Nora ANSELL-SALLES

mardi 15 janvier 2019

C'est à lire : le coup de griffe de Jacques Draussin



Infolettre n° 321
mardi 15 janvier 2019Contact : Jacques DRAUSSIN jacques.draussin@biensur-sante.com

Souriez, vous êtes filmé
Vous n’arrivez pas à prendre un rendez-vous avec votre médecin avant le printemps? Pas de problème: restez à côté de votre smartphone ou de votre tablette et ça va s’arranger.
Le champion de la prise de rendez-vous en ligne, Doctolib, vient en effet d’annoncer qu’il se lançait dans la téléconsultation et, le moins qu’on puisse dire est qu’il ne le fait pas avec de modestes ambitions. Il faut dire que le poids lourd du secteur revendique - après avoir pris cette année le contrôle de son principal concurrent MonDocteur– un portefeuille clients de plus de 70 000 professionnels de santé auxquels il va être facile de proposer une offre de service plutôt intéressante.
Pas intéressante, alléchante : pour 79 euros par mois, à peu près l’équivalent de 3 consultations « classiques », les médecins pourront, via la télémédecine, disposer d’un outil vidéo sécurisé pour dialoguer avec leurs patients, obtenir un télépaiement et expédier une ordonnance par mail.
A priori, la solution idéale pour résoudre le problème des déserts médicaux [la consultation peut se faire à des centaines de kilomètres du patient] et régler celui de la bonne régulation de la durée de la visite [pas de temps consacré à parler d’autre chose que de la pathologie, même pas à attendre que le patient se rhabille].
Quelques réserves de détail restent évidemment à lever de la part de médecins rétrogrades qui pensent que l’examen clinique demeure un élément-clé du diagnostic [a priori quand même plus des 2/3 des praticiens], voire même de la part de patients ingrats qui se plaignent déjà d’une médecine déshumanisée.
Mieux vaut pourtant ne pas se faire trop d’illusions sur une pratique de la télémédecine demeurant limitée à certaines circonstances. Depuis le 15 septembre et son ouverture au remboursement par la Sécu, on a vu les grands acteurs du secteur de la santé se mettre en ordre de bataille pour conquérir la meilleure part possible du marché.
Si Doctolib s’est incontestablement construit une position de leader, la concurrence ne manque pas et n’est pas disposée à se faire tondre la patientèle sur le dos. Ainsi, de véritables centres de santé en ligne se déclarent fin prêts à faire valoir leurs talents. C’est notamment le cas deMesDocteurs, lié au géant mutualiste VYV [regroupantMGEN Istya et Harmonie], Qare [soutenu par l’assureur Axa], Livi[filiale du suédois Kry] ouDocavenue [filiale de Cegedim]…
Bref, de quoi qualifier de timorées les prévisions budgétaires qui tablent sur seulement 500 000 actes de téléconsultation en 2019 et 1 million en 2020.
Jacques DRAUSSIN

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