Nora ANSELL-SALLES

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dimanche 6 octobre 2024

REGARDS CROISÉS SUR LA CONDITION FÉMINE DANS LE MONDE


              Clip vidéo


AVANT PROPOS :

Le présent article est le premier d'une série consacrée à
la condition féminine dans le monde.

Chaque partie présentera le regard de personnalités d’horizon différent :
Universitaire, Juriste, Mutualiste, Étudiant, Journaliste etc. et sera émaillé des témoignages de lecteurs.

🌎 Le second volet sera consacré à la condition  féminine en Asie centrale.
Vos contributions sont les bienvenues. 
Bonne lecture
Nora Ansell-Salles 

Au plaisir de vous lire et  relayer "au fil de l'eau" vos Témoignages & Réactions  Pressentinelle2@gmail.com



Cette 1ère partie, consacrée à l’Afrique, sera actualisée régulièrement des contributions parvenues à la rédaction.
Bonne lecture à tous.
Nora Ansell-Salles

🖋 Catherine Coquery-Vidrovitch
Professeure émérite
Université Paris Diderot

FEMMES EN DEVENIR
en Afrique subsaharienne
Catherine Coquery-Vidrovitch, 
Professeure émérite, Université Paris-Diderot Paris-7

🔹️les lecteurs sont invités à compléter et/ou actualiser le propos si necessaire.

Résumé
Les femmes africaines ont depuis le début du XXe siècle joué un rôle essentiel dans le développement des villes. Les femmes ont été les premières à migrer pour fuir la condition servile qui les touchait plus que les hommes. Durant la colonisation, leur travail « informel » suppléa aux besoins des travailleurs migrants salariés. Il s’est démultiplié avec l’explosion urbaine depuis l’indépendance. Enfin des femmes diplômées sont désormais formées aux techniques les plus modernes. Les femmes sont désormais plus nombreuses que les hommes en ville, et elles assument de plus en plus. Malgré la prééminence tenace du préjugé masculin, l’évolution est inéluctable. Mais la condition  préalable est l’accès à l’éducation qui leur permettra de se voir reconnaître la place qui leur est due.
Résumé anglais
African women played an important part in the making of colonial cities. They early began to flee from the countryside to avoid slavery. From the beginning of colonialism, urban male workers needed their informal activities (cooking, washing, sex). The process still increased with the demographic boom after independence. Nowadays there are more women than men in town. A number of them got education and diplomas. In spite of male domination, women’s independence and job improvement is unavoidable. Nevertheless, the condition for them to be fully recognized is more and more education.

LES ORIGINES : LES PREMIÈRES MIGRATIONS FEMININES URBAINES

Peu de choses sont connues sur les femmes africaines au sud du Sahara. Les sources, et tout particulièrement les sources coloniales, sont pauvres sur le sujet. Plus que partout ailleurs, les femmes constituaient la moitié oubliée de l’humanité, parce que les colonisateurs s’étaient intéressés quasi exclusivement aux hommes, c’est-à-dire à ceux qui payaient l’impôt et que l’on pouvait recruter comme travailleurs ou comme soldats. Or, les femmes africaines jouent un rôle bien plus important que ce que l’on croyait. Le moment décisif fut celui de la décennie pour les femmes proclamée par les Nations unies de 1975 à 1995.

Des migrations individuelles précoces
Les recherches les plus récentes contredisent les vues traditionnelles qui font des hommes les migrants privilégiés et des femmes des « bêtes de somme » restant à la campagne. Certes, au début, le pourcentage des femmes migrant volontairement fut faible. Le premier mouvement bien repéré est celui des femmes esclaves « libérées » par le pouvoir colonial, dès la fin du XIXe siècle en Afrique occidentale française où furent créés des « villages de liberté » . Marie RODET (2007) a démontré, sur le cas de Kayes (dans le Mali d’aujourd’hui), que les esclaves libérés étaient surtout des femmes. Car ces femmes esclaves accomplissaient, dans leur société d’origine, la majeure partie des travaux les plus pénibles ; elles cultivaient à la houe, en sus elles assuraient tous les travaux domestiques : portant sur la tête l’eau, le bois de chauffe, les récoltes, s’occupant des enfants, faisant la cuisine, etc., sans compter les besoins sexuels de leurs maîtres. Elles travaillaient deux fois plus que les femmes libres, et quatre fois plus que les hommes. Elles eurent vite fait de découvrir que les nouveaux « villages » pouvaient les faire échapper à leur misérable condition. On trouve le même phénomène en Afrique australe, où l’historienne Marcia WRIGHT a dépouillé les archives d’un magistrat britannique en poste à Abercorn, un petit centre administratif colonial situé au cœur de l’Afrique à la frontière entre la Zambie et la RDC d’aujourd’hui, entre 1897 et 1903  . La plupart des plaignants qu’il recevait étaient des plaignantes, jeunes femmes fuyant la campagne, qui venaient implorer sa protection contre leur mari qui les battait, ou exigeait trop de travail, ou était un vieux et riche polygame. Une raison qui revenait souvent était un mariage forcé, ou bien l’usage du lévirat : le fait pour une veuve d’être cédée au frère ou au neveu du mari défunt. Dès lors, les toutes premières migrantes volontaires furent des femmes jeunes en quête de sécurité qui cherchaient leur émancipation, bref qui revendiquaient leur liberté individuelle. 
Durant la période coloniale, la présence d’un colon impliquait la mise en œuvre de six à dix travailleurs mâles, qui n’étaient guère pris en charge ni pour leur logement ni pour leur ravitaillement. Or ces hommes, il fallait les nourrir, les entretenir, satisfaire leurs besoins sexuels : autant d’incitations à partir pour des fillettes ou de toutes jeunes femmes qui trouvaient ainsi un échappatoire à la très dure condition rurale qui leur était réservée. Le travail dit « informel » des femmes a suppléé tous les besoins des travailleurs mâles : subsistance, lavage, commerce, sexe. Leur migration en ville a donc commencé de bonne heure. 


De la migration urbaine à la migration du travail  
Les hommes étaient recrutés par les Blancs pour  travailler sur les chantiers forestiers ou de travaux publics ou bien dans les mines, sur des sites pour la plupart du temps situés loin de leur résidence. Entre 1900 et 1930, à la veille de la grande dépression, ils migraient encore nettement plus que les femmes ; par exemple, en Haute-Volta, haut lieu de migration du travail des Mossi vers les plantations de cacaoyers de Gold Coast et de Côte d’Ivoire, les migrantes ne constituaient qu’un cinquième du total  . À Kinshasa (Léopoldville) au Congo, on comptait encore en 1960, à l’indépendance, deux hommes pour une femme. C’est que, dans les villes, quasi aucun travail salarié n’était proposé aux femmes. Elles étaient préposées au travail domestique informel pour les jeunes mâles célibataires. D’où l’essor d’une prostitution féminine longtemps non contrôlée par les autorités .
Progressivement, à partir de la grande crise des années 1930, la migration féminine augmenta. Elle devint active, c’est-à-dire à proprement parler une migration du travail, et ce pour des raisons économiques . Dorénavant, les femmes avaient besoin de trouver un travail rémunéré. Ceci intervint plus tôt en Afrique de l’ouest où existait depuis longtemps une tradition féminine d’activités commerciales, en particulier dans les zones côtières où s’activaient des « marketwomen » souvent étrangères à la ville où elles exerçaient sur les marchés leurs activités, surtout axées sur les biens vivriers de subsistance. Des entrepreneuses de commerce indépendantes se mirent à développer leurs affaires dans les principaux ports. Un des cas les plus connus est celui des « Nana Benz » de la ville de Lomé au Togo  . C’était de grosses commerçantes en pagnes, très impliquées dans le commerce de gros et de demi-gros, qui voyageaient pour le commerce tout le long de la côte. Une des manifestations de leur opulence consistait (et consiste encore) à s’acheter une automobile Mercedes-Benz, d’où le surnom qui leur fut donné par les colons. Les femmes tenaient le commerce des pagnes depuis le pays Igbo et Yoruba au Nigeria jusqu’à la Gold Coast (aujourd’hui Ghana). Au Sénégal ce sont les femmes qui se chargeaient du commerce du poisson, acheté sur la plage aux hommes de retour de la pêche. Elles s’occupaient éventuellement à le sécher (comme à Mbour ou Kayar au Sénégal), et affrétaient (et affrètent toujours) des camions pour le distribuer dans toute la Sénégambie. 


LA GENÈSE DU TRAVAIL SALARIÉ FÉMININ

Ces activités ont gagné l’ensemble de l’Afrique de l’ouest ; depuis les années 1960, le taux de migration des femmes au Burkina-Faso (ex Haute-Volta) est supérieur à celui des hommes. Depuis les années 1970, le taux de migration urbaine des femmes n’a cessé de s’accroître aux dépens de celui des hommes. Dans la capitale du Burkina-Faso, Ouagadougou, où en 1985 les femmes migrantes représentaient encore moins de 48% du total, elles en constituent aujourd’hui plus de la moitié  . En Afrique centrale, le processus a démarré plus tard, car la dépendance des femmes dans le système coutumier était nettement plus accentuée. La migration ne s’accélère qu’à l’indépendance. L’activité des migrantes s’est démultipliée avec l’explosion urbaine depuis un demi-siècle. Aujourd’hui, les femmes migrent en ville plus que les hommes. L’inversion s’est produite la plupart du temps autour des années 1970, et s’est accentuée avec les problèmes liées à la récession durable qui a démarré avec les chocs pétroliers.

Le boom migratoire urbain
La migration urbaine féminine a augmenté massivement depuis les années 1980-90 et le début des programmes dits d’ajustement structurel (PAS) qui ont provoqué une énorme crise sociale. C’est à ce moment là que la migration féminine se met à l’emporter pratiquement partout dans les villes africaines, où la population féminine dépasse désormais la population masculine : c’est le cas dans toutes les métropoles sauf celles qui offrent une véritable activité industrielle. C’est pourquoi le nombre de citadins n’excède celui des citadines en Afrique intertropicale qu’à Lagos au Nigeria. Plus la ville, même grande, est en relative perte d’activités, et plus le ratio entre les sexes est favorable aux femmes : ainsi, par exemple, la ville de Saint-Louis du Sénégal où,  au pire de la crise, le ratio était de l’ordre de 840 hommes pour 1000 femmes (BONNARDEL 1992). 

L’essor du salariat féminin
Il y a eu évolution dans les familles surtout depuis les années de crise des années 1980 : le travail salarié des femmes est accepté. Ce sont désormais, la plupart du temps, des filles qui travaillent comme employées de maison chez les « expatriés » de la coopération ou la bourgeoisie locale, alors que ces postes étaient au temps colonial réservés aux hommes (les « boys », comme le nom l’indique). Il est même devenu normal, pour les jeunes Casamançaises du sud du Sénégal (souvent chrétiennes), de « monter » à Dakar pour gagner le pécule nécessaire au mariage, ce qui autrefois ne concernait que les jeunes hommes. De même, il y a eu retournement dans les emplois de bureau : jusqu’alors, les secrétaires étaient quasi toujours des hommes. Maintenant, ce sont en général des femmes, dont l’appoint de traitement est nécessaire pour la survie du foyer. A l’inverse, le travail du couturier, effectué naguère par les hommes qui étaient les seuls à disposer de l’argent nécessaire à l’achat d’une machine à coudre, se féminise de plus en plus sur les marchés. 
Il restait d’usage que la femme ne migre pas seule mais en famille ou avec de la parenté. Désormais, au moins 10% de la migration concerne des jeunes filles ou des jeunes femmes indépendantes qui migrent seule, ou en groupe de femmes, dans le but reconnu de chercher un travail salarié. La nouveauté n’est pas qu’il existe des femmes indépendantes, ce qui a toujours existé. C’est qu’elles reconnaissent sans complexe qu’elles viennent en ville pour gagner leur vie. 60% d’entre elles sont salariées, 20% sont établies à leur compte, et seulement 20% ne gagnent pas leur vie (ce qui signifie qu’elles sont femmes au foyer). Les femmes vont en ville et y restent (COMPAORE et OUATTARA 2003).
Les femmes qui migrent en ville ont toujours fait partie, et continuent de faire partie de deux groupes principaux : le premier comprend les plus pauvres (paysannes, veuves, femmes divorcées ou épouses stériles, ou vieilles femmes sans enfant vivant susceptible de les prendre en charge). Celles-ci migrent pour survivre. Dans les zones rurales les plus démunies, les familles peuvent même vendre leurs filles pour qu’elles aillent travailler en ville. Comme la dot est traditionnellement payée par la famille du mari, c’est le subterfuge qu’utilisent les matrones proxénètes : elles envoient de jeunes hommes déscolarisés qu’elles ont recrutés pour ce faire aller promettre un mariage à venir contre le paiement immédiat de la dot : en fait, à proprement parler, l’achat de la jeune victime. Il s’agit alors de jeunes femmes peu éduquées, plus analphabètes que les garçons, qui n’auront donc, au mieux, comme choix que de s’investir dans le travail informel urbain. 
Mais, à l’autre bout de la chaîne, l’ambition de décrocher un bon diplôme est un puissant incitateur à migrer en ville, voire à l’étranger. C’est évidemment le cas dans les familles aisées, qui veillent à donner à leurs filles une éducation similaire à celle de leurs fils. Ceci est un fait nouveau sauf dans les familles où, dès l’époque coloniale, le père avait compris l’intérêt de garantir à ses filles, comme il le faisait déjà souvent pour ses garçons, la promotion sociale par l’éducation : on le constate chaque fois qu’une femme de la cinquantaine aujourd’hui est sortie du lot. Autrefois, comme marier une fille représentait un bénéfice (du fait du paiement par la famille du promis de la compensation matrimoniale), faire éduquer sa fille revenait surtout à augmenter sa valeur au mariage, donc le prix de la dot. Cela se développa en particulier en Afrique centrale et australe christianisée : les milieux influencés par les missionnaires acceptèrent alors volontiers de laisser enseigner à leurs filles les éléments considérés par eux nécessaires pour faire une bonne épouse (hygiène, couture, broderie, cuisine …). Quelques femmes exceptionnelles réussirent alors à aller plus loin. En AOF (ancienne Afrique occidentale française) seule existait pour les filles une école d’infirmière. En 1938 fut enfin créée une École normale de filles qui forma des promotions d’institutrices  . Les filles de cette première génération de femmes éduquées font souvent partie des femmes dominantes d’aujourd’hui. Depuis une ou deux décennies apparaissent de plus en plus fréquemment non seulement des « businesswomen » d’envergure, mais aussi des femmes hautement diplômées, sorties du MIT ou d’ailleurs, et donc formées aux techniques les plus modernes, informatique incluse bien entendu. Côté francophone, on note que celles d’entre elles qui ont plus de 50 ans ont le plus souvent passé une partie de leur jeunesse à l’étranger, la plupart du temps grâce à la profession de leur père (ambassadeur ou expert international).
De nos jours, pour la première fois, on voit dans un certain nombre d’universités africaines presque autant de filles que de garçons. Comme partout ailleurs, les filles, qui ont plus à prouver que leurs homologues masculins, travaillent davantage et réussissent mieux, tout en étant moins contraintes par les préjugés sociaux dominants que, dès le départ, elles ont appris à devoir transgresser. Les femmes de responsabilité, mobiles et sans complexes, ne constituent encore qu’une petite minorité. Mais les structures même de la société risquent de s’en trouver profondément modifiées d’ici une génération ou deux.

LA SITUATION ACTUELLE : DES FEMMES ACTIVES ET RESPONSABLES

Il a existé depuis les débuts de la colonisation un petit nombre de femmes militantes et responsables qui ont joué un rôle syndical et politique non négligeable : en Afrique du Sud depuis le début du XXe siècle  , au Nigeria, au Sierra Leone, au Togo ou au Sénégal depuis l’entre deux guerres. Elles étaient exceptionnelles, elles tendent aujourd’hui à devenir « normales ». Mais elles restent des lutteuses, dans des pays où la suprématie masculine demeure très forte. Leur lutte fondamentale demeure donc le droit des femmes qui entend protéger leur droit à l’éducation, leur émancipation économique, et leur rôle politique.

Le droit des femmes
Un certain nombre de femmes universitaires choisissent des carrières juridiques : juristes, magistrates. Ce n’est pas un hasard : leur lutte pour faire évoluer le droit en leur faveur est essentiel . On se souvient peut-être du film reportage camerounais savoureux Sisters in Law (2006) montrant comment deux juges locales réussissaient avec autant d’énergie que d’habileté à rendre un droit moins inégalitaire. 
Le moment décisif a été la décennie de la femme proclamée par les Nations unie (1975-1985). Auparavant, sauf en Afrique du Sud où des milliers de femmes, entre 1950 et 1956, ont manifesté contre la loi créant pour les femmes l’obligation du « passe » jusqu’alors réservé aux hommes, les actions étaient rares, et surtout le fait de rares hommes politiques au pouvoir : Sekou Touré dans les premières années de son règne, quand il n’avait pas encore viré au dictateur sans foi ni loi ou, plus éclairé et plus déterminé, le président Thomas Sankara au Burkina Faso qui était un vrai féministe (1983-1987). Mais il existait déjà des femmes instruites et militantes, qui avaient souvent comme ascendant un père de statut professionnel élevé (diplomate par exemple) ou instituteur conscient de faire éduquer ses filles comme ses garçons, ou une mère formée à l’école de sages femmes de Dakar ou à l’Ecole normale d’institutrices de Rufisque créée en 1938 , les seules professions offertes aux femmes sous la colonisation française. En 1975, Agnès Fatoumata, sociologue malienne féministe de la première heure (sa tante était institutrice) intègre ainsi la commission économique des Nations unies pour l’Afrique, au lendemain de la première conférence mondiale de Mexico sur les femmes. Ancienne militante du RDA, elle participe à toute une série de programmes d’action, sensible aux revendications de femmes de son pays qui réclamaient la suppression de la polygamie et du contrôle de la virginité des filles au mariage (alors encore en usage également au Sénégal)  . Une autre avocate, Marie-Elise Gbedo, Béninoise née en Côte d’Ivoire, a aussi bénéficié d’un environnement favorable, avec un père informaticien et une mère sage-femme. Juristes et associations féminines se sont conjuguées en 2002 pour organiser manifestations et sit-in à Porto Novo, capitale politique du pays, pour enfin obtenir ce qui leur avait été refusé deux fois par le Parlement, en 1965 et en 1973 : modifier le « droit coutumier » du pays qui énonçait encore un texte remontant à 1931 : « la femme n’a aucun pouvoir juridique… elle fait partie des biens de l’homme et de son héritage  ». Elle est aujourd’hui présidente de l’Association des femmes juristes du Bénin, et s’est présentée deux fois à la présidence de la république, en 2001 et en 2006. On peut aussi citer Unity Dow, du Botswana, fille d’un agriculteur devenue avocate en 1983, qui a fait adopter en appel, au bout de cinq années de combat au nom de l’égalité des droits, le « citizenship act » statuant qu’une Botswanaise mariée à un étranger pouvait transmettre sa nationalité aux enfants du couple. Divorcée et mère de trois enfants, elle est devenue présidente de la cour suprême du Botswana  . Et aussi la nigériane Hauwa Ibrahim, qui a arraché en 2003, à la cour d’appel charia de Katsina, l’acquittement d' Amina Lawal condamnée à la mort par lapidation pour adultère  . 
 Unies, les Africaines, au bout de décennies de lutte, ont obtenu un succès important : en 2003, l’Union africaine a adopté le Protocole des Droits des femmes en Afrique, texte qui a été intégré à la charte des Droits de l’Homme et des Peuples en 2005. On doit en grande partie l’adoption de ce texte au travail de l’avocate congolaise (Brazzaville) Julienne Ondziel-Gnelenga, nommée en 1998 rapporteure spéciale sur les droits des femmes en Afrique au sein de la commission des droits de l’homme et des peuples où elle avait été recrutée en 1995 : elles n’y étaient alors que deux femmes, autant dire que le combat n’était pas gagné d’avance, même si la parité acquise à Durban en 2002 les avaient fait monter à cinq femmes sur 11 membres  . Le protocole reconnaît « le rôle crucial des femmes dans la préservation des valeurs africaines et condamne toute forme de violences verbales ou physiques, qu'elles aient lieu dans la sphère publique ou privée, en temps de paix ou en situation de conflit, notamment toute forme de mutilation génitale ... de rapports sexuels ». L’âge minimum du mariage est fixé à 18 ans pour les filles et le texte préconise « l’élimination de toute pratique culturelle et traditionnelle néfaste, fondée sur l’idée d’infériorité ou de supériorité de l’un ou l’autre sexe ou sur les rôle stéréotypés de la femme et de l’homme ». Il prévoit l’égale protection devant la loi et la participation au processus politique et de décision. Il engage les États à « protéger la petite fille contre toute forme d’abus, y compris le harcèlement sexuel  ». 
Dans les faits, on en est souvent encore loin. Il reste évidemment à mettre en œuvre ce programme, ce qui demeure un défi majeur. Les Tunisiennes ont récemment su, par leur action politique commune, faire échec au projet de constitution rétrograde qui voulait faire des femmes « le complément de l’homme ». Le succès est rarement aussi net ailleurs, même en Algérie où, en 1984, les femmes ont pourtant manifesté contre la régression de leurs droits quand le code de la famille les a faites mineures à vie. Néanmoins, des progrès parfois décisifs sont en cours. Ils sont le fait d’une petite minorité de femmes décidées : avocates, magistrates, juristes, enseignantes, médecins, syndicalistes, militantes associatives se sont fait entendre et continuent de le faire dans les conférences internationales, comme à Pékin en 1995 et tout récemment, à Kinshasa où s’est tenu, en 2014, le 3e Congrès des femmes noires, et où la présidente de Africa Femmes Performantes en a appelé à la prise de conscience des femmes africaines. 
Toutes les femmes actives ne sont pas nécessairement diplômées. Beaucoup n’ont pas pu réaliser leurs ambitions, précisément en raison de leur sexe. La plupart ont donc privilégié l’action de terrain, sous la forme d’associations et d’ONG souvent créées à leur initiative. Ainsi la kényane Rebecca Lolosoli, aujourd’hui âgée de 50 ans, qui, avec une quinzaine de femmes révoltées, a créé le village UMOA (Unité, en swahili), doté d’une citerne d’eau potable, pour abriter et réinsérer dans des activités productives artisanales des femmes qui ont fui les violences de leur mari  . Mais c’est surtout dans le domaine économique, où les femmes ont longtemps été écartées de la modernité faute de formation suffisante, que des femmes dynamiques ont parfois investi de façon innovante  dans les ONG qu’elles ont créé et soutenues.

Femmes et économie
En 1999, le pourcentage des femmes ayant une activité économique, salariée ou dans le domaine informel, était estimé à plus de 60% dans la plupart des pays africains (contre 40 à 49% pour la France et l’Allemagne). « Ce n’est pas parce qu’on va au salon de beauté ou qu’on change d’habits quatre fois par jour que l’on est appelé femme. La femme actuelle, c’est celle qui cherche à gagner sa vie  » explique une mécanicienne automobile de Bukavu (RDC) où l’association APROFA forme les femmes aux métiers de mécanique, menuiserie ou maçonnerie.
Nous n’insisterons pas ici sur le secteur dit informel, car le rôle des femmes y est particulièrement bien étudié. Ce qu’il faut retenir, c’est que l’informel ne coïncide nécessairement ni avec analphabétisme ni avec technique rudimentaire. Un certain nombre de femmes ont saisi les opportunités parfois offertes au démarrage par des organismes internationaux ou, comme au Sénégal, par le ministère de la femme. C’est le cas de Anta Dia, qui est allée à l’école jusqu’au CM2, et qui s’est investie dans la promotion des « micro-jardins » de Cambérène (environs de Dakar), aux soigneuses méthodes de culture « bio » inaugurées en 1999  . Aujourd’hui, ces jardins communautaires commencent à essaimer un peu partout dans le pays. C’est aussi le cas des 375 femmes du collectif de Thiaroye sur Mer (Sénégal) qui se sont organisées depuis 2006 pour recenser et soutenir les familles des morts de l’émigration clandestine et scolariser leurs enfants  . De même,  Hasna Saïd est fière de la coopérative d’un village du pays Afar, « une première en Éthiopie », qui s’est spécialisée en cultures maraîchères pour approvisionner la ville qui se situe à 80 km de là.  
Un nombre important de femmes de haut niveau culturel privilégie l’action de formation et d’éducation auprès des autres femmes. Elles sont à l’origine d’ONG actives dans la promotion féminine. Certaines en ont fait leur métier, comme la libérienne Saran Kaba Jones, fondatrice depuis 2009 de Face Africa, un organisme à but non lucratif qui fournit l’eau potable à des milliers de Libériens en milieu rural . La Malgache Lalao Randriamampionona, docteur en Philosophie, à force de pédagogie, d’écoute et de collaboration étroite avec les acteurs, a su développer dans les villages un vaste réseau qui regroupait, en 2002, 670 associations féminines. Mariée à un ingénieur des Ponts, elle est également fondatrice et présidente de l’organisation TARATRA qui coordonne les activités du réseau eau et assainissement  . Un certain nombre de ces femmes parviennent à des postes de responsabilité ministérielle qui leur permet d’agir pour la promotion féminine : Joséphine Ouedraogo, fille d’ambassadeur, a été pendant trois ans ministre de l’Essor familial et de la Solidarité nationale sous la présidence de Thomas Sankara. Elle a, à partir de 1997, dirigé le Centre africain pour le Genre et le Développement aux Nations unies. La sociologue sénégalaise Soukeyna Ndiaye-Ba a créé un réseau de micro-finance, la FDEA (Femme Développement Entreprise en Afrique) qui touche un réseau de 100 000 personnes à travers le pays et qui se consacre à la formation et à l’aide aux femmes entrepreneurs ; elle l’a dirigée jusqu’à ce qu’elle devienne ministre de la coopération décentralisée et de la planification régionale (2002-2010). 

Femmes d’affaires
En somme, ce genre d’activités essentielles se « banalise ». Plus nouveau est l’émergence, à l’égal des hommes, de femmes d’affaires de stature nationale ou internationale. On les connaît encore peu, mais elles sont bien plus nombreuses qu’on ne le croit – 10% des entrepreneurs africains -, même si les pays sont très inégaux dans leur promotion, en fonction de l’évolution des mœurs et des lois. Il faudrait faire un inventaire systématique et raisonné de ces chefs d’entreprise qui se situent souvent au cœur de la société ; car ces femmes, que leur formation et leur milieu inscrivent au sein des ressources vives internes du pays, ont souvent fait leurs études dans les meilleures universités. Elles savent désormais à merveille utiliser les ressorts du capitalisme contemporain, - réseau internet inclus évidemment -, pour en assurer la rentabilité. 
Certes, un certain nombre d’entre elles, surtout dans la précédente génération, ont mis à profit la position prééminente de leur famille ou de leur mari. De ces femmes, nous ne parlerons guère ici, tout en en citant quelques-unes : ainsi Pascaline Bongo, la sœur aînée du Président actuel du Gabon Ali Bongo, a géré d’une main de fer la fortune de son père. Elle a toujours la haute main sur Delta Synergie, holding d'investissement actionnaire de nombreuses entreprises, dont BGFI Group et la puissante Compagnie du Komo. Peut-on mettre dans ce groupe Martine Coffi Studer, ivoirienne mariée à un fidèle collaborateur de Vincent Bolloré (elle siège au sein du conseil d'administration du groupe ?) Elle est PDG d' Océan Ogilvy, groupe de communication présent dans cinq pays d'Afrique de l'Ouest, et s’est trouvée compromise dans les malversations liées à la filière café-cacao. Ou bien Alizéta Ouédraogo, Burkinabe présidente de la CCI qui, à 30 ans, était secrétaire dans une agence de l'ONU. Aujourd'hui, elle est la femme la plus prospère du Burkina ; après avoir fait fortune dans le cuir dans les années 1990, elle s'est lancée dans l'immobilier et les travaux publics. Selon ses détracteurs, son ascension fulgurante coïncide avec le mariage de sa fille et de François Compaoré, frère du président. Elle a pris la tête de la Chambre de commerce et d'industrie en 2011. 
Néanmoins, compte tenu de la compétence incontestable de beaucoup de ces femmes, on ne peut se contenter de les ranger dans ce groupe. Certes, la plupart d’entre elles – mais pas toutes – continuent d’appartenir à des familles de premier plan, ce qui a facilité leur acquisition de prestigieux diplômes américains, au MIT ou ailleurs, qui les qualifient pour exercer des professions de responsabilité dans les banques et la finance internationale. C’est d’ailleurs par cette voie qu’elles ont commencé à sortir de leur quasi clandestinité, car les carrières nationales leur sont restées plus longtemps fermées compte tenu des très fortes réticences masculines. Un certain nombre d’entre elles ont d’abord été recrutées par les diverses instances de l’ONU, travaillant plus souvent à Genève ou à la Banque mondiale que dans leur pays. C’est là qu’elles ont commencé à faire leurs preuves, comme Marie-Angélique Savané, expulsée en 1968 de l’université de Dakar pour « menées subversives », qui a ensuite fait carrière dans les instances féminines panafricaines à Genève. C’était l’une des premières, si l’on excepte le cas de Aoua Keita, militante du RDA, qui a été la première et la seule femme élue à l’assemblée constituante du Soudan-Mali en 1958. Il avait fallu l’intervention du chef de l’État, Modibo Keita, pour faire accepter sa présence par les autres députés. Aujourd’hui, parmi beaucoup d’autres, on peut citer le cas de la Rwandaise Valentine Rugwabiza, 
qui a piloté pendant sept ans (jusqu’en 2012), à l'Organisation mondiale du Commerce (OMC), l'examen des politiques commerciales des États membres. Membre fondateur de l'Association rwandaise des femmes chefs d'entreprise et de la Fédération rwandaise du secteur privé, elle a aussi été ambassadrice du Rwanda auprès de l'ONU en Suisse.
La visibilité en Afrique des femmes d’affaires africaines est apparue en 1999, quand l’Association panafricaine des femmes d’affaires a tenu son premier congrès à Accra, ville où les commerçantes sont reines depuis longtemps ; le deuxième a eu lieu à Addis-Abeba et le troisième… à Orlando en Floride (États-Unis)  . Depuis lors, et surtout depuis la conférence de Durban, ce genre d’initiative s’est démultiplié, en particulier mais pas seulement dans les pays anglophones (Afrique du Sud bien sûr, mais aussi Nigeria, Ghana et Kenya, entre autres). Il existe aujourd’hui, et de plus en plus, des femmes responsables d’entreprises dans le secteur moderne qui ne le doivent qu’à elles-mêmes. Naguère, à Bamako (Mali), Mme Aminata Traoré, sociologue de formation et qui fut ministre de la Culture, fut pionnière en fondant, il y a une trentaine d’années, une entreprise de luxe destinée à mettre en valeur le bel artisanat de son pays (tissage, poteries, vannerie, etc.). Elle a, dans le même esprit, monté un restaurant de couleur locale, d’un goût exceptionnel. C’est une vraie chef d’entreprise, au sens moderne du terme, qui fait vivre une vingtaine de personnes, qui lui coûtaient dans les années 1990 une soixantaine de millions de Francs CFA par mois (600 000 FF, ou euros100 000), ce qui est considérable pour une entreprise locale de ce type. Les exemples se multiplient, même s’ils sont encore peu collectés. Modélistes et artistes féminines sont les plus connues en Occident, car leur clientèle devient internationale. 
Jeune Afrique a proposé la liste des « 25 femmes les plus influentes du business en Afrique   ». Originaires des pays les plus variés, diplômées et directrices de leur propres affaires, elles ne sont pas issues de
la génération « micro-crédit » et ne répondent plus aux stéréotypes de « la femme vendeuse de rue » ou de la « Première dame ». Ces chefs d’entreprise se sont imposé comme leaders économiques de leur région. Elles s’attaquent à des secteurs rentables de
pointe,  notamment mais pas seulement dans l’informatique. Bien sûr, il y a des Sud-africaines : Yolanda Cuba, une des responsables d’Afrique du Sud les plus respectées, n’avait que 29 ans quand elle fut nommée  PDG du Mvelaphanda Group, un conglomérat coté à  la bourse de Johannesbourg. Phuti Malabie, également Sud Africaine, est PDG du groupe Shanduka, détenu à 100% par des noirs. En 2007, elle été sélectionnée par le World Economic Forum comme Young Global Leader. 
Elles sont aussi très présentes en Afrique intertropicale. Depuis 2008, Stella Kilonzo, comptable de formation, est directrice générale du Capital Market Authority du Kenya, chargé de réguler les marchés financiers. Evelyne Tall, Sénégalaise, est 
depuis janvier 2012 numéro deux du groupe Ecobank. C'est elle qui veille au maintien de bonnes relations avec les autorités politiques et financières de chaque pays d'implantation (33 filiales). « Cela signifie trois semaines de voyage sur quatre », affirme-t-elle. Laurence do Rego, ivoirienne, est aussi devenue directrice financière d'Ecobank. Elle est  rentrée au Bénin en 2002 après vingt ans de carrière en France et aux États-Unis. Elle dit avoir eu à combattre « beaucoup de réticences » et n'avoir « pas eu droit à l'erreur ». Selon elle, Ecobank est un modèle de « ce que les Africains sont capables de construire ». En 2012, Cina Lawson a d'abord été consacrée jeune leader mondiale par le Forum économique mondial, puis classée parmi les 20 jeunes femmes les plus puissantes d'Afrique par le magazine Forbes. Diplômée de Harvard, elle a été responsable de la stratégie et du développement de France Télécom à New York après un passage à la Banque mondiale. Revenue au Togo, elle a fait de la démocratisation d’internet (baisse des prix de communication, hausse du taux de pénétration) son leitmotiv. 


Femmes et politique
Les femmes, toujours assez nombreuses à travailler dans les institutions internationales qui cherchent à pratiquer une relative parité, deviennent donc de plus en plus importantes sur le plan national. Quelques femmes sont devenues des journalistes réputées : ainsi la Kényane Julie Gichuru est, depuis une quinzaine d’années, une des journalistes les plus chevronnées de la radio et de la presse écrite. Elle est à la tête de la chaîne Citizen TV Kenya. De même, Funmi Iyanda est une journaliste et productrice très populaire de la télévision nigériane. 
Des femmes d’action, militantes féministes ou femmes d’affaires, cherchent à influer dans le domaine législatif et politique. Dans plusieurs parlements africains, au Sénégal ou au Rwanda par exemple, il y a proportionnellement plus de femmes députées qu’en France. Le Rwanda est d’ailleurs le seul pays au monde où, avec 63,8% des députés, les femmes y sont majoritaires. Le phénomène est antérieur au génocide puisque, à cette époque, le premier ministre, de même qu’au Burundi, y était une femme. Néanmoins, selon une étude récente sur ce pays, il y a décalage entre le nombre de femmes engagées dans la sphère politique et leur manque de pouvoir de fait, pour des raisons socio-culturelles et politico-ethniques  .
Ailleurs, on ne compte plus les femmes ministres ou très hauts fonctionnaires, et pas seulement d’un ministère social ou dédié aux femmes. Citons par exemple Kaba Nialé, ministre de l'Économie et des Finances de Côte d'Ivoire. Elle est incontournable. Proche d'Amadou Gon Coulibaly, secrétaire général de la présidence, elle a travaillé avec l'actuel Premier ministre, Daniel Kablan Duncan, à la fin des années 1990. Technocrate redoutable, elle s'est fait remarquer lors des discussions de la troisième revue du programme économique et financier (2012) avec les émissaires du FMI. Ou encore Aminata Niane, conseillère spéciale du président du Sénégal Abdoulaye Wade pour les infrastructures. Nommée en 2000 directrice générale de l'Agence de promotion des investissements et des grands travaux (Apix), elle a supervisé jusqu'en 2012 la plupart des grands projets d' Abdoulaye Wade, parmi lesquels l'aéroport Blaise-Diagne dont elle reste présidente du conseil d'administration. Cette technocrate formée en France et en Angleterre est aussi membre du conseil d'administration d'Atos, groupe coté à Paris. Wade parti, elle a été remplacée à la tête de l'Apix. Mais ses compétences lui ont valu d'être nommée conseillère spéciale du Président Macky Sall. Ingrid Awadé, directrice générale des Impôts du Togo, puissante et controversée, appartient au premier cercle du président togolais. Elle est surnommée la dame de fer pour avoir en 2006, à sa prise de fonctions, infligé de sévères redressements fiscaux aux hommes d'affaires considérés jusqu’alors comme « intouchables » comme Ram Shriyan (magasins Ramco) ou le Libanais Bassem El Najar, protégés du frère de Faure Gnassingbé, le Président du Togo. Quant à Claire Akamanzi, entrée au Rwanda Development Board (RDB) en 2008, elle en est devenue  la directrice générale. Elle a aussi été négociatrice auprès de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à Genève pour son pays. Bourreau de travail formée en Ouganda, en Afrique du Sud et aux Pays-Bas, elle est une figure incontournable des réunions internationales
L’Afrique subsaharienne est le seul sub-continent du monde qui peut se targuer de compter trois femmes chefs d’État (et non plus « premières dames » discutables de potentats encore en place) : au Liberia (Mme Ellen Johnson Sirleaf depuis 2006), au Malawi où il n’y a pourtant que deux femmes députés sur 193 (Mme Joyce Banda depuis 2012) et en Centrafrique (Mme Catherine Samba-Panza depuis janvier 2014). Il est à noter que deux d’entre elles ont conquis le pouvoir à la suite de guerres civiles cruelles. Leur façon apparemment plus concrète, moins engoncée dans un système de conventions et de prébendes masculines, est plutôt un gage de confiance. L’avenir évidemment dira si le pouvoir est « genré » !
C’est donc, pour les militantes de pouvoir, la voie politique qui est privilégiée, afin de faire évoluer le droit jusqu’alors resté aux mains des  hommes.

Les jeunes femmes  et l’avenir
Aujourd’hui, face à la désespérance ou au laisser aller des jeunes hommes, ce sont les femmes qui assument de plus en plus. C’est sans doute la raison pour laquelle l’idée se banalise d’un avenir africain qui serait « aux mains des femmes ». Malgré la prééminence tenace du préjugé de supériorité masculine, les femmes accèdent dorénavant de plus en plus souvent, surtout en ville, à de meilleures opportunités économiques, et assument de plus en plus les charges familiales. Car dans la plupart des pays africains, il y a désormais quasi égalité entre filles et garçons au niveau de l’enseignement primaire – et souvent désormais (surtout, mais pas nécessairement, en pays non musulmans) au niveau secondaire. Il en résulte que de plus en plus de filles entrent à l’université, voire sont envoyées par leurs parents de la bourgeoisie locale, comme les garçons, poursuivre leurs études supérieures aux États-Unis, au Canada ou ailleurs. Comme partout dans le monde, les filles travaillent davantage que les garçons à l’université, car elles ont tant à prouver. Elles en sortent donc mieux diplômées, ce qui a commencé à provoquer, de la part du genre masculin, des réactions ultraconservatrices visant à limiter le pouvoir montant du genre féminin (notamment par le biais de codes de la famille rétrogrades). Il est important de préciser que ce machisme parfois virulent déborde largement le seul monde musulman. 
L’évolution du statut politique et social des femmes est donc inéluctable, même si elle se situe encore dans le long terme. Néanmoins, même si la revendication des femmes se généralise à tous les niveaux, y compris chez la plupart des femmes encore analphabètes qui souffrent dans les campagnes et dans les habitats précaires des villes, ce tableau encourageant ne doit pas faire oublier qu’il s’agit, en réalité, d’une toute petite minorité de femmes particulièrement battantes. Plus encore que pour les jeunes hommes, la condition  préalable est l’accès à une éducation de qualité qui assurera les Africaines de se voir reconnaître la place qui leur est due. Sauf exceptions, c’est encore très loin d’être le cas.

🔹️Bibliographie : 
Kathleen Sheldon African Women Early History to the 21st Century Bloomington University Press 2017
paper 352 pages, 1 map, 1 table ISBN: 978-0-253-02722-1


🖋 PIERRE KIPRÉ 
Historien et écrivain

Contibition à la Journée Internationale de la femme et la question nationale en Afrique subsaharienne.

🔹️Mise en garde de l'auteur
Je ne pense pas les choses aient beaucoup changé depuis la publication de cette contribution, sauf de timides progrès dans les politiques publiques d’autonomisation des femmes rurales.

🔹️Introduction
" La question de la construction pérenne de l’État-nation continue d’être un des problèmes essentiels en Afrique subsaharienne. Car y sont principalement liées la cohésion interne des sociétés, leur capacité de renouvellement autant  que leur résilience aux chocs et défis du développement. Au lendemain des "soleils de l’independence", beaucoup avaient pensé que, dans le prolongement des recettes des colonisateurs, l’État conduirait les meilleurs changements sous la seule autorité des personnalités issues des luttes pour l’independence. On avait occulté deux faits essentiels : refus de la soumission et de l’injustice, la quête d’indépendance était, d’une part, soif de promotion pour tous et, d’autre part, action de tous pour y  parvenir. Le citoyen du nouvel État était en fait la pierre angulaire de tout édifice. Les échecs cuisante des premières décennies venaient largement de là. Les principales victimes autant que principale catégorie de laissés-pour-compte sont les femmes, depuis si longtemps en marge des changements sociaux positifs. Si la condition féminine, ailleurs, n’est  pas fondamentalement différente, en Afrique subsaharienne, elle est si médiocre qu’elle en est presque caricaturale.

Perceptibles depuis  les années 70, les mutations de l’opinion en vue de la participation de tous au développement mettent progressivement le citoyen au cœur de la problématique de (re) construction de l’État-nation pour échapper à l’effondrement et à la spirale continue  de la dépendance. Les  présentes  réflexions  sur la Journée internationale de la femme (J.I.F.) doivent se comprendre par rapport à cette problématique générale de la citoyenneté en Afrique subsaharienne. Quel rôle doit jouer la citoyenne qu'est la femme dans la construction de l’État-nation et en quoi la J.I.F. peut-elle y contribuer ?
L’analyse des luttes  sociales, particulièrement celles  conduit par  (et pour) les femmes pose deux problèmes de méthode. D'une part, il faut concentrer son attention sur les luttes significatives dans la société globale tout en étant attentif  au cadre historique de la société dans  lequel se posent les problèmes. Or, de ce point de vue, malgré la similitude des situations, l’Afrique subsaharienne est marquée par la diversité des questions;  la documentation, même la plus récente, peine à décrire précisément toutes les réalités que vivent ces millions d’Africaines. Il faut donc ici beaucoup de prudence dans notre approche  de la question.
D’autre part, - ce n’est pas le moindre des problèmes méthodologiques-, malgré les exemples et le vécu que donne à voir des cultures extra-africaines, le maniement des concepts et l’étude de certaines questions doivent êtres mis, chaque fois  que possible, en rapport avec l’univers mental et cuturel dominant. Par exemple, bien que la question ne soit plus tabou dans les travaux en cours, le problème de la liberté séquelle et de l'homosexualité ne peut pas se traiter en Afrique subsaharienne dans  les mêmes termes qu’en Occident. Le formatage idéologique par les religions et les pratiques sociales et culturelles produisent des visions différentes et un accès différencié à la documentation sur ces questions. Aussi, devons-nous ici faire preuve également de prudence. Nous avons choisi de ne pas aborder cet aspect dans l’exercice de sa citoyenneté par l’Africaine. Il n’enrichit pas plus le débat, même si c'est un aspect de la liberté individuelle que pourraient revendiquer des femmes, hors  des effets de mode et face à la volonté de l’État en Afrique de régenter cette dimension incontrôlable de la vie humaine.
Il ressort donc de notre approche que, au rang des principales luttes sociales qui marquent l’Afrique subsaharienne contemporaine, il y a la question des inégalités qui continue de fragiliser la cohésion sociale et l’État-nation. Celui-ci n’est pas seulement un espace de souveraineté que lorqu’il est un ensemble cohérent de citoyresponsables et engagés dans la défense multidimensionnelle  de tous (ou avec tous). Sous ce rapport, constatant que partout qu’elle  s’appuie de plus en plus  pour cela sur la J.I.F., on peut partir de l’hypothèse que, au-delà de son sens  habituel, la J.I.F. est une "fête-prétexte" de rupture, un moment de questionnement des droits de la personne, une étape nécessaire dans l’élaboration des nouveaux paradigmes de la cohésion nationale pour mieux construire l’État-nation en Afrique subsaharienne par mobilisation de tous.
Pour vérifier notre hypothèse, analysons ces trois dimensions en comparant, si possible, les situations dans quelques pays d'Afrique de l’Ouest et du Centre.
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✒️ Lucas ATTEBY 
Juriste 

"La question de la condition féminine a toujours été un sujet polémique en Afrique.
Il y a ces personnes qui chosifient la femme en lui niant ses droits tel que le droit à l’éducation, la liberté d’expression, l’émancipation etc…

Cette perception de la femme scandalise en Afrique la femme est pour certains à la disposition de l’homme qui peut en faire ce qu’il veut, quand comme bon lui semble.

En période de guerre les femmes subissent des traitements plus dégradants, la guerre s’apparente à un état anarchiste, une jungle où bien évidemment les plus forts absorbent les plus faibles Dans un tel climat les femmes deviennent des proies faciles pour leurs bourreaux. 

Lors de la rebellion de 2002 en Côte d’Ivoire, nous avons écouté le témoignage de certaines femmes devant le parlement ivoirien qui relataient leurs souffrances dans les zones occupées par les rebelles, c’était effroyable.

Cependant il est important de noter qu’avec l’évolution, les conditions des femmes ont connu une amélioration surtout en temps de paix. 

Les combats en faveur de l’amélioration des conditions de la femme ont abouti à un meilleur résultat. 

De nos jours en Afrique les femmes ont de plus en plus accès à l’école, les mariages forcés ont drastiquement diminué, les mutilations également, toutefois il y a encore beaucoup à faire".


✒️ Racine Birhega
 Juriste et Écrivain 

"Ma contribution pour l'épanouissement de la femme africaine se situe principalement dans le renforcement de leurs droits juridiques et politiques. Je pense qu'en aidant les femmes à avoir une voix active dans les sphères décisionnelles et en défendant leurs droits, nous pourrons réellement changer leur position dans la société. De plus, je souhaite m'investir dans la sensibilisation à l'égalité des genres et à la lutte contre les violences faites aux femmes, car cela reste un frein majeur à leur autonomisation".


🖋 Éric Chenut
Président de la Mutualité Française

L’action internationale de la Mutualité Française
sur les questions de genre dans le cadre du PASS

"La Mutualité Française, à l’initiative d’un collectif de mutuelles, a mis en place il y a une dizaine d’années, le programme PASS, sous l’impulsion de Jean-Philippe Huchet.
Dans ce cadre, le programme PASS (Programme d’Appui aux Stratégies Sociales), a structuré un pôle d’expertise mutualiste de coopération internationale qui a pour mission de faire émerger des solutions durables et solidaires face aux problématiques d’accès aux soins et de couverture sociale en Afrique Francophone. Pour y parvenir le PASS intervient dans les domaines de la mutualité, la protection sociale, la santé et le développement durable.

Parce que comme le dit Michel Dreyfus, « la Mutualité c’est une histoire d’être ensemble », les mutuelles, sociétés de personnes de femmes et d’hommes engagés librement, pour  faire ensemble ce qu’ils et elles ne pourraient faire seuls, ou se protéger mutuellement contre des risques dont ils et elles ne pourraient assumer seuls les conséquences, nous ambitionnons de faire œuvre utile au travers des programmes d’actions et d’éducation populaire et citoyenne, afin d’amplifier l’action mutualiste en proximité à l’échelle des territoires. 
Conscient des inégalités de santé entre les femmes et les hommes, de l’influence des représentations de genre sur la prise en charge et la détection de certaines pathologies mais également du rôle crucial joué par les femmes dans la mise en œuvre des politiques de santé, le PASS a développé des actions visant à appuyer l’action des femmes et plus particulièrement des femmes mutualistes. 
Le PASS croit dans le potentiel structurant du rôle des femmes dans le renforcement des outils, systèmes et politiques de santé, de protection sociale et de développement durable.
Dans ce cadre, le PASS a notamment signé une convention avec le ministère de la femme, de la famille et de l’enfant (MFFE) dont il soutient les dispositifs de financement des Activités Génératrices de Revenus. Ces actions visent à soutenir les capacités des Associations Villageoises d'Epargne et de Crédit (AVEC) et du Fonds National Femme et Développement) afin de favoriser la professionnalisation, améliorer la gouvernance et permettre passage à l’échelle de leurs activités.
L’actions emblématique du PASS en appui à l’action des femmes mutualistes est l’organisation chaque année, depuis 2019, d’une Journée Internationale de la Femme Mutualiste (JIFM) qui réunit plus de 200 femmes, responsables mutualistes, d’Afrique, d’Europe et d’Amérique du Sud.
Ces journées, visent à montrer la capacité transformatrice des femmes, à les aider à se former, à développer leur leadership et à prendre des responsabilités dans la gouvernance des mutuelles.
Elles permettent également de promouvoir les initiatives visant à réduire les inégalités en santé entre hommes et femmes et à agir pour la promotion de la santé au sein des communautés.
Enfin, elles aident les femmes à mener des actions de plaidoyer pour que les femmes jouent un rôle plus significatif dans la gouvernance de leurs structures, et plus généralement dans les organisations de la société civile, et portent les questions d’inégalité d’accès à la santé au sein de leur conseil d’administration.
Par ailleurs, le PASS mène en projet en lien avec en vue de mettre en place un projet de renforcement des capacités de 100 femmes dirigeants mutualistes en Côte d’Ivoire à l’aide d’actions de formation et de mentorat.
Enfin, dans le cadre d’un projet mené en lien avec l’association French Healthcare et le fédérateur santé du ministère des Affaires étrangères et européennes, le PASS souhaite accompagner la mise en place d’un plan d’accès à l’eau dans des communautés isolées de l’Ouest de la Côte d’Ivoire en s’appuyant sur une gestion mutualisée de la ressource par les femmes. L’action serait complétée par un appui au développement d’un centre mutualiste de santé communautaire".


🖊 Petue Madou Petuel Sereb 17 and
Étudiant

"Les femmes en Afrique sont victimes de violence et de discrimination. Elles n’ont pas accès à des emplois décents et sont victimes de discriminations professionnelle et salariale. Trop souvent, elles n’ont pas accès à l’éducation et aux soins de santé. Peu de femmes occupent des postes clés sur les scènes politiques et économiques.
L’accélération de l’avancement des femmes est évidemment capitale pour elles-mêmes. Mais selon l’agence des Nations Unies pour les femmes, ONU-Femmes, l’égalité des genres est bien plus qu’un simple droit humain fondamental. « Sa réalisation comporte des ramifications socio-économiques majeures. L’autonomisation des femmes alimente une économie florissante, stimule la productivité et la croissance. » Lors du lancement de ONU-Femme en 2010, le Secrétaire Général de l’ONU a relevait que « lorsque les femmes sont instruites et autonomes, l’économie est plus productive et solide, et leur pleine représentation est une garantie de paix et de stabilité sociales. »

Au fil des ans, Afrique Renouveau a rendu compte et analysé différents aspects de la lutte des femmes africaines dans les domaines politique, économique et social. Ce hors-série – conçu et réalisé avec le soutien d’ONU-Femmes - rassemble certains de ces articles, réédités et actualisés pour l’occasion.

Ces articles illustrent les développements majeurs au sommet du pouvoir politique, tels que l’adoption par l’Union Africaine (UA) de la charte africaine des droits de l’homme et des peuples relative aux droits des femmes. L’UA a aussi consacré la décennie 2010-2020 à la femme africaine. Quelques pays comme l’Angola, le Mozambique, et l’Afrique du Sud ont dépassé le seuil des 30 % de sièges destinés aux femmes députés et le Rwanda en détient le record mondial, tandis que dans beaucoup de pays africains, les femmes ont encore un long chemin à parcourir.

Dans certaines régions, l’écart entre les genres s’est remarquablement réduit, dans les écoles primaires presque autant de filles que de garçons sont désormais inscrits, mais le taux de celles qui achèvent leur éducation reste faible, et beaucoup de filles n’ont toujours pas accès à l’enseignement secondaire ou supérieur. Par ailleurs, la qualité des soins de santé en faveur des femmes et des filles s’est à peine améliorée. Le VIH/SIDA ne cesse de faire ses ravages parmi les femmes africaines.

Au fil des ans, plusieurs articles d’Afrique Renouveau ont souligné que seul le travail acharné et l’engagement des femmes peuvent faire la différence. Chaque jour en Afrique, des agricultrices, des commerçantes, des entrepreneuses et des activistes jour pour améliorer leur condition de vie, pour bâtir l’avenir de leurs familles, leurs communautés et leurs nations. Pour relever les défis du futur, l’Afrique doit compter sur elles".



🖋 Jean Molière Gnébé

CÔTE D’IVOIRE :VIOLS CRIMES GRAVES NON ENCORE PUNIS.

« Péage en nature »: droit d’accès à la Zone CNO (Centre Nord Ouest )

La famille B victime de viols raconte.

les sévices sexuels commis par les rebelles sur les femmes à l’Ouest de la Côte D’Ivoire.

L’Ouest de la Côte d’Ivoire a payé le lourd tribut de la crise , on se souvient encore des massacres en masse de Duekoué , Guitrozon, Mann…

Pendant la crise 2010 -2011 les familles sont séparées ou dispersées en fuyant les atrocités de la guerre.

« Nos parents sont restés à Man comme ils étaient malades, ils sont restés sur place. Un moment donné , nous avons décidé de les ramener à Abidjan . Car il y avait embargo sur les médicaments et les banques fermées sur tout le territoire ivoirien pendant plusieurs semaines. Nos parents avaient une maladie chronique donc il fallait absolument qu’ils soient à Abidjan pour leur prise en charges. Nous louons un taxi-broussse appelé Massa ma sœur , mon petit frère et moi. Arrivé à 15kms de Man, le chauffeur s’arrête brusquement. Quand lui demande pourquoi cet arrêt soudain, il nous expliqu’on est pris dans une embuscade donc il devait s’arrêter sinon on allait recevoir des balles. Aussitôt arrêtés, je brandis mon tee-shirt comme un drapeau blanc et aussitôt des soldats sortis de nulle part plusieurs maquillés avec le charbon sur leurs visages méconnaissables se présentent devant nous.

Ils nous encerclent et les questions fusent de toute part comme les balles sortant d’un fusil.

J’ai répondu sereinement ; Nous sommes tous des frères et sœurs et nous allons chercher nos parents à Man et nous voulons les emmener à Abidjan car ils sont gravement malades et ne reçoivent plus de soins depuis plusieurs semaines. Nous implorons votre grâce, nous sommes tous Ivoiriens, des frères et sœurs.

Vous voulez vraiment ramener vos parents à Abidjan, ce n’est gratuit ordonne un soldat .

Quand on pense à réunir l’argent pour les payer, il dit « paiement en nature » . On se regarde sans rien comprendre. Il se saisit de notre grande sœur et rentre dans la brousse avec elle.

Ils ressortent au bout de 20 minutes qui nous ont paru une éternité et encore plus pour notre grande sœur. Vu son visage en larmes , sa robe déchirée ,on a tous compris. Mais qu’allions-nous faire ? , nous venions d’assister en direct au viol de notre Sœur A.

Mais c’était le prix à payer pour aller chercher nos parents . Nous avons eu d’autres témoignages des familles qui ont vécu les mêmes traumatismes que nous. Nous avons pu ramener nos parents à Abidjan mais quel prix ? je ne pourrais oublier jamais cet épisode de ma vie. Quand j’en parle comme si c’était hier. Ce qui me révolte c’est l’impunité des auteurs de ces viols. Les femmes sont -elles des 
populations de seconde zone . voire sont-elles chosifiées". 

 🖊 Sadio Morel-Kanté 
journaliste congolaise


🖋 Bruno FANUCCHI
Envoyé  spécial de Divas magazine à Conakry 


 🖋 Hamed Ribah Fofana
Président de l'Organisation Non Gouvernemental l'Alternative pour le Respect des Lois et la Non Violence (ONG ARELVI)

"Les femmes africaines font face à de nombreuses difficultés dans divers domaines, notamment l'éducation, la culture, la politique et l'économie. Ces défis sont souvent interconnectés et reflètent des structures sociétales profondément ancrées.

L'accès à l'éducation pour les femmes est limité dans de nombreuses régions d'Afrique. Les normes culturelles privilégient souvent l'éducation des garçons, laissant les filles à la traîne. Les obstacles financiers, tels que les frais de scolarité et le coût des fournitures scolaires, sont également des freins significatifs. De plus, le phénomène des mariages précoces et des grossesses adolescentes empêche un grand nombre de jeunes filles de poursuivre leurs études, ce qui contribue à perpétuer le cycle de la pauvreté et de l'analphabétisme.

Sur le plan culturel, les femmes sont souvent confrontées à des normes traditionnelles qui limitent leurs opportunités. Les stéréotypes de genre enracinés dans la société peuvent les dissuader de s'engager dans des activités professionnelles ou publiques. La violence basée sur le genre, y compris le harcèlement sexuel, constitue un obstacle supplémentaire à leur participation dans l'éducation et la vie communautaire. De plus, la représentation limitée des femmes dans les médias et les arts renforce des stéréotypes négatifs et entrave l'évolution des mentalités.

Dans le domaine politique, les femmes africaines sont généralement sous-représentées dans les instances décisionnelles. Cette absence de représentation limite leur capacité à influencer les politiques qui les concernent directement. Les barrières légales et institutionnelles, telles que des lois discriminatoires ou des processus électoraux peu accessibles, exacerbent cette situation. La culture patriarcale omniprésente décourage souvent les femmes de revendiquer leurs droits ou de s'engager activement en politique.

Économiquement, les femmes rencontrent de nombreux obstacles. L'accès aux ressources, comme la terre et le crédit, est souvent restreint, ce qui rend difficile la création et le développement d'entreprises. Les femmes sont majoritairement employées dans le secteur informel, où elles bénéficient de peu de protections et de droits. Même lorsqu'elles occupent des postes formels, elles sont souvent victimes de discrimination salariale, percevant des salaires inférieurs à ceux des hommes pour des tâches équivalentes.

Les difficultés rencontrées par les femmes africaines dans ces domaines nécessitent une approche intégrée pour améliorer leur situation. Des initiatives éducatives, des réformes législatives, et des campagnes de sensibilisation sont cruciales pour surmonter ces obstacles. En travaillant sur ces fronts, il est possible d'améliorer l'égalité des sexes et de renforcer la position des femmes dans la société africaine, contribuant ainsi au développement durable du continent".


🖋 Elza Vumi
Présidente Congo Actif Synergie
 " Je conseille à ceux de vos lecteurs vraiment intéressés au sort des femmes et à leur lutte, qui est forcément politique...de consulter
le site de l'ONU, rubrique "Conseil de sécurité"/RdCongo et le "Mapping" édité en octobre 2010 qui couvre la période à partir de 1993 ... période avant coureur du génocide rwandais.

🔹️Ces rapports sont limpides ...


🔹️Bibliographie à lire par vos lecteurs pour comprendre ce que vivent les femmes à l'Est de la RdCongo, drame dont les conséquences sur la vie quotidienne des femmes s'étendent sur tout le territoire ... 8 fois la France, 80 fois la Belgique ... "coffre-fort" des puissances libérales coloniales.

Pour que les femmes de mon pays ne soient pas traitées comme une opportunité féministe ou méprisante.


🔹️Bon à savoir :

-  Denise Nyakeru Tshisekedi [la Première  Dame] préside une fondation depuis la capitale contre le viol ... plus "civile" que le viol qui est une arme de guerre à l'Est ... 

La Fondation Denise Nyakeru Tshisekedi (FDNT) aspire à une société congolaise où chaque femme est considérée à sa juste valeur, un atout indispensable dont les potentiels sont pleinement reconnus pour son épanouissement, celui de sa famille ainsi que de toute la communauté.

La Fondation s’est donnée pour mission de faire taire les préjugés qui entourent la condition de la femme en RDC et ainsi aspirer à une société égalitaire.

Le Dr Mukwege
surnommé « l'homme qui répare les femmes », 
qui est originaire et vit à Bukavu, à l'Est du pays, a reçu de nombreuses distinctions pour son engagement contre les mutilations génitales pratiquées sur les femmes en république démocratique du Congo, dont le prix Sakharov en 2014 et le prix Nobel de la paix en 2018.


Je souhaite une bonne  lecture de ces éléments  à  vos lecteurs".


🖋Véronique Lehman
Directrice d’établissement sanitaire social et médico social
Consultante politique et sociale
Expert en santé publique
Écrivaine

ĒTRE UNE FEMME AFRICAINE C’EST
DEVENIR UNE SPÉCIALITISTE AU
QUOTIDIEN DE LA GESTION DES
RISQUES.

🔹️LE RISQUE d’être exploitée par sa famille.
🔹️LE RISQUE de ne pas aller à l’école.
🔹️LE RISQUE d’être harcelée par ses professeurs.
🔹️LE RISQUE d’être excisée.
🔹️LE RISQUE d’être mariée sans son consentement.
🔹️LE RISQUE de recourir à la prostitution pour subvenir aux besoins de la famille.
🔹️LE RISQUE d’être exposée à des grossesses précoces.
🔹️LE RISQUE de se retrouver dans un mariage polygamique.
🔹️LE RISQUE de devoir choisir entre sa carrière et le divorce.
🔹️LE RISQUE d’être délaissée à tout moment par son conjoint.
🔹️LE RISQUE de mourir en donnant la vie.
🔹️LE RISQUE d’être victime de maladies féminines; les cancers du col de l'utérus,
du sein, des ovaires, de la dépression etc..

Vous l’aurez compris, être une femme africaine ou d’origine africaine en
diaspora c’est osciller entre les valeurs traditionnelles et la modernité.
C’est défier une société dite moderne, vivre une émancipation teintée des
pesanteurs du patriarcat.
C’est faire face au quotidien, à l'agression d’une societé construite autour des stéréotypes préconçues pour inférioriser la femme.
Malgré quelques évolutions notables, la condition de la femme africaine souffre
encore de nombreux maux qui sous-tendent des violences plurielles.

I / DE LA VIOLENCE INSTITUÉE À LA VIOLENCE IMPOSÉE
La violence instituée est celle qui se déroule automatiquement de manière insidieuse. Elle institue une répartition très inégale des tâches ménagères dans la fratrie au détriment des petites filles.
En effet, souvent cheville ouvrière dans l’exécution des tâches ménagères
notamment la recherche de l’eau potable, le ménage, la cuisine, les petites filles africaines sont mises à contribution pour ces corvées dès le plus jeune âge sous le prétexte de les préparer à leur futur rôle d’épouses.
À contrario, leurs frères, souvent préparés pour être des futurs époux
bénéficient de ces services, sans obligation d’y participer.
Dans certaines familles où la pauvreté sévit, les études sont plutôt payées pour l'éducation des garçons au motif fallacieux qu'elles font d’eux des futurs chefs de famille.

Nombreuses sont les filles et les femmes africaines qui se retrouvent de ce fait
analphabètes ou obligées de s'offrir à des hommes plus fortunés pour payer leurs frais de scolarité.
Pour les plus malchanceuses, des transactions maritales peuvent débuter dès
leur conception pour les marier à un homme plus âgé, selon les valeurs ou les droits de rachat de leur famille.

II/ DE LA VIOLENCE DÉGUISÉE À LA VIOLENCE NÉGOCIÉE
La violence déguisée est le terme le plus adapté pour qualifier certains propos que l’on peut entendre dans certains cas "Tu attends quoi pour te marier?"
"Ta cousine X a bâti une belle demeure."
Une manière de pousser les femmes à se livrer au plus offrant.
Dans un environnement emprunt à la misère où tout se négocie, on peut penser que c’est une violence déguisée les poussant à la prostitution pour subvenir à leurs besoins et à ceux de la famille.

LA VIOLENCE NÉGOCIÉE
C’est celle oblige les femmes africaines afin d’être exploitées par leurs familles.
L’exemple parfait est celui du mariage coutumier, ou du mariage polygamique. On peut également citer, le cas où les femmes contribuent à élever tous les membres de la fratrie pour être dépouillées de l'héritage familial.
Dans le cadre du mariage, elles sont rares les femmes qui ne subissent pas l’hostilité de la belle famille.
Ces velléités sont doublées des infidélités de l’époux, de la maltraitance et de la
méconnaissance de toutes les règles de planning familial.
Dire non pour la femme africaine reste un droit à conquérir.
Lorsque les femmes contribuent à l’amélioration du patrimoine familial, le droit des successions est encore très inégalitaire.
Les droits du conjoint survivant relèguent la veuve à un niveau de succession défavorable par rapport à celui des descendants et des collatéraux.
Il faut pour se faire améliorer cet état de fait, questionner les valeurs
traditionnelles, le droit, les politiques publiques relatives au genre, mais aussi les préambules de constitutions qui affirment les principes relatifs à l’égalité des
sexes d’une part. D’autre part, il est regrettable de constater que les femmes africaines elles-mêmes jouent les équilibristes entre une autonomie à conquérir
et des valeurs traditionnelles assimilées.
Pour ne pas conclure, la condition de la femme africaine interroge la femme elle-même, sa famille, le système éducatif, les politiques, les textes législatifs.
C'est une question de dialogue interculturel entre les communautés humaines.

Nous le constatons de plus en plus en cas de migrations, certaines valeurs sont
transportées dans la société d’accueil et nécessitent de repenser le droit de la famille et parfois les principes même du vivre ensemble.
La femme africaine ne pourra gérer tous ces risques de manière optimale que si elle est aidée par une société qui lui donne de la place et l’apprécie à sa juste valeur.


BEING AN AFRICAN WOMAN IS BECOMING A
SPECIALIST IN DAILY RISK MANAGEMENT.
THE RISK of being exploited by your family.
THE RISK of not going to school.
THE RISK of being harassed by her teachers.
THE RISK of being excised.
THE RISK of being married without consent.
THE RISK of resorting to prostitution to support the family.
THE RISK of being exposed to early pregnancy.
THE RISK of ending up in a polygamous marriage.
THE RISK of having to choose between career and divorce.
THE RISK of being abandoned at any time by your spouse.
THE RISK of dying giving birth.
THE RISK of female diseases; cervical, breast, ovarian cancers, depression etc.
You will have to understand that being an African woman or of African origin in the diaspora
is oscillating between traditional values and modernity.
It is to challenge a so-called modern society, to live an emancipation tinged by the heaviness
of patriarchy.
It is to face the daily, the aggression of a society built around preconceived stereotypes to
inferiorize women.
Despite some notable developments, the condition of African women still suffers from many
ills that underlie multiple forms of violence.
I/ INSTITUTED VIOLENCE TO IMPOSED VIOLENCE
Instituted violence is violence that takes place automatically in an insidious manner. It
creates a very unequal distribution of household tasks among the siblings to the detriment of
the little girls.
Often a key player in the execution of household tasks, including the search for water,
cleaning, cooking, African girls are used for these tasks from an early age under the pretext
of preparing them for their future role as wives.
Conversely, their brothers, who are often prepared to be future husbands, benefit from these
services without being obliged to participate.
In some families where poverty is rife, education is paid for boys on the basis of the false
assumption that they will be heads of households.
Many African girls and women are either illiterate or forced to work for richer men to pay their
tuition.
For the most unfortunate, marital transactions may begin at conception to marry an older
man, depending on their family’s values or redemption rights.
II/ FROM DISGUISED VIOLENCE TO NEGOTIATED VIOLENCE
Disguised violence is the most appropriate term for some of the things that we hear in some
cases, "What are you waiting for to get married?"
"Your cousin X has built a beautiful house."
A way to push women to give in to the highest bidder.
In an environment of poverty where everything is negotiated, it can be thought as disguised
violence pushing them into prostitution to support themselves and their families.
NEGOTIATED VIOLENCE
It is the one that forces African women to be exploited by their families.
The perfect example is customary marriage, or polygamous marriage
We can also cite the case where women help raise all members of the siblings to be stripped
of the family inheritance.
In the context of marriage, there are few women who do not suffer hostility from the family.
These wiles are coupled with the infidelities of the husband, abuse and ignorance of all
family planning rules.
Saying no is a right African women have yet to conquer.
When women contribute to the improvement of family wealth, inheritance law is still very
unequal.
The rights of the surviving spouse place the widow at an unfavorable level of succession
compared to that of the descendants and collaterals.
To improve this state of affairs, we need to question traditional values, the law, public policies
related to gender, but also the preambles of constitutions that affirm the principles relating to
gender equality on the one hand. On the other hand, it is regrettable to note that African
women themselves are balancing between autonomy and assimilated traditional values.
To conclude, the condition of African women questions the woman herself, her family, the
education system, policies and legislative texts.
It is a question of intercultural dialogue between human communities.
We are increasingly seeing that in the case of migration, certain values are carried into the
host society and require a rethinking of family law and sometimes even of the principles of
living together.
African women can only manage all these risks in an optimal way if they are helped by a
society that gives them space and values them.
Véronique Lehman
Director of social health and medical-social institution
Policy and social consultant
Public health expert
Writer

🖋Bernard Kasolo 
coordonne un centre en Zambie où des agents de santé assistés par les États-Unis s’occupent de patients victimes de violence basée sur le genre et atteints du VIH/sida.
 (Avec l'aimable autorisation du Chingola GBV One Stop Centre)



🖋Brigitte Prévost
Infirmière Puéricultrice de santé publique
Administratrice de l'ANPDE
Responsable de la commission Protection de l'enfance
Membre de la commission des Formations

EXCISIONS – INFIBULATIONS-CIRCONCISIONS

Définitions des différents types de mutilations génitales féminines 
Selon l’OMS :

Type 1 -la Clitoridectomie : ablation partielle ou totale du clitoris et plus rarement du prépuce

Type 2 – L’Excision : mutilation génitale qui consiste à l’ablation partielle ou totale du clitoris, et des petites lèvres avec ou sans excision des grandes lèvres. 27 pays en Afrique.

Type 3 – l’infibulation : rétrécissement de l’orifice vaginal par recouvrement, réalisé en sectionnant et en repositionnant les petites lèvres, ou les grandes lèvres, parfois par suture, avec ou sans excision.

Type 4 – Toutes les autres interventions néfastes pratiquées sur les organes génitaux féminins à des fins non médicales, comme par exemple, piquer, percer, inciser racler, cautériser les organes génitaux.

"L’Infibulation : c’est aussi en pratique, une excision menée au couteau ou lame de rasoir, sans anesthésie, avec la mise à vif des grandes lèvres pour ensuite les coudre avec des épineux en laissant un infime trou, afin de permettre l’évacuation des urines et des menstrues. Une des conséquences de cette infibulation c’est la rétention des urines et des menstruations dans le ventre, ce qui déclenche des infections massives et mortelles. Le jour du mariage l’honneur du mari est sauf, s’il réussit à ouvrir avec force l’infibulation de sa femme. 
L’une de ces femmes, au Soudan, me rapportait le fait qu’à chaque naissance son mari la faisait recoudre à chaque fois, de manière à obtenir une femme vierge après chaque naissance… Je ne décrirais pas l’état des parties génitales de cette femme, ce qu’il en restait !
Aux accouchements, de nombreuses complications sont observées de type déchirures, infections, sans évoquer les douleurs insupportables et les souffrances occasionnées.
Le Soudan se voit décernée la palme d’or dans ce domaine. L’infibulation pratiquée dès l’âge de 7 à 8 ans s’effectue sans anesthésie. Les conditions d’hygiène exposent la fillette à des infections qui peuvent entrainer sa mort. 

Les conséquences ? Douleurs, hémorragies, plaies vulvaires, urinaires, infections, absence de plaisir pendant les rapports sexuels ; troubles mictionnels, ….

Djibouti et la Somalie excisent et pratiquent l’infibulation de leurs fillettes.
Si la fille n’est pas infibulée elle ne trouvera pas de mari ! C’est une condition incontournable pour obtenir un mariage « forcé », ou si vous préférez arrangé entre adultes!. 
Est-ce par manque d’éducation ? Ignorance des femmes ? Ignorance des hommes ? Pression sociale ? Croyances ? Impossibilité à se marier si tu n’es pas excisée, ou infibulée ?

L’origine de cette coutume est très floue. Certains évoquent les coutumes traditionnelles ou religieuses ? Vertus des religions. Le Coran n’aborde pas cette pratique pour les filles dans son texte. 
Les animistes pratiquaient l’excision, les chrétiens de l’Afrique de l’Est également. Les pays du Maghreb, l’Iran Chiite et la Turquie ne réalisent pas cette pratique mutilatrice sexuelle.

Ces mutilations trouvent elles leur origine dans une tradition des femmes perpétuée par les femmes de générations en générations ? 

Les hommes souhaiteraient ils préserver la fidélité de leurs épouses, mères,….la crainte de l’infidélité, la peur de ne pas garder la femme à son foyer ?

Une envie irrépressible sociétale à pousser les femmes à ne plus avoir de plaisir ?
par les femmes de la lignée, par les hommes du harem ? 
Les chiffres sont très hétérogènes, ils vont de 3 millions à ceux de l’Unicef 230 millions de filles et femmes victimes dans le monde de ces pratiques mutilatrices génitales invalidantes voire mortelles. Les conséquences sont graves tant d’ordre physiques que psychiques.

Toutes les femmes examinées au Soudan dans le cadre de consultation présente des douleurs récurrentes permanentes, une souffrance qu’aucun homme ne peux imaginer.
Des infections à répétitions, des rétentions d’urines ou de règles donnant un abdomen tendu, douloureux qui nécessite la chirurgie pour évacuer cette rétention liquidienne.
Toutes ces femmes décrivent la nuit où on est venue les chercher, quand elles étaient enfant, sans aucune explication, elles sont emmenées dans une concession, elles sont maintenues de force, sans comprendre ce qui va leur arriver, sans pouvoir se défendre, la douleur est atroce, le plus souvent sans anesthésie, certaines perdent connaissance et se réveilleront le lendemain ensanglantée et empreinte d’une douleur brulante et lancinante.
Les herbes traditionnelles aux vertus cicatrisantes, posées sur leur sexe, seront censées les soulager. Malheureusement la fièvre, les infections sont souvent prégnantes.

Les circoncisions sont aussi à prendre en considération comme mutilation sexuelle réservée aux garçons. C’est la coupure du prépuce. Si un parallèle peut être réalisé entre l’excision pour la fille et une mutilation génitale pour le garçon, l’équivalent d’une infibulation pour la femme correspondrait pour l’homme à la section entière de sa verge!
Quel homme africain accepterait qu’on lui coupe la verge ? La circoncision est un acte qui signe pour le jeune garçon, ce rite de passage à l’âge adulte est également vécu douloureusement par les garçons, qui ne sont pas préparés, et se retrouve dans les conditions de surprise, et de douleur. « La plupart des témoignages disent c’est chaud ! »
Cependant les effets à long terme n’ont aucune comparaison avec le vécu douloureux des femmes qui souffriront toute leur vie de cette technique violente et invalidante. 
Certaines mères africaines, n’acceptent plus cette pratique, et donnent de l’argent à leurs filles afin qu’elles quittent le pays et échappent à ces pratiques sexuelles violentes.

31 pays ont le courage de recenser leur nombre de filles et femmes ayant été excisées.
Actuellement, 90 pays soumettent leurs êtres humains féminins mineurs à cette pratique, malgré l’interdiction légiférée de pratiquer des mutilations génitales sexuelles.
En un demi-siècle, une grande partie des pays africains ont légiféré contre l’excision et l’infibulation. Cependant, la pratique se poursuit dans bon nombre d’entre eux. Peu de cas sont dénombrés et transmis par les autorités à l’Organisation Nationale des Nations Unis, et peu de recensement dans les services hospitaliers de maternité, pédiatrie, urgences…,  sur ces pratiques de mutilations génitales féminines.
L’évolution de ces pratiques ne pourra passer que par l’éducation des femmes. 
Les autorités devront également se donner les moyens pour faire respecter les lois contre l’excision et l’infibulation dans les différentes contrées de leur état. Certains procès médiatisés sensibilisent les populations à ce délit.

Le 6 février 2024, la commission européenne et le haut représentant/vice-président demandent l’éradication des mutilations génitales féminines dans le monde...dans la perspective de la journée internationale de la tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines.
Cependant si la législation a évolué en 40 ans, cette pratique à l’encontre des enfants et des jeunes filles, considérée comme illégale dans 80 pays perdure.  

Panorama des législations en vigueur interdisant l’excision et l’infibulation en Afrique :

 : la loi N° 2003-03 portant répression de la pratique des mutilations génitales féminines en République du Bénin promulguée le 3 mars 2003.
Pays africains infibulant et excisant les filles. 
BURKINA FASO : loi interdisant les mutilations génitales promulguée en 1996 entrée en vigueur en 1997.
BURUNDI, code pénal loi n°1/05 du 22 avril 2009 chapitre 2 article 136 : peines incompressibles : En cas de condamnation pour crimes de génocide, crime contre l’humanité, crime de guerre, d’homicide volontaire, d’agressions sexuelles, de tortures et de vol à mains armées, le condamné exécute la totalité de la peine sans pouvoir bénéficier de l’application des dispositions sur la condamnation et la liberté conditionnelles. L’article 196 condamne au 7° viol, esclavage sexuel, prostitution forcée, stérilisation forcée ou toute autre forme de violence sexuelle de gravité comparable, et 11° : autres actes inhumains de caractère analogue causant intentionnellement de grandes souffrances ou des atteintes graves à l’intégrité physique ou à la santé physique ou mentale.
CAMEROUN : la loi du 12 juillet 2016 puni d’emprisonnement celui procède à la mutilation de l’organe génital d’une personne, quel qu’en soit le procédé.
CENTRAFRIQUE : L’article 3 de la constitution de 1995, pis la loi du 27 décembre 2006 stipule que sont considérées les violences faites aux femmes les MSF y compris toutes les interventions incluant l’ablation partielle ou totales des organes génitaux féminins pratiquées pour des raisons culturelles ou religieuses ou toute autre raison non thérapeutique. 
LA CÔTE D’IVOIRE a promulgué une loi en 1998, sur l’interdiction de la pratique de l’excision. La loi ivoirienne a été incluse dans le code pénal en 2019.
DJIBOUTI : les mutilations sexuelles féminines, sont interdites par la loi depuis 1995.
EGYPTE : Le décret sur les MSF du 8 juillet 1996 impose l’interdiction de la pratique de l’excision. Le 29 novembre 2016, est entrée en vigueur une loi qui aggrave jusqu’à 15 ans les peines de prison contre les personnes pratiquant l’excision.
ÉTHIOPIE : La constitution de 1995 prend en compte les mutilations faites aux femmes. Le code pénal éthiopien de 2004 pénalise la pratique de l’excision.
GABON, en 2008, le pays adopte une loi interdisant les mutilations génitales féminines, et le code pénal révisé en 2021 a aggravé les sanctions prévues pour ces pratiques.
LA GAMBIE, a une loi du 28 décembre 2015, réprime pénalement l’excision. Consolidation de l’interdiction par un vote en juillet 2024.
GHANA : La MSF est criminalisée depuis 1994.
GUINEE EQUATORIALE : depuis 1996, loi interdisant les mutilations génitales féminines. Cependant la pratique de l’excision persiste, surtout dans le Nord du Pays.
GUINÉE CONAKRY : l’article 6 de la Constitution de 2000 dispose que « nul ne peut être l’objet de tortures, de peines, de traitements cruels, inhumains ou dégradants ». Création d’un numéro vert le 116 contre l’excision
GUINÉE-BISSAU : en 2011, le parlement a voté une loi qui interdit l’excision.
JAPON : par sa législation condamne tout préjudice corporel
KÉNYA : existence d’une loi de 2001 qui protège l’enfant de toutes mutilations sexuelles féminines. Le ministère de la santé a mis en œuvre un plan d’action national sur l’excision.
En 1998 38 % des femmes kényanes auraient été victimes de mutilations sexuelles. Dans certaines ethnies cette prévalence atteignait 80 %. 
MAURITANIE : l’ordonnance du gouvernement de 2005 article 12 interdit les MSF portant protection pénale de l’enfant.
NIGER : loi du 13 juin 2003 : révision du code pénal nigérien : les mutilations génitales féminines condamnées en 2003.
NIGÉRIA : la loi du 5 mai 2015 interdisant la pratique des mutilations sexuelles féminines a été adoptée par le parlement nigérian.
OUGANDA : la loi de 2010, interdit la pratique des MSF 
Le SÉNEGAL : l’article 7 de la Constitution de 2001 dispose que « tout individu a droit à la vie, à la liberté, à la sécurité, au libre développement de sa personnalité, à l’intégrité corporelle notamment à la protection contre les mutilations physiques. »
SOMALIE : article 15 de la constitution de 2012 condamne la MSF caractérisée comme une pratique cruelle et dégradante, qualifiée de torture. Cette pratique est interdite sur les filles.  
Le SOUDAN fut le premier pays à légiférer contre l’excision déclarant l’infibulation illégale en 1949. En 2003, les autorités ont fait passer un décret visant à interdire au personnel de santé de pratiquer toutes formes de mutilations sexuelles féminines ainsi que la ré-infibulation après accouchement notamment. Si les Mutilations sexuellement féminines n’ont pas été interdites dans l’ensemble des états par le biais d’une loi nationale, une première loi a toutefois été adoptée en novembre 2008 par l’état du Kordofan Sud qui interdit ces pratiques, ainsi que l’état de Géradef en 2009.
TOGO : l’article 1 de la loi du 21 novembre 1998 a interdit la pratique de MSF.
TCHAD : l’article 9 de la loi interdit toutes les formes de violences tels que les MSF, les mariages précoces, les violences domestiques et les sévices sexuels sur la personne. 
TANZANIE : la MSF est prohibée depuis la Constitution de la République unie de Tanzanie de 1998

La Prévalence consiste dans le nombre de cas d’une maladie dans une population à un moment donné, englobant aussi bien les cas nouveaux que les cas anciens.

SOMALIE : le taux de prévalence décrit par Care, de femmes sexuellement mutilées est de 46 % des filles et enfants de 0 à 14 ans et 98 % âgées entre 15 et 49 ans ont subi une excision, et infibulation.
DJIBOUTI : le taux de prévalence de femmes sexuellement mutilées au Djibouti est de 43 % des enfants de 0 à &’ ans et de 94% des femmes de 15 à 49 ans
ÉRYTHRÉE : le taux de prévalence de femmes sexuellement mutilées est : 83% des enfants et filles de 0 à 14 ans et de 33 % des femmes de 15 ans à 49 ans
NIGERIA : le taux de prévalence de femmes sexuellement mutilées est de 13 % des enfants et jeunes filles de 0 à 14 ans et de 19 % des femmes de 15 à 49 ans
Nord de l’IRAK : prévalence 44 % de femmes excisées
MALI : aucune loi interdisant l’excision, 91 % des femmes entre 15 et 45 ans sont excisées, 50 % des filles de moins de 5 ans sont excisées et près de 80 % chez les 6-14 ans.
BÉNIN :  le taux de prévalence de femmes sexuellement mutilées est de 0,2 % des enfants et jeunes filles de 0 à 14 ans et de 9% des femmes de 15 à 49 ans.
CAMEROUN, 1,4 % des femmes déclarent avoir subi l’excision.
SIERRA LEONE : 80 % des femmes chrétiennes étaient excisées en 2008. Le pays est signataire de la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination l’égard des femmes des Nations Unies, et du protocole à la charte africaine des droits de l’Homme et des peuples relatifs aux droits des femmes adopté à Maputo. Ces textes prônent l’abolition des mutilations sexuellement féminines, le mariage précoce et les fiançailles d’enfants.
YÉMEN :  la majorité des filles sont excisées avant l’âge de 5 ans.

Certains pays n’ont pas légiféré contre les mutilations génitales féminines tels que : 

ALGÉRIE, pas de législation, cependant un discours qui condamne l’excision et l’infibulation.
CONGO, aucune loi spécifique interdit les mutilations génitales féminines.
LIBYE, pas de législation existante, il semble que ces pratiques mutilatrices ne soient pas pratiquées en Libye.
MAROC, une situation qui devient préoccupante, pas de législation interdisant l’infibulation et l’excision.
RWANDA, après le Génocide, depuis 2003, l’article 9 de la constitution rwandaise exige qu’au moins 30% des postes dans les instances de l’État soient tenus par des femmes, et la constitution inscrit l’égalité entre femmes et les hommes dans ses textes. La pratique du Gukuna est condamnée par l’église catholique au Rwanda qui la considère comme un acte impur, au même titre que d’autres pratiques rwandaises liées à la sexualité, qu’elle tente d’empêcher défendant la politique en faveur de la famille. Pas de loi actuellement en vigueur pour protéger les filles des mutilations sexuelles féminines.
TUNISIE, le parti islamiste au pouvoir se dit contre les mutilations génitales féminines ;
LIBÉRIA : aucune loi sur l’interdiction des pratiques de MSF.
ANGOLA, la pratique est condamnée par les autorités.
MOZAMBIQUE, pas d’informations concernant une législation abrogeant l’excision et l’infibulation. Il n’existe pas de mutilations génitales dans le pays,
NAMIBIE, pas d’informations concernant une législation abrogeant l’excision et l’infibulation.
ZAMBIE, pas d’informations concernant une législation abrogeant l’excision et l’infibulation.
MALAWI, pas d’informations concernant une législation abrogeant l’excision et l’infibulation. Il n’existe pas de mutilations génitales dans le pays, selon le rapport de l’ONU concernant les pratiques traditionnelles préjudiciables.
ZIMBABWE, pas d’informations concernant une législation abrogeant l’excision et l’infibulation. Il n’existe pas de mutilations génitales dans le pays, selon le rapport de l’ONU concernant les pratiques traditionnelles préjudiciables.
BOTSWANA, pas d’informations concernant une législation abrogeant l’excision et l’infibulation.
LESOTHO, pas d’informations concernant une législation abrogeant l’excision et l’infibulation.
AFRIQUE DU SUD, a légiféré il y a trente ans, cependant encore près de 80 % des filles de moins de douze ans ont été excisées.
Les COMORES ne pratiqueraient pas ces mutilations sexuelles. 

Excisions en Asie :
INDINÉSIE : certaines pratiques persistent dans certaines régions d’Indonésie. Il n’existe pas d’informations officielles communiquées en matière de législation.
INDE : ce pays n’a pas adopté de loi en matière de lutte contre les mutilations sexuelles féminines. Il semble que cette pratique n’existerait pas en Inde.
ISRAËL : Des femmes Famashas (juifs éthiopiens établis en Israël) et des femmes bédouines pourraient être victimes de la pratique des mutilations sexuelles. Cependant aucune information officielle, ni législation connue sur ce thème.

En FRANCE l’excision et l’infibulation sont considérées comme un crime puni par la loi, la France protège par la loi tous les enfants qui vivent sur son territoire, quel que soit leur nationalité. 

🔹️Consultez : 
- SOS africaines en danger sur Youtube
Livres sur ce thème : 
- Le Rebelle autrice :  Fatou Keïta
- Le couteau Brûlant : autrice d’Hami Traoré".


Témoignage recueilli par Karamogo Diabagaté 

🖋 Dame X mariée à l'âge de 15 ans à un sexagénaire polygame

"Je me nomme X
J'ai 42 ans
Je suis burkinabè
J'ai pas d'enfant
J'habite Bobo Dioulasso 
Dame X dit être mariée de force à monsieur Y âgé de la soixantaine. Un commerçant du village vivant avec 2 femmes et plusieurs enfants dont certains ont l'âge de madame X.
X: C'était dans les années 1993, je devais aller en 6ème. Avant la rentrée des classes, plusieurs vieilles femmes sont venues salué ma maman un lundi matin. Je constatais aussi que beaucoup de denrées de premières nécessité étaient remises à ma famille par soit les enfants de Y ou par personnes interposées. Mon père ne m'a jamais rien dit. À un moment j'entendais dans les causeries avec mes camarades que j'étais la future épouse du riche commerçant. Juste quelques semaines avant la rentrée, j'ai été informé ma maman et après mon père. Ne connaissant rien, je ne savait pas ce qui m'attendais.
Après le mariage j'ai tenté de fuir, mais je n'avais aucun moyen. Puisque je refusais d'aller au lit avec lui. Après des menaces, j'ai cédé. La première fois était très périeuse et scandaleux. Quelques mois après, je suis tombée gravement malade. Conséquence, une grosse avec toutes les difficultés. J'accouche prématurément sans assistance. L'enfant décède quelques 2 semaines après l'accouchement.
Mon calvaire va commencer lorsque que je n'arrivais plus à retenir mes urines et souvent même les défécations. J'ai été isolée, mon mari m'approche plus, personne ne me parle. J'étais rejeter et lorsque je vais dans la famille de mon papa on me ramène chez mon mari. On me traitait de femme malchanceuse, sorcière etc. Finalement j'étais devenue presque folle.
Un jour j'ai emprunté une route en marchant sans savoir où je partais. J'ai passé la nuit en brousse. Affaiblie par la fatigue et la faim j'ai dû perdre connaissance. J'ai repris connaissance dans un endroit et on me dit que je suis à l'hôpital de Bobo Dioulasso.
Après plusieurs jours on m'a dit que je suis prise en charge par l'action sociale avec le soutien d'une association.
C'est là qu'on m'a dit que je souffre de fistule. J'ai été soignée et j'ai recouvert la santé, ma beauté et je travaille au sein de l'association(regard d'espoir).
Lorsque je suis repartie au village, on me regardait comme un revenant. Mon ex mari après à tout fait pour que je revienne mais j'ai refusé (soupire et silence) . Aujourd'hui malgré le suivi psycho social, la plaie est ouverte. Parce mon école s'est arrêtée, j'ai été humiliée, ma dignité bafouée, pi par ma popre famille (Ricane, les larmes aux yeux) . Je ne peux plus avoir d'enfant. Mes camarades qui ont eu la chance sont devenues des grandes personnalités (pleure).
J'ai décidé de me consacrer à lutter contre le mariage précoce, la déscolarisation et l'accompagnement des femmes victimes de ma situation. Ne me prend pas en photo et ne publier pas mon nom, car mon ex mari et certains membres de ma famille ont considéré mon refus catégorique de revenir au village comme un affront. Merci beaucoup".

 🖋 Noura Njikam
Miss Univers 2024 : porte-voix de la lutte contre les violences faites aux femmes


Propos recueillis par Nora Ansell-Salles 


Ndlr : L'actuel premier ministre ivoirien est Beugré Mambé et non Kablan Duncan. Niale Kaba est ministre du plan et des finances de la Côte d'Ivoire actuellement.