EDITO
Grippe :
quand ça veut pas…
Le
malaise et la fièvre dont le pays a souffert ces deux dernières semaines étaient
trop sérieux pour ne pas masquer ceux dont la grippe commence tout juste à nous
affecter. Il est vrai que, jusqu'ici, la pathologie saisonnière s'était montrée
discrète et conciliante, même au cœur des foules qui défilaient dans nos rues,
partageant heureusement davantage de valeurs républicaines que de miasmes
viraux.
Même
s'il faut espérer que la préoccupation nationale se concentrera dans les jours
qui viennent sur la montée de la grippe et non sur celle de l'intégrisme, il
n'est pas inutile de s'inquiéter de l'indifférence croissante qui nous gagne
face à ce risque épidémique.
En
réalité, depuis l'hiver 2009/2010 qui avait surtout démontré l'inutilité de la
bombe à neutrons dans la guerre contre les diptères, la bataille anti-grippale
tend sans cesse vers la Bérézina. En moins de cinq ans, le taux de couverture
vaccinale est passé de 60% à moins de 50% et la campagne 2014 – 2015 ne
s'annonce pas plus glorieuse.
Il
faut dire que, décidément, ce vaccin à le mauvais œil. Déjà jugé moyennement
performant en temps normal avec 60% d'efficacité, le cru de cette année devrait
se révéler particulièrement décevant en raison de la mutation de sa souche
dominante [H3N2] qui est aussi, pas de chance, la plus virulente.
Avec
une protection estimée à 23%, le vaccin anti-grippe est mal parti, d'autant que
les populations sur lesquelles il fonctionne le mieux sont jeunes et en bonne
santé…
Le
travail des autorités sanitaires n'est décidément pas facile : allez donc faire
la promotion d'un vaccin qui n'est efficace que sur ceux qui en ont le moins
besoin !
Jacques
DRAUSSIN