EDITO
Tiers
payant et demi-tour
Comme
il ne s'agit pas d'une dépêche AFP, on, peut considérer l'information comme
fiable… Selon notre confrère Les Echos, le gouvernement s'apprêterait à
effectuer une gracieuse volte-face en abandonnant la mise en place du tiers
payant généralisé.
Les
médecins – qui mènent depuis la fin du mois de décembre une guerre farouche à
cette mesure – semblent donc avoir gagné. Mais gagné quoi au fait ? Leur
principale crainte est de devoir être les victimes d'un processus de type usine
à gaz. Au lieu d'encaisser sur le champ leurs 23 euros, il leur faudrait cavaler
après leurs honoraires auprès de la Sécurité sociale et des complémentaires
santé, censées se substituer à leurs patients.
Tout
le monde semblait donc d'accord pour conditionner la généralisation du tiers
payant à la conception d'un système
aussi simple que celui qu'avait fini par promettre le Président de la
République, capable de garantir aux médecins d'être payés rubis sur l'ongle.
Dans
ce but, toutes les complémentaires santé – mutuelles et assurances privées – ont
mis au point une solution de type GIE qui permettrait d'après elles un paiement
instantané des consultations à l'aide de la carte Vitale, enrichie des
fonctionnalités nécessaires.
Apparemment,
les syndicats de généralistes ne sont pas convaincus du bien-fondé du projet. Il
faut dire que cette noble corporation est, avec celle des taxis, l'une des
dernières à encore refuser d'être réglée par carte bancaire. Du coup, la
référence perd en force de conviction…
L'allergie
génétique des médecins au progrès dématérialisé est-elle la seule raison qui
conduirait le gouvernement à renoncer à imposer le tiers payant ? Sans doute pas
car il est certain qu'une organisation de la rémunération des actes de médecine
de ville passant prioritairement par des complémentaires donnerait à celles-ci
un rôle prépondérant dans le système de soins. Là où on les préfère nettement
cantonnées dans celui de « payeur aveugle ».
En
attendant que la Ministre de la Santé nous explique que, demi-tour après
demi-tour on finit par aller dans le bon sens, l'idée même de remise à plat du
système de santé s'éloigne à la vitesse grand V.
Jacques
DRAUSSIN
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