Trop d’administratifs à l’hôpital ? : le point de vue du Dr Christophe Prudhomme


🖋Billet d'humeur du Dr Christophe Prudhomme

Le RN ainsi que malheureusement un certain nombre de médecins nous expliquent que les problèmes à l’hôpital seraient dus à une administration pléthorique.


 Il s’agit de la même technique qu’avec les immigrés pour désigner un bouc émissaire et cacher les véritables causes du problème.
Nous avons besoin de personnels pour s’occuper de la gestion, de la logistique, de l’entretien des bâtiments et d’encore bien d’autres activités qui ne sont pas connues mais qui permettent aux personnels soignants de pouvoir bien travailler, en étant déchargés de tâches qui ne relèvent ni de leurs qualifications ni de leurs métiers. Ainsi, si les médecins n’avaient plus besoin de s’occuper de ces problèmes de gestion, ils gagneraient 20 à 25 % de leur temps de travail qu’ils pourraient alors plus utilement utiliser pour leurs patients.
Le vrai problème est que le rôle des directeurs et de l’administration des hôpitaux a changé et que leur mission a été dévoyée. Il ne s’agit plus d’assurer le meilleur fonctionnement possible du service public mais de gérer des budgets insuffisants pour accomplir correctement leur mission. En résumé, l’essentiel des discussions dans les instances avec les médecins et le personnel est de faire le point sur le déficit de l’année passée, de chercher à réduire le déficit de l’année en cours et de proposer des réductions de dépenses pour essayer de diminuer celui de l’année suivante. Donc, le véritable problème est celui du manque de ressources imposé par des lois de financement de la sécurité sociale qui ne permettent même pas de maintenir l’existant. Ils se retrouvent ainsi dans une spirale infernale où pour faire des économies, il faut diminuer le nombre de lits tout en évitant la fuite du personnel soignant et en essayant de recruter des médecins dans les spécialités où le différentiel de rémunération entre l’activité dans le public et le privé est tel que c’est une tâche quasi impossible.
Bien entendu, certains pourront citer avec raison des exemples – trop nombreux – où les directeurs se font de zélés relais des politiques gouvernementales de casse de l’hôpital avec du personnel administratif concentré sur les questions financières sans aucun égard pour les besoins des soignants.
Mais ne nous trompons pas d’ennemis même si au quotidien les relations peuvent être rudes avec les directions. La vraie question est celle des moyens nécessaires pour répondre aux besoins, ce qui implique une augmentation de ces derniers au regard du vieillissement de la population et des progrès de la médecine. Nous ne connaissons pas encore le budget des hôpitaux pour 2026 mais, quel que soit le résultat des discussions au parlement, nous savons déjà qu’il sera insuffisant tant que nous conserverons ce gouvernement. Car son choix idéologique est celui de la santé marchandise et de l’hôpital entreprise, ouverts aux appétits de financiers dont l’objectif ne sera jamais d’assurer le meilleur service public possible, mais restera toujours le meilleur retour sur leur investissement.

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