EDITO
La
canicule nous fait suer
Question
marronniers, le début de l’été nous gâte toujours. Premier jour du bac, premiers
départs en vacances, premières chaleurs excessives… La saison est décidément
propice et elle relègue l’entrée en scène de l’hiver loin dans les profondeurs
du classement, comme on dit en cyclisme (ah oui, n’omettons pas le dopage sur le
Tour de France…).
Oubliée,
aujourd’hui, l’actu sur la vaccination contre la grippe, effacée celle des
pourtant fameuses « températures ressenties » des petits matins gelés, obsolète celle des excès du réveillon ! Les
épidémies de gastro ne sont plus – si l’on ose dire - que roupie de sansonnet
face à la canicule, cette valeur sûre du journalisme éternel qui réconcilie les
médias imprimés les plus has been avec les objets connectés les plus hype.
De
tous les papiers à tous les écrans, il n’y en a que pour la canicule. Quoi, on
n’a pas encore dit cent fois qu’il est souhaitable d’éviter de sortir en plein
cagnard, que des courses chez Picard à 15h00 sont de loin préférables à un
footing sur l’asphalte brûlant, qu’il faut ouvrir les fenêtres la nuit et fermer
les volets le jour, préférer l’eau de source au whisky pure malt, avoir 30 ans
plutôt que 80 ?
Cette
année, tout se passe exactement comme l’année dernière, celle d’avant ou la
précédente, en fait jusqu’à 2003 qui est à l’avènement du réchauffement
climatique ce que la naissance de Jésus Christ est aux sources de la culture
judéo-chrétienne et celle de Mahomet au fondement de la culture islamique.
Outre
les dix commandements et les cinq piliers, nos comportements sont donc
provisoirement régis par les conseils avisés du Plan Canicule mis en place par
le ministère de la Santé. On nous rabâche sensiblement les mêmes règles de vie
strictes nous promettant, non pas la régulation de notre conscience intime mais
celle de notre température interne.
Malgré
tout, aucun exégète n’a encore prétendu que l’élévation de l’âme était
directement corrélée à la montée des températures.
Jacques
DRAUSSIN