Interview/ portrait de Gilles Touré



AVANT PROPOS 

Ancien stagiaire de Paco Rabanne, enfant prodige de la création sur-mesure pour femme, maître du pagne, des robes de gala et autres uniformes d'une rare élégance a l'instar de ceux conçus pour Air France … Gilles Touré fait partie, comme le styliste iconique Pathé'O, que l'on ne présente plus, du panthéon de la mode ivoirienne.




🧵 Si vous deviez faire votre auto portrait que diriez-vous de vous ?

C'est toujours très difficile pour moi de parler de moi...
Je me présente : Gilles, ivoirien créateur de mode, je vis et travaille à Abidjan depuis une trentaine d’années. Je suis un super grand passionné. 



🧵 Quelle profession rêviez-vous d'exercer enfant ?

J’ai toujours, toujours, toujours eu envie de faire de la mode. Tout petit je m’amusai déjà à faire les vêtements de Barbie. Ensuite, à l'âge de 14 ,16 ans, j’ai commencé à faire des croquis.
Puis j’ai fait la licence de science écho que mes parents exigeaint.
Mais la mode est le métier que j’ai toujours voulu faire.


🧵 Quel regard portez-vous sur votre parcours professionnel ?

J’ai toujours fait les choses dans une certaine logique... Une fois ma licence en poche, j’ai suivi une formation diplômante, à l’ Université des Arts, Maquette Juxtaposition Modèle - MJM de Paris. J’ai décroché mon diplôme avec mention très bien. J'ai effectué dans la foulée un stage chez Paco Rabanne puis chez 1,2,3. De retour à  Abidjan j'ai travaillé dans une maison de textile. Avant, suite logique, d'ouvrir ma 1ère boutique en Côte d’Ivoire. 


🧵 De quel défilé êtes vous le plus fier ?

Sans doute le prochain...


🧵 À quelle époque le monde de la mode a t-il croisé votre chemin ?

Il y a pas de moment précis, la mode et moi "c’est une histoire d’amour". J’ai toujours voulu faire ce métier. 



🧵 Qui y a t-il de Paco Rabanne et de Pathé'O dans votre travail ?

De Paco Rabanne les tailles et les finitions. On travaillait beaucoup le métal chez lui. C’est sans doute pourquoi aujourd'hui je monte tous mes bijoux moi-même. De Pathé'O la patience, le respect, et l’amour du métier en général. Pathé'O est lui aussi grand passionné.




🧵 Quel regard portez-vous sur la mode africaine ?

Forcément la mode évolue très bien, nous avons aujourd'hui de très nombreux créateurs, qui prennent exemple sur nous, qui avancent, qui travaillent, qui évoluent très bien et font la fierté de l’Afrique. On voit de plus en plus aujourd'hui  de grands couturiers qui s'inspirent de l'Afrique dans leurs défilés internationaux. C’est juste dommage que l’on reste justement sur nos acquis. Je pense que la mode africaine devrait être "sur le toit du monde" car nos jeunes créateurs sont très talentueux.
 

🧵 Est-il plus facile de percer en Afrique qu'en Europe ? 

Je pense qu'en Afrique le challenge est moins grand. En Europe il y a beaucoup de grandes marques, il y a beaucoup de maisons de prêt-à-porter.  En Afrique c’est beaucoup plus facile de s’installer, de se faire connaître, le milieu n’est pas très grand, en plus avec internet c’est plus simple. Je n'ai  pas une grande expérience de l’Europe, mais je pense que c’est beaucoup moins évident de percer en Europe car le continent  européen est plus grand et qu’il y a  beaucoup de maisons de couture. Ce n’est pas évident.


🧵 Les créateurs ivoiriens sont-ils aidés  ?

Quand nous sommes arrivés, quand nous nous sommes installés, nous avons dû  nous débattre un peu chacun de notre côté, c’était beaucoup moins évident. Aujourd'hui le ministère  de la culture auquel nous sommes désormais affilié, fait beaucoup pour la mode, contrairement  à  nos débuts où  nous dépendions de plusieurs ministères: Commerce, Culture... Aujourd’hui nous ne dépendons que du ministère de la Culture. Les organisateurs de défilés font également des choses. Ils donnent l’occasion aux jeunes créateurs de se positionner, de montrer leur talent. Les maisons de textile donnent des opportunités, certains magazines font des mises en avant. Mais il y reste encore beaucoup de choses à faire au niveau de l’aide aux jeunes talents.

🧵 Quel est votre "hit" personnel des stylistes ?

Non, je ne donnerai pas de hit. Je dirais tout simplement félicitations, bravo à tous ces jeunes créateurs qui émergent aujourd'hui, qui se font un nom, qui font évoluer la mode africaine, la mode ivoirienne. Ils sont à féliciter. Ils ont compris que c’est un vrai métier, ils se battent, ils se forment et c’est très bien. Je n'ai pas envie de donner de nom, mais je dirai que l'on a de très très bons créateurs aujourd'hui en Côte d'Ivoire et en Afrique.




🧵 Quel rapport entrenez-vous avec les réseaux sociaux ?

J’ai un très bon rapport avec les réseaux sociaux. J’entretiens un bon rapport de voisinage avec eux. Des relations  amicales. On est obligé, aujourd'hui, d'être présents sur les réseaux sociaux qui nous permettent de nous faire 
connaître. Personnellement je publie beaucoup. Je me suis fait connaître avec les réseaux sociaux. Les réseaux  sociaux  sont essentiels . Il faut juste savoir  les utiliser.
Pour ma part je cherche une personne pour m’aider à me perfectionner dans leur utilisation. 
C'est un vrai métier dont je ne  maîtrise pas encore très bien tous les contours.

🧵 L'homme que vous êtes aujourd'hui a-t-il réalisé ses rêves d'enfant ?

Je suis en train de réaliser mon rêve.  Je suis en plein dedans. Je n’ai pas envie de me réveiller maintenant. J’espère qu’il y a encore beaucoup  de choses à faire, beaucoup  de belles choses à venir...
 

🧵 Si vous aviez la possibilité de faire vous-même les questions/réponses laquelle vous seriez-vous posée et quelle réponse y auriez-vous apportée ?

C'est un peu difficile de vous répondre... Je me demanderais :


Ma réponse serait : 
 
Non, même si.j'ai eu des moments difficiles qui sont derrière moi aujourd'hui. 
Je considère avec le recul que cela fait parti de l'expérience, et si c’était à refaire je referais la mode toujours.


❤️ CEST À LIRE :
Le très bel hommage rendu sur sa page Facebook par Gilles  Touré  à  Pathé'O l'homme qu'il considère comme son père.




Ainé Pathé Ouédraogo, dit Pathé'O, est un styliste burkinabè, né en 1950 à Guibaré, dans le département du même nom.

Installé dans les années 1970 dans un quartier d'Abidjan, à Treichville, cet ivoirien d'adoption acquiert une renommée internationale, notamment pour avoir habillé le président Nelson Mandela.

 
Propos  recueillis par Nora ANSELL-SALLES 






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