN
*« Je me suis souvent demandé ce qui peut bien différencier une bonne grippe d’une mauvaise ». Pierre Dac
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire