« Un amour fractal » de Ghizlain Chraïbi - Editions Juste
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Après un divorce somme toute banal, Ito,
bourgeoise de Fractalie (contrée surréaliste à la couleur marocaine), replonge
avec allégresse dans tous les clichés joyeux d’un second mariage. Son époux
bien sous tous rapports décide l’émigration conjugale vers La Banquise (terme générique
dans le roman).
Dans « Un amour
fractal », Ghizlaine Chraibi nous enserre dans l’étau du couple patriarcal, sa
part d’ombre, son visage inadapté au siècle et destructeur à souhait. Ce couple
hétérosexuel, ultra-diplômé et bien sous tous rapports, loin du regard des
autres, n’est pas si joli joli de près.
Sous la houlette sans fards de l’exil, les vernis craquent et laissent
apparaître les archaïques rapports de force qui sous-tendent un mariage hétéro-centré
: les attentes de l’époux sont celles d’un fils et non d’un partenaire. Toute l’énergie
maternelle de la femme est happée, sans vergogne, par l’avidité de l’époux
pervers narcissique aux dépens de tout autour de lui, enfants réels et bien présents
y compris.
Comment survivre à soi dans le couple, dans l’exil, dans la maternité, pour une femme éduquée à la réussite familiale comme socle socioculturel fondamental ? Comment traverser cet anachronisme traditionnel, en ce début de 21ème siècle, sans y laisser sa peau et son âme ? Que faut-il sacrifier pour simplement survivre dans une société conservatrice et politiquement correcte?
D’une violence psychologique et morale qui va crescendo dans la construction du roman, la narratrice s’affirme en s’opposant aux clichés qui construisent l’identité féminine et aux attentes de la société qui font du mariage, un fondamental.
Mourir ou partir. Ito, la narratrice, fera le choix, encore fortement tabou, d’elle-même. Elle se réapproprie sa liberté aux dépens de la maternité et replace les pions de son identité à partir de soi. Le choix de mettre fin à son exil personnel.
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