Loi alimentation: ces produits dont le prix va flamber
Une mesure de la loi alimentation entre en vigueur le 1er février : pour les produits alimentaires, la hausse de 10 % du seuil de revente à perte va provoquer une hausse identique des prix des références des grandes marques.
Par Angélique Vallez-d'Erceville
Publié le 30/01/2019 à 20:29, mis à jour le 31/01/2019 à 09:03
Conséquence directe de la loi alimentation, les enseignes n'ont plus le droit de vendre à prix coûtant. 17951385/flashpics - Fotolia
La nuit prochaine, on ne change pas d'heure, on change de prix. Le 1er février, les étiquettes des produits alimentaires auront enflé de quelques centimes, voire un euro. Conséquence directe de la loi alimentation, les enseignes n'ont plus le droit de vendre à prix coûtant, le seuil de revente à perte est relevé de 10 %. Or, environ 20 % du chiffre d'affaires des distributeurs était jusqu'ici réalisé avec moins de 10 % de marge. «L'effet inflationniste varierait entre 14 et 38 euros par an et par ménage», estime l'Autorité de la concurrence. Chez Carrefour, la hausse de prix sera en moyenne de 35 centimes par produit. «Il y a environ 1 000 références qu'on vendait jusque-là avec des marges très faibles, entre 0 et 10 %, car ce sont les produits les plus bataillés», explique Élodie Perthuisot, directrice marketing et clients Carrefour. Chez Intermarché, 5 % de l'assortiment affichera des hausses, ce qui correspondrait à une inflation de 0,8 % sur le panier de la ménagère en 2019. Annoncé comme le grand perdant de cette inflation, Leclerc assure maîtriser la situation. «Environ 3000 produits auraient dû augmenter mais, au 1er février, on aura réussi à juguler l'essentiel de la hausse. Restent 1000 produits qui augmenteront de 3 %», assure Michel-Édouard Leclerc, président des Centres E. Leclerc.
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À l'heure où la question du pouvoir d'achat est très sensible, cette hausse effraie les enseignes. Et même le gouvernement. «Ce que je demande aux grandes surfaces, c'est de trouver un moyen de répartir les marges différemment», insistait mercredi Didier Guillaume, ministre de l'Agriculture. C'est une hausse de quelques centimes sur le litre d'essence qui a déclenché la crise des «gilets jaunes», on parle d'augmenter les prix des produits vedettes du chariot de courses.
Pour éviter le coup de frein, les enseignes ont pris les devants. Carrefour se pose en défenseur des familles et lance le 1er février une «Prime grandes marques» sur 200 produits, prévoyant de redonner l'argent sur la carte de fidélité. «Nous utilisons le programme fidélité Carrefour pour redonner du pouvoir d'achat au consommateur», assure Élodie Perthuisot. Les engagements pris avec les filières agricoles sont une autre part de la réponse. Certes, les prix vont augmenter mais parce que les distributeurs se sont engagés à rémunérer mieux l'éleveur laitier ou l'agriculteur.
En parallèle, la guerre des prix se déplace sur le terrain des marques de distributeurs (MDD). Les marges y sont plus importantes et les produits moins comparables entre enseignes. Leclerc a annoncé baisser les prix des 4600 références de sa Marque Repère en 2019, et promet que «dès mars, le jeu redeviendra vertueux».
« Notre objectif est que le jeu soit à somme nulle pour le consommateur. Nous allons baisser les prix sur nos marques distributeurs, faire des promotions là où on peut encore le faire »
Thierry Cotillard, président d'Intermarché
Intermarché assure à son tour des baisses sur toutes ses marques propres. «Notre objectif est que le jeu soit à somme nulle pour le consommateur. Nous allons baisser les prix sur nos marques distributeurs, faire des promotions là où on peut encore le faire, en hygiène-beauté et sur le non-alimentaire, et renforcer le cagnottage avec la carte de fidélité», explique Thierry Cotillard, président d'Intermarché. De quoi inquiéter les PME qui les fournissent. «Les enseignes vont augmenter leur masse de marge sur les marques nationales, ce qui va les encourager à favoriser ces mêmes marques en rayon, au détriment des PME qui risquent de perdre 4 % à 5 % en un an», s'inquiète Dominique Amirault, président de la Fédération des entreprises et entrepreneurs de France (FEEF). «Au contraire, c'est une opportunité pour les fabricants de MDD, car l'écart de prix avec les marques nationales va se renforcer. Cela va générer plus de volumes pour les MDD et les PME qui les fabriquent seront les grandes gagnantes», croit Thierry Cotillard.
Leclerc aussi veut les rassurer. «Les baisses de prix de la Marque Repère sont financées par une baisse de marge. Cela représente plusieurs dizaines de millions d'euros de pertes de marge pour les Centres Leclerc. On les rattrapera si on garde nos clients et si on augmente les volumes», assure Michel-Édouard Leclerc. Les grandes marques dont les prix montent auraient plus à perdre. «L'an dernier, quand les prix ont augmenté de 1 %, les volumes ont chuté de 1,7 %», confirme Daniel Ducrocq, chez Nielsen.
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