VU POUR VOUS |
Pathologie
cardiovasculaire et sexe féminin
Pr André
VACHERON
Cardiologue
Ancien président de l'Académie nationale de médecine
Membre de l'Institut
Le
risque cardiovasculaire chez la femme est encore trop souvent ignoré ou sous
estimé, alors que l’infarctus myocardique tue plus que la cancer du sein. En
vertus du dogme de la protection de la paroi artérielle par ses œstrogènes, la
femme se croit à l’abri de l’athérosclérose. Mais la protection hormonale a des
limites face à la progression des facteurs de risque athérogènes :
tabagisme, hypercholestérolémie, surpoids, obésité, diabète, sédentarité,
stress professionnels, avec des rythmes de vie éprouvants.
Depuis
une trentaine d’années, on observe une augmentation régulière du tabagisme chez
les jeunes femmes et les adolescentes. Une consommation quotidienne de
cigarettes, même modérée, multiplie par 3 le risque cardiovasculaire. Avant 50
ans, plus d’un infarctus myocardique sur deux chez la femme est lié au tabac.
Avant 35 ans et plus encore après, l’association tabac-pilule contraceptive
augmente significativement le risque d’infarctus myocardique et d’infarctus
cérébral. L’arrêt total du tabac réduit de 33% le risque vasculaire au bout de
deux ans. La contraception œstro-progestative doit être évitée chez les femmes
hypertendues, surtout si l’hypertension est mal contrôlée, ainsi que chez les
femmes ayant des antécédents d’accidents thromboemboliques, veineux ou
artériels.
Une
méta-analyse de Taulent MUKA de Rotterdam, publiée en ligne dans le JAMA Cardiology
(14/09/2016) indique que les femmes ménopausées avant 45 ans, ont un risque de
maladie coronaire augmenté de 50%, comparé à celui des femmes ménopausées plus
tard vers 51 ans. L’étude de Framingam a démontré que l’hypertension artérielle
et l’hypercholestérolémie étaient souvent associées à la précocité de la
ménopause. C’est dire l’importance, d’une détection et d’une prise en charge
précoces des facteurs de risque artériel chez la femme.
Cette
séance thématique proposée et construite par Jean-Paul BOUHOURE, comporte
quatre communications :
·
La première présentée par Claire MOUNIER-VEHIER,
Professeur de Médecine Vasculaire au CHU de Lille et Présidente de la
Fédération Française de Cardiologie, est consacrée aux hypertensions de la
grossesse et au devenir maternel.
·
La seconde prononcée par le Professeur Christian
SPAULDING, Professeur de Cardiologie à l’Hôpital Européen Georges Pompidou
(HEGP), est consacrée à la maladie coronaire chez la femme. Christian SPAULDING
est l’un des meilleurs spécialistes de l’angioplastie coronaire en France.
·
La troisième, consacrée à l’insuffisance cardiaque
chez la femme, sera prononcée par le Professeur Yves JULLIERE du CHU de Nancy,
qui a présidé la Société Française de Cardiologie en 2014 et 2015.
·
La quatrième consacrée aux risques
cardiovasculaires de la contraception chez la femme, sera prononcée par le
Professeur Sophie-Christine MAITRE, collaboratrice de notre collègue, Philippe
BOUCHARD, qui a dû se déplacer à l’étranger.
Sophie Christin-Maitre et Philippe Bouchard
Service d’Endocrinologie, Hôpital Saint
Antoine, AP-HP, Université Paris VI
La première contraception
estroprogestative (EP) a vu le jour en 1960 (Enovid). Les premiers cas de
phlébite et d’embolie pulmonaire sous EP ont été publiés dès 1963. Afin de
diminuer le nombre d’évènements cardiovasculaires, la dose d’éthinyl estradiol
(EE) a été progressivement diminuée, passant d’un équivalent de 150
microgrammes par comprimés dans Enovid à 50 puis 35, 20, 15 et 10 µg pour la
dose la plus faible, disponible à l’heure actuelle. En parallèle, différents progestatifs,
ayant moins d’activité androgénique ont été utilisés. Les progestatifs
successifs sont classés en 1ère, 2ème (lévonorgestrel et
norgestrel) et 3ème génération (gestodène, norgestimate et
désogestrel). Le terme de 4ème génération a été utilisé récemment et
regroupe des molécules très diverses, appelées « nouveaux
progestatifs » telles que la drospirénone, l’acétate de chlormadinone ou
le dienogest. Le type du progestatif contenu dans la pilule EP donne la
génération de la pilule. La contraception EP est la méthode de contraception la
plus utilisée en France chez les femmes jeunes du fait de sa bonne efficacité
et de sa simplicité d’usage. Dans la balance bénéfice-risque d’une pilule EP,
il est nécessaire de considérer le risque veineux d’une part et le risque
artériel, d’autre part.
Le risque relatif veineux de phlébite et
d’embolie pulmonaire est 2 à 6 fois plus élevé sous contraception EP que chez
les non utilisatrices. Cependant, en risque absolu, ce risque est faible,
puisqu’il est de 2-4/ 10 000 années femmes (AF) chez les non
utilisatrices, 4-6/ 10 000 AF chez les femmes utilisant une pilule de 2ème
génération et 6-8/10 000 AF chez les femmes utilisant une pilule de 3ème
génération ou contenant de nouveaux progestatifs. Il est important de comparer
ces chiffres au risque veineux lors de la grossesse (5-20/10 000 AF) et en
postpartum (40-65/10 000 AF). Les dernières études montrent la nécessité
de prendre en compte l’association entre la concentration en estrogènes et le
type du progestatif. Ainsi, la classification selon les générations de pilule
est probablement devenue obsolète. Les autres facteurs de risque veineux à
prendre en considération sont l’âge supérieur à 35 ans, l’obésité et les
antécédents familiaux de thrombose. Le dépistage des anomalies congénitales de
la coagulation, avant la mise sous pilule, n’est pas recommandé.
Les
risques artériels d’accident vasculaire cérébral ou d’infarctus sont
exceptionnels car il est 5 à 10 fois plus faible que le risque veineux. Ils ne
diffèrent pas entre les pilules de 2ème, 3ème ou nouvelle
génération. Les accidents surviennent surtout chez les femmes ayant une
hypertension artérielle, des migraines avec aura, en cas de tabagisme ou
d’obésité après 35 ans. Les contraceptions progestatives pures n’augmentent pas
le risque cardiovasculaire mais elles sont souvent moins bien tolérées que les
pilules EP.
En conclusion, les
contraceptions EP représentent une avancée majeure pour les femmes, et les
couples afin d’éviter des grossesses non désirées. Leur principal risque,
statistiquement, est le risque veineux qui reste faible et peut être évité dans
plus de 50% des cas, en cas de respect des recommandations de prescription.
Ainsi, la prévention auprès des patientes et des médecins représente une étape
majeure. L’avenir en contraception repose sur des molécules tout aussi
efficaces ayant un risque vasculaire encore plus faible.
Insuffisance cardiaque et sexe
féminin
Yves Juillière.
Département de
Cardiologie, Institut Lorrain du Cœur et des Vaisseaux, CHU Nancy-Brabois,
Vandoeuvre-les-Nancy
L’auteur déclare ne pas avoir de conflit d’intérêt
concernant le contenu de cet article.
L’insuffisance
cardiaque présente des particularités différentes selon le sexe. Ces disparités
se caractérisent par une prévalence plus élevée selon l’âge et une morbi-mortalité
moindre chez la femme que chez l’homme. Les étiologies diffèrent avec des
particularités propres liées à la grossesse. Le statut hormonal pourrait
expliquer ces différences. Des différences existent également en termes de
traitement. Cependant, les recommandations internationales doivent s’appliquer,
même si la validation de ces recommandations se fait à partir d’un pourcentage
faible de femmes participant aux grands essais randomisés.
Introduction
L’insuffisance
cardiaque (IC) est une pathologie grave, sévère et couteuse. Certaines
différences font ressortir l’importance du sexe féminin dans cette pathologie.
Tout d’abord, la femme présente des caractéristiques anatomiques cardiaques qui
lui sont propres. Ainsi, le cœur féminin possède des cavités ventriculaires
plus petites et une masse ventriculaire plus faible que celui des hommes, même
lorsque les mesures sont rapportées à la surface corporelle (1). Ensuite, le
vieillissement de la population est très marqué dans nos sociétés
industrialisées où il existe une proportion toujours plus forte de patients
âgés, phénomène qui ne va qu’en s’accentuant avec une prédominance féminine qui
s’élève au fil des tranches d’âge considérées. Les prédictions de l’O.C.D.E. en
2015 font état d’une espérance de vie en France de 85,6 ans pour les femmes
alors qu’elle n’est que de 79 ans pour les hommes (2). Enfin, l’amélioration de
la prise en charge des pathologies cardiovasculaires dans nos pays est liée à
une meilleure prise en compte de la gestion des facteurs de risque associée à
des traitements de plus en plus efficace. Cela a pour corolaire une diminution
très nette de la mortalité cardiovasculaire, notamment en France (3), ce que
l’on retrouve autant chez les hommes que chez les femmes, même si elle est plus
importante chez les hommes. De ce fait, la France comme l’ensemble des pays
industrialisés, voit sa population vieillir avec une proportion de personnes
âgées de plus en plus féminine. C’est dans ce contexte que l’IC se développe,
fruit de l’interaction entre de nombreuses étiologies et de nombreuses
comorbidités pour aboutir à des atteintes de la fonction cardiaque entraînant
soit une IC systolique soit une IC à fonction systolique préservée, l’ensemble
étant aggravé par sa survenue chez des patients atteints de cardiopathies
anciennes ou avec un cœur sain mais vieillissant (4).
Epidémiologie
L’IC
est une maladie grave dont la mortalité est supérieure à celle de nombreux
cancers tant chez l’homme que chez la femme (5). La prévalence de
l’insuffisance cardiaque augmente avec l’âge pour devenir extrêmement
importante au-delà de 80 ans, concernant alors plutôt la femme que l’homme (6).
En
2013 en France, la moyenne d’âge des patients IC est de 78 ans et il existe une
petite prédominance féminine de 51 à 52 % (7). Cette prédominance féminine se
retrouve autant dans l’IC aiguë ou l’IC chronique. Sur un échantillon de près
de 70 000 patients hospitalisés pour la première fois pour IC en France en
2009 (moyenne d’âge de 79 ans) (8), on constate une incidence augmentant de
façon extrêmement importante avec l’âge, cette incidence étant toutefois
supérieure chez l’homme. La mortalité en cours d’hospitalisation ou dans les 30
jours qui suivent la sortie d’hôpital est de 10 % chez les femmes, 6 % durant
l’hospitalisation et 4 % dans les 30 jours après la sortie. Les
ré-hospitalisations de toutes causes durant le premier mois concernent 16,7 %
des femmes (8). Dans tous les cas, hommes ou femmes, la mortalité globale
apparaît largement supérieure lorsqu’on la compare à celle des patients non IC
(9). Toutefois, cette mortalité globale demeure discrètement moins élevée chez
les femmes que chez les hommes. Néanmoins, si l’on regarde l’évolution de la
mortalité globale des patients IC au fil des années en France, on constate une
diminution régulière, passant de 41,3% en 2000 à 28% à 2010 chez la femme
(courbe de diminution identique chez l’homme) (10). Le problème de santé
publique actuel demeure néanmoins le fait que le nombre d’hospitalisations tend
à augmenter, cette augmentation étant surtout le fait des ré-hospitalisations
après une première hospitalisation pour IC. (11) L’IC atteint également la
qualité de vie des patients survivants avec cependant un ressenti qui reste
toujours meilleur chez la femme que chez l’homme (12).
Physiopathologie
Afin
d’expliquer les différences qui existent entre l’homme et la femme dans le
domaine de l’IC, on se tourne volontiers vers le rôle des hormones sexuelles,
androgènes pour l’homme et œstrogènes pour la femme. Ces hormones auraient des effets
systémiques avec parfois une prédisposition néonatale, et des effets directs
sur les cellules cardiaques pour aboutir à des modifications au niveau des
mastocytes, des fibroblastes, des cardiomyocytes et des cellules immunitaires
(13). Le rôle des œstrogènes serait globalement cardioprotecteurs avec des
effets vasodilatateurs, anti-apoptotiques et de limitation des principales
hormones vasoconstrictives (13). A l’opposé, les effets connus de la
testostérone sont plutôt opposés et délétères avec hypertrophie, apoptose,
inflammation myocardique et augmentation de facteurs immunitaires et
fibrotiques (14).
Etiologies
Les
femmes comme les hommes ont un risque de développer une IC secondairement à
toutes les cardiopathies connues. Toutefois, des causes peuvent être retrouvées
plus fréquemment chez la femme : hypertension artérielle, dysthyroïdie,
diabète, obésité, valvulopathies et une certaine sensibilité à l’ischémie
myocardique (15). Les femmes peuvent présenter des formes particulières de
cardiopathies : cardiopathies liées au chromosome X, cardiomyopathie du
péripartum, cardiomyopathie de Tako-Tsubo, ou cardiomyopathie toxique avec une
forte sensibilité à l’alcool ou aux antracyclines (16). Néanmoins, la femme
présente une mortalité globale moindre que celle de l’homme sans influence de
l’étiologie ischémique. De même, ce risque moindre se retrouve, quel que soit
le niveau de fraction d’éjection ventriculaire gauche ou l’âge (17).
Il
n’empêche que l’IC à fraction d’éjection préservée et l’insuffisance cardiaque
post-hypertensive sont plus fréquemment retrouvés chez la femme alors que
l’étiologie ischémique ou l’étiologie diabétique est plus souvent le fait de
l’homme (18).
Insuffisance cardiaque à fraction d’éjection
préservée
L’IC
à fraction d’éjection préservée est liée à l’hypertension, au vieillissement
mais aussi à certains facteurs de risque comme l’athérosclérose et le diabète.
Il s’avère que ces éléments sont souvent présents chez la femme, ceci
expliquant pourquoi cette pathologie concerne plus fréquemment le sexe féminin
(19). Au-delà de 45% de fraction d’éjection ventriculaire gauche et quel qu’en
soit la valeur, on retrouve une prédominance féminine certaine (20). L’analyse
des données des registres de populations européennes ou américaines donne les
mêmes résultats : l’IC à fraction d’éjection préservée concerne les
patients âgés, plus volontiers des femmes, avec plus d’hypertension artérielle
et de fibrillation atriale et moins de cardiopathie ischémique et de diabète
(21,22). La mortalité demeure plus faible dans l’IC à fraction d’éjection
préservée (23).
Grossesse
La
grossesse modifiant l’hémodynamique cardiaque et vasculaire, les femmes
atteintes d’IC sont prédisposées à développer des complications lorsqu’elles
sont enceintes. Ces complications peuvent être d’ordre cardiaques pour la mère
elle-même mais aussi néonatales pour le fœtus. On retrouve aussi un risque
accru d’hypertension induite par la grossesse et d’hémorragie du post-partum
(24).
Dans
ce contexte particulier qu’est une grossesse, il est possible de voir
apparaître une cardiomyopathie du péripartum (25). Il s’agit d’une forme non
familiale d’IC du péripartum caractérisée par l’apparition d’une
cardiomyopathie dilatée idiopathique liée à une dysfonction systolique ventriculaire
gauche survenant habituellement dans les 3 derniers mois de grossesse ou dans
les 6 mois suivant l’accouchement, alors qu’aucune autre cause d’IC n’est
présente. L’incidence est importante dans les pays africains (1/100 à 1/1000
accouchements) et est en voie d’accroissement dans les sociétés industrialisées
(aux Etats-Unis, on note un chiffre de 1/4300 accouchements en 1993 passant à
1/2200 en 2002) (25).
C’est
une pathologie qui régresse volontiers dans les 6 mois suivant le diagnostic.
D’ailleurs, la fréquence de l’amélioration est plus importante dans le cas
d’une cardiomyopathie du péripartum que chez les femmes présentant des
cardiomyopathies non liées au péripartum ou dans les cardiomyopathies dilatées
atteignant les hommes (14). La mortalité reste une mortalité peu sévère, ce qui
n’exclut pas la possibilité de cas extrêmement graves pouvant conduire parfois
jusqu’à la mise en place d’assistance ventriculaire gauche. Il existe un
certain nombre de biomarqueurs de cette pathologie, biomarqueurs très
spécifiques (NT-Pro-BNP, 16kDA-prolactine, interféron γ, captepsine D,
microRNA-146a) mais aucun n’a fait la preuve d’un rôle majeur dans la
pathologie (25).
Traitement
Les
recommandations européennes viennent d’être de nouveau mises à jour en 2016 et
font état d’un traitement de l’IC chronique extrêmement pointu (26). Pour
respecter les recommandations dans le domaine du traitement, un certain nombre
d’éléments liés au sexe avec une influence biologique importante, doivent être
considérés car pouvant venir influencer la thérapeutique : l’âge, le
statut hormonal, l’existence d’antécédents de grossesse, les conditions de vie,
la qualité d’accès aux soins, la profession, les coûts de traitements, la
localisation géographique et la culture ethnique (27).
Traitement médicamenteux
Le
traitement médical chronique est recommandé uniquement pour l’IC systolique et
doit être le même pour les hommes que pour les femmes. L’impact qu’ont pu avoir
ces recommandations sur la survie globale lors des dernières des décennies est
bien établi par des courbes de survie s’améliorant au fil de l’introduction des
différentes classes thérapeutiques depuis l’avènement des IEC en 1987 (28).
Toutefois
en France, et malgré les mêmes recommandations, la prescription de la triple association
de drogues recommandées (IEC, bêtabloquants et diurétiques) 30 jours après la
sortie d’une hospitalisation pour IC, est extrêmement faible chez les hommes
(37%) comme chez les femmes (35%) (8). Il n’empêche qu’adapter ces
recommandations, basées sur des grands essais cliniques, à la population
féminine reste largement peu validé puisque seulement 20 à 25 % des femmes sont
incluses dans ces différents essais cliniques.
Ainsi,
lorsqu’on étudie les méta-analyses des grands essais cliniques portant sur les
IEC, on constate que l’impact de ce traitement dans la population féminine
reste peu marqué puisqu’il apporte une réduction de mortalité de seulement 8 %,
non significative (29). Par contre, les bêtabloquants conservent leur
efficacité et ce, quel que soit le sexe (29).
La
digoxine a fait également beaucoup parler d’elle avec une étude démontrant un
sur-risque de mortalité chez les femmes traitées par digoxine (30). Cela est en
fait lié à une sensibilité à la digoxine plus marquée chez la femme. Les concentrations
sériques étaient plus élevées que celles de l’homme avec un produit devenant
délétère au-dessus de 1 ng/ml (31). Ainsi, lorsqu’on cherche à obtenir une
concentration de digoxinémie entre 0,5 et 1,1 ng/ml chez la femme, on voit
disparaître l’effet toxique sur la mortalité et apparaît un effet favorable sur
la réduction des hospitalisations pour IC, quelle que soit la fraction
d’éjection ventriculaire gauche (32).
Au
final, en matière de traitement médical, les IEC ont un effet moins favorable chez
la femme que chez l’homme, les bêtabloquants ont un effet identique (à
l’exception peut-être du métoprolol où l’effet chez la femme apparaît moins
marqué) et il y a un effet important de la digoxine à prendre en compte en
fonction de la concentration sérique plasmatique (14). Il n’y aurait pas de
différence concernant les autres classes médicamenteuses recommandées, sous
réserve encore une fois du faible nombre de femmes incluses dans les essais.
Traitement électrique
En
matière de traitement électrique, les femmes ont une réponse beaucoup plus
favorable à la resynchronisation que les hommes (14,33). Par contre,
l’implantation d’un défibrillateur ne semble pas apporter de bénéfice net
(14,34).
Traitement de l’IC à fraction d’éjection
préservée
Comme
nous l’avons vu, la femme est plus souvent concernée par l’IC à fraction
d’éjection préservée. Malheureusement, dans cette pathologie, il n’existe
aucune recommandation thérapeutique puisque l’ensemble des essais cliniques qui
l’ont concernée, se sont tous avérés négatifs (26).
Conclusion
L’insuffisance
cardiaque concerne la femme dans plus de 50 % des cas et souvent des femmes
âgées. Elles souffrent surtout de cardiopathie hypertensive ou valvulaire sans
oublier les problèmes spécifiques liés à la grossesse. La survie globale est
néanmoins meilleure chez la femme avec un rôle possiblement cardioprotecteur
des oestrogènes. Les recommandations thérapeutiques sont constituées de preuves
nettement moins robustes pour leur application chez la femme.
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Hypertensions artérielles de la grossesse et devenir
maternel
un nouveau consensus
Professeur Claire Mounier-Vehier
Univ. Lille, CHU
Lille, Médecine Vasculaire et HTA, Institut Cœur-Poumons - Lille
Conflits
d’intérêt : aucun avec le sujet de cet article
Les HTA de la grossesse sont une
pathologie fréquente, notamment au cours de la première grossesse, symptômes
tardifs (à partir du deuxième trimestre de la grossesse) d’un trouble de la
placentation, survenant entre 12 et 16 semaines d’aménorrhée (SA). Il s’ensuit
une dysfonction endothéliale généralisée avec des complications maternelles et
fœtales, parfois létales. L’hypertension artérielle (HTA) au cours de la
grossesse et en post-partum immédiat (6 semaines après l’accouchement) est
définie par une pression artérielle systolique (PAS) ≥ 140 mm Hg ou une
pression artérielle diastolique (PAD) ≥ 90 mm Hg. L’HTA, spécifiquement
gestationnelle, survient pendant ou après la 20éme SA. La
pré-éclampsie (PE) est l’apparition d’une HTA et d’une protéinurie après 20 SA
(> 300mg/L). Le HELLP syndrome est une variante clinique de la PE mais le
tableau est souvent incomplet et fruste au début. Il associe une hémolyse (H =
Hemolysis), une cytolyse hépatique (EL = Elevated Liver enzymes) et une
thrombopénie (LP =Low Platelets). Le HELLP syndrome est doté d’une lourde
morbidité maternelle et fœtale. Il n’y a pas de traitement curatif de cette
maladie vasculo-placentaire hormis l'interruption de la grossesse. Le
traitement de l’HTA, au cours des 6 premiers mois de grossesse, cherche à
éviter les complications maternelles de l’HTA, sans être délétère sur le
développement foetal. L'objectif tensionnel est, pour toutes, une PAS
inférieure à 160 mm Hg et une PAD comprise entre 85 et 100 mm Hg. A plus long
terme, les sociétés savantes dont la Société française d’HTA et le Collège des
gynécologues et obstétriciens français, considèrent la PE comme un facteur de
risque spécifique d’HTA chronique, d'accidents coronaires, d'accidents
vasculaires cérébraux, d'insuffisance rénale chronique et de mortalité
cardio-neuro-vasculaire. Le risque de complications est d'autant plus important
que la grossesse s'est compliquée d'accidents maternels et foetaux ou encore
survenus précocement pendant la grossesse (avant 34 SA). Paradoxalement,
l'information de ces femmes à risque est insuffisante par méconnaissance et par
manque de sensibilisation des professionnels de santé. Leur éducation est donc
un enjeu majeur de prévention, en développant des consultations d'information
et d'annonce au décours de l'accouchement, en les incitant à optimiser leur
hygiène de vie avec un suivi coordonné tout au long de leur vie. Dans cet
objectif, et en partenariat avec le Collège national des gynécologues et
obstétriciens français, la Société française d’hypertension artérielle vient de
publier un consensus consacré aux hypertensions de la grossesse avec 22
recommandations. Très innovantes, celles-ci soulignent l’opportunité de mettre
en place des parcours de soins structurés, qui outre le suivi de ces femmes à
risque, visent à améliorer les pratiques des professionnels de santé.
Introduction
En France, les maladies
cardio-neuro-vasculaires sont la première cause de décès chez les femmes (30,1%
en 2008) (1). Pourtant, elles restent encore insuffisamment dépistées,
traitées, suivies et ne sont pas correctement informées (2-4). Leur risque hormonal
émergeant, incluant les hypertensions artérielles de la grossesse, n’est pas
pris en compte dans les registres épidémiologiques ni dans les scores de risque
classiques (2-6). Ces constats nous incitent à une prise de conscience
sociétale avec la nécessité de conduire des travaux de recherche dédiés aux
spécificités féminines du risque cardio-neuro-vasculaire (3).
La grossesse est, dans la majorité des cas, une
situation physiologique de stress vasculaire (placentation) et métabolique (insulino-résistance)
permettant la croissance fœtale harmonieuse. Certaines femmes, pour des
raisons multifactorielles, vont répondre anormalement à ces mécanismes
d’adaptation de la grossesse. Le primum movens est un défaut d’invasion
trophoblastique des artères spiralées du myomètre avec la synthèse d’un
placenta ischémique en stress oxydatif (7-13). Il s’en suit une dysfonction
endothéliale maternelle généralisée, une insulino-résistance, un placenta de
plus en plus hypoperfusé avec des répercussions sur la croissance fœtale.
L’hypertension (HTA) gestationnelle et la
pré-éclampsie sont ainsi des traductions cliniques tardives de cette
dysfonction placentaire précoce (7,14).
La gravité potentielle des HTA
gravidiques, pour la mère et pour l’enfant, le risque de récidive sur une
grossesse ultérieure, ainsi que le risque pour la mère de développer à distance
une HTA chronique ou une autre complication cardio-neuro-vasculaire nous
incitent à uniformiser nos pratiques médicales. Dans cet objectif, la Société française
d’hypertension artérielle et le Collège national des gynécologues et
obstétriciens français viennent de
publier un consensus sur les HTA de la grossesse (15 ; téléchargeable sur www. sfhta.eu). Les experts : cardiologues, néphrologues, médecin généraliste
et gynéco-obstétriciens ont souhaité mieux structurer le parcours de soins de
la grossesse avec 22 recommandations sur les prises en charges et le suivi,
pendant et au décours de la grossesse. Les points forts du consensus sont
rapportés dans une première partie suivie d’un focus sur le devenir maternel à
long terme.
Définitions
Selon le consensus français, l’hypertension artérielle au cours de la
grossesse ou dans le post-partum immédiat (période couvrant les 6 semaines
qui suivent l’accouchement) est définie comme suit (15):
L’HTA au cours de la grossesse peut se présenter sous l’un des 3
aspects cliniques suivants : hypertension artérielle chronique (pré existante à la grossesse ou
constatée avant la 20ème SA; hypertension
artérielle gestationnelle sans élévation pathologique de la protéinurie
(constatée après la 20ème SA) ; pré-éclampsie définie par une HTA (contrôlée ou non ;
chronique ou non) associée à une protéinurie pathologique (> 300 mg/24h ou
ratio protéinurie/créatininurie ≥ 30 mg/mmol) découverte après la 20ème
SA. La pré-éclampsie est précoce lorsqu’elle
survient avant 34 SA.
La pré-éclampsie est sévère lorsqu’elle
est associée à une atteinte organique maternelle ou foetale sévère c’est à dire
avec au moins l’un des critères suivants :
- une HTA sévère ;
- une atteinte viscérale définie par au moins l’un
des critères suivants :
- une oligurie inférieure à 500 ml par 24 heures, ou une créatininémie supérieure à 135 μmol/l, ou une protéinurie supérieure à 3 g par 24 heures ;
- un œdème aigu du poumon ;
- une douleur en barre épigastrique persistante ;
- un HELLP syndrome (hémolyse intra-vasculaire, cytolyse hépatique et thrombopénie, en particulier < 100 000/mm3) ;
- des signes neurologiques persistants (troubles visuels, céphalées, réflexes ostéo-tendineux vifs et polycinétiques, convulsions) ;
- un hématome rétro-placentaire.
Les oedèmes ne sont plus un critère
indispensable au diagnostic. Les formes sévères doivent faire l’objet d’une
hospitalisation immédiate.
L’éclampsie est définie par une crise
convulsive tonico-clonique dans un contexte de pathologie hypertensive de la
grossesse.
Tous ces critères diagnostiques
sont très tardifs dans l’histoire de la grossesse.
La présentation clinique et
l’évolution de la pré-éclampsie sont aussi très variables, dépendant de la
précocité d’apparition de celle-ci, de sa sévérité, de son évolution et de
l’atteinte fœtale. Le praticien se trouve confronté à trois difficultés majeures :
identifier les femmes à risque pour organiser le suivi le mieux adapté, prédire
le risque de pré-éclampsie et prédire l’évolution défavorable d’une
pré-éclampsie (pronostics maternel et fœtal). La recherche obstétricale
s’efforce actuellement d’identifier de nouveaux marqueurs pronostiques (par
exemple des facteurs angiogéniques), pouvant guider la prise en charge de ces
grossesses à risque. La vigilance doit être aussi de mise dans le post partum immédiat car il s’agit d’une
situation potentiellement instable où l’HTA peut apparaitre ou s’aggraver. L’hypertension de novo du post partum
est plus fréquente entre le 3ème et le 6ème jour après
l’accouchement. Une pré-éclampsie peut aussi survenir dans le post-partum
immédiat. L’hypertension de la grossesse disparait le plus souvent après 6
semaines alors que l’hypertension artérielle associée à l’éclampsie sévère
rétrocède en 3 à 6 mois (14).
Surveiller
régulièrement la pression artérielle
En l’absence de trouble de
placentation, la pression artérielle baisse physiologiquement au cours du 1er
trimestre de la grossesse, est stable au cours du 2ème trimestre
puis remonte à son niveau antérieur au cours du 3ème trimestre de la
grossesse (16,17). Connaître la PA avant la grossesse est un enjeu majeur pour
pouvoir différentier les HTA chroniques préexistantes des hypertensions
gestationnelles, en raison d’un risque maternel différent. La PA des femmes
hypertendues chroniques peut se normaliser au cours de la grossesse s’il n’y a
pas de troubles de la placentation. Les traitements antihypertenseurs, adaptés
au contexte de grossesse, pourront être réduits voir interrompus en début de
grossesse sous couvert d’une surveillance manométrique. La PA sera mesurée en
position assise, en milieu médical, après au moins 5 minutes de repos, avec un
appareil électronique huméral homologué. En cas d’ HTA légère à modérée, l’HTA
doit être confirmée par des mesures en dehors du cabinet médical (automesure
selon « la règle des 3 » en utilisant un appareil huméral ; ou moyenne diurne
de la mesure ambulatoire de PA (MAPA) sur 24 heures), pour s’affranchir d’un
effet blouse blanche, fréquent chez la femme enceinte (18). Les valeurs de
référence chez la femme enceinte sont beaucoup plus basses en ambulatoire
qu’avec la simple mesure clinique (19). En tenant compte des recommandations
antérieures (20), pour éviter tout sur-traitement, le consensus français
considère comme pathologique une PAS ≥ 135 mm Hg ou une PAD ≥ 85 mm Hg au cours
de la grossesse (15).
Surveiller
la protéinurie
Le consensus français recommande
de dépister une protéinurie par la bandelette ou de la doser par un recueil
urinaire, au moins une fois par mois chez toute femme enceinte. Dans tous les
cas, un résultat supérieur ou égal à 1+ à la bandelette urinaire nécessite une
confirmation au laboratoire sur un échantillon matinal urinaire (rapport
protéinurie/créatininurie) ou sur un recueil urinaire des 24 heures. Une
protéinurie supérieure à 300 mg/24h ou un ratio protéinurie/créatininurie ≥ 30
mg/mmol (ou ≥ 300 mg/g) sont pathologiques. Découverte après la 20ème
SA, elle définit la pré-éclampsie chez une femme hypertendue (15).
Comment
traiter les HTA au cours de la grossesse ?
Le traitement repose sur des
mesures hygiéno-diététiques spécifiques et, dans certains cas, sur un
traitement pharmacologique prescrit à doses très progressives, la perfusion
placentaire n’étant pas autorégulée. Une baisse trop importante ou trop rapide de la PA pourrait compromettre
la croissance fœtale. L’objectif du traitement pharmacologique de l’HTA est de
réduire le risque d’accidents cardio-neuro-vasculaires maternels en présence
d’une HTA sévère (21). Le régime alimentaire sera
normosodé et les apports hydriques doivent être modérés (22). En cas de
pré-éclampsie sévère, l’hypovolémie « relative » classiquement
décrite chez ces femmes ne doit pas être compensée par un remplissage
vasculaire important (23). Une activité physique modérée aérobique au cours de
la grossesse ne modifie pas le risque de pré-éclampsie (24). Il n’existe pas de
données suffisantes pour recommander le repos au lit ou une réduction de
l’activité physique dans le but de prévenir la pré-éclampsie chez les femmes à
risque modéré (25). Le groupe d’experts
français, préconise de traiter toutes les HTA sévères. Dans cette situation, le
niveau manométrique est à lui seul porteur d’un risque élevé, en particulier
d’accident vasculaire cérébral. Chez les patientes ayant une HTA légère à
modérée, il est suggéré d’initier un traitement antihypertenseur dans un
contexte plus global de risque cardio-vasculaire élevé ; celui-ci est
défini par des antécédents personnels cardio-vasculaires, une association de
plusieurs facteurs de risque cardio-vasculaire, une maladie rénale ou encore un
diabète pré gestationnel (15). Sur la base des informations du
centre de référence des agents tératogènes (CRAT.fr), le traitement pharmacologique repose sur quatre molécules en 1ère
intention (classés par ordre alphabétique): alpha méthyldopa, nicardipine, nifédipine, labétalol. Le choix de la
molécule se fera en fonction du terrain. Toutefois
une réserve doit être soulignée pour la nifédipine, bien que cette molécule ne
soit plus utilisée couramment en France.
Le résumé des caractéristiques (RCP) de la nifédipine, mis à jour en juillet
2014, par l’Agence Nationale de sécurité du médicament et des produits de
santé, a notifié des mises en garde spéciales et précautions d'emploi pour la
femme enceinte : « Les études réalisées chez l'animal ont mis en
évidence un risque tératogène et fœtotoxique de la nifédipine. En clinique,
aucun effet malformatif ou fœtotoxique n'est apparu à ce jour. Toutefois, le
suivi de grossesses exposées à la nifédipine est insuffisant à ce jour pour
pouvoir exclure tout risque. En conséquence, l'utilisation de la nifédipine est
déconseillée pendant la grossesse et chez les femmes en âge de procréer
n'utilisant pas de mesure contraceptive. Toutefois, la découverte d'une
grossesse sous nifédipine n'en justifie pas l'interruption. En cas d'exposition
au premier trimestre de la grossesse, une surveillance prénatale orientée sur
le cœur et le squelette peut être envisagée (http://agence-prd.ansm.sante.fr) ». Les
inhibiteurs de l’enzyme de conversion, les antagonistes des récepteurs de l’angiotensine
II et l’aliskiren ne doivent pas non plus être utilisés quel que soit le
trimestre de la grossesse et sont contre-indiqués au 2ème et 3ème
trimestres de grossesse car ils sont foetotoxiques (25). S’appuyant sur les résultats la seule
étude d’intervention randomisée, l’étude CHIPS (27), le consensus Français propose comme objectif tensionnel sous traitement
une PAS inférieure à 160 mm Hg et une PAD comprise entre 85 et 100 mm Hg.
Les auteurs de CHIPS ont démontré qu’il n’y avait pas d’intérêt à baisser
drastiquement la PAD chez des patientes
enceintes ayant une HTA préexistante à la grossesse ou une HTA
gravidique, sauf si la femme était à très haut risque (15).
Le devenir à
long terme : un risque à surveiller !
La pré-éclampsie est une
pathologie spécifique de la femme due à un défaut de placentation. Le pronostic
vital maternel ou fœtal peut être sombre en l’absence de prise en charge
coordonnée en centre spécialisé. Le seul traitement curatif est le retrait du
placenta ischémié lors de l’accouchement. Hormis les traitements
antihypertenseurs, les autres traitements préventifs des complications de la PE
associent l’aspirine et le sulfate de magnésium. Sans être détaillés dans cet
article, leurs indications sont clairement précisées dans le consensus français
dans recommandations « 11, 15 et 16 » (15).
A plus long terme, ces femmes
gardent un risque résiduel significatif (8,28,29)
avec une surmortalité cardio-neuro-vasculaire (30). Le risque relatif de développer une HTA est
multiplié par 4; le risque de diabète et de syndrome métabolique, multiplié par
3 ; le risque de coronaropathie et d’accident vasculaire cérébral, multiplié
par 2 (30). Le risque d’accident et de décès cardio-neuro-vasculaires est
d’autant plus important que la grossesse s’est compliquée d’accidents maternels
et fœtaux ou encore que ceux-ci sont survenus précocement, avant 34 SA
(29,31,32). La récurrence des pré-éclampsies est également associée à un
sur-risque d’insuffisance rénale chronique (29).
Selon la plupart des
auteurs, il y a un véritable continuum du risque CV et métabolique chez la
femme. La dysfonction endothéliale et le
syndrome métabolique sont communs à la pré-éclampsie et la ménopause
(7,13,34-37). Durant la grossesse, la femme
présente physiologiquement un profil métabolique « pro-athérogène ». Cet état
se traduit par une hypercoagulabilité, une augmentation de l’activité
inflammatoire, un débit cardiaque élevé suivie d’une insulino-résistance et
d’une hyperlipémie. Lors de chaque grossesse, la femme a une élévation
« physiologique » de son risque vasculaire et métabolique. Les
femmes, ayant une pré-éclampsie, ont une réponse exacerbée et leur risque
résiduel reste supérieur à celui d’une femme ayant eu une grossesse « normale ».
En cas de récidive d’une pré-éclampsie, le risque résiduel est, après chaque
épisode, un peu plus élevé. Il y a ainsi une sorte de « mémoire
additionnelle » du risque (33,36).
A partir des revues Pubmed, Embase et Cochrane et l’analyse de larges
cohortes rétrospectives et prospectives, d’études « cas contrôle » et
de méta-analyses, les experts des sociétés
savantes considèrent désormais les HTA de la grossesse comme une situation à
risque cardio-neuro-vasculaire à part entière (2,4,12). La meilleure compréhension de la physiopathologie
de la pré-éclampsie permet aussi de mieux sensibiliser les professionnels de
santé sur la nécessaire prise en compte des antécédents obstétricaux pour
optimiser le dépistage et la prévention chez ces femmes sur le long terme (2,4,12,31-33). Dans tous les cas, les mesures d’hygiène de vie doivent être
mises en place le plus tôt possible: alimentation équilibrée, réduction du
poids, arrêt du tabac, activité physique régulière, gestion du stress. Le
contrôle des facteurs de risque traditionnels est un autre impératif dans cette
démarche préventive (37). Plus récemment, le consensus français préconise des
actions, innovantes pour certaines, pour optimiser le suivi au décours de
l’accouchement. Il faut retenir principalement (15) :
- la remise aux patientes, à la
sortie de la maternité, d’un courrier avec des explications sur la
pré-éclampsie, les traitements en cours et les modalités de suivi tensionnel;
-
la « consultation d’information et d’annonce » dans les 2 mois
du post-partum ;
- la réalisation d’un bilan à la
recherche d’une cause curable d’HTA, 4 à 6 mois après l’accouchement ;
- la préparation d’une nouvelle
grossesse avec les objectifs suivants: contrôler les facteurs de risque de
la pré-éclampsie ; évaluer le contrôle de l’HTA ; substituer les
traitements tératogènes ; différer une nouvelle grossesse si l’HTA n’est
pas équilibrée ; remettre un carnet de suivi spécifique « HTA et
grossesse » ;
- l’optimisation du dépistage et
du contrôle des facteurs de risque dans le suivi à plus long terme, en
particulier au moment de la ménopause ;
Les propositions du consensus
français (15) et des recommandations internationales sont légitimes car la
prévention et la prise en charge de ces femmes à risque restent très
insuffisantes (28). Les professionnels de santé sont encore peu informés sur
les spécificités féminines du risque cardio-neuro-vasculaire et les facteurs de
risque émergeants.
La recherche des antécédents
obstétricaux doit désormais faire partie de l‘interrogatoire de toute femme à risque.
L’éducation précoce des femmes est un autre enjeu majeur de santé publique
(2,4,7,12,31). La mise en place de parcours de soins dédiés, avec le médecin
généraliste comme coordonnateur, devrait permettre d’améliorer nos pratiques,
en s’appuyant sur une prise en charge plus globale de la santé des femmes. La
médecine du travail et les planning familiaux doivent être impliqués dans cette
démarche préventive en réseau, car ce sont souvent les seuls acteurs consultés
par les femmes en précarité (1,34,37-41).
Conclusion
Les HTA de la grossesse dont la
pré-éclampsie sont des pathologies spécifiques de la femme. Elles sont
considérées, par les sociétés savantes, comme des facteurs de risque
cardio-neuro-vasculaires à part entière. La grossesse est une véritable
opportunité de dépistage de ces femmes à risque, ayant parfois décroché d’un
suivi coordonné préventif, par manque de temps ou par précarité sociale (34).
L’accompagnement plus structuré de ces femmes aux antécédents de PE devrait
permettre de limiter les répercussions délétères de la «transition métabolique
et vasculaire » de la péri-ménopause (42-44). La femmes, les
professionnels de santé et les tutelles doivent être informés de ces
spécificités hormonales du risque cardio-neuro-vasculaire pour s’impliquer
ensemble dans une démarche citoyenne de prévention indispensable en termes
d’économie de la santé (1-3,4,37,41,44).
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Maladie coronaire chez la femme
Christian Spaulding
Hôpital Européen Georges Pompidou,
Centre d’expertise de la mort subite, INSERM U 970, Université Paris Descartes,
Paris
Même
si l’incidence de la maladie coronaire est plus faible chez les femmes par
rapport aux hommes, le taux de mortalité est plus élevé. Le diagnostic de
maladie coronaire et notamment le syndrome coronarien aigu est plus difficile
chez la femme en raison de symptômes atypiques. Les femmes présentant un
infarctus sont en général plus âgées ; cependant la fréquence de
l’infarctus du myocarde croit chez les femmes jeunes en raison de
l’augmentation du tabagisme dans ce sous-groupe. Les femmes présentent des
lésions coronaires moins sténosantes et moins diffuses mais ont plus souvent des
symptômes d’angor. Les facteurs de risque cardiovasculaire classiques ont plus
de poids chez la femme sur la survenue d’évènements intercurrents graves. Des
mesures de prévention primaire orientées spécifiquement vers les femmes sont
nécessaires. De même des études réalisées uniquement chez les femmes doivent
être programmées pour mieux comprendre les paradoxes de la maladie coronaire
chez la femme. Enfin, les professionnels de santé doivent savoir que le
diagnostic de pathologie coronaire est plus difficile chez la femme, afin de
détecter précocement cette maladie avant la survenue d’évènements aigus.
Introduction
Même
si l’incidence de la maladie coronaire est plus fréquente chez les hommes que
chez les femmes, la mortalité cardiovasculaire est plus élevée chez les femmes
que chez les hommes. Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de
décès chez la femme devant le cancer du sein (1,2). C’est donc un problème de
santé publique, qui nécessite des mesures de prévention spécifiques.
La fréquence de la maladie coronaire
est moindre chez la femme mais la mortalité est plus importante !
En
Ile de France, les données prehospitalières et hospitalières des syndromes
coronaires aigus avec sus-décalage du segment ST (STEMI) sont recueilles dans
le registre e-MUST. Entre 2006 et 2010, 5840 hommes (78.9%) et 1557 femmes
(21.1%) ont été inclus (3). Les femmes sont plus âgées (72.1 ans [58.3 – 81.5]
vs. 58.0 ans [50.1-67.8], p <.0001). La mortalité intra-hospitalière est
plus élevée chez les femmes: 254 (4.4%) vs. 143 (9.4%), p<.0001. Le délai
entre le début de la douleur thoracique et l’appel au SAMU est plus long chez
les femmes (1.3 heures [0.5-3.3] vs. 0.9 [0.4-2.4], p<.0001). Après des
ajustements qui prennent notamment en compte cette différence de prise en
charge et l’âge, la mortalité reste plus élevée chez la femme, sans explication
nette.
Moins de lésions coronaires
significatives à la coronarographie mais une mortalité plus élevée
Chez
la femme, l’athérome se répartit de façon plus homogène dans les artères
coronaires donnant lieu à un remodelage concentrique alors que l’atteinte «
masculine » se caractérise par des sténoses plus focales et significatives
(4,5). De plus, les femmes présentent de façon plus fréquente une dysfonction
microvasculaire entrainant une ischémie sous-endocardique même en l’absence de
lésions coronaires significatives (5).
Dans
l’étude WISE (Women’s Ischemia Syndrome Evaluation Study), la mesure de la
réserve du flux coronaire montre une vasoréactivité anormale chez les femmes
avec des syndromes angineux sans lésions significatives à la coronarographie.
(6).
Les
syndromes coronariens aigus sans sténoses significatives se rencontrent plus
souvent chez la femme que chez l’homme (7). Même si les femmes présentant un
syndrome coronaire aigu ont des lésions coronaires moins étendues, moins
sténosantes et plus diffuses comparée aux hommes, le taux de mortalité et taux
d’événements coronariens en l’absence de lésions coronaires obstructives sont
plus élevée chez les femmes. Les érosions de plaque sont plus souvent
rencontrées chez les femmes jeunes fumeuses avec des syndromes coronariens
aigus. (8,9). Une dissection spontanée d’une artère coronaire, cause rare de
syndrome coronaire aigu, se voit dans 90% des cas chez des femmes d’environ 50
ans sans facteurs de risque. Ce syndrome est probablement lié à la dysplasie
fibromusculaire qui se manifeste surtout chez les femmes. (10). Enfin le spasme
coronaire est plus fréquent chez la femme, notamment les fumeuses. Ces
différences liées au sexe dans la physiopathologie et la progression de la
maladie coronaire à un âge moyen sont encore mal comprise et nécessite des
études spécifiquement ciblés chez la
femme.
Plus de symptômes d’angor malgré une
fréquence moindre de lésions coronaires significatives
Dans
la maladie coronaire stable, les symptômes d’angine de poitrine sont plus
fréquents chez la femme que chez l’homme même en l’absence de sténose coronaire
significative, ce qui mène souvent à des hospitalisations et des
coronarographies répétées (11). Cependant, le pronostic des femmes avec un
angor et sans lésions coronaires significatives est influencé par le nombre de
facteurs de risque cardiovasculaires. Les femmes avec un angor et des lésions
coronaires non significatives (< 50%) ont un risque à 5 ans d’avoir un
évènement coronarien de 50 % supérieur à
celles qui ont un angor sans aucune lésion coronaire (8). De plus, ce risque
est pratiquement doublé pour chaque facteur de risque additionnel (diabète,
hypertension….) (8). La découverte de lésions coronaires non significatives
chez la femme doit être une opportunité de mettre en place un dépistage et un
traitement des facteurs de risque de la maladie coronaire.
Les mêmes facteurs de risque que les
hommes mais avec un poids plus important sur la survenue d’événements
intercurrents graves.
Hommes
et femmes partagent les mêmes facteurs de risque cardiovasculaires « classiques
» : diabète, hypertension, hypercholestérolémie, tabagisme, mais ceux-ci ont un
poids différent chez les femmes (13,14). Fumer a un effet particulièrement
délétère chez les jeunes femmes avec une augmentation du risque de maladie
coronaire de 60% par rapport aux hommes, notamment chez les femmes prenant des
contraceptifs oraux (15). L’hypertension artérielle est plus fréquente chez les
femmes âgées et avec une plus grande fréquence d’accidents vasculaires
cérébraux, d’hypertrophie ventriculaire gauche, ou d’insuffisance cardiaque à
fonction préservée. Le diabète de type 2 s’accompagne aussi d’un risque de
complication cardiovasculaire supérieure chez les femmes. Une méta analyse
reprenant 37 études montrent que le risque de décès coronarien est de 50%
supérieur chez les femmes diabétiques par rapport aux les hommes (16). Les
raisons de ces excès de mortalité sont multiples: des lésions athéromateuses
plus diffuses, une atteinte vasculaire plus importante, un traitement moins
agressif du diabète… Chez les jeunes femmes, la prévalence de
l’hypercholestérolémie est moindre que chez les hommes, mais au-dessus de 65 ans
ce rapport s’inverse. L’hypertriglycéridémie et un taux bas de cholestérol HDL
sont des facteurs de risque plus important chez la femme que chez l’homme. Dans
le syndrome métabolique, le risque relatif d’une résistance à l’insuline, d’une
hypertension, de la CRP-HS (C réactive protéine ultrasensible) est plus
important chez la femme que chez l’homme.
L’augmentation
du risque cardiovasculaire en post ménopause a longtemps été attribuée à la
perte de l’effet protecteur des œstrogènes. Les œstrogènes circulant ont un
effet régulateur sur les lipides, les marqueurs inflammatoires, la coagulation
et un effet vasodilatateur direct sur la paroi vasculaire. Il paraissait donc
logique de proposer une substitution hormonale en post ménopause pour réduire
le risque cardiovasculaire. Malheureusement de grandes études randomisées n’ont
pas confirmé ce bénéfice (17). D’autres études ont même démontré une
augmentation du risque cardiovasculaire chez les femmes de plus de 60 ans
recevant une thérapie hormonale en post ménopause (18). Une monothérapie par
œstrogènes, plutôt qu’un traitement combiné, aurait un rôle protecteur d’un
point de vue cardiovasculaire chez les femmes entre 50 et 59 ans (19). Son
utilisation pour la prévention cardiovasculaire primaire ou secondaire n’est
donc pas recommandée dans la population générale. Néanmoins, la substitution
hormonale peut offrir d’autres bénéfices en post ménopause c’est pourquoi son
utilisation doit être discutée au cas par cas.
Le
stress, la dépression et l’anxiété sont associées avec un risque
cardiovasculaire plus important chez les femmes que chez les hommes. La
cardiomyopathie de stress est 9 fois plus fréquente chez les femmes. La
surcharge pondérale ou l’obésité comme le manque d’une activité physique
régulière sont également des facteurs qui accentuent le risque
cardiovasculaire. Les maladies auto-immunes sont aussi plus fréquemment
associées à une maladie cardiovasculaire chez les femmes que chez les hommes.
Le risque cardiovasculaire est aussi plus important chez les femmes traitées
par radiothérapie pour un cancer du sein
Certains
facteurs de risque sont spécifiques aux femmes. La survenue d’une pré-éclampsie
ou d’un diabète durant la grossesse favorise la survenue de maladies
cardiovasculaires à long terme. Il en est de même pour les femmes ayant un
syndrome des ovaires polykystiques ou une ménopause précoce.
Diagnostic de la maladie coronaire chez
la femme : des difficultés liées aux symptômes atypiques
Comme
nous l’avons vu précédemment, les symptômes sont souvent atypiques surtout chez
les femmes en dessous de 55 ans. Or celles-ci ont la réputation d’être
relativement protégées contre les maladies cardiovasculaires. Les différences
dans la progression de l’athéromatose entre les femmes et les hommes peuvent
expliquer en partie ces présentations plus atypiques. Lorsque la maladie
progresse avec l’âge vers des lésions coronaires plus obstructives, les
symptômes deviennent plus typiques et se rapprochent de ce que l’on observe
chez l’homme.
L’épreuve
d’effort simple a une moins bonne valeur diagnostique chez la femme que chez
l’homme. Un examen d’imagerie (par exemple une scintigraphie) peut augmenter la
performance diagnostique de la maladie coronaire chez la femme. Enfin, la
coronarographie peut être prise en défaut. Les femmes peuvent avoir une
vasoréactivité coronaire anormale qui contribue à la symptomatologie alors
qu’elles n’ont pas de sténoses coronaires ou des sténoses non significatives.
Le même traitement mais des effets
secondaires plus importants
Les
femmes bénéficient autant des thérapeutiques de reperfusion (angioplastie ou
thrombolyse) dans le syndrome coronaire aigu avec sus-décalage du segment ST.
Malheureusement, des registres montrent que les femmes présentent un délai à la
reperfusion (3) et bénéficient moins souvent d’une coronarographie ou d’une
angioplastie (20). Les femmes bénéficient autant que les hommes du traitement
médical (bêtabloquants, statines, antiaggrégants plaquettaires, anticoagulants)
mais sont souvent moins bien traités que les hommes (20). Cependant, une
augmentation des complications hémmoragiques est retrouvée dans de nombreux
registres sur les syndromes coronaires aigus où les patients sont traités par
anticoagulants et une double antiaggrégation plaquettaire (3). .Les femmes bénéficient
également de la réadaptation cardiaque après un évènement aigu.
Comment réduire la mortalité liée à la
maladie coronaire chez la femme ?
Une
éducation du public est nécessaire afin de faire connaître l’existence de la
maladie coronaire chez la femme et ses symptômes afin de permettre un
diagnostic précoce avant la survenue d’évènements graves, et une prise en
charge rapide en cas d’occlusion coronaire. Les médecins, notamment les
urgentistes et les cardiologues doivent tenir compte de l’atypie des symptômes
chez la femme dans leur démarche diagnostic. L’imagerie (scintigraphie,
échographie ou IRM de stress) doit être préférée à l’épreuve d’effort lors de
la recherche d’une ischémie myocardique. La lutte contre le tabagisme chez les
jeunes femmes doit être intensifiée. Enfin, des programmes de recherche
fondamentale doivent être crées pour mieux comprendre les particularités de la
maladie coronaire chez la femme, et des études cliniques de prévention et de
traitement doivent être réalisés soit spécifiquement chez la femme, soit en
prévoyant une population suffisamment grande pour permettre des études de
sous-groupe chez la femme (21, 22).
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