Nora ANSELL-SALLES

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vendredi 22 novembre 2024

Doit-on avoir peur des opioides ?


DOIT-ON AVOIR PEUR DES OPIOÏDES?
 
La Société Française d’Étude et de Traitement de la Douleur tiendra Congrès à Lille, du 27 au 29 novembre 2024 au Grand Palais.

Avant l’ouverture de ce grand rendez-vous annuel autour de la douleur, la SFETD tient à partager sur l’usage des opioïdes. La SFETD alerte sur les risques associés à de potentielles interruptions de prescriptions antalgiques, dont les effets peuvent être désastreux pour la prise en charge de la douleur.

En 6 points retrouvez la position de la SFETD quant aux récentes décisions de l’ANSM.

✏ Usage des opioïdes dans la gestion de la douleur : un équilibre délicat.
✏ La SFETD demande un moratoire à l’ANSM concernant l’application de la mesure sur les ordonnances sécurisées pour la prescription de codéine et de Tramadol à partir du 1er décembre 2024.
✏ Synthèse des enquêtes du Réseau Français d’Addictovigilance.
✏ Opioïdes : réconcilier perceptions, réalité et bonne pratique médicale.
✏ Morphiniques : vigilance oui, renoncement non !
✏ Quelques explications sur l’arrêt de commercialisation du ZORYON. 
La Société Française d’Étude et de Traitement de la Douleur (SFETD) insiste sur la nécessité de trouver un équilibre.
La crainte des dérives ne doit pas conduire à une opiophobie, qui risque d’aggraver le phénomène d’oligoanalgésie (insuffisance à reconnaître et à fournir une analgésie chez les patients souffrant de douleur) déjà présent en France, notamment dans des situations d’urgence. ❞
Pr Valéria Martinez, Présidente de la SFETD
 
Usage des opioïdes dans la gestion de la douleur : un équilibre délicat
La prescription d’opioïdes pour le traitement de la douleur a toujours suscité des débats passionnés. Historiquement, leur utilisation a oscillé entre l’interdiction stricte et l’usage récréatif. Cette classe de médicaments a été profondément influencée par des modes, des pressions culturelles et des facteurs environnementaux, façonnant leur prescription au fil des décennies.

Ce n’est qu’à partir des années 1970 que la médecine a commencé à explorer les bénéfices antalgiques des opioïdes. Dans les pays développés, la démystification de la morphine (une forme d’opioïdes) a permis à des milliers de patients de bénéficier d’un traitement efficace contre la douleur, accédant ainsi à l’un des antalgiques les plus puissants disponibles. Cependant, un tiers de la population mondiale reste encore privé de cet accès essentiel, avec des disparités marquées : la consommation d’opioïdes par habitant varie d’un facteur supérieur à 100 d’un pays à l’autre.

Les usages détournés et les risques d’addiction, largement documentés aux États-Unis, ont ravivé la controverse sur leur emploi, notamment dans la douleur chronique non cancéreuse. Trouver un équilibre entre les bénéfices antalgiques des opioïdes et leurs effets secondaires demeure un défi constant. Cependant, la France ne se situe pas dans la même situation que les États-Unis. Si les chiffres de l’augmentation de la consommation d’opioïdes (notamment ceux qui sont dits « faibles », comme le Tramadol ou la codéine) inquiètent, ils restent sans commune mesure avec ceux observés outre-Atlantique.
Le réseau français d’addictovigilance tire néanmoins la sonnette d’alarme, et les feux sont sinon au rouge, du moins à l´orange. Cette tendance mérite une attention accrue, mais il est essentiel d’éviter des comparaisons simplistes qui alimentent une peur disproportionnée ou des politiques inadaptées.

POURQUOI LA SFETD S’INQUIETE-T-ELLE ET DEMANDE-T-ELLE UN MORATOIRE ?

La SFETD demande un moratoire à l’ANSM concernant l’application de la mesure sur les ordonnances sécurisées pour la prescription de codéine et de Tramadol à partir du 1er décembre 2024.
La SFETD prend acte des décisions de l’ANSM visant à prévenir les abus et la dépendance. Toutefois, elle exprime ses préoccupations face aux défis posés par leur délai d’application rapide, prévue dès décembre 2024. Elle craint notamment que cette mise en oeuvre précipitée ne pénalise de nombreux patients ayant un besoin justifié de ces traitements.
📌 UN DÉFI LOGISTIQUE MAJEUR POUR LES ÉTABLISSEMENTS
« Nous ne sommes pas prêts » : c’est le constat issu de nombreuses remontées du terrain.
Les établissements de santé doivent surmonter plusieurs obstacles logistiques pour appliquer cette nouvelle mesure : • délais d’approvisionnement insuffisants : les ordonnances sécurisées ne peuvent être obtenues en quantité suffisante dans les temps ;
• adaptation des logiciels informatiques : trop peu de temps pour intégrer les nouvelles exigences dans les outils de prescription ;
• formation insuffisante des professionnels : les équipes médicales n’ont pas été suffisamment informées ou formées à cette obligation ;
• contraintes de stockage sécurisé : la gestion des ordonnances pose des problèmes organisationnels complexes.

📌 LES CONSÉQUENCES REDOUTÉES
Ces défis risquent de provoquer des interruptions dans la prescription d’antalgiques, compromettant gravement la prise en charge des patients.
Les répercussions potentielles incluent :
• une augmentation des passages aux urgences pour des douleurs mal contrôlées,
• une sollicitation accrue des médecins traitants dans des situations d’urgence,
• une augmentation des appels aux services d’urgence (SAMU) et des hospitalisations précoces,
• une errance médicale des patients, contraints de chercher des solutions ailleurs, ce qui impacte la continuité et la qualité des soins.

Pour pallier ces difficultés, la production massive d’ordonnances sécurisées pourrait engendrer un effet contraire à une accessibilité accrue des ordonnances sécurisées dans les services de santé, mais avec des risques élevés :  
- vols d’ordonnances, favorisés par une disponibilité moins contrôlée,
- falsifications potentielles des prescriptions,
- agressions des personnels de santé, perpétrées par des patients en quête de prescriptions. Un effet paradoxal : le risque d’une sécurisation compromise.
 
Dr Marguerite d’Ussel, Secrétaire générale adjointe de la SFETD, partage son inquiétude
« En voulant sécuriser la prescription avec ces ordonnances, nous créons un paradoxe. La morphine risque fort d’être en réalité moins sécurisée à cause de la masse d’ordonnances papier exposées aux vols. Pourtant, le Ségur du Numérique en santé avait promis, pour janvier 2025, des ordonnances électroniques assurant une véritable sécurisation pour les prescriptions de ville. Malheureusement, ce projet ne concerne pas les établissements de santé qui sont également en première ligne pour instaurer les traitements de la douleur aiguë, notamment post-opératoire. »

À NOTER 
« Les décisions concernant le Tramadol et la codéine sont la conséquence de données de pharmacosurveillance datant de 2022 ce qui ne laisse probablement pas le temps nécessaire aux recommandations de la HAS de mars 2022 sur le bon usage des médicaments opioïdes de porter leurs fruits. Il est nécessaire de mieux diffuser ces recommandations sur la juste prescription des médicaments antalgiques opioïdes. »
Pr Nicolas Authier, psychiatre et pharmacologue, chef des services de médecine de la douleur et de pharmacologie médicale du CHU de Clermont-Ferrand et membre du CA de la SFETD
 
Dans le communiqué de presse, il vous sera possible de prendre connaissance :
📌 SYNTHÈSE DES ENQUÊTES DU RÉSEAU FRANÇAIS D’ADDICTOVIGILANCE
 
📌 OPIOÏDES MARKETING AGRESSIF AUX ÉTATS-UNIS VS RÉGULATION STRICTE EN FRANCE : UN CHOC DES APPROCHES (infographie)
 
📌 OPIOÏDES RÉCONCILIER PERCEPTIONS, RÉALITÉ ET BONNE PRATIQUE MÉDICALE

📌 MORPHINIQUES VIGILANCE OUI, RENONCEMENT NON !

📌 QUELQUES EXPLICATIONS SUR L’ARRÊT DE COMMERCIALISATION DU ZORYON.
 
Retrouvez tous ces sujets en téléchargeant le communiqué de presse ci dessous.
 
COMMUNIQUÉ DE PRESSE: 
 
INFOGRAPHIE COMPARATIVE 
À consulter dans le communiqué de presse
 
En savoir plus
Wilma Odin-Lumetta - attachée de presse
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