Colloque du 12
octobre 2013
Présentation du
colloque par le Pr. Sami-Ali
Je tiens à situer
ma conception de la psychosomatique non pas comme une spécialité de la
médecine, mais plutôt comme une interrogation sur le lien ente l’âme et le
corps qui, pour moi, ne sont pas deux entités, mais deux concepts destinés à
rendre compréhensible une réalité qui nous dépasse. Dans mon dernier ouvrage,
je donne le nom de théorie relationnelle à ce nouveau modèle théorique et
y développe la pensée de l’unité.
Ce qu’il faut
rechercher c’est l’unité psyché-soma qui doit être pensée autrement à
l’adolescence. Elle doit y inclure la multiplicité du fonctionnement adolescent
dans une pespective nouvelle ouverte au conflit avec ou sans issue, facteur de
la pathologie psychosomatique.
Professeur Sami-Ali
Directeur
scientifique du CIPS
Le Centre
international de Psychosomatique
Présentation et
historique
Crée en 1986, il est dirigé par le professeur
Sami-Ali, avec la collaboration de Sylvie Cady. C’est un organisme de formation
et de recherche ouvert à tous ceux (médecins, psychothérapeutes, psychologues,
psychomotriciens, professionnels de la santé, etc.) qui désirent, soit
acquérir, pour leur pratique, des outils thérapeutiques leur permettant de
mieux situer leur expérience personnelle tant au niveau diagnostic que
thérapeutique, soit ouvrir leurs connaissances ou s’inscrire dans une
perspective de recherche. Le Centre est membre de la Fédération française de
psychothérapie et de psychanalyse.
Historique de la Psychosomatique
La psychosomatique est apparue en France en
1947 avec le Professeur Ziwar dans le service du Professeur F. Delay à
l’Hôpital Sainte-Anne. Il était à l’époque Chef
de Clinique en Psychiatrie et Membre de la Société Psychanalytique de
Paris. Il avait pour élève les Professeurs
Marty et Sami-Ali.
En 1978, il écrit un article intitulé Psychanalyse des principaux syndromes psychosomatiques et publie dans la Revue
Française de Psychanalyse.
Fin 1965, Sami-Ali travaille au CMPP Claude
Bernard où il crée un séminaire de psychosomatique.
En 1972, il est appelé à l’Université Paris VII
où il crée un enseignement de la psychosomatique. Il y fait évoluer son
séminaire vers un séminaire de recherche.
En 1980, il travaille à la Poterne des
Peupliers où il est Directeur de la Recherche.
Puis il y a rupture autour de la sortie du
livre Le Banal.
En 1984, il crée à l’Université Paris VII
l’Unité de Recherche en psychosomatique.
En 1987, il fonde le Centre d’Étude et de
Recherche en psychosomatique qui se transforme rapidement en Centre
International de Psychosomatique.
En 1989, Sami-Ali et Sylvie Cady fondent le
Centre International de Psychosomatique.
Sami-Ali est le Directeur Scientifique, Sylvie
Cady le directeur.
Dès lors, le séminaire de recherche du
Professeur Sami-Ali a lieu au CIPS.
Professeur Sami-Ali
Professeur émérite de
l’université Paris-VII et directeur scientifique du Centre
international de Psychosomatique.
Il a publié de nombreux ouvrages sur la
psychanalyse et la psychosomatique dont :
- L’Espace
imaginaire (Gallimard, 1974),
- Le Banal (Gallimard, 1980),
- Penser le
somatique (Dunod, 1987),
- Le Rêve et
l’affect (Dunod, 1997),
- Le Corps, l’espace
et le temps (Dunod, 1998),
- Corps réel, corps
imaginaire (Dunod, 2010),
- Penser l’unité (L’esprit du temps, 2011).
Elle a publié de nombreux ouvrages sur la
psychosomatique :
- Latéralité et
image du corps chez l’enfant, Bayard, Paris,
1988
- Le corps, le
mouvement et la parole, Dunod, Paris,
1992
- Les métamorphoses
du corps, Sylvie Cady - Catherine
Roseau, L’Harmattan, Paris, 1996
- Psychothérapie de
la Relaxation, Dunod, Paris,
1998
- L’enfant
allergique, Dunod, Paris,
2000
- La relaxation
psychosomatique, Dunod, Paris,
2003
- Psicosomatica, Ed. Eugenio Barrera,
Madrid, 2005
- Nouvelles
perspectives pour la psychosomatique, Sami-Ali et Sylvie
Cady, Universita Eticca, Bologne, 2006
- Soigner l’enfant
psychosomatique, EDK, Paris, 2008
- Soigner l’allergie
en psychosomatique, EDK, Paris, 2009
- Soigner en
psychosomatique les problèmes scolaires. À paraître.
Sylvie Cady
Docteur en psychologie clinique,
Psychanalyste, Psychosomaticienne, Directeur du Centre international de
psychosomatique, Responsable du DU de psychosomatique à Toulouse, Directrice de
la Collection Recherches en psychosomatique aux Editions EDK.
Intervenants du
colloque
Pr Maurice Corcos
Chef du
Département de Psychiatrie de l’Adolescent et du Jeune Adulte, Institut
Mutualiste Montsouris.
Approche
psychosomatique des troubles des conduites alimentaires à l’adolescence : le
corps absent.
Les troubles des conduites alimentaires
suscitent un intérêt grandissant qui témoigne d’un accroissement de ces
affections, mais aussi de leur fort impact dans l’imaginaire social. Situées au
carrefour de la psychologie individuelle, des relations familiales et sociales
et du médical, ces pathologies offrent, par leur complexité et leur caractère
provocant, un modèle des enjeux qui se développent préférentiellement à
l’adolescence et chez les sujets féminins. Cette communication reprendra les
principales dimensions psychopathologiques participant à la compréhension des
conduites alimentaires en les articulant avec les mécanismes neurobiologiques
entretenant la dépendance. Intégrant l’impact de l’environnement socioculturel
et les dimensions transgénérationnelles, le proposera une approche
psychosomatique de la boulimie et de l’anorexie. Dans une approche
pathogénique, et transnosographique, nous évoquerons dans le dysfonctionnement
des inter-relations précoces et ses conséquences sur le développement de l’enfant
et le processus d’adolescence, une hypothèse centrale dans les conduites
addictives alimentaires : la défaillance du maternel chez les mères des
patientes ; en particulier dans l’investissement du corps autonome, vivant et
érotique de l’enfant. Cette défaillance ne favoriserait pas une bonne
intégration du féminin chez le sujet et participerait à l’avènement d’une
organisation sadomasochiste qui le fixe à ses objets infantiles.
Le plus constant chez les mères des patientes
apparaît être la résurgence d’une problématique qui peut se définir en terme de
clivage corps-psyché à l’origine de défaut dans l’édification du soi psychique
et somatique chez l’enfant, au sens où le moi est séparé de l’origine charnelle
des émotions. Nous privilégions ainsi dans ces pathologies du corps le défaut
d’investissement du soi somatique, avec son retentissement sur la première
organisation de l’image du corps.
Nous évoquerons une transmission « corps à
corps » (sous forme d’engrammes corporels) d’une psychopathologie maternelle
(la distillation corps à corps de l’élément féminin pur par le maternel est
barré) avec pour l’enfant un développement et une gestion sans contenant et
sans auxiliaire physique et psychique organisateur et liant des éprouvés
corporels et le développement d’autoérotismes non nourris physiquement et
psychiquement de l’objet.
Pr François Marty
Professeur à
l’Université Paris Descartes, Président du CILA de 2003 à 2011, Directeur de
l’Institut de
Psychologie (Paris Descartes) de 2007 à 2012, Membre du Collège International
de l’adolescence,
Responsable Scientifique du CIPS.
Le fonctionnement
psychosomatique à l’adolescence comme traitement de l’angoisse.
À partir de l’exemple de l’obésité à
l’adolescence, nous voudrions montrer comment le corps prend en charge une
problématique
psychique, illustrant ainsi l’hypothèse selon
laquelle le fonctionnement psychosomatique est une façon de
traiter l’angoisse, ici de séparation.
L’obésité à l’adolescence est le fruit d’une résistance à la génitalisation du
corps, un
refus du meurtre symbolique des parents. Les
parents sont comme absorbés pour ne pas en être séparés, pour ne pas
les perdre. L’obésité à l’adolescence marque la
difficulté à élaborer psychiquement cette perte des objets de l’enfance.
À la place du travail de deuil, il lui est
préféré l’incorporation et non l’introjection de ces objets parentaux, comme
moyen de lutter contre la dépression liée à la
peur de leur perte.
Pr. Jean-Marie
Gauthier
Professeur à
l’Université de Liège (Belgique), Responsable du Département du CIPS en
Belgique.
L’identité, la
maladie et la dynamique du temps à l’adolescence.
Notre identité est intimement liée au développement
de nos capacités narratives. Nous étudions depuis quelques
années ce processus grâce à la méthode
d’analyse discursive assistée par ordinateur. La puberté met à mal cette
construction identitaire en mettant en question
les rapports que le jeune entretient, comme source de pensée et de
sécurité, avec son corps. Nous avons choisi
d’étudier les récits de vie d’adolescents sans particularité psychopathologique
et de les comparer à des discours d’adolescents
obèses, d’adolescents déprimés hospitalisés et non-hospitalisés
et d’adolescents qui souffrent d’hémophilie.
Nous avons pu montrer que ces cinq types de discours présentent des
caractéristiques bien différentes en ce qui
concerne le rapport au temps, aux copains et à la famille. Par ailleurs, on
note d’importantes différences dans
l’utilisation des pronoms personnels ce qui permet par exemple de préciser que
les discours d’adolescents obèses sont
particulièrement dépersonnalisés, ce qui pose tout le problème de leur prise
en charge. Dans tous les cas qui présentent des
manifestations psychopathologiques, on note aussi de grosses difficultés
pour ces jeunes à s’inscrire dans une histoire,
ce qui pourrait expliquer bien des difficultés que nous rencontrons lorsque
nous tentons de leur proposer un travail sychothérapeutique.
Dr Maurice
Bensoussan
Psychiatre,
Psychothérapeute - Université de Toulouse, Président du Collège National pour
la Qualité des Soins en Psychiatrie (CNQSP), Vice-président de l’Association
Française de Psychiatrie (AFP), Responsable Pédagogique du CIPS.
Quelle
psychothérapie pour l’adolescent ?
Le titre est volontairement au singulier alors
que souvent le praticien fait appel à une pluralité de registres pour créer la
relation thérapeutique avec l’adolescent. Ce choix d’affirmer le singulier est
porté par l’enseignement de Sami Ali, qui, à partir du savoir, explicite
l’importance de s’en défaire pour dépasser l’application d’une technicité, d’un
mode d’emploi dans le but d’accéder à l’authenticité de la relation. La
relation est au préalable définie par ses 4 composantes plus une que sont : le
rêve, l’affect, l’espace, le temps et la langue maternelle. Ainsi, cette notion
de psychothérapie au singulier apparait, dans un couple logique entre théorie
et pratique, comme l’équivalent thérapeutique du concept de l’unité. Une
possibilité s’ouvre alors pour créer un espace thérapeutique qui dépasse la
séparation du biologique et du psychologique, de l’âme et du corps. La prise en
charge en hospitalisation à temps complet d’une adolescente souffrant d’une
anorexie mentale sévère, illustre la mise en œuvre institutionnelle d’une
pratique de la théorie relationnelle. C’est une psychothérapie qui va inclure
différents intervenants et modalités sans exclure d’autres approches
thérapeutiques rendues nécessaires par la pathologie elle-même. Penser l’unité
de l’âme et du corps a créé une dynamique thérapeutique dans le temps d’une
hospitalisation appliquant la psychosomatique relationnelle. Articuler les
différentes prises en charges, individuelles avec des temps et des espaces
différents, en groupe avec ou sans médiation, somatiques, familiales… structure
la thérapeutique et donne une unité à la prise en charge qui porte le processus
thérapeutique.
Sylvie Cady
Docteur en
Psychologie clinique, Psychanalyste, Psychosomaticienne, Directeur du Centre
International de Psychosomatique, Responsable Pédagogique du DU de
Psychosomatique -Université de Toulouse, Membre de l’EAP (European Association
for Psychotherapy).
Adolescence et
allergie.
Pour une partie du fonctionnement allergique
qui correspond à ces patients pris dans une relation identitaire à la mère dans
le double, le père fonctionne en tant que tiers diffèrenciateur de l’image
maternelle. Ceci confronte le sujet à un vide identitaire qui ne peut être
représenté. À la place, il y a une réponse directe à travers le biologique : le
processus immunologique de l’allergie, une fois possible la constuction
identitaire du sujet, le tiers peut jouer son rôle de différenciation. À partir
de là, la problèmatique adolescente apparait.
Intervenants du
colloque
Dr Jean-François
Le Goff
Médecin Honoraire
des Hôpitaux, Psychiatre, ancien médecin-chef de secteur psychiatrique Attaché
de consultation en Thérapie familiale à l’Unité de lutte contre les douleurs de
l’enfant (Hôpital Trousseau - Paris).
Douleurs à
l’adolescence et thérapies avec les familles.
La douleur de l’enfant ou de l’adolescent,
indépendamment de son étiologie, agit comme une lame de fond qui bouleverse les
fonctionnements familiaux, polarise les fonctions parentales, accentue des
conflits préexistants et en révèle de nouveau, créant ainsi des situations
d’épuisement relationnel.
À la différence des thérapies et des
thérapeutiques individuelles, les séances de thérapie familiale n’ont pas pour
objectif de soulager directement la douleur de l’enfant ou de l’adolescent,
mais de prendre en considération les impacts sur la vie quotidienne dans la
famille. Ses effets peuvent être importants et bénéfiques à court ou à long
terme. Elles permettent de sortir des impasses relationnelles, de diminuer les
stress déclencheurs des crises douloureuses, d’aborder les conflits
préexistants ou liés à la douleur de l’enfant et, surtout, l’épuisement
relationnel dans la famille.
Le dialogue thérapeutique a pour but de
réactiver la créativité relationnelle de chaque membre, d’apaiser les stress en
favorisant la tolérance à l’originalité de chacun, et de cette façon faciliter
les évolutions inattendues en retrouvant le chemin d’un imaginaire familial
constructif.
Martine Derzelle,
Psychologue,
Psychanalyste, Maître de Conférences (HDR) en psychologie - Faculté de Médecine
de Reims.
L’âge où le corps
est un ennemi.
Situation particulière que celle de
l’adolescent dont un des parents est atteint de cancer. À l’âge ou « le corps
est un ennemi », entraînant une distorsion de l’espace et du temps, la mise à
distance des objets oedipiens va déboucher le plus souvent sur une
inconfortable ambivalence amplifiée et difficile à vivre. Inhibition de
l’autonomisation, recul de la confrontation au changement, conséquences sur la
sexualité et la spéciation sont les enjeux d’une telle configuration « en
miroir ».
Leila Al Husseini
Psychologue,
Psychosomaticienne, Art-Thérapeute en psychosomatique relationnelle,
Responsable du Département de Lausanne (Suisse).
Adolescent en
quête d’identité : art-thérapie et psychosomatique relationnelle.
En revenant sur une thérapie en cours d’une
jeune adolescente souffrant d’un traumatisme à l’enfance et en quête
identitaire, je vais vous exposer, durant ce colloque, l’essentiel de la
démarche en art-thérapie relationnelle qui se sert de plusieurs formes
d’expression : peinture, collage écriture. Cependant, il n’est pas aisé de
transmettre une technique qui prend sa valeur à travers ses manifestations
immédiates dans la relation thérapeutique. J’essayerai de vous présenter
quelques moments importants de cette thérapie, où l’émergence du corps coïncide
avec le retour des émotions jusqu’alors refoulées et l’imaginaire qui revient
en force et permet à cette adolescente de découvrir des perspectives qui
étaient assombries par la dépression.
Intervenants du
colloque
Dr Adele Bucalo Triglia
Médecin
Psychiatre, Psychothérapeute en psychosomatique relationnelle, Président du
CRPS (Centre di Ricerca PsicoSomatica di Palermo), Responsable Scientifique du
Département CIPS en Italie.
Adolescence,
Identité et Maladie de Crohn.
Le cas clinique montre une situation
problématique du patient autour de la question de l’identité. La maladie de
Crohn affecte le patient à l’époque de l’adolescence, le patient souffre d’une
pathologie d’adaptation, il vit en miroir avec la mère, en se retirant dans un
espace paranoïaque. Le patient reste pourtant isolé dans un monde étrange à
soi-même et le corps du patient n’est pas suffisamment séparé ni distingué par
le corps maternel. Dans la relation thérapeutique, le thérapeute cherche
l’occasion de le mettre à l’évidence. La mémoire du fait traumatique au-dedans
de la relation thérapeutique lui permet de récupérer l’affect, ambigu et
bénévole, vers le père, et de tracer ainsi la premier distance entre le sujet
et le corps de la mère. Mais la problématique de l’identité est bien complexe,
comme le rêve du miroir le met en évidence.
Intervenants du
colloque
Le Dr Maurice Bensoussan est
intervenu 250 personnes ont participé au colloque.
Le Dr Théo Leydenbach,
responsable scientifique du CIPS, a été le modérateur du colloque. Le Pr
Maurice Corcos est intervenu sur le thème de l’approche psychosomatique des
troubles des conduites alimentaires à l’adolescence : le corps absent. Le Pr
Sami-Ali a ouvert le colloque. Sylvie Cady est intervenue sur le thème de
l’allergie et l’adolescence.
Sur le thème « Quelle psychothérapie pour un
adolescent ? ».Martine Derzelle
est intervenue sur le thème
« L’âge où le corps est un
ennemi ». Le Pr François Marty est intervenu sur le thème du fonctionnement
psychosomatique à l’adolescence comme traitement de l’angoisse. Le Pr
Jean-Marie Gauthier est intervenu sur le thème « L’identité, la maladie et la
dynamique du temps
à l adolescence ».
Association Loi 1901 n° de déclaration en tant qu’organisme
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