EDITO
Dure
de la feuille de soins
Evidemment,
à quelques jours de la Journée nationale de l'audition, les déclarations faites
hier par Marisol Touraine sur sa future loi Santé avaient de quoi rendre
tonitruants les gazouillis de la tweetosphère ; et sans doute les oreilles
ont-elles dû lui siffler.
S'ils
n'ont pas été entendus, les adversaires du tiers payant devront au moins
reconnaître à la Ministre un certain courage d'avoir retracé le chemin qu'elle
semblait avoir rebroussé il y a encore quelques jours.
Il
y aura bien mise en place de la mesure emblématique du texte de la loi Santé que
la Commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale doit examiner à
partir de mardi prochain.
Entre-temps,
les professions médicales et paramédicales entameront leur baroud d'honneur et
les milliers de manifestants attendus dimanche auront beau s'égosiller sous les
fenêtres du ministère, le calendrier de mise en œuvre du tiers payant ne devrait
pas être modifié, du moins dans ses premières étapes.
Tous
les patients pris en charge à 100% pourront en bénéficier dès le 1er
juillet 2016, de plein droit à compter du 31 décembre. Grosso modo, entre les
CMU-C et les aides à la complémentaires qui sont déjà dans le système, les
malades en affection de longue durée ou professionnelle et les femmes enceintes,
ce sont 15 millions de personnes qui seront concernées. Un vrai
crash-test.
Si
la mécanique déraille à ce stade, alors que la décision de prise en charge de
ces catégories ne dépendra que de la Sécurité sociale et peu des complémentaires
santé, il y a fort peu de chances que la généralisation soit ensuite appliquée,
sauf à prendre le risque de plonger les médecins de ville dans un inextricable
marasme administrativo-financier.
L'Assurance
Maladie et les complémentaire santé ont « quelques mois » selon Marisol Touraine
pour proposer un système coordonné qui serait en principe mis à disposition des
médecins le 1er janvier 2017… année qui, est-il utile de le rappeler,
ne devrait pas électoralement être une promenade de santé.
La
ministre n'aura pas eu à attendre longtemps pour savoir si elle pouvait compter
sur un soutien fort au plus haut niveau. Le Chef du gouvernement se joint à elle
dès ce matin pour visiter un Centre médical à Paris. A deux semaines des
départementales, ni l'un ni l'autre ne sont sourds aux appels des frondeurs de
tout bord.
Jacques
DRAUSSIN
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