EDITO
Les
parangons de vertu scientifique
Le
professeur Philippe Even souffre, à 83 ans, d'un trouble obsessionnel profond,
absolument pas lié à son âge car cela fait au moins 30 ans qu'il tente de s'en libérer par une sorte de
catharsis blockbusterisée par les Editions du Cherche-Midi.
La
haine irrépressible qu'il exprime à l'encontre de l'industrie pharmaceutique
constitue désormais le moteur exclusif de son importante production littéraire
dont le dernier témoignage [« Corruption
et crédulité en médecine »] vient de paraître sous les hourras habituels de
la foule grandissante des adeptes de la théorie du complot.
Pourquoi
le professeur Philippe Even a-t-il développé ce syndrome ? Difficile à dire car
bon nombre de ses confrères en sont également atteints. Even le pneumologue
s'est un peu spécialisé… dans la cardiologie et la lutte contre les statines, et
Henri Joyeux, autre professeur de médecine, semble avoir consacré une bonne
partie de ses forces à combattre la vaccination contre le cancer du col de
l'utérus.
Que
l'industrie pharmaceutique ne soit pas blanc-bleu dans ses « stratégies de
conquête » est une évidence : même avec une finalité de santé, c'est une
industrie. Mais que les médecins prescripteurs appartiennent tous, soit à la
caste des bisounours, soit à celle des vendus relève au minimum d'un défaut
d'analyse…
Philippe
Even vient d'ailleurs d'apporter la preuve éclatante de ses propres turpitudes.
La veille de la sortie de son livre, il a dû démissionner de la présidence de
l'Institut Necker. Le parangon de vertu scientifique ne déclarait aucun lien
avec l'industrie pharmaceutique alors que l'Institut qu'il dirigeait jusqu'à la
semaine dernière bénéficiait de plusieurs dizaines de contrats signés avec de
grands laboratoires.
Des
contrats qui, aux dernières nouvelles, ne semblent heureusement pas avoir
affecté l'extraordinaire travail de recherche produit par l'Institut Necker.
Entre « corruption et crédulité en médecine », Philippe Even pourrait peut-être
maintenant envisager qu'existe une troisième voie. Et donner l'exemple plutôt
que des leçons.
Jacques
DRAUSSIN