Le « non à la nouvelle loi de santé » est si couramment entendu que c’est comme si le concept même de loi de santé, de loi organisant les soins ne valait rien et devait être, par principe, jeté, effacé, oublié. D’ailleurs, c’est bien simple, à chaque nouvelle loi de santé, les oppositions de la part des professionnels sont si fortes que bien souvent rien de nouveau n’est acté.
Finalement, c’est un peu comme si la santé échappait aux lois de la République ! Ce statu quo « convenu » est d’autant plus étonnant que le sujet même de la santé ne concerne pas seulement les professionnels mais aussi les malades actuels et futurs, c’est-à-dire si on y réfléchit, la totalité de la population. Autant dire que la santé des 66 millions de Français est prise en otage par les professionnels de santé qui s’opposent à tout.
Dans la même logique (et bien que mettant à mal les finances publiques du pays) la question du déséquilibre des dépenses de santé échappe aux lois de la République. Peu importe la crise financière et sociale, aucune mesure ne trouve grâce aux yeux des professionnels. Et les politiques de tous bords s’accommodent de cette situation tout comme les médias qui relaient sans prendre de recul et une grande partie des représentants de patients qui accepte la situation sans protester.
Que les étudiants et les internes se retrouvent dans cette approche de rejet des lois à venir est dans l’ordre des choses ; la position de blocage quasi-inconditionnel de ceux qui se considèrent comme responsables des professionnels de santé rend perplexe. Comment expliquer une telle mobilisation, un tel attachement à notre vieux système de santé?
L’organisation actuelle des soins – héritage du passé et des oppositions farouches des professionnels face à toute forme de lois ou de réformes - ne satisfait personne… Les plaintes sont nombreuses : rien ne va, rien n’est satisfaisant et chacun annonce l’apocalypse et des lendemains qui déchantent.
Devant de telles passions et un tel enthousiasme, on pourrait s’attendre à ce que ces acteurs bruissent d’idées et portent mille propositions pour mieux faire. Et bien non ! Le débat d’idées sur la santé, c’est ni débat ni idées… sinon une revendication : « des augmentations, des moyens et encore des sous »
Compte-tenu de la gravité de l’enjeu –la santé de nos concitoyens- misons sur l’intelligence et la bonne volonté de chacun pour que le débat s’ouvre enfin et que vive la démocratie.
Focus sur la loi : quelques points à retenir
- Mise en place d'un parcours éducatif en santé de la maternelle au lycée.
- Généralisation du tiers payant d'ici 2017 et dès 2015 pour les bénéficiaires de l'ACS (aide à la complémentaire santé).
- Lettre de liaison pour les patients sortant de l'hôpital dans l’objectif d'assurer le lien avec les professionnels de ville.
- Instauration de rémunérations pour le travail en équipe des professionnels de santé.
- Dispositions sur l'ouverture des données de santé, notamment celles de l'assurance maladie.
Martial Olivier-Koehret
Président de Soins Coordonnés
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