EDITO
Droit
à l'oubli : un devoir de mémoire
Cela
peut paraître paradoxal mais, à contre-courant du devoir de mémoire que l'on
aimerait voir s'imposer au cœur d'une société zappeuse de son histoire, c'est un
droit à l'oubli qu'a défendu vendredi la Présidente de l'Institut National du
Cancer.
Venue
présenter à l'Elysée un bilan d'étape du Plan Cancer annoncé par François
Hollande il y a six mois, Agnès Buzyn n'a pas seulement fait un point sur les
avancées réalisées en matière de dépistage ou de prise en charge. Elle a
également rappelé au bon souvenir du Président de la République l'un de ses
engagements : faire appliquer un droit à l'oubli au bénéfice de tous les anciens
malades du cancer.
Qu'est-ce
donc que ce « droit à l'oubli » ? Tout simplement, lorsque les médecins vous
considèrent guéris, que les banques et les assurances fassent de même et que
l'on rende enfin possible la réalisation de projets nécessitant de contracter un
emprunt. Et donc, de l'assurer.
Car,
malgré une convention datant de 2006, les malades déclarés guéris depuis parfois
15 ou 20 ans doivent encore aujourd'hui s'acquitter de surprimes aux montants
pouvant atteindre 1 000% du contrat de base !
Etrange
double peine subie par ceux qui souffrent d'abord d'un cancer puis souffrent
d'en être guéris…
Compte
tenu de l'impasse dans laquelle se trouvent les discussions avec la Fédération
Française des Sociétés d'Assurance, c'est vers la solution législative que le
gouvernement devra probablement se tourner.
François
Hollande envisage d'y recourir pour tenir l'un des engagements du Plan Cancer.
Au Parlement, pas un frondeur ne lui reprochera d'exercer son devoir de mémoire
pour le droit à l'oubli…
Jacques
DRAUSSIN