Le 27 septembre 2018
Communiqué de presse des Conseils de la République de Côte d’Ivoire
Dans la procédure contre Laurent Gbagbo actuellement pendante devant la Cour Pénale Internationale de La Haye, il faut à la fois se garder de réécrire l’histoire et de l’écrire à l’avance.
L’ancien Chef de l’Etat ivoirien se prépare en effet à demander un non-lieu avant même que le procès soit achevé et que les témoins de la défense aient été entendus. C’est un coup de bluff qui n’abusera personne.
L’ampleur des crimes reprochés à Laurent Gbagbo qui a refusé de reconnaître sa défaite en décembre 2010, violant ainsi la loi électorale, a précipité le pays dans un enchainement de violences meurtrières dont il est le premier responsable. Les chiffres parlent : 3000 morts et un grand nombre de blessés.
Laurent Gbagbo était alors le Chef de l’Etat, détendeur de tous les pouvoirs. Tous ceux qui ont commis des meurtres de masse, des viols et des actes inhumains les ont perpétrés sur ses ordres et sous son autorité.
Il a été placé en détention en 2011 par la CPI au terme d’un travail considérable de récolte d’éléments de preuve, les déclarations de 108 témoins, 22.000 pages de preuves documentaires et une grande quantité de matériel audio et vidéo.
C’est trois ans après un examen minutieux de ces charges que le 12 juin 2014, la Chambre préliminaire de la CPI a retenu contre lui quatre chefs de crimes contre l’humanité commis entre décembre 2010 et avril 2011. Ces faits se sont caractérisés notamment par des tirs de masse et des bombardements sur des marches de protestation ou des quartiers peuplés.
La communauté internationale, c’est-à-dire le Conseil de sécurité de l’ONU et l’Organisation de l’Union Africaine ont solennellement reconnu la validité des opérations électorales de Côte d’Ivoire et condamné les crimes de masse commis dans plusieurs quartiers d’Abidjan.
La compétence de la CPI a été demandée par la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme afin que soient examinés ces crimes et jugés les responsables de ces massacres. Plusieurs Etats sur mandat de l’ONU ont ensuite réuni leurs moyens pour que soit appliquée la résolution de l’ONU.
L’arrestation et la traduction devant la CPI de Laurent Gbagbo ont immédiatement mis un terme aux combats, signe s’il en était encore besoin, de sa responsabilité dans la guerre civile qui ravageait le pays.
Les témoins de l’accusation ont été entendus. Ceux de la défense devraient l’être début 2019.
Le procès, qui rentre dans sa dernière phase, doit se poursuivre jusqu’au bout et aucun artifice ne le fera dévier.
La Cour, comme elle a toujours respecté les droits de Laurent Gbagbo avec minutie et précaution, démontrant ainsi sa parfaite impartialité, appréciera alors souverainement sa responsabilité et en fonction de sa décision la sanction à lui infliger.
Enfin, on rappellera simplement que Laurent Gbagbo est traduit devant celle-ci pour des crimes contre l’humanité. Il ne s’agit pas d’infractions mineures, contravention ou délit mais de l’infraction la plus grave.
La justice internationale comme le peuple ivoirien et l’opinion publique mondiale attendent que les débats soient conduits jusqu’à leur terme sans que nul ne se laisse tromper par une extravagante demande de non-lieu qui apparait bien aujourd’hui comme la dernière des tactiques d’audience, maintes fois utilisées par Laurent Gbagbo.
Jean-Pierre MIGNARD
Jean-Paul BENOIT
Pierre-Emmanuel BLARD
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